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Assemblées générales de la Banque africaine de développement : Kaberuka garde les commandes et augmente le capital de la Banque à 200%

Publié le vendredi 28 mai 2010 à 03h21min

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Le Premier ministre burkinabè, Tertius Zongo, a assisté jeudi 27 mai 2010 à Abidjan aux 45e assemblées générales du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD). Au cours de ses assises, le rwandais Donald Kaberuka a été -sans surprise- reconduit à la tête de l’institution. Il a pratiquement obtenu le triplement du capital de la banque de développement du continent.

Pour la 45e fois de son histoire, pari réussi pour la Banque africaine de développement (BAD). Considérée comme l’une des institutions les plus réussies d’un continent où l’afropessimisme est solidement ancré chez certains, la BAD créée un certain 4 août 1963 à Khartoum (Soudan) a pu réunir une fois de plus ses assemblées générales ordinaires.

Au total, deux mille délégués -un record- représentant les Etats membres, dirigeants de banques centrales, acteurs de la société civile et du secteur privé participent à ces assises dont la clôture est prévue ce vendredi après-midi à Abidjan. Quatre chefs d’Etat : le Béninois Thomas Yayi Boni, le Malien Amadou Toumani Touré, le Togolais Faure Gnassingbé et bien entendu l’Ivoirien Laurent Gbagbo ainsi que le Premier ministre rwandais Bernard Makuza ont assisté à l’ouverture de ses assises.

Naturellement, le Burkina Faso, membre à part entière de l’institution, a été représenté par son chef du gouvernement. Lui-même ancien gouverneur pour le Burkina à la BAD, Tertius Zongo, aux côtés des personnalités et autres anonymes, a apporté l’onction politique à cette institution panafricaine en pleine mutation.

« Aujourd’hui, nous sommes à une période où il faut que l’Afrique puisse s’interroger sur son avenir, son devenir et des institutions comme la BAD aident les Etats africains à réflechir sur leurs orientations économiques et leurs besoins de développement », a déclaré M. Zongo peu après l’ouverture des travaux à l’Hôtel Ivoire d’Abidjan.

« Naturellement, il faut de la volonté politique (pour la bonne marche de ses institutions), c’est pourquoi, il faut apprécier la présence aussi forte des autorités politiques à ces assises », a-t-il poursuivi.

Pour le président malien, la BAD a beaucoup fait et fait beaucoup pour les pays africains : construction de routes, de barrages, électrification, adductions d’eau potable, soutiens à l’agriculture, au secteur privé, les domaines d’intervention de la BAD sont multiples et divers, a-t-il relevé. Rappelant que la route qui passe dans son village a été construite grâce à la Banque africaine, M. Touré a appelé les pays africains et les pays non régionaux à soutenir l’institution afin qu’elle continue d’impulser le développement du continent.

Or si l’on y prend garde, a prévenu le président de la BAD, le Rwandais Donald Kaberuka, les efforts de développement de l’Afrique pourraient être compromis comme lorsque la crise économique a frappé l’Afrique de plein fouet ralentissant ainsi une croissance qui était de 5% et qui faisait pâlir de jalousie les plus développés.

Pour prémunir les Etats africains des difficultés de financer leurs projets de développement, le président de la BAD a indiqué que l’institution, en accord avec les gouverneurs (les ministres des Finances des pays membres) ont opté pour un triplement de son capital pour le porter de 33 milliards de dollars à 100 milliards de dollars, soit une augmentation de 200%.

Cette demande faite par le Conseil des gouverneurs devrait être adopté sans difficultés majeures par l’ensemble des administrateurs. S’il est totalement libéré, ce capital doit permettre à la Banque de lever des fonds sur le marché financier et d’accorder davantage de prêts aux 53 pays africains membres.

Revenez chez vous !

Par ailleurs, l’Afrique du Sud qui est devenue une grande contributrice, a réclamé et obtenu un siège au sein du Conseil d’administration. Le nombre de sièges du Conseil d’administration devrait ainsi passer de dix-huit actuellement à vingt car, les pays non régionaux c’est-à-dire les pays non africains qui financent la BAD ont également obtenu un siége.

A côté de tous ces sujets essentiels pour le devenir de la Banque, la question du retour de la BAD à son siège originel est revenu sur le tapis. C’est le ministre du Plan ivoirien, Paul Antoine Bohoun Bouabré qui, le premier, donne le ton : « Pour l’homme de la rue ivoirien, la tenue de ses assemblées générales ici à Abidjan signifie le retour de la BAD en Côte d’Ivoire », a dit en substance le président sortant du Conseil des gouverneurs de la BAD.

Il sera suivi par le président Gbagbo himself. Affirmant que ce qui unit les Ivoiriens est plus fort que ce qui les divise, Laurent Gbagbo a dit que les partis politiques d’opposition « qui comptent » en Côte d’Ivoire ont été unanimes pour accueillir dans le calme et la sérénité les fonctionnaires de la BAD et leurs invités à Abidjan dans l’enceinte de l’Hôtel Ivoire renové à quelques sept milliards de francs CFA pour la circonstance.

On le sait déjà, la Banque africaine de développement a délocalisé en 2003 dans la capitale tunisienne, Tunis, suite à l’éclatement de la crise politico-militaire née du coup d’Etat manqué de septembre 2002 des ex-rebelles des Forces nouvelles (FN) contre le président Gbagbo. Depuis, Abidjan tente de faire revenir l’institution qui a installé son siège depuis 1964 dans le quartier chic du Plateau.

En 2009, lorsque les autorités ivoiriennes ont demandé lors des 44e assises à Dakar d’accueillir cette session, leur espoir était sans doute qu’en 2010, l’institution annonce son retour au bord de la lagune Ebrié. Et hier, le président Gbagbo n’a pas manqué de le dire à Donald Kaberuka et à ses collaborateurs. « Nous avons un pays à reconstruire et c’est avec votre soutien que nous le ferons, nous avons une économie à reconstruire et c’est avec vous que nous le ferons », a dit le président Gbagbo.

« On a beaucoup parler sur le retour de la BAD à Abidjan. Pour ma part, je voudrais vous dire que le temps n’est pas à la polémique, le temps est venu pour la BAD de revenir à Abidjan », a dit le président Gbagbo chaudement applaudit par ses nombreux compatriotes présents dans la salle.

« Au nom du peuple ivoirien, je vous dis encore vous êtes chez vous. Bienvenus à la maison ! », a insisté le chef de l’Etat regrettant le fait que les gens parlent de la Côte d’Ivoire comme s’il n’ y avait pas de paix. « Il n’y a pas la guerre en Côte d’Ivoire », a assuré le chef de l’Etat ivoirien.

Romaric OLLO HIEN

Envoyé spécial à Abidjan

Sidwaya

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