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Trafic de compteurs d’électricité : Les auteurs écoppent de 12 mois de prison avec sursis

Publié le lundi 17 mai 2010 à 00h25min

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Les agents de la Société nationale burkinabè d’électricité (SONABEL) et des huileries arrêtés pour vol d’électricité ont été jugés le 14 mai 2010. Ils ont tous été condamnés à 12 mois de prison avec sursis et à payer à la SONABEL la somme de 30 millions F CFA.

Les agents de la SONABEL sont au nombre de six. Ce sont Kantatol Somé, Marcel Zankoné, Ousmane N’Diaye, Ardjouma Sanogo, Roland Tapsoba et Bachirou Ouédraogo.

Ils sont accusés d’avoir installé de façon irrégulière, des compteurs électriques chez des industriels, tous des promoteurs d’huileries. Ils étaient cinq huiliers et ont pour noms : Daniel Isaac Dahourou, Oussény Zallé, Doulaye Traoré, Adama Ouédraogo et Gérard Dawamba.

Ces 11 prévenus ont été entendus par le Tribunal correctionnel de Bobo-Dioulasso. Selon les explications livrées à l’audience, ce sont les huiliers qui ont contacté deux agents releveurs de compteurs de la SONABEL, Roland Tapsoba et Bachirou Ouédraogo (les quatre autres étant tous des techniciens), afin qu’ils les aident à réduire leur consommation d’électricité.

Ceux-ci ont intervenu chez les industriels de deux manières. Chez certains, ils fixaient des compteurs de telle sorte qu’ils ne comptaient pas les kilowattheures consommés. Dans d’autres huileries par contre, les techniciens de la SONABEL faisaient reculer les index, réduisant ainsi la consommation des abonnés.

En échange, les bénéficiaires leur donnaient de l’argent dont les montants varient entre 50 000 à 400 000 F CFA. A la barre, les employés de la SONABEL ont tous reconnu les faits. Kantatol Somé, technicien et contrôleur, a dit avoir posé trois compteurs. Marcel Zankoné a quant à lui, installé un compteur chez un certain Boureima Kaboré qui lui n’a pas été poursuivi.

Les autres ont aussi fixé des compteurs chez les autres huiliers et Daniel Isaac Dahourou s’est retrouvé avec à lui seul, trois faux compteurs pour son usine. Les propriétaires des huileries ont eux aussi reconnu ce pourquoi ils sont poursuivis. Adama Ouédraogo et les autres ont affirmé avoir agi ainsi parce qu’ils n’arrivaient pas à honorer leurs factures d’électricité.

Le directeur régional de la SONABEL, présent au procès, a dit avoir initié un contrôle qui a permis de déceler ces anomalies. Selon son avocat, le préjudice subi par la société s’élève à plus de 65 millions de F CFA. Il a alors demandé le remboursement de ce montant, en plus de 20 millions de francs CFA qui représentent les préjudices économiques et moraux.

Les conseils des agents de la SONABEL (les huiliers n’ont pas pris d’avocats) ont demandé la clémence afin que leurs clients puissent reprendre leur vie avec sérénité et méfiance.

Leur appel a été entendu, puisque le parquet et le tribunal ont condamné les 11 prévenus à 12 mois de prison et à 300 000 F CFA d’amende, le tout assorti de sursis. Le tribunal les a en outre sommés de payer solidairement à la SONABEL plus de 30 millions de FCFA.

Adaman DRABO


Au-delà du procès

Six agents de la SONABEL et cinq huiliers ont été condamnés chacun à 12 mois de prison avec sursis. Il leur était reproché d’avoir traficoté l’électricité par une manipulation irrégulière des compteurs. Ce procès appelle de notre part, quatre observations.

Il aurait dans un premier temps permis aux profanes du domaine de l’électricité de savoir qu’on peut installer un compteur sans qu’il ne puisse enregistrer les kilowattheures que consomme un client. Il a aussi permis de savoir qu’à la SONABEL, on peut réduire les index en passant par exemple de 1 000 à 3 kwa. Si cela est possible, on peut déjà imaginer le nombre de personnes qui en ont déjà profité. La seconde observation concerne l’acte posé par les travailleurs de la SONABEL.

Il est condamnable à plus d’un titre, parce que commis par les agents même de la SONABEL. C’est malheureusement le reflet des mentalités qui animent de nos jours les travailleurs dans tous les secteurs d’activités. Aujourd’hui, le goût du travail bien fait, la conscience professionnelle, la protection de l’outil de travail ne semblent plus habiter les employés. On préfère protéger ses propres intérêts que celui général.

C’est alors la course effrénée à l’argent. Tout le monde est pressé de s’enrichir, même sur le dos de son service. On scie sans souci la branche sur laquelle on est assis. Toutes les administrations, publiques comme privées, petites comme grandes, sont gangrenées par ce phénomène. La troisième observation est relative au geste des huiliers, dont certains n’ont pas bonne presse.

Leur acte est aussi répréhensible et n’honore pas un métier qui est à la recherche de ses marques et cause de nombreux préjudices à la SONABEL. Cependant, il faut admettre que leur action a été guidée par la cherté de l’électricité. Un des huiliers avait une facture de plus de 700 000 F CFA qu’il n’arrivait pas à payer.

L’électricité est chère, les récents délestages ne sont pas de nature à faciliter le travail des usines, surtout que le forfait des huiliers a eu lieu au cours des mois de mars et d’avril. Pour alors survivre, ceux-ci ont choisi de se connecter aux agents pour avoir l’électricité à bas prix au détriment de la SONABEL.

Si les prix restent tels, certains industriels et ménages s’arrangeront ainsi pour supporter le coup de l’électricité. Il revient à la SONABEL de chercher des voies et moyens pour rendre son énergie plus abordable, afin de ne pas continuer à subir des pertes. La quatrième observation concerne la SONABEL. Il faut plus de rigueur dans la gestion du matériel de la société et continuer à secouer le cocotier.

Les jeunes appréhendés ont sans doute imité certaines pratiques qu’ils sont venus trouver à la SONABEL, car le conseil d’administration a décelé cette année, une perte de 13,5% de son énergie. Ils ont peut-être été plus pressés.

A. D.

Sidwaya

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