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SORTIE DE CRISE A MADAGASCAR : TGV impose sa solution

Publié le vendredi 14 mai 2010 à 03h14min

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C’est un secret de polichinelle, la situation à Madagascar était, jusqu’à ces tout derniers jours, des plus incertaines. Tout y était bloqué, immobile, figé. Et le président du régime en place, depuis quelques jours, promettait de présenter une feuille de route. On pouvait le croire, comme on pouvait également choisir d’ignorer ses dires. En matière de promesses non tenues et de feintes politiques, l’homme a plus que fini de faire la démonstration qu’il excelle avec un art tout consommé. Mais c’est que cette promesse-là, il la tient. Et de quelle manière. Même les plus sceptiques en sont plus que ahuris. "J’ai pris la décision de ne pas être candidat à la présidentielle pour terminer la transition dans la neutralité".

Cette présidentielle, il en donne, au passage, la date : le 26 novembre. Surprenant, venant du TGV que l’on connaît. Mais c’est qu’on n’est pas au bout des surprises. Dans son allocution à la nation malgache, le golden boy qui s’essaye à la magistrature suprême, sans doute pour voir, continue et déroule un chronogramme des plus crédibles qui devrait régir la vie politique et sonner enfin l’heure de la décrispation d’une Grande Ile fortement grippée depuis plus d’une année : un référendum national est prévu le 12 août, des élections législatives le 30 septembre. Auparavant, un dialogue national sera organisé du 27 au 29 mai.

"Je me sacrifie pour ne pas sacrifier les Malgaches", soutient Rajoelina. Touchant. Très noble. Mais assurément pathétique aussi. Car, on ne s’y trompe pas. Cet homme qui a été à lui seul la crise malgache entière pour l’avoir tout simplement provoquée, cet homme qui a fait échouer tous les sommets, toutes les négociations qui s’étaient fixé pour but de sauver ce qui pouvait encore l’être sur la Grande Ile, que cet homme, en un tournemain se sente pris d’une quelconque crise de conscience qui le conduise à tout reconsidérer de ses faits et gestes passés, au risque de se dédire, il faut qu’il existe pour l’expliquer un fait d’importance, de très grande importance.

Car, enfin, on regrette tant et tant de gâchis, de temps perdu, d’occasions de réconciliation manquées, pour en arriver là, tout platement, et presque bêtement, à jeter l’éponge aussi négligemment, en évoquant pour ce faire "introspection", "prise de conscience", patriotisme. Puérile, l’attitude du jeune Rajoelina, qui traduit bien là que ce que d’aucuns avaient pensé de lui, dès son accession au pouvoir, ne relevait pas de la simple médisance. Il donne de lui l’impression d’un petit garçon revanchard et vindicatif qui en voulut tellement à Ravalomanana qu’il mit tout en oeuvre pour l’évincer et le maintenir hors de sa propre patrie. Mais il se trouve que l’immaturité n’est pas qualité de mise pour diriger un pays. Et cela TGV l’apprend sans doute par la preuve de l’expérience.

On a tout pour douter de la bonne foi de l’actuel maître des lieux. Tout comme on se dit que sa décision de débloquer le climat politique, il ne l’a peut-être pas prise de bon gré. Peut-être a-t-il dû se résoudre à le faire, à son corps défendant. Il y a seulement queques jours, Rajoelina sollicitait un ralliement franc de l’armée, avec laquelle il souhaitait constituer un gouvernement militaro-civil. Au final, il ne l’aura pas obtenu. La grande muette, au fil du temps, aura sans doute perçu l’homme qu’elle avait aidé à monter les marches du palais, sous ses vraies couleurs. L’armée n’a sans doute pas voulu se faire berner une nouvelle fois. Un passage en force n’étant plus envisageable par le golden boy, TGV peut avoir choisi, par realpolitik, de lâcher du lest, de présenter un nouveau visage, au risque que personne d’ailleurs ne le reconnaisse. Peu importe. Il conserve sa chance intacte.

Une chance qui reste entière puisque, à supposer que les autres leaders des partis politiques entérinent sa décision, lui, peut se présenter à la future présidentielle qui suivra le premier mandat à venir. Cela s’appelle en vérité, reculer pour mieux sauter. Reste à savoir ce qu’en penseront les anciens présidents et par ailleurs leaders des trois mouvances de l’opposition. Le plus réticent devrait en être Marc Ravalomanana sur qui pèse une décision de justice initiée précisément par son tombeur de mars 2009. Comment se pourrait-il qu’il se plie à cette proposition-décision du Golden boy qui, jusqu’à présent, donne toutes les preuves qu’il usera de tous bois pour l’empêcher de revenir sur la scène politique malgache ?

Au final, que peut-on retenir de cette parenthèse Rajoelina, sinon qu’elle fut funeste à toute une île qui, décidément, n’avait pas vraiment besoin de se voir forcée de mener une expérience aventuriste dont au final, elle ne retire que haine, larmes, divisions et récession économique des plus néfastes. "La crise ne date pas d’aujourd’hui, mais de 50 ans, 50 ans d’hyhpocrisie, de méchanceté, de mensonges. Ceux qui ont dirigé le pays l’ont entraîné vers sa perdition."

Rajoelina, en s’exprimant de la sorte, ne pense pas si bien dire, puisque, la date en moins, il donne l’impression de décrire à perfection ce qu’il a été, ce qu’il a dit, ce qu’il a fait. Faute de grives, on mange des merles, dit-on. On aurait sans doute souhaité mieux, mais on se contentera de ce qu’on a : les nouvelles promesses de Rajoelina. Elles sont autant de nouvelles impositions, mais enfin, on devra peut-être s’en contenter. Avec le secret espoir de pouvoir les rendre perfectibles un jour prochain. Ne serait-ce que pour permettre à la Grande Ile de bien vite refermer une bien mauvaise parenthèse que d’ailleurs, à présent on en est convaincu, elle n’aurait jamais, au grand jamais, dû ouvrir.

"Le Pays"

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Vos commentaires

  • Le 14 mai 2010 à 07:08, par raberene En réponse à : SORTIE DE CRISE A MADAGASCAR : TGV impose sa solution

    vous êtes malade !.Je vous conseille de prendre des jours de vacances,cela ne peut faire que du bien pour vous.Lors de votre retour,peut être ,on peut espérer de vous des analyses plus objectifs de la situation à Madagascar.

  • Le 16 mai 2010 à 03:08, par Mpamaky En réponse à : SORTIE DE CRISE A MADAGASCAR : TGV impose sa solution

    cher Monsieur, c’est plutôt vous qui êtes malade, vous avez pas bien compris le contenu de cet article.
    C’est le meilleur article que j’ai lu depuis plus d’une semaine.
    Merci beaucoup pour votre analyse

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