L’éducation est la cIé de voûte du développement d’un pays. Les Etats conscients de son rôle n’hésitent pas à mettre les moyens nécessaires pour une formation de qualité de la jeunesse qui constitue le fer de lance d’une société. Le Burkina Faso, bien qu’étant en voie de développement ne semble pas déroger à cette règle car l’Etat fait des efforts dans la construction des infrastructures scolaires et l’octroi des manuels bien que cela soit en location. Certes, ces efforts sont insuffisants mais il se trouve encore que certains individus les sabotent pour la seule raison d’assouvir leurs intérêts narcissique et égoïste.

A travers la location des manuels scolaires, certains chefs d’établissements véreux y ont trouvé un moyen d’escroquerie pernicieuse des parents d’élèves. En effet, le Proviseur et l’intendant du Lycée Départemental Saint Joseph de Gounghin dans la province du Kourittenga, sont de ceux-là qui ont fait de cette pratique leur quotidien. Malgré l’insuffisance et l’état vétuste des manuels scolaires acquis depuis 2002, l’administration dudit lycée exige de chaque élève le versement intégral des frais de location. Le SYNTER du Lycée départemental de Gounghin, ayant constaté un manque criard de manuels chez les élèves pourtant à jour de leurs frais de location, a procédé à une investigation qui a mis à nu la supercherie concoctée par l’administration pour s’enrichir illicitement sur le dos des élèves et de leurs parents.

Dans la planification intelligente de leur vol, l’administration, après avoir perçu la totalité des frais de chaque élève relatifs aux manuels scolaires bien que ceux-ci soient insuffisants, a organisé les élèves en groupes de 3, 4 ou 5 autour de quelques documents ; ce qui est contraire à l’arrêté n°2007-190/MESSRS/SG/DAF portant réglementation des conditions de location. Après un contrôle minutieux, il ressort qu’il y a environ six cent quinze (615) élèves du premier cycle qui ont payé et qui se retrouvent sans manuels et, environ trois cents (300) élèves qui ne disposent pas de la totalité des manuels, alors qu’ils ont versé la totalité des frais de location des manuels. Les estimations de la somme injustement retenue par l’administration s’élèverait à environ deux millions deux cent quatre-vingt-dix-sept mille (2 297 000) francs.

Les manuels scolaires sont-ils une source d’enrichissement de certains chefs d’établissements ? Au regard de cette manœuvre frauduleuse de l’administration, le SYNTER secteur de Gounghin se demande si l’administration du lycée départemental de Gounghin reverse régulièrement les frais afférents à la rubrique manuels scolaires d’autant plus qu’en retour, l’établissement n’a bénéficié d’aucune dotation depuis 2002. Bien que l’intendant ait dit que le problème n’est pas à leur niveau car il fait correctement le reversement des frais de manuels scolaires (exemple 1 126 000 F CFA versé en 2010) mais c’est le CENAMAFS qui refuse d’apporter la dotation, le SYNTER met en doute ces propos. Le SYNTER a l’assurance que tous les établissements du Centre-Est à jour de leur reversement ont bénéficié de dotation consistante de livres.

Fort de ce constat amer, nous avons interpellé le proviseur sur ces pratiques mafieuses qui sont une exploitation des masses laborieuses. A cet effet, nous lui avons adressé une lettre de protestation dans laquelle nous exigions le remboursement de ces sommes indûment perçues auprès des élèves. Mais le proviseur fait la sourde oreille pourtant, nous tendons inexorablement vers la fin de l’année scolaire et l’horizon est toujours sombre pour les enfants du peuple en quête de savoir et victimes d’un système d’enrichissement illicite savamment organisé par l’administration du Lycée départemental Saint Joseph de Gounghin. A travers ces pratiques, quelle morale, quel civisme, quelle intégrité veulent-ils enseigner à ces jeunes qui les regardent impuissamment ?

Le Secrétaire général du SYNTER/Secteur de Gounghin/ Kourittenga René KABORE

Le Pays