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Editorial de Sidwaya : La gestion de l’échec et de la réussite…

Publié le lundi 17 mai 2010 à 00h28min

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Ibrahiman Sakandé, DG des Editions Sidwaya

L’année scolaire tire (… déjà !) à sa fin et voici venu le temps du bilan. A la différence d’un match de football qui offre l’alternative d’une troisième voie, le match nul, les résultats scolaires ne donnent que deux possibilités : l’échec ou le succès.

Dans les deux cas, il faut savoir gérer. Identifier les causes de l’échec, en comprendre l’ampleur et maîtriser ses conséquences. Dans le cas de l’échec scolaire, la responsabilité incombe à tous les acteurs. Si l’élève apparaît comme la victime directe, les raisons de ses insuffisances sont à la fois imputables à lui-même, à sa compagnie, à ses parents, à ses enseignants, aux acteurs du système éducatif, notamment les encadreurs et l’Etat.

Cette responsabilité est davantage plus significative en cas de résultats catastrophiques sur l’ensemble d’une circonscription ou du pays. L’élève, premier acteur de ses contre-performances, est aussi le premier responsable de la gestion de l’après-échec. L’échec pour l’élève peut être dû à l’inadéquation des processus de formation auxquels il est soumis. Le système hérité du régime colonial au Burkina Faso dont on remet les réformes chaque jour à demain est uniformisant, globalisant. Ce système est censé créer des élites.

Les évaluations, telles qu’elles sont pratiquées sont là pour pérenniser le système. Or, il est de notoriété publique que le monde est diversité. Un élève, un individu est différent d’un autre, avec des centres d’intérêt et des aptitudes propres à chacun. Dans un tel contexte, il convient à tous les acteurs de savoir tirer les leçons, de se réorienter et de repartir pour réussir.

Les parents, premier échelon de l’encadrement, sont invités à accorder plus d’attention à l’évolution de leurs enfants durant l’année et à assumer les résultats insuffisants. Encourager et non réprimander doit être le choix du parent responsable.

Les enseignants resp sables vivent l’échec scolaire comme des drames personnels. C’est une forme d’échec personnel pour eux, car ils n’ont pas su ou pu pour des raisons objectives, reconnaître les forces de l’élève qui échoue avant de relever ses insuffisances et manifester du même coup, leur disponibilité à l’accompagner pour le succès.

Les mauvais enseignants, malheureusement il en existe beaucoup dans notre système éducatif, se soucient fort peu de tout échec scolaire…. Ils n’en ont cure. L’essentiel est que le salaire et les nombreux frais de vacation tombent à temps et à flots. Ils s’en trouvent même pour jubiler devant l’échec de tel ou tel enfant.

On en a rencontré un qui a lancé à la face des parents :« Je vous ai dit que votre enfant est nul ». De tels individus ne méritent pas leur place dans le système éducatif. L’encadrement des enseignants, directeurs, inspecteurs, conseillers pédagogiques devrait veiller, en dépit de l’ingratitude du métier d’enseignant, à ce que n’y séjournent pas trop longtemps, ceux qui n’ont rien à voir avec l’encadrement des enfants. Eux-mêmes n’étant pas des modèles.

L’échec scolaire, c’est aussi des surcoûts pour l’Etat. Coûts financiers, compétences disponibles ajournées, mais surtout, un surcoût moral. Un Etat où les échecs scolaires sont nombreux est en droit de se poser des questions sur son système éducatif. Est-il adapté aux besoins des individus ? Est-il adapté à la société ?La Constitution du Burkina Faso dispose que tous les enfants du Burkina ont droit à l’éducation jusqu’à seize ans, aux frais de l’Etat.

Tous les acteurs du système scolaire sont interpellés lorsque l’ampleur de l’échec porte atteinte à la crédibilité de l’école. Il faut alors avoir le courage de s’asseoir ensemble et de prendre des mesures énergiques et pourquoi pas révolutionnaires pour que l’école soit adaptée aux besoins des gens et non le contraire. Car actuellement, les gens doivent s’adapter à l’école. La gestion de la réussite est plus complexe. Beaucoup d’élèves amorcent leur échec dans la vie à partir d’une réussite scolaire.

Le plus souvent, obnubilés par le succès de leur enfant, les parents décident de l’orienter pour des études qui ne le motivent pas. Convaincus eux qu’ils ont fait le bon choix, ils poussent leur enfant à subir pour des années, un choix imposé. Seuls les enfants visionnaires, dotés de rêves forts, survivent à cette violence des parents. Les autres finissent par échouer lamentablement sans aucune chance de reconversion.

Beaucoup d’enfants sont des victimes du choix de leurs parents. Il est important de consulter l’enfant et de considérer ses rêves même si ceux-ci méritent d’être encadrés. L’indisponibilité de l’offre dans certaines filières ou leur coût très élevé est aussi la cause de l’échec des meilleurs.

A défaut de disponibilité de filières de leurs rêves, ils se contentent de ce qui est existe et aboutissent à l’échec. Ici encore, tous les acteurs sont interpellés et une profonde réflexion mérite d’être entreprise pour ne pas gaspiller des chances de développement durable.

Par Ibrahiman SAKANDE (sakandeibrahiman@yahoo.fr)

Sidwaya

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