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UE/Niger : Bouffée d’oxygène pour Niamey

Publié le vendredi 28 mai 2010 à 03h20min

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Pour avoir refusé le retour à l’ordre constitutionnel, le Niger sous le règne de Mamadou Tandja, a vu sa coopération économique avec l’Union Européenne (UE) qui s’élevait à 458 millions d’euros pour la période 2008-2013 suspendue.

En son temps, l’institution européenne, faisant recours à l’article 96 des Accords de Cotonou qui traitent du non- respect des critères démocratiques et de défense des droits de l’Homme, avait déjà coupé les vivres (une aide de 180 millions d’euros) à Niamey, après le référendum du 4 août 2009, qu’elle avait alors qualifié de « violation de la Constitution ». Depuis le mercredi 26 mai 2010, les données ont changé au grand bonheur du peuple nigérien tout entier.

En effet, à cette date, à l’issue d’une réunion de consultation à Bruxelles avec une délégation nigérienne conduite par le Premier ministre, Mahamadou Danda, l’UE s’est engagée à une reprise graduelle de la coopération avec le pays d’Amani Diori, non sans avoir rappelé que le coup d’Etat du 18 février dernier constituait aussi « une violation » des accords signés en 2000 dans la capitale béninoise. Les Nigériens ont étudié dans tous les contours et dans les moindres détails leur stratégie. Ils ont ainsi fait une bonne impression devant leurs vis-à-vis en donnant de nouveaux gages de bonne volonté.

On parle de la promulgation dans les prochaines heures du Code électoral, de la mise en place de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) le 8 juin, de la naissance très prochainement d’une loi sur la dépénalisation des délits de presse, du calendrier électoral pour tenir dans les dix mois restants de la transition, du référendum constitutionnel le 24 octobre 2010, et de la présidentielle deux mois plus tard. Toutes ses garanties présentées aux partenaires, le reste est passé comme une lettre à la poste. Examen réussi donc pour le Niger. Les Européens, plus importants bailleurs de fonds, ont été convaincus de reprendre la coopération économique avec le Niger.

En plus donc de relancer graduellement l’aide en faveur de Niamey, ils ont promis de le soutenir financièrement et techniquement dans son processus de retour à la démocratie. Les Nigériens, à l’image de leur ministre de l’Economie et des Finances, Badamassi Annou, se réjouissent donc de constater que les verrous tombent les uns après les autres. Les nouvelles sont bonnes chez nos voisins nigériens, avec l’acceptation le mois dernier par la Banque mondiale de rétablir l’aide budgétaire et tous les décaissements qui étaient en cours.

C’est bien regrettable et même désobligeant qu’à 50 ans, le Niger comme beaucoup d’autres pays du continent africain soit toujours réduit à tendre la sébile. Une situation que les politiques la plupart du temps créent, du simple fait de leur égoïsme et de leur irresponsabilité, laissant le soin à leurs peuples de payer les pots cassés. Il est incontestable que la décision de l’UE de renouer économiquement avec Niamey constitue une bouffée d’oxygène, du pain béni pour toute une nation qui a impérativement besoin d’argent frais pour faire face à ses multiples problèmes existentiels.

La famine fait actuellement rage au Niger et la manne financière que l’Union Européenne aura à déployer sur le pays est attendue avec impatience pour aider à parer au plus pressé. Il est cependant souhaitable que l’aide graduelle annoncée tombe vite, soit beaucoup plus régulière et rapprochée pour contribuer à colmater les brèches laissées par le seigneur Tandja et ses disciples, dans un pays qui cherche toujours fébrilement ses marques.

D. Evariste Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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