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Editorial de Sidwaya : Sommet Afrique-France, de Pompidou à Sarkozy …

Publié le lundi 31 mai 2010 à 03h54min

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Ibrahiman Sakandé, DG des Editions Sidwaya

Une quarantaine de chefs d’Etat et de gouvernement prennent part, du 31 mai au 1er juin 2010 à Nice, dans le Sud de la France, au 25e sommet Afrique-France. Créés en 1973 sous le Président Georges Pompidou, ces sommets bisannuels, alternativement tenus en France et en Afrique, ont pour objet de réunir autour du président français les chefs d’Etat africains, d’abord ceux du « précarré » francophone, puis des autres pays du continent.

Ces rencontres qui se tenaient dans un contexte de bipolarisation Est-Ouest avaient entre autres objectifs, de montrer la « grandeur » de la France et de la positionner fortement dans les luttes géostratégiques. En occupant certaines positions stratégiques en Afrique (Djibouti, Gabon, Sénégal, Côte d’Ivoire…), la France pouvait compter dans les débats entre « grands ». Pour les chefs d’Etat africains, il s’agissait de se mettre sous le parapluie français, face à une éventuelle menace de « déstabilisation ».

Les intérêts économiques de la France n’étaient pas absents de ces réunions de très haut niveau, même si cela ne figurait pas dans les communiqués officiels. Des multinationales comme ELF, devenue Total, AREVA, Bolloré… ont toujours pesé sur les discussions. Les matières premières stratégiques étaient ainsi protégées pour l’industrie française.

Au sommet de Nice, la question de la gouvernance économique s’invite officiellement aux débats. Pendant que les chefs d’Etat évoquent notamment la place de l’Afrique dans la gouvernance mondiale, 80 entreprises françaises (les 40 plus importantes et 40 grosses PME) parleront « gros sous » avec 150 entreprises africaines. En toile de fonds, se profile la volonté de faire des entreprises africaines, la clef de la croissance du développement et de l’emploi en Afrique.

Ce n’est peut-être pas un fait du hasard, car le sommet se déroule également à une période de concurrence accrue, mondialisation libérale oblige, et de perte relative de l’influence française en Afrique. Un président comme Joseph Kabila, présent en Egypte à la veille du Sommet, a pu déclarer qu’il ne traversera pas la Méditerranée. Chose ô impensable, il y a une dizaine d’années.

En faire une opportunité

De nombreuses organisations de la société civile africaine et française ne cessent de dénoncer la tenue de ces sommets comme « une manifestation de néo-colonialisme ».

Les organisateurs du contre- sommet de Nice –organisations de la société civile- pensent que « le sommet s’inscrit dans les cérémonies (françaises) du cinquantenaire des indépendances des anciennes colonies africaines, qui, sans surprise, prennent surtout l’allure d’une célébration de la période coloniale ».

En effet, le bilan fait par les détracteurs de cette « rencontre de famille » fait ressortir plus de bonus au profit des chefs d’Etat africains que de leurs populations. Ils pensent qu’en termes de développement, la France s’est montrée très discrète, lorsque des questions essentielles tels les accords de partenariat économique ou l’Initiative sur le coton lancée par le président Compaoré sont sur la table de négociation. Sur cette dernière question, la France a plus défendu la politique agricole commune qui biaise les marchés et pénalise les producteurs africains.

Entre les laudateurs et les contempteurs des sommets France-Afrique ou plus « justement » sommet Afrique-France, il y a peut être place pour un sommet où les deux parties peuvent faire gagnant-gagnant. Il est possible de rêver à des rencontres où la France, parce que « plus avancée technologiquement », met ses compétences à la disposition du développement de l’Afrique dans un partenariat gagnant-gagnant. Peut-on rêver à une agriculture africaine et française régulée autrement que par la loi du plus fort ?

Ces rencontres sont inexorablement appelées à changer et de forme et de contenu. Le président Sarkozy l’avait promis pendant sa campagne électorale. Les Africains le pensent bas. Pourquoi ne pas jeter les bases de ces changements et faire de ces sommets des opportunités au profit de toutes les parties ?

Par Ibrahiman SAKANDE (ibra.sak@caramail.com)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 31 mai 2010 à 07:11 En réponse à : Kagame et Gbagbo…

    Laurent Gbagbo et Paul Kagame ont sauve l honneur des Noirs en refusant d’y participer. Big up Koudou et Kagame

    • Le 31 mai 2010 à 15:00 En réponse à : Malediction francaise

      Je ne vois aucun pays francophone qui ne fait pas partie des plus pauvres de sa region

      - Quebec (Canada) : province la plus pauvre et la plus rebelle ; ils savent beaucoup discuter mais economiquement dependent des subventions des autres canadiens anglophones
      - Afrique francophone : parmi les plus pauvres du monde entier (rapport PNUD)
      - Haiti : le plus pauvre du continent americain (tremblement de terre meurtrier, exode immigration au Quebec)
      - Louisiane (USA) : le plus pauves des USA avec les malheurs du diable : ouragan Katrina, maree noire BP..On parle encore francais dans les bayous de la Louisiane, ancienne colonie francaise.

      Nos presidents doivent se rendre compte de la malediction francophone et changer nos pays comme Paul Kagame.

      • Le 31 mai 2010 à 16:42, par triple-dot En réponse à : Malediction francaise

        Je partage votre conclusion, cependant le Quebec est tres, tres loin d’etre la province la plus pauvre du Canada. C’est plutot l’un de ses poumons economiques, avec l’Ontario et l’Alberta.

        • Le 31 mai 2010 à 19:00 En réponse à : Malediction francaise

          bro,

          J oubliais la partie francophone de Belgique (qui ne fait que retarder les Flamands et empeche le gouvernement belge de fonctionner). le Quebec est peut etre poumon economique uniquement a cause des ressources naturelles (hydroelectricite, bois, mines). Cependant tout comme les pays africains, le Quebec n a pas la technologie pour transformer ces matieres premieres en produit finis de haute valeur. On extrait le brut en Afrique mais on raffine et on revient nous vendre ca plus cher. Idem pour l or et le diamant. Les entreprises de transformation sont en Ontario et ailleurs, la technologie aussi. Regarde uniquement le reseau routier du Quebec, nids de poules, ponts delabres...S ils pouvaient transformer la matiere premiere (donne de toute facon par Dieu et la nature et non acquise par la force du travail), crois tu que le Quebec vivrait des subventions et serait surendettee ?

          • Le 3 juin 2010 à 06:43, par triple-dot En réponse à : Malediction francaise

            Je comprends tout a fait ce que tu me dis mon ami. :-) Je vis depuis 11 ans au Canada, d’abord Montreal et ensuite Toronto. J’ai demenage a Toronto en grande partie a cause des problemes que tu souleve (nids de poule, etc.). Je dis juste que de la a dire que c’est une province pauvre, c’est un peu fort. Non ? ;-)

            Je partage cependant ton sentiment que l’economie Quebecoise ne va nulle part. Ils sont racistes sur les bords en plus ces salauds.

            Bon vent mon ami.

    • Le 31 mai 2010 à 17:26 En réponse à : Kagame et Gbagbo…

      On a beau dire, LKG n’est pas un Yesman. Le enieme sommet de la Honte. Thomas Sankara y avait participe a Vitel en 1984 mais pour annoncer que le Burkina Faso etait aussi une puissance comme la France. Sans cette Afrique exploitee et pressuree par la France decadente, le coq gaullois ne pourrait plus pousser les cocoricos dont il est coutumier.

      Laissez l’afrique aux africains, nos ressources minieres et agricoles aux pauvres populations. Voila la enieme reunion des commandants de cercle pour aller appliquer a la lettre les desiderata du Maitre. Mais l’ afrique Juene s’eveille. La France a de quoi trembler car personne ne pourra arreter l’ histoire.

      Nassawienssa, tunnd minumm bassi. A bas l’ imperialisme d’ ou qu’ il vienne ou e quelque maniere dont il se manifeste.
      Vive l’ Afrique libre et debarrasse de ses roitelets benis- oui- oui.

  • Le 31 mai 2010 à 07:13, par Inoussa verite En réponse à : Editorial de Sidwaya : Sommet Afrique-France, de Pompidou à Sarkozy …

    Rien de bon ne peut sortir de ce sommet : juste une messe pour celebrer la grandeur de la France sur ses sujets, les negres.De quoi bouster l’Ego du bout d’homme de Sarkozy. Gbagbo s’est montré brave de ne pas participer à la celebration du NEOCOLONIALISM

  • Le 31 mai 2010 à 07:27, par owe En réponse à : Editorial de Sidwaya : Sommet Afrique-France, de Pompidou à Sarkozy …

    dc coe ca sarko na pa d parole ?il na pa di k y ora plu france-afrique ?et vs ossi no presi n parte pa gate enccor notr nom laba un enfant d 50 ans doi etre asse mature pour reclame une vrai independance....dc d grace pa d"garibou" pa d soumi donner votr avi

  • Le 31 mai 2010 à 17:41, par homme faché En réponse à : Editorial de Sidwaya : Sommet Afrique-France, de Pompidou à Sarkozy …

    je me f pas mal du sommet france afrique mais cela m enerve de voir toujours la photo de votre PDG j en ai marre de voir sa trnche partout voila c est dis

  • Le 31 mai 2010 à 17:46, par La fouine En réponse à : Editorial de Sidwaya : Sommet Afrique-France, de Pompidou à Sarkozy …

    Un petit pays la France, convoque les dirigeants de tout un continent et nos chefs d’Etats, comme de petits chiens attendant qu’on leur jette un os à ronger, y accourent. C’est l’image pathétique que donne l’idée même d’une telle rencontre France-Chefs d’Etat de pays africains. Ces gens là ne représentent rien qu’eux-mêmes. L’Afrique à trop de grandeur pour s’abaisser ainsi à travers eux.

    Au lieu d’aller à de telles rencontres qu’ils fassent leur travail au sein de l’UA pour faire avancer les préoccupations du Continent. Je salue ceux des chefs d’Etats qui sont restés chez eux car ce sont ceux-là qui portent la voix de l’Afrique. Les tubes digestifs qui sont à Nice ne représentent que les ventres auxquels ils appartiennent.

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