LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

QUALITE DES OUVRAGES PUBLICS BURKINABE : ! Où est notre intégrité ?

Publié le mardi 25 mai 2010 à 02h28min

PARTAGER :                          

Une école dont le toit s’envole dans un village nommé Komki Ipala, un bâtiment d’un gouvernorat du Nord qui se fissure, des toits de Palais de justice flambant neufs qui suintent aux premières gouttes de pluie, une Maison de la femme qui s’enfonce dans le sol à Ouagadougou, etc. Ils sont nombreux les exemples qui indexent des ouvrages publics qui flanchent au moindre souffle de vent comme s’ils étaient construits avec des ailes de libellules. Avec pour conséquence la vie de Burkinabè mise en danger.

Les raisons de base se trouvent au niveau des matériaux de construction : des briques qui semblent être plus en sable qu’en ciment, des fers de 8 utilisés en lieu et place des fers de 14, du bricolage là où devrait régner la maîtrise, etc. Cela épingle donc les entrepreneurs commis à ces constructions. Au nombre des chefs d’accusation, figure le manque d’expertise dû à des menuisiers qui s’improvisent maçons. Parce qu’un chargé des marchés publics ou un ministre a des affinités avec tel entrepreneur, ce dernier se voit confier un marché qui n’entre pas dans son domaine de compétence. Mais comme il y a du "blé", ce qu’on appelle "gombo" chez nous, le marché lui est attribué et comble de malchance, parfois de gré à gré. Normal que plus tard le chantier traîne des pieds et que lorsqu’il arrivera à destination, il s’écroule et fasse des victimes. Autre chef d’accusation à l’égard des entrepreneurs, c’est la cupidité qui circule dans les veines de certains.

Ils ont toutes les compétences qu’il faut, mais dans l’esprit de la politique du "j’enlève ma part", le travail est vite bâclé. Et comme on ne sanctionne ni ne contrôle tous ces gens, c’est tant pis pour la tête du citoyen qui se balade sous les voûtes de ces constructions qui n’ont que l’apparence de la solidité. D’où ces questions adressées aux bailleurs de fonds qui les financent. Donnent-ils l’argent sans se soucier de ce qu’on en fera ou ont-ils troqué leur peau d’Occidentaux légalistes pour endosser celle de l’environnement général d’impunité et de corruption ? Ces bâtiments qui s’écroulent ou dévoilent des failles quelques mois après leur réception veulent qu’on réponde à ces questions.

L’Etat est aussi à blâmer. Il ne facilite pas souvent le travail des entreprises. Les chantiers sont bien dessinés, le top de départ est lancé avec force discours assurant que le travail sera achevé dans un délai de tant de mois. Mais les premiers "sous" ne seront versés qu’une demi-année après, voire même bien plus tard.

Pendant ce temps, que doit faire l’entreprise ? Si celles étrangères vont cesser tout travail et réclamer l’argent, comme cela s’est passé avec l’échangeur de l’Est, les entreprises locales, elles, ne feront rien de tout cela. En effet, par crainte que leur grogne ne leur ôte pour toujours la chance d’avoir d’autres marchés, elles "se débrouilleront" en attendant, avec de fortes chances que les ouvrages soient bâclés. Pour faire court, à moins d’une preuve contraire, les entrepreneurs, les bailleurs de fonds et les exécutants de l’Etat sont à condamner si un Burkinabè meurt parce qu’un bâtiment public lui est tombé sur la tête. Pour éviter cette lourde responsabilité, ne faisons plus de l’intégrité dont nous nous targuons tant, un slogan creux et sans consistance. Tuons en nous le virus de l’impunité, de la corruption et de la cupidité.

Sidzabda

Le Pays

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 25 mai 2010 à 10:42, par S. A. Diallo En réponse à : QUALITE DES OUVRAGES PUBLICS BURKINABE : ! Où est notre intégrité ?

    Qu’est ce que le bailleur de fond a à voir dedans ?. Il apporte des ressources à une entité souveraine qu’est l’état pour realisé un ouvrage avec la garantie que les ressources seront remboursées. Si l’état n’est pas assez responsable ce n’est pas au bailleur de se subtituer à l’état. Ce n’est pas son rôle. Ailleurs ça marche sans que le bailleur vienne jouer ce rôle

  • Le 25 mai 2010 à 10:58, par burkinbi En réponse à : QUALITE DES OUVRAGES PUBLICS BURKINABE : ! Où est notre intégrité ?

    Il n’y a pas plus pourri que le secteur des BTP. Et ca ne concerne pas seulement les ouvrages publics. Tenez j’ai recemment eu affaire à une entreprise qui s’est spécialisée dans la construction de maisons pour les Burkinabe de la Diaspora et que je ne nommerai pas. Ils sont incapables de vous concevoir correctement un projet, vous font des devis truffés d’erreurs arithmetiques et d’erreurs conceptuelles et ne sont pas en mesure de tenir compte des besoins spécifiques du client qui est finalement obligé de faire des recherches lui-même s’il veut trouver satisfaction. Leur seule préoccupation semble être de débuter les travaux ( d’autant plus que cela se fait avec l’argent du client ), et cela même quand la conception du projet n’est pas terminée, et ce bien qu’ils soient payés pour la conception. J’ai finallement compris leur principe : vous faire un devis bâclé dans lequel on s’assure que le montant total dépasse le montant réel et jouer sur les marges pour beurrer son pain. Personnellement je les avais approchés parce que je croyais qu’ils me permettraient d’éviter les problèmes organisationnels que l’on retrouve un peu partout au Burkina, en me permettant de concevoir correctement et mener à bien un projet.Mais je vois que je me suis fourré le doigt dans l’oeil. Autre exemple, j’ai dernièrement recu en entretien d’embauche quelqu’un qui me parlait de son précédent employeur, qui était entrepreneur BTP. Une phrase lancée comme ca par mon interlocutrice a attiré mon attention : "Parfois il vendait du ciment". Sans commentaire.

  • Le 25 mai 2010 à 13:01, par On homme qui crie En réponse à : QUALITE DES OUVRAGES PUBLICS BURKINABE : ! Où est notre intégrité ?

    Vous n’avez encore rien dit et rien vu. Lorsqu’on parle de corruption de clientélisme, de népotiseme de tous les mots en isme,les gens ne se sentent pas concernés directement. Le jour viendra plus personne ne pourra faire quoi que ce soit sans être raquetté. Le cas de la grèce est là. Le pays est en faillite avec des conséquences sur toute l’économie Europenne et par ricoché l’économie de zone Francs qui est arrimé à l’Euro. Le système de Corruption dans notre pays est entretenu depuis 23 ans. Il est le ferment du régime et le pire il y a encore des voix qui s’élèvent pour dire non au changement qu’il faut le maintenir. Un gouvernement atteint de sclérose, qui n’a plus rien à proposé à son peuple et qui s’accroche. Une classe intellectuelle laminée devenue un tube digestif, une armée à la solde, une communauté religieuse qui s’allie avec le diable, les garants de la tradition qui n’inspire plus la confiance des ancêtre. Voilà ce qui est devenu notre pays. Bonne journée

  • Le 25 mai 2010 à 14:40 En réponse à : QUALITE DES OUVRAGES PUBLICS BURKINABE : ! Où est notre intégrité ?

    Merci de ramener sur la table de discussion ce sujet très interessant mais vous faite mal de blamer les bailleurs de fond. Ils n’ont absolument rien à y voir. Si nous continuons de croire que notre développement viendra de l’extérieur nous sommes réellement damnés. C’est à nous de nous prendre en charge. C’est aux fils et aux filles du Burkina de mériter leur nom d’intègre pour refuser le gain facile. C’est à ceux qui détiennnent le pouvoir à quelque niveau que ce soit de l’exercer avec cette conscience que rien ne restera impuni si non sur cette terre du moins dans l’au delà auquel nous croyons tous ? C’est aux parents des enfants victimes de l’efondrement de ce collège de prendre conscience qe c’est dans leur devoir de demander une expertise sur la normalité de l’édifice. Mais pauvre de nous !!! à qui se vouer dans de telle circonstances avec une justice au service des corrupteurs ????

  • Le 3 juin 2010 à 15:48 En réponse à : QUALITE DES OUVRAGES PUBLICS BURKINABE : ! Où est notre intégrité ?

    Que l’Etat mette du temps à payer les Entreprises qui réalisent des ouvrages publics n’est en fait qu’un secret de polichinelle ! Et ça, presque partout dans le monde ! Sans être au Burkina, je puis vous assurer qu’en France par exemple où je suis, mon entreprise a des clients qui sont des Collectivités territoriales. Ces dernières ne paient au mieux que 90 jours à compter de la date de réception effective des Factures (non date d’émission des Factures) ! Et les Collectivités Territoriales ne sont pas les seules à agir ainsi. En effet, certains privés, notamment les Grandes Surfaces tel "CARREFOUR", exigent très souvent de leurs prestataires extérieurs qu’ils supportent pendant au moins 1 an les charges liées à l’exécution des Contrats de prestation de services qu’ils leur consentent !

    Que faire alors dans ces conditions pour pouvoir bien exécuter les Contrats ? Eh bien, il faut tout simplement solliciter le concours d’un tiers payant appelé "FACTOR" ! Dans la pratique, le "FACTOR" met à votre disposition l’équivalent du montant, minoré de la commission devant lui être versée, de votre Facture ! Cette solution présente l’avantage de vous permettre de faire régulièrement à vos différentes charges de fonctionnement, et donc de bien exécuter vos Contrats !

    Conclusion : la mise en place d’un FACTOR au Burkina sera d’un apport très appréciable pour les Entreprises Burkinabé, notamment celles travaillant avec l’Etat !

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique
Le Dioula : Langue et ethnie ?
Sénégal / Diomaye Faye président ! : La nouvelle espérance