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AFRIQUE : Ces charlatans qui arpentent les couloirs des palais présidentiels

Publié le vendredi 21 mai 2010 à 03h39min

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L’Etat sénégalais a été victime d’une arnaque en décembre 2009. En effet, deux Turcs, à savoir Mehmet Yilmaz et Yahya S. Ozavci et Charles Thomas un ressortissant guinéen en connexion d’affaires avec les deux premiers cités ont rencontré le président Abdoulaye Wade au cours d’une audience au mois de décembre 2009 au palais présidentiel. Les Turcs munis de cinq titres au porteur, d’un milliard cinq cent millions d’euros l’unité, se sont présentés aux autorités sénégalaises comme des hommes d’affaire, représentant les intérêts de la Bedford international financial group, basée au Canada et en Colombie.

Mais l’Etat du Sénégal n’a rien vu venir. Le président Wade ainsi que ses ministres ont tous manifesté leur intérêt en demandant aux "investisseurs" turcs d’identifier les secteurs dans lesquels ils comptent mettre leur magot. Même moi le fou je sais que l’argent ne tombe pas du ciel mais les autorités sénégalaises y ont cru.

Cette opération d’arnaque a été éventrée par la division d’investigations criminelles sénégalaise grâce aux services de la police judiciaire française qui lui a permis de remonter la filière et de démanteler le réseau. Tout ce qui brille n’est pas de l’or. Ce proverbe populaire devrait inspirer les autorités sénégalaises mais aussi celles de bien d’autres pays africains sur le continent noir. On croit facilement à l’étranger et au gros bonnet. En Afrique, on dit que l’étranger est sacré mais cela suffit-il pour qu’il arnaque aussi facilement tout le monde, même un chef d’Etat ? Assurément non. Les escrocs réussissent leur coup sans coup férir parce que nos chefs d’Etat leur font généralement plus confiance qu’à leurs propres compatriotes. Ces individus apparaissent à leur yeux comme des personnes crédibles. Ils sont généralement bien introduits auprès de leurs interlocuteurs qui ne se méfient de rien.

Certains diront que nul n’est à l’abri d’une arnaque. Mais moi le fou, si quelqu’un venait me voir avec une grosse mallette et une longue cravate pour, soit-disant, m’aider à développer mon pays, je ferais des recherches minutieuses sur lui. Le cas des autorités sénégalaises est propre à l’Afrique et traduit aussi la malgouvernance car un président démocratiquement élu n’a pas besoin de ces charlatans pour se faire une bonne image sur le plan international encore moins pour le développement de son pays. Nos chefs d’Etat doivent faire plus attention car les projets que ces individus leur proposent sont bien coûteux alors que nos Etats sont pauvres. Le Sénégal a échappé à cette escroquerie grâce aux services de la police judiciaire de la France.

Mais d’autres pays ont été roulés dans la farine mais comme moi le fou je suis prudent, je ne citerai pas de nom. Et dire que le président Wade qui a beaucoup de doctorats n’a pas vu le piège. Comment peut-on faire confiance à des individus porteurs de titres de grande valeur au point de ne pas chercher à avoir des informations fiables sur eux ? Moi à la place de certains présidents, je dirais à ces filous d’aller voir mes services compétents en la matière car je suis un président et non un technicien. En Occident, c’est ce qu’on ferait. Mais cela n’est pas le cas chez nos présidents africains. Ils aiment le naam (le pouvoir) et oublient les règles essentielles en affaires. Dès que quelqu’un leur dit qu’il a des milliards et qu’il veut les aider pour la réalisation de grands projets qui vont faire leur promotion sur le plan international, ils ne se méfient plus de rien. Prudence, prudence !

Le fou

Le Pays

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