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Insalubrité de nos villes : Le Gouvernement pour un changement des mentalités

Publié le mercredi 19 mai 2010 à 04h00min

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La question de l’insalubrité de nos villes est devenue préoccupante. Tel est le constat du député Diane/KAMBIRE Naba qui a interpellé le Gouvernement le 7 mai 2010 sur les points suivant :
-  Est-il envisageable d’institutionnaliser la pratique du nettoyage des villes par les citoyens eux même afin qu’elles soient plus saines et nous éviter ainsi certaines maladies ?
-  Quelles solutions proposez-vous pour rendre nos villes plus propres ?
-  Les communes ne disposent-elles pas de service d’hygiène capable de sensibiliser les ménages sur la propreté ? »
Nous vous livrons la réponse du Gouvernement à ces questions, livrée par le ministre l’Habitat de l’Urbanisme, Vincent Dabilgou.

Excellence Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Honorables députés,

Aujourd’hui, l’immense honneur me revient de parler de la ville burkinabè devant votre auguste Assemblée suite à mon interpellation par l’honorable député Diane/KAMBIRE Naba, de répondre aux préoccupations ci-après :
« La question de l’insalubrité de nos villes est devenue préoccupante
-  Est-il envisageable d’institutionnaliser la pratique du nettoyage des villes par les citoyens eux même afin qu’elles soient plus saines et nous éviter ainsi certaines maladies ?

-  Quelles solutions proposez-vous pour rendre nos villes plus propres ?

-  Les communes ne disposent-elles pas de service d’hygiène capable de sensibiliser les ménages sur la propreté ? »

Excellence Monsieur le Président ;
Honorables députés,

Notre environnement est insalubre, du fait de plusieurs facteurs. Il y a la prolifération des déchets et des nuisances de toute sorte.
Il y a en outre l’occupation anarchique du domaine publique. Il est urgent de se pencher sur les solutions à mettre en œuvre pour résoudre ces différents problèmes. D’autant qu’aujourd’hui, de plus en plus, il est question de développement durable, c’est-à-dire ce qu’il convient de faire pour laisser un héritage propre de l’environnement à nos enfants. C’est en cela que je suis particulièrement heureux de savoir que les honorables députés accordent une très grande importance à la question de la salubrité de nos villes.

A l’instar des autres villes du monde, les villes du Burkina Faso sont aujourd’hui confrontées aux graves problèmes d’insalubrité liés à nos modes de consommation.

A titre d’exemple, la ville de Ouagadougou, avec une population estimée à 1.500.000 habitants, génère aujourd’hui plus de 300.000 tonnes de déchets solides urbains par an, composés essentiellement d’ordures ménagères et assimilés, de déchets industriels et de déchets biomédicaux dont la mauvaise gestion peut inéluctablement avoir des conséquences néfastes vis-à-vis de l’environnement et la santé publique. Ces conséquences se traduisent entre autres par la pollution prise dans son acception la plus large : pollution des sols ; pollution des eaux ; pollution de l’air ; maladies hydriques et diarrhéiques ; etc.
Face à cette situation combien préoccupante pour le Gouvernement, un certain nombre de mesures allant dans le sens de l’amélioration du cadre de vie des populations ont été prises.

Il s’agit de l’adoption d’un certain nombre de lois et de textes législatifs et règlementaires qui régissent la préservation de l’environnement et l’amélioration du cadre de vie des populations de notre pays. Parmi ces lois et textes règlementaires on peut citer entre autres :

-  la loi n°005/97/ADP du 30 janvier 1997 portant code de l’environnement au Burkina Faso qui détermine les acteurs, les rôles ainsi que les normes pour la qualité de l’environnement ;

-  la loi n° 021-2006/AN du 14 novembre 2006 portant modification de la loi n°0055-2004/AN du 21 décembre 2004 portant code général des Collectivités Territoriales au Burkina Faso qui délimite clairement les compétences des communes dans la lutte contre l’insalubrité, la pollution et les nuisances diverses ;

-  la loi n°017-2006/AN du 18 mai 2006, portant code de l’Urbanisme et de la Construction au Burkina Faso qui impose des normes et techniques de construction à même de garantir un cadre de vie sain ;
-  la loi n°022-2005/AN du 24 mai 2005 portant Code de l’Hygiène Publique au Burkina Faso qui donne le chemin entre le comportement, l’environnement et la santé.

Excellence Monsieur le Président ;
Honorables députés,

Le degré de salubrité urbaine est un bon indicateur du niveau de développement de la nation et une bonne mesure de la maturité et de la citoyenneté des populations. Il ya une approche sociologique dans la question de la propreté et de la gestion des déchets dans les villes. En effet, chaque société donne naissance à une civilisation et cette civilisation secrète une culture qui engendre à son tour des valeurs, lesquelles valeurs donnent naissance à des attitudes et des comportements qu’il faut souvent sensibiliser pour une action en faveur de la propreté.

L’implication des populations dans la propreté des communes, quartiers et cités est donc indispensable. C’est dans ce sens qu’à l’occasion de la commémoration de la Journée Mondiale de l’Habitat, le Ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme avait initié en collaboration avec une organisation de la société civile "Coalition Nationale pour l’Habitat", une journée de salubrité qui constitue un appel lancé à la population pour son implication dans l’édification de ville propre et viable. Mieux, le Ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme envisage instituer "la semaine de la salubrité nationale".
Cette semaine aura pour but de donner à chacun et à chacune d’entre nous, le temps de prendre conscience de la gravité de la situation dans laquelle se trouvent nos villes, et notre cadre de vie. A des degrés divers, nous en sommes tous responsables, parce que nous avons oublié que la ville n’est pas une poubelle. Conséquence, nous sommes envahis par les microbes et les maladies en tous genres qui endeuillent nos familles.

Excellence Monsieur le Président ;
Honorables députés,

Au-delà des opérations ponctuelles de villes propres, c’est un besoin de vrais outils de planification et de la mise en place de schéma directeurs de gestion des déchets. A l’exception des communes de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso qui disposent de Schémas Directeurs de Gestion des Déchets solides dont leur mise en œuvre prévoit un dispositif qui va de la pré-collecte au traitement des déchets dans un Centre Traitement et de Valorisation des Déchets. Aujourd’hui, seul le schéma de Ouagadougou est véritablement fonctionnel aucune autre commune n’en dispose de sorte que la gestion des déchets dans lesdites communes est une vraie gageure.

Pour pallier à cette limite, mon département envisage avec l’appui des partenaires techniques et financiers, de mettre à la disposition de ces communes des schémas directeurs de la gestion des déchets qui intègre le fléau des déchets plastiques et d’engager des actions de renforcement des capacités des services techniques municipaux dans les communes où il en existe et contribuer à leur création dans les communes où il n’en existe pas. Il s’agira pour le Gouvernement d’apporter l’appui nécessaire à toutes les communes urbaines pour une meilleure gestion de leurs déchets.

Tout cela s’inscrit dans la logique de la mise en œuvre de la Politique Nationale de l’Habitat et du Développement urbain du Gouvernement car, il est de plus en plus opportun pour l’Etat de mettre en place, un plan national de gestion des déchets qui donne les grandes orientations pour une saine gestion des déchets au Burkina Faso.

En attendant la mise en place de ce plan national de gestion des déchets, il a été créé au sein de mon département, la Direction de la Rénovation Urbaine et de l’Environnement avec des missions spécifiques de :
-  maîtrise d’ouvrage, approbation et suivi de la réalisation des infrastructures d’élimination des ordures et déchets industriels ou ménagers, en zones urbaines et suburbaines ;
-  supervision et suivi de la gestion des déchets domestiques ;

-  réglementation et contrôle de la salubrité urbaine, notamment en matière de prévention des risques liés aux déchets domestiques et industriels ;

-  élaboration de la réglementation en matière de propreté ;

-  participation à l’élaboration de la réglementation en matière de voiries et de l’assainissement en milieu urbain ;

-  prévention et alertes en matière de pollutions urbaines, en liaison avec les services techniques du Ministère de l’Environnement et du Cadre de Vie ;

-  lutte contre les nuisances et pollutions urbaines, en liaison avec les services techniques du Ministère de l’Environnement et du Cadre de Vie ;

-  promotion de la propreté et l’esprit civique en matière de salubrité et de confort de vie en cité ;

-  création et suivi de la gestion d’un fonds d’appui et de soutien aux programmes de développement et de salubrité urbaine ;

-  échanges d’expériences internationales en matière de salubrité urbaine.

A court terme, la mission de cette Direction de la Rénovation Urbaine et de l’Environnement portera sur la restauration de la salubrité et de la planification urbaines. A moyen et long termes, le Ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme doit doter le Burkina Faso de cités modernes répondant à toutes les commodités tant au plan infrastructurel que pour la vie en cité.

Les actions à mener à cette triple fin sont transversales et impliquent une multiplicité d’acteurs. D’où la nécessité d’un cadre institutionnel harmonisé qui seul assurera à l’ensemble toute sa cohérence et son efficience par un fonctionnement en synergie.

Excellence Monsieur le Président ;
Honorables députés,

La prise en charge de la problématique multiforme de la ville burkinabè d’aujourd’hui et de demain requiert une forte volonté politique et une vision globale des enjeux que l’on peut articuler autour de deux axes majeurs : le développement urbain et la salubrité. La Propreté est un bien public au même titre que l’eau potable, dont les populations ne peuvent être privées.
Cette exigence fait naître un droit fondamental : le droit du citoyen à disposer d’un environnement sain et approprié à la vie en cité. C’est donc un service public de par sa nature.

Par opposition, l’électricité, le téléphone, le transport urbain, sont des services publics "institutionnels". Cependant, contrairement à l’eau, l’électricité, ou le téléphone, le ramassage des ordures et leur traitement n’ont pas été gérés comme un service public malgré leur impact évident sur la santé publique. D’où les problèmes récurrents d’insalubrité que connaissent nos villes.

La politique et l’exercice du pouvoir n’ont de sens que s’ils sont sanctionnés par une obligation de résultat. En l’occurrence, il s’agit de l’obligation d’offrir aux populations des villes du Burkina Faso un environnement sain. Mais pour réussir, nous avons besoin de l’aide de tous et de chacun, dans les réflexes quotidiens, les gestes simples qui marquent la différence. Et pour tous, ces gestes simples, une règle d’or servira de clé de voûte à l’action : pour ne pas avoir à nettoyer, il faut éviter de polluer et de salir.

Dans le sens de la décentralisation, les élus locaux et la participation citoyenne sont les éléments essentiels et déterminants pour la gestion de la propreté des communes.
L’exemple de la brigade de Ouagadougou pour le balayage des routes, qui inspire déjà de nombreuses communes au-delà des frontières du Burkina Faso, devra être répliquée dans d’autres communes qui n’en disposent pas encore.
Il est vrai que l’un des obstacles majeurs au niveau communal demeure la mobilisation du financement nécessaire et son utilisation efficiente. Aussi, convient-il de répertorier les différentes formes de financements pertinentes de ce service urbain et d’analyser les possibilités de mobilisation (taxe municipale de GOM, redevance, subvention etc.) et d’augmenter les ressources pour son efficacité et sa durabilité.

Excellence Monsieur le Président ;
Honorables députés,

Aux termes de la loi portant Code Général des Collectivités Territoriale, d’importantes prérogatives ont été transférées aux communes en matière de gestion urbaine (salubrité, assainissement etc.) de leur espace territorial. Cependant, il reste à définir les orientations stratégiques pour permettre à ces communes d’être véritablement opérationnelles dans la mise en œuvre des compétences qui leur ont été dévolues.

A ce titre et au delà du Code Général des Collectivités Territoriales, mon département, s’est engagé dans l’élaboration d’un texte d’orientation stratégique de la gestion des villes ; lequel texte devra fournir aux communes les instruments nécessaires pour la gestion des déchets et pour l’assainissement des eaux pluviales.

Excellence Monsieur le Président ;
Honorables députés,

La ville qui nous héberge n’est une cité que, pour autant, que nous avons pleinement conscience qu’il s’agit d’un bien commun pour lequel de grands sacrifices doivent être consentis par tous.
En l’espèce, il s’agit d’amener les mentalités à changer à partir d’outils dont la simplicité et l’évidence permettent de conduire rapidement le plus grand nombre à prendre conscience des effets pervers de certains comportements. A cette fin, il s’agira, notamment, de mettre l’accent sur :
-  la chose publique, comme un bien réel qui appartient à tous et à chacun ;

-  l’urgence et la nécessité de faire de chaque burkinabè un acteur et un messager de la propreté dans sa sphère particulière ;

-  le civisme comme un état d’esprit.
Car dans le domaine de la propreté de la cour ou de la rue rien n’est impossible à celui qui croit et qui s’engage.

Je vous remercie.

www.gouvernement.gov.bf

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Vos commentaires

  • Le 19 mai 2010 à 09:52, par lilboudo En réponse à : Insalubrité de nos villes : Le Gouvernement pour un changement des mentalités

    Le Faso manque de moyens, certes, mais il serait intéressant de réfléchir à mettre sur pieds des équipes de formations itinérantes, en vue de sensibiliser les populations sur un certain nombre de choses : environnement, vaccins, éducation, entreprenariat... Dans nos villages, quand les hauts parleurs résonnent, chacun y prete attention. En ville, la télé est un moyen parfait pour toucher le maximum. On pourrait institutionnaliser une telle sensibilisation, et y consacrer 45 mns par semaine à la télé, et un mois par an dans les villages, durant la période des récoltes. Je ne suis pas au bf, excusez mon ignorance si un tel mécanisme existe déjà...

  • Le 19 mai 2010 à 13:47, par citoyen En réponse à : Insalubrité de nos villes : Le Gouvernement pour un changement des mentalités

    J’ai l’impression que nos gouvernants (centraux et locaux) ne retiennent rien de l’histoire du Burkina Faso. Peut-être le font-ils exprès ? La période révolutionnaire, si elle a connu des décisions difficiles ou critiquables, a révélé aussi des mesures louables. Pour les villes, à l’époque, on initiait des opérations "ville verte", "ville blanche", "travaux d’intérêt commun", etc. Ces opérations avaient du succès. On n’avait pas besoin de moyens colossaux pour les réaliser, puisque la population y adhérait massivement. On constatait ainsi nos villes verdir, fleurir, propres. Ce sont des acquis que les responsables communaux peuvent perpétuer sans grands moyens. On a déjà des services d’hygiène dans nos communes, la police municipale, le secteur privé qui procède au ramassage des ordures ménagères. Mais ce qu’on constate, ce qui peut être rapidement corrigé, c’est l’incivisme de la population. Si la sensibilisation forte - manquante pour l’instant - était assurée, la dernière chose à faire, c’est de sanctionner, sévir. C’est aussi de la démocratie, au cas où certains confondraient démocratie et anarchie. Il y a des pénalités financières pour qui jetterait l’eau et les ordures dans la rue. La police municipale peut aider le service d’hygiène pour le contrôle. Vous verrez, en un rien de temps, nos villes seront propres. N’oublions pas aussi le reboisement devant nos cours afin de rendre les villes plus vertes et plus protégées des vents, de la poussière et de l’érosion. Monsieur le ministre, avec peu de moyens, on peut faire beaucoup. N’oubliez pas ça !!!!

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