Niger : La main tendue vers l’Europe
Quelques mois après la chute fracassante du régime antidémocratique de Mamadou Tandja, la junte au pouvoir à Niamey a envoyé son Premier ministre à la tête d’une forte délégation à Bruxelles, siège de l’Union européenne. Arrivé lundi dans la capitale belge, Mahamadou Danda a pour lourde mission de convaincre coûte que coûte les partenaires européens de reprendre leur coopération avec le Niger.
On se souvient que l’an dernier, au plus fort de la crise du Tazarché, l’Europe à l’instar de la Communauté internationale, avait tenté de contrarier les desseins autocratiques du régime Tandja. Et pour ce faire, le premier bailleur de fonds du pays mettait en balance plus de 470 millions d’Euros d’aide inscrits au titre du 10e FED (Fonds européen de développement). Et si aujourd’hui le Niger conduit par le Conseil suprême pour la restauration de la démocratie a pris une direction diamétralement opposée à celle de la Tazarché, il manque aux militaires de la junte le nerf de la guerre, les moyens qui, en ces temps de soudure et de crise alimentaire, font cruellement défaut.
Ils sont en effet nombreux les Nigériens qui, poussés par la faim, se réfugient au Nigeria voisin pour survivre alors que les Nations unies estiment à 8 millions le nombre de leurs compatriotes en état d’insécurité alimentaire. Or, comme le disait l’écrivain Emile Zola, « l’argent est le fumier dans lequel pousse l’humanité de demain. Le terreau nécessaire aux grands travaux qui facilitent l’existence ». Et d’argent, Niamey en a vraiment besoin. On comprendra alors qu’à peine le nouveau Code électoral rendu public le chef du gouvernement, accompagné d’une trentaine de personnes, se soit envolé pour la capitale européenne.
Les rencontres ont débuté hier mardi avec le secrétariat des ACP (Afrique, Caraïbes et pacifiques) dirigé par le Ghanéen Mohamed Ibn Chambaz, ancien président de la Commission de la CEDEAO. Mais c’est aujourd’hui que pour le Premier ministre et sa délégation, la véritable épreuve commence. Mahamadou Danda devra intervenir devant l’Union européenne et les représentants des ACP au début d’une session de questions-réponses qui portera sur les engagements pris par la junte en avril dernier. Un véritable examen de passage qui permettra aux Nigériens de connaître quelle sera désormais la nature de leurs relations avec l’Union européenne, leur principal bailleur de fonds. Un exercice particulièrement périlleux auquel le Premier ministre, Mahamadou Danda, devra pourtant se prêter, tant l’enjeu pour son pays est important, voire vital.
Par H. Marie Ouédraogo
L’Observateur Paalga