LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

DESAFFECTION DES ELECTEURS : "Les propos inopportuns du président de la CENI"

Publié le vendredi 14 mai 2010 à 03h14min

PARTAGER :                          

Le PPD (Parti patriotique pour le développement) réagit ici à la déclaration du président de la CENI, au sujet de la désaffection des Burkinabè pour le vote.

Le samedi 24 décembre 2009, à Ouagadougou, la Commission électorale nationale indépendante (CENI), a organisé un petit-déjeuner de presse, au cours duquel elle a livré les résultats des opérations du recensement électoral dans la perspective de l’élection présidentielle de novembre prochain.

Malgré le bilan calamiteux des deux (2) opérations qu’elle a organisées, le président de cette institution, au lieu de s’offusquer, ne s’est pas gêné de clamer haut et fort que ce bilan est satisfaisant. Il est même allé très loin en disant que "même avec 10 électeurs, on votera". Au PPD, l’inscription sur les listes électorales étant un acte citoyen et patriotique, nous nous sommes donné la peine de réfléchir sur les propos du président de la CENI qui nous paraissent pour le moins inopportuns. En effet, et selon le dernier recensement général de la population de 2006, le Burkina Faso comptait 14 731 167 habitants dont 45 % ont plus de 18 ans, l’âge requis pour être autorisé à exercer son droit de vote. Cela veut dire qu’il y a près de 6 600 000 de Burkinabè qui peuvent voter s’ils le désirent et si la classe politique arrive à leur démontrer pourquoi ils ont intérêt à voter.

Or, il se trouve que le bilan de la CENI fait ressortir seulement 3 330 792 inscrits au terme des deux (2) opérations soit environ 50 % des électeurs potentiels. Nous pensons qu’il se pose véritablement un problème. Oui, il se pose un problème parce que le recensement actuel a exclu plus de la moitié des électeurs potentiels du vote de leur président et qui sait, de leurs conseillers municipaux. Le nombre des inscrits pour une élection étant un indicateur clé de la vitalité démocratique dans toute nation et témoignant du degré d’adhésion des populations au système de gouvernance qui leur est proposé, il y a lieu de s’inquiéter pour ces résultats, même si le président de la CENI s’en satisfait. Le président de la CENI semble ne pas se soucier même si tous les Burkinabè choisissent de ne pas participer au vote de leur président. S’il y a seulement dix électeurs cela lui suffit ! Pourvu qu’il organise son élection. Et pourtant !

Tous les Burkinabè savent qu’on n’avait pas besoin de toute cette énergie et de tout cet argent pour avoir 10 électeurs. Nous sommes au Burkina et connaissant la taille moyenne de nos familles, nous sommes convaincus que lui et sa famille seulement auraient suffi pour obtenir les 10 électeurs qu’il dit suffisants pour élire le président et les maires des 352 communes du Burkina Faso. On aurait gagné en temps, en énergie et en argent s’il avait procédé de la sorte. Bien sûr, M. le président de la CENI se fonde sur les faiblesses actuelles de notre législation pour tenir de tels propos. En effet, ni la Constitution, ni le Code électoral actuel n’ont prévu un seuil de validité de l’élection présidentielle, mais nous pensons que ce n’est pas une raison pour narguer le peuple. Devant une telle désaffection, le président de la CENI aurait dû d’abord réfléchir profondément sur la cause qui l’a probablement engendrée et ensuite, faire des propositions tendant à intéresser la majorité des 14 millions de Burkinabè au choix de leurs dirigeants.

Nous au PPD, nous pensons même, que la classe politique devrait davantage être mise devant ses responsabilités par l’adoption d’un nouveau Code électoral qui autoriserait un recensement de proximité et ou qui prévoirait un nombre de suffrages exprimés en- dessous duquel une élection ne peut être validée.

Dans ce cas, les partis politiques joueraient davantage le rôle qui leur est dévolu. Le fait de vouloir minimiser l’échec des deux (2) opérations de recensement électoral qui ont brillé par une culture de la dépendance, de l’assistanat permanent et de l’extraversion, le président de la CENI ne se rend pas compte qu’il ne rend pas service à la démocratie et au futur président du Faso. En d’autres termes, même si les citoyens ne participent pas à l’ancrage de la démocratie, pour lui, ce n’est pas un problème. Même si le président du Faso est illégitime, ce n’est pas grave. Pourvu qu’il y ait "élections". Même si l’entourage immédiat du candidat que nous pensons être supérieur à dix (10) personnes boude l’élection et qu’il est quand même élu avec 100 % des suffrages exprimés des dix (10) votants, pour monsieur le président de la CENI, ce n’est pas un problème. Quand même ! Et on prétend qu’on est dans un Etat de droit et de démocratie !

On nous dira que c’est une manière de parler et qu’il ne faut pas s’accrocher à ce chiffre (10) ; mais nous sommes dans un contexte où tout ce qui se dit dans la presse est pris au sérieux, surtout quand ça vient d’une autorité placée au cœur même de l’opérationnalisation de la démocratie. Les propos du président de la CENI sont d’autant plus graves qu’ils donnent l’impression au peuple qu’on n’a pas vraiment besoin de lui pour gouverner, puisque même s’il n’y a pas d’électeurs, il y aura des élections.

Non, au PPD, nous pensons qu’il faut éviter de braquer davantage les citoyens concernant la chose politique. Le président de la CENI devrait garder son calme, et être plus pondéré, même si par ailleurs, nous reconnaissons que le faible résultat obtenu lors des inscriptions peut fâcher. En tout état de cause, et pour notre part au niveau du Parti patriotique pour le développement(PPD), nous pensons que ses propos étaient inopportuns dans ce contexte précis. Nous dénoncerons toujours de telles idées qui pervertissent la démocratie et qui tentent de confisquer la souveraineté du peuple.

Brahima TRAORE Président du PPD

Le Pays

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 14 mai 2010 à 08:23 En réponse à : DESAFFECTION DES ELECTEURS : "Les propos inopportuns du président de la CENI"

    Il serait bon qu’un journal se dévoue pour nous faire une analyse chiffrée des différents scrutins depuis juin 1991. C’est un travail fastidieux, il est vrai, mais le résultat en serait éduifiant pour tout un chacun. A défaut d’interprétation, pouvoir disposer des chiffres est bon. Savoir quel nombre de Burkinabè a pris part au vote et qu’est-ce que cela représente en pourcentage du corps électoral estimé. L’appel est lancé.

  • Le 14 mai 2010 à 09:29, par bhagus En réponse à : DESAFFECTION DES ELECTEURS : "Les propos inopportuns du président de la CENI"

    sa reaction n’a rien de surprenante , avez vous oubliez comment lui meme a ete elu a la tete de la Ceni ? il voulait simplement dire que meme avec 10 electeurs Blaise sera president comme exactement il s’est passe avec son election a la tete de la Ceni , les gens n’en voulais pas mais a la fin il etait la

  • Le 14 mai 2010 à 11:39, par tinga En réponse à : DESAFFECTION DES ELECTEURS : "Les propos inopportuns du président de la CENI"

    bbn

    Brillante analyse du PPD, vivement que ce jeune parti politique participe pleinement à l’animation de la vie politique Burkuinabé.

  • Le 14 mai 2010 à 11:42, par Hayya ! En réponse à : DESAFFECTION DES ELECTEURS : "Les propos inopportuns du président de la CENI"

    il a mangé ses neuronnes se sont bouchés et il raconte n’importe quoi maintenant.

  • Le 14 mai 2010 à 11:45 En réponse à : DESAFFECTION DES ELECTEURS : "Les propos inopportuns du président de la CENI"

    Vous n’avez pas assez réfléchi. il faut revoir vos dates.

  • Le 14 mai 2010 à 13:11, par stephane En réponse à : DESAFFECTION DES ELECTEURS : "Les propos inopportuns du président de la CENI"

    cette CENI n’a jamais été ce que l’opposition voulait. Et au fil du temps, elle s’est encore plus décrédibilisée. Les gens qui y bossent, même les opposants et ceux de la société civile (en principe neutres !) sont tous devenus des quasi-fonctionnaires travaillant au doigt et à l’oeil du patron grand cdpiste, pour garder leurs privilèges. Qu’on revienne au MATD : ça fera moins de dépenses et donnera quelques places à des fonctionnaires qui ont bossé et gagné aux concours. merci

  • Le 14 mai 2010 à 14:29, par ratis En réponse à : DESAFFECTION DES ELECTEURS : "Les propos inopportuns du président de la CENI"

    très bonne reaction.il n’a pas à se facher.si on veut voir dans sa famille meme il y’a des gens qui ne se sont pas inscrits.

  • Le 15 mai 2010 à 17:10 En réponse à : DESAFFECTION DES ELECTEURS : "Les propos inopportuns du président de la CENI"

    Le president de la ceni n est pas responsable tt simplement.
    Il se fou des gens mais garde a lui car la vie n est pas ce kil pense.Il a des fistons et il est suivi par le monde
    donc pourquoi parler comme un homme de la rue.
    Le president meme lui doit interdiction de parler ainsi de son peuple.

    M. Moussa sachons parler et reconforter.
    J ai bsoin comme tous les autres de paix entente.....
    sois resonnaible.
    Heureuse,ent pour lui il n ya pas de debat d idees sinon....
    Il peut m faire appel.

  • Le 16 mai 2010 à 13:37, par Le professeur En réponse à : DESAFFECTION DES ELECTEURS : "Les propos inopportuns du président de la CENI"

    Concernant la désafection des Burkinabè pour le vote, je pense qu’il ne faut pas s’en tenir aux faits dans le signe d’agacement occasionné par le Président de la CENI. Etudions de plus près les raisons profondes qui ont conduit à cet état de fait.
    La plupart des intervenants brandissent le mot "peuple" comme si cette simple évocation conférait encore à notre peuple toutes les valeurs de sarifice, de travail, et de luttes émancipatrices. Qui d’autre que le président de la CENI ne s’indignerait pas face à une telle attitude attentiste, passive d’un peuple aussi immature.
    Tout ce dont ce peuple est capable, c’est toujours pointer un doigt accusateur sur autrui alors qu’on est loin soi-même d’avoir patte blanche.
    Arrêtons la médisance, intégrons tous les cadres de mobilisation reconnus pour faire accepter de façon pacifique nos visions et impulser ainsi le développement.
    Nous sommes en démocratie et un des aspects le plus important pour le citoyen est au moins de figurer sur une liste électorale. C’est le droit le plus absolu pour des citoyens de ne pas satisfaire à cela, mais je pense que ce n’est pas la bonne façon de lutter car pour lutter il faut bien être dans l’arène. Une telle attitude est pour moi un aveu d’impuissance et on n’a plus le droit d’accuser qui que ce soit.
    Le professeur

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique