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Journée des communautés à Kologh-Naba : La cohésion dans la diversité

Publié le mercredi 12 mai 2010 à 02h16min

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La paroisse de Kologh-Naba a célébré dimanche 9 mai 2010, la journée des communautés. L’événement a été marqué par une messe d’action de grâce, messe présidée par l’Abbé Mathurin Wangrawa, curé de la paroisse.

Pour la troisième fois consécutive, la communauté catholique de la paroisse de Kologh-Naba a célébré la diversité, la cohésion et la paix dans la foi. En guise d’action de grâce, les fidèles se sont retrouvés ce dimanche 9 mai 2010 autour de leurs pasteurs dans une célébration eucharistique.

Cette troisième édition était placée sous le thème : « Fils et filles de l’Eglise-famille, dans la diversité, bâtissons une société de justice, de paix et de réconciliation », une thématique s’inscrivant, selon l’Abbé Mathurin, dans la dynamique du synode pour l’Afrique organisé à Rome.

Abritant, contrairement à la pratique, l’unique messe dominicale (d’habitude il y en a trois), l’église a refusé du monde. Même les nombreuses tentes dressées n’ont pas contenu les fidèles venus nombreux. Autorités administratives, politiques, religieuses et coutumières ont honoré de leur présence cette fête de la communion.

Pour spécifier, citons le Wogdgo Naaba, chef coutumier du quartier Ouagadougou, Maître Frédéric Titinga Passéré, deux notabilités saluées par le célébrant. Il faut noter que Maître Pacéré (dont l’accoutrement princier le laissait deviner), était là, entre autre, en invité d’honneur de la communauté ivoirienne. Il nous vient à l’esprit que l’homme, féru de culture et de tradition, a été consacré prince baoulé par la reine Abla Pokou II.

Onze groupes régionaux et ethniques ont préparé et pris part à cette édition. Ce sont des groupes représentant la Côte d’Ivoire, la zone des Hauts-Bassins, la zone de la Boucle du Mouhoun, la zone du Nord, la région du Centre-Ouest, la région de l’Est et bien entendu celle du Centre. A l’ouverture de la célébration, leurs représentants, défilant au parloir de l’hôtel, ont adressé des salutations dans la langue de leur terroir à l’assemblée des fidèles, suivant un cérémonial qui se voulait symbole de l’accueil et de l’hospitalité burkinabè.

Inutile de dire que les spécificités vestimentaires ont été mises en exergue pour l’occasion. C’est donc culturellement marqués mais spirituellement unis que Bissa, Samo, Mossé, Gourounsi, Bobo-mandarè, Dioula, Ivoiriens, etc. ont tour à tour animé les différentes séquences de la messe. Célébration toute particulière ponctuée de processions, de présentations de produits alimentaires de la diversité régionale, de chants et de pas de danses exécutés dans différents ballets par une brochette de petites demoiselles bien entraînées.

« Prions pour l’unité des cœurs, pour la justice et la réconciliation ». Ces termes de l’Abbé Mathurin assisté d’une demi-douzaine de concélébrants, ont ouvert la prière eucharistique et en sont restés le fil conducteur. S’inspirant des paroles de Jésus dans l’évangile « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix », le prêtre a exhorté l’assemblée à demander la paix pour les familles, pour notre pays et pour le monde.

Dans son homélie, le curé de Kologh-Naba a appelé les fidèles à manifester l’amour du Christ pour le monde, à œuvrer pour la justice, la paix et la réconciliation entre les peuples à travers une ouverture permanente vers le prochain. Pour lui, il n’y a pas de paix si l’on n’accepte pas l’autre dans sa différence, si l’on ne fait pas de place à autrui dans sa vie, si l’on n’a pas de considération pour celui qui vit à nos côtés. « Les dix commandements de Dieu sont les mêmes pour tous.

La parole de Dieu, même traduite en plusieurs langues est la même pour tous. Tous interpellés de la même manière par la parole unique de Dieu, nous sommes appelés à refléter l’image du Christ, artisan de justice, de paix et de réconciliation. Dans le Christ, nous avons tous la même carte d’identité », a-t-il proclamé.

Une démonstration de la fraternité dans la diversité

Instaurant pour la troisième fois la réflexion sur les rapports entre les individus et les groupes sociaux et culturels qui composent sa paroisse, l’équipe cléricale de Kologh-Naba, a expliqué son premier responsable, a voulu inviter les groupes régionaux et ethniques, au nom de leur foi et de l’unique baptême, à vivre la fraternité. C’est ainsi que chacun, à travers les différentes facettes et richesses de sa culture, a exprimé sa foi à travers la célébration.

Cette troisième journée, selon ses promoteurs, fut une véritable démonstration de la fraternité dans la diversité. « Vous savez très bien que de par le monde, a confié l’Abbé Mathurin, face à la presse présente à la messe, il y a beaucoup de dissensions dues parfois à la religion, parfois aussi la culture et au fait que nous n’appartenons pas au même milieu culturel.

Nous voulons éviter que ce qui se passe ailleurs ne se produise ici. Nous avons organisé cette journée pour que les chrétiens et les non chrétiens puissent voir ce qui existe chez les autres, qu’ils se disent que chez les autres aussi il y a des valeurs auxquelles ils tiennent.

Le respect mutuel commande que nous respections ces valeurs-là. Le message du Christ, c’est aimer Dieu et aimer son prochain. Alors celui qui dit qu’il aime Dieu et n’aime pas son prochain, il ne dit pas la vérité ». C’est le concept autour duquel, une semaine durant, le programme d’activités a été exécuté.

Au nombre de ces activités, on compte une soirée culturelle qui a consisté en une exhibition présentant les réalités vestimentaires, musicales, artisanales et autres des différentes communautés. On peut difficilement imaginer une telle commémoration sans l’outil emblématique de la cohésion socioculturelle cher au Burkina, la parenté à plaisanterie.

Il y a également eu des activités sportives qui ont opposé les différentes communautés. Il faut aussi mentionner la conférence publique animée par François de Salle Bado, président de la commission justice et paix, sur le thème de la journée.

L’acte majeur et le dernier de cette édition s’est joué ce dimanche, à travers la grande célébration de l’eucharistie, laquelle fut suivie d’un grand dassan-daga ou Kermesse tenu dans la cour de la mission. Chaque communauté s’est aménagé un stand. Toute la journée, on pouvait y boire, manger, découvrir et déguster les mets locaux. « Mêmes ceux qui ne sont pas chrétiens sont invités à venir vivre la convivialité avec nous », a indiqué le curé de Kologh-Naba.

Se prononçant sur l’initiative, Maître Titinga Frédéric Pacéré a déclaré : « Les journées des communautés, initiées par la paroisse catholique de Kologh-Naba, en mon sens, reposent sur ce que l’Afrique devrait rechercher, à savoir, la réconciliation des cœurs. Il lui faut créer un cadre dans lequel il n’y a plus d’ethnie, plus de religion, plus de pays, plus de frontières, où il y a une seule communauté.

A mon sens, la Côte d’Ivoire, c’est également la patrie des Burkinabè. La preuve, j’ai été honoré par la reine des Baoulé-Akan à Sakassou, qui m’a décerné le titre de prince de la cour royale Akan-Baoulé. Une telle journée qui rassemble toutes les communautés au niveau de Kologh-Naba, est véritablement à saluer ».

Hortense ZIDA

Sidwaya

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