C’est dans cette ville qu’il tenta d’ailleurs de résister à l’avènement du Front populaire (FP), survenu le 15 octobre de cette année-là. Une dissidence qui s’est soldée par un bain de sang, dans lequel les principaux lieutenants du “Lion” furent massacrés, tels les Ki Bertoa, Elysée Kéré. Boukari Kaboré entrera alors dans une clandestinité autour de laquelle d’ailleurs l’opinion publique a beaucoup épilogué : le fugitif avait-il le don de se rendre invisible aux yeux des sicaires envoyés depuis Ouaga pour l’expédier ad patres ?

L’avait-on tout simplement bien caché ? Possédait-il des pouvoirs occultes contre les balles ? L’intéressé lui-même avouera des années plus tard qu’il s’était terré dans une maison à Koudougou. Vrai ou faux ? Toujours est-il qu’on retrouvera l’ex-ami de Tom Sank. au Ghana, où Jerry John Rawlings lui offrira le gîte et le couvert pendant quelques temps.

A-t-il demandé un coup de pouce au fight captain pour revenir combattre le tombeur de Sankara ? Les langues fendues au mauvais endroit l’affirment, en précisant que Rawlings aurait refusé, arguant que le “Lion” n’avait pas la carure, qu’il ne serait pas un bon soldat et qu’il serait idéologiquement limité. Sur le premier aspect, certains en doutent estimant que c’était un bon soldat ; du reste, l’intéressé, lors de la guerre des pauvres (Mali/Burkina) en 1985, aurait déclaré une nuit que “roi le Lion et ses lionceaux prendront le café demain matin à Bamako”.

Bref, on le retrouvera aux côtés de la Coordination des forces démocratiques (CFD) en 1991, puis la Télévision nationale nous montrera un soir Boukari Kaboré esquissant quelques pas de danse avec la Première Dame Chantal Compaoré. Le “Lion” s’était-il réconcilié avec Blaise au point de danser avec sa tendre moitié ? Apparemment, même si cela fut le cas, le “Lion” créera son parti, appelé Parti pour l’unité nationale et le développement (PUND), et se présentera à la présidentielle du 13 novembre 2005.

Une ambition qui fera long feu pour une histoire de caution ou plutôt de chèque non certifié, ou déposé en retard, en tout un chèque problématique. Cinq ans après cette mésaventure, Boukari Kaboré revient à la charge. En effet, les différentes rédactions ont reçu de la part de l’Union panafricaine sankariste - Mouvement progressiste (UPS-MP) une invitation à couvrir l’investiture de Boukari Kaboré.

De nombreux journalistes restèrent pourtant éboubés le 17 mai dernier, car lorsqu’arriva l’instant de l’adoubement, le “Lion” hésita, sollicita et obtint 5 jours de réflexion pour se décider. Il donna rendez-vous ainsi aux militants de l’UPS-MP le 22 mai, jour où il fêtera ses 60 ans, pour sa décision finale. Pourquoi attendre son anniversaire pour franchir le pas ? Est-ce que le 22 mai est plus symbolique que le 17 mai ? N’est-ce pas un 17 mai, il y a exactement 27 ans, que l’impérialisme, via Guy Penn, a fait embastiller le père de la Révolution burkinabè ? En vérité, cette pirouette, quoique passagère du “Lion”, traduit une impréparation et du dilletantisme aux antipodes du sérieux qui sied à un tel événement.

Certes, c’est un regroupement de 3 formations politiques qui voulaient l’investir, mais, sauf erreur ou omission, entre 2005 et 2010, le Lion n’a mené aucune activité politique. Autant dire qu’on entend parler de lui qu’à l’approche de présidentielle.

Tu quoique Léon ! (“Toi aussi, le Lion !”). Militaire, tu sais que la stratégie dans une guerre compte autant que la puissance des armes, sinon plus. Tonton Boukari, c’est ton droit le plus absolu de te présenter, mais on espère qu’au terme de ta cogitation de 5 jours, la sagesse qui t’a toujours animé (on n’en doute pas) prévaudra et que tu te déporteras, pour parler comme les avocats, pour te consacrer à d’autres tâches, valorisantes ; au lieu de te donner en spectacle, si tant est que la politique est le domaine du paraître.

Par Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga