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Visite de Tertius Zongo à Taïwan : Comment s’inspirer du modèle taïwanais au Burkina ?

Publié le mardi 11 mai 2010 à 01h50min

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La délégation burkinabè visite la société Speed Tech qui fabrique des composantes d’ordinateur et des lampes solaires

Le Premier ministre Tertius Zongo a achevé le 7 mai sa première visite officielle en République de Chine. Rencontres avec les autorités taïwanaises, visites de structures de formation et de d’unités industrielles lui ont permis d’étudier sur le terrain le modèle de développement taïwanais ; un modèle qui, souligne-t-il, doit inspirer notre pays.

Au terme de votre séjour, quel bilan, pouvez-vous en faire ?

Nous avons fait cette visite sous deux angles : le premier, c’est le renforcement du dialogue politique que nous avons avec la République de Chine (Taïwan) depuis le rétablissement des relations en 1994. Il est tout à fait indiqué que nous ayons un dialogue politique de haut niveau ; le président du Faso lui-même est venu ici plusieurs fois. Le Burkina Faso fait partie des pays avec lesquels la République de Chine entretient des relations diplomatiques assez soutenues mais notre pays est l’un des pays sur lesquels la République de Chine compte pour faire entendre sa voix dans les instances internationales. Je pense que sous cet angle nous avons des raisons de nous satisfaire et cette visite a permis de poser encore quelques jalons pour l’approfondissement de notre coopération politique.

Le deuxième élément, c’est la coopération économique et financière que nous sommes venus revisiter. Les cadres existent pour la gestion de cette coopération, comme les commissions mixtes. Mais ce qui est important aujourd’hui, c’est que notre pays soit au poste de pilote de cette coopération. D’abord parce que nous avons beaucoup de choses à apprendre de ce pays et ensuite parce que nous avons des besoins et nous devons chercher à orienter nos besoins en fonction de l’expérience qu’ils ont et pas seulement en fonction de l’argent qu’ils peuvent nous donner. Nous devons chercher comment ils peuvent nous aider à renforcer nos capacités dans les domaines essentiels de notre développement.

Nous repartons donc avec un esprit nouveau quant à l’évolution de notre coopération économique et financière ; avec la conclusion qu’il faut que nous nous éparpillons moins car si nous nous recentrons davantage, nous aurons de meilleurs résultats. Quand on voit, à travers les centres que nous avons visités, les résultats qu’ils ont atteints en matière de formation technique et professionnelle, cela nous invite à mettre notre va-tout dans ce domaine. Il y a ensuite la santé et dans ce domaine, nous avons avec la République de Chine le projet de construction de l’hôpital de 600 lits.

Il faut que nous allions jusqu’au bout car si nous avons aujourd’hui les infrastructures, il manque encore la partie intelligence alors que c’est celle-ci qui est la plus importante : comment gérer l’hôpital de façon transparente, comme renforcer les compétences de son personnel, il faut que nous passons à cette étape. Autre nouveau domaine de coopération, l’énergie solaire où ils ont de grands résultats. Au Burkina Faso, nous ne pouvons pas nous développer en nous passant de l’énergie, qui doit être disponible aussi bien dans les villes que dans les campagnes.

Et ils peuvent nous accompagner dans ce domaine aussi. Au regard de cela, nous devons revoir nos axes de coopération économique et financière pour une meilleure efficacité.
Le développement rural fait partie de nos priorités, de même que la formation de nos étudiants et stagiaires. Ils doivent continuer à venir, non seulement pour les diplômes mais aussi pour la manière de servir, pour la manière de s’organiser, pour la discipline et les questions d’intégrité, de responsabilité ; nous avons besoin que notre jeunesse soit moulée dans ces différentes valeurs.
Vous avez souligné qu’il faut recentrer les domaines pour une meilleure efficacité, mais dans la perspective de la session de la coopération en juin, y a-t-il de nouveaux domaines qui seront inclus dans cette coopération ?

Bien entendu, nous ferons un point au gouvernement mais d’ores et déjà, et comme je l’ai souligné tantôt, le solaire fera partie des nouveaux domaines de coopération. Ensuite, nous devons voir comment impliquer le secteur privé. Il y a des opportunités ici et nous devons aider nos opérateurs économiques à les saisir. Certes, il y a un bon dialogue politique mais cela ne suffit pas car il faut que les hommes du secteur réel de l’économie se rencontrent. Et comme vous avez pu le suivre dans nos échanges avec le président de la République lui-même, nous souhaitons que ce volet économique se renforce ; de même que le volet culturel.

Naturellement, Il y a donc des domaines où nous devons continuer à travailler avec eux comme les projets en voie d’achèvement : le centre éco-touristique de Bagré, l’unité de distillerie de Ziniaré, le centre piscicole de Bagré, qui sont des projets achevés et qui doivent être repris, mais avec une implication des privés burkinabè et taïwanais. Il y a donc un volet important de notre coopération qui concerne une réorientation de nos efforts vers un renforcement des compétences du secteur privé.

Vous avez aussi rencontré les étudiants qui ont exposé un certain nombre de doléances, avec des pistes de solutions…

Chaque fois que nous avons l’opportunité de rencontrer des étudiants à l’extérieur, c’est une opportunité que nous devons saisir pour évoquer avec eux la situation du pays. Il est vrai qu’au Burkina, nous avons une certaine mentalité, qui fait que nous ne voyons toujours que des montagnes de problèmes, même s’il y a à côté de petites fenêtres d’opportunités ; alors que la vie se construit toujours sur les petites fenêtres d’opportunités qu’il faut savoir saisir.

J’ai tenu à dire à ces étudiants que le fait qu’ils soient dans ce pays est une opportunité qu’ils doivent saisir, au regard de la mentalité et du modèle de développement. C’est vrai que nos étudiants ont des problèmes mais il y a aussi des opportunités qui leur sont offertes. Et comme vous l’avez remarqué, il y a déjà un changement de mentalité car ils ne font pas qu’exposer des problèmes, ils proposent aussi des solutions. C’est pourquoi j’ai apprécié cette rencontre.

Les problèmes qu’ils ont exposés seront étudiés avec les ministres intéressés, et nous ferons en sorte que les formations qu’ils reçoivent ici soient mieux valorisées. Ils sont inscrits dans des domaines parfois très pointus et nos entreprises doivent pouvoir en profiter. Il faut pour cela consolider l’interface gouvernement/secteur privé pour que la formation réponde aux besoins du marché et que le marché suscite des besoins de formations.

Je sais qu’ici, quelle que soit la nature de la formation, nous trouverons toujours des cadres pour accueillir nos étudiants. Comme vous l’avez suivi, nos discussions avec les autorités locales ont porté sur ces questions et elles ont promis augmenter le nombre de bourses. Cette année, 18 nouvelles bourses ont été octroyées. Nous devons nous organiser pour qu’il y ait une meilleure coopération entre nos universités. Les universités professionnalisantes à Koudougou et à Bobo doivent établir des passerelles avec les universités taïwanaises.

Dans quel état d’esprit repartez-vous au Burkina ?

Premièrement, je me dis qu’il y a beaucoup de choses qui sont possibles et cet espoir est important à souligner. Mais je me dis que le chemin est encore long, parce qu’il me semble que l’élément essentiel pour le développement est un élément de comportement, de conviction que la solution vient d’abord de soi-même. Mais dans notre environnement, les gens ont tendance à croire que la solution vient des autres ; et dans une telle conception, il ne peut y avoir d’évolution car chacun attend que ce soit l’autre qui apporte cette solution.
Deuxièmement, il y a de l’espoir car eux-aussi ont commencé comme nous avant d’arriver où ils sont aujourd’hui. Nous avons des étudiants qui sont en formation ici, nous voulons qu’il y ait une meilleure présence de nos opérateurs économiques et nous espérons que tous ces frottements permettront de changer les choses. Et il y a de l’espoir pour tout cela car l’on sent la volonté de ce pays de continuer à nous accompagner. C’est à nous d’être pratiques pour savoir où ils doivent aller avec nous. Et de l’espoir encore parce que les Burkinabè sont capables de grandes actions. Alors, à force de persuasion, à force de pédagogie, même quand on ne sent pas qu’il y a un changement au rythme qu’on veut, il y a de l’espoir. Et si ce n’est pas nous, ce sera nos enfants qui opéreront ce changement.

Propos recueillis par C. Paré
Direction de la communication et de l’information du Premier ministère.

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Vos commentaires

  • Le 10 mai 2010 à 20:19, par fuli En réponse à : Visite de Tertius Zongo à Taïwan : Comment appliquer le modèle taïwanais au Burkina ?

    je ne pas pris soin de lire tout larticle point par point,mais j´aimerais venir sur certains elements...tout d´abord je pense que le COPIER-COLLER ne marche pas ici.tant qu´on continuera a copier les technologies de cette maniere on navancera jamais.elles sont a adapter et non a copier...en deuxieme position,je trouve que les burkinabes en general exagere sur le mot ESPOIR,meme le premier ministre...tant que l´on continuera d´esperer,on ne vera jamais la poussiere des autres...en tout temps nous esperons...meme sur les choses concretes nous esperons encore...

  • Le 11 mai 2010 à 06:32, par OUEDI En réponse à : Visite de Tertius Zongo à Taïwan : Comment s’inspirer du modèle taïwanais au Burkina ?

    COMMENT S’INSPERER DU MODEL TAIWANAIS AU BURKINA.c’est une bonne question mais je pense qu’on doit plutot commencer a copier la mentalite chinoise/la culture du patriotism. Depuis des annees on entend les discours du meme type. comment copier ......... comment s’inspirer...... mais rien de concret. c’est bien de copier une bonne strategy ou technologie , mais une chose est de savoir la coller. Nous devions mesurer nos capacites et nos besoins avant de se lancer dans la quete d’une technology donnee. God bless Burkina Faso

    • Le 12 mai 2010 à 16:43, par wend waoga En réponse à : Visite de Tertius Zongo à Taïwan : Comment s’inspirer du modèle taïwanais au Burkina ?

      Il ne suffit pas d’avoir des étudiants et de l’espoir ! Il faut une réelle volonmté politique.Au lieu d’attendre l’aurore des élections pour faire croire qu’on est préoccupé par les affaires du pays,il faut réellement agir ! Et agir signifie,diminuer le train de vie de l’état,diminuer un peu de vos salaires faramineux et autres perdiems,faire payer la taxe aux opérateurs économiques du pays ! Ces entrées doivent servir à réaliser des infrastructures pour de meilleures conditions d’études et de récherches technologiques,au lieu de pousser les étudiants à toujours aller en grèves.Tant que ceux-ci contueront à avoir des années blanches,et que les enseignants se verront obligés de se tourner vers des cieux plus respectueux,vous pourrez meme faire le tours des Chines Taiwan et Tai-Pei,le Japon et les USA réunis,le résultat serait le meme ! Bien sur !vous pouvez demander aux enseignants et aux étudiants de serrer la ceinture parceque "le pays n’a pas d’argent",mais vous en tant que dirigeants qui prétendez vous battre pour "pour une société d’espérance",qu’avez-vous fait qui témoigne de votre souci pour le pays ?

  • Le 11 mai 2010 à 10:12, par Badara En réponse à : Visite de Tertius Zongo à Taïwan : Comment s’inspirer du modèle taïwanais au Burkina ?

    Si la chine Taiwan est ce qu’elle est aujourd’hui c’est grace à sa foi à sa propre force. Elle s’est réalisée à partir de ses réalités locales et non en s’inspirant d’un antécédent. Et c’est ça notre premier ministre doit comprendre.
    D’abord il etait le chantre du système Américain qui n’a pas encore produit sa preuve sur le commun des Burkinabé et voilà qu’il est allé s’inspirer du modèle Tawanais.
    Il faut cesser les long et interminables discours, conserver ses energies pour les deployer sur le terrain. Car le devellopement est loin d’être une question de gros mots. Le Faso n’a pas besoin des mots mais des actes sensibles.

  • Le 11 mai 2010 à 12:15, par Antilopsa En réponse à : Visite de Tertius Zongo à Taïwan : Comment s’inspirer du modèle taïwanais au Burkina ?

    Taiwan a pu se developper grace a l’aide des Américains mais les Taiwanais ont quelque chose que les Burkinabè sont entrain de perdre, c’est l’amour de sa patrie !
    et ça ne s’invente pas cette chose. On a beau pensé qu’il faut éduquer les jeunes dans les domaines en essor en ce moment, s’il n’ont pas cet amour du drapeau cette conscience que le developpement passe par tous, ils iront monnayer leurs talents ailleurs.
    à Taiwan ils ont eu des exemples, des leaders..c’est pas pour rien qu’on voue un culte a Tchang Kaï chek a Taïwan. Au Burkina, on eu des tentatives de leadership dans le temps, aujourd’hui personne ne veut mourir pour ce pays.
    Taïwan suscite l’espoir c’est évident..un pays qui 100 ans en arrière vivait presque dans la meme misère que le BF et qui a pu se developper aujourd’hui au point qu’on parle de miracle...ça donne forcément envie de croire que nous aussi on peut arriver !
    Mais le politique Burkinabè gagnerait à comprendre que les jeunes observent et singent ce qu’il fait. que tant que lui meme n’est pas convaincu de la necessité de sacrifier pour le pays il ne convaincra personne à le faire.
    Que l’espoir s’amenuise au niveau des jeunes...qu’on ne croit plus vraiment au discours mais c’est la foi en Dieu qui nous tient nos lampes allumées !
    Dieu Bénisse la jeunesse et le Burkina !

  • Le 11 mai 2010 à 13:00 En réponse à : Visite de Tertius Zongo à Taïwan : Comment s’inspirer du modèle taïwanais au Burkina ?

    Bravo encore les Noirs. Oui, après que nous nous sommes inspirés du modèle occidental et avons échoué lamentablement, nous nous tournons vers l’Asie. Nous n’avons pas de modèle économique burkinabè ? Et ces grands commerçants Dioula ?

  • Le 11 mai 2010 à 14:23, par Ydan En réponse à : Visite de Tertius Zongo à Taïwan : Comment s’inspirer du modèle taïwanais au Burkina ?

    Je pense que sans démagogie, le P.M a bien situé son propos. Le but, ce n’est pas de copier-coller, ni non plus de réinventer la roue. Dans la vie, pour avancer il faut apprendre qu’il y’a des principes qui ne changent presque pas d’un pays à l’autre qu’il soit en Asie ou en Afrique. Le travail, l’intégrité, la recherche de l’excellence doivent animer la vie de chaque burkinabè pour que le pays change. La masse populaire a tendance à regarder que le salut viendra du haut tout en oubliant qu’elle tient au moins une des clés de son salut. Je voudrais dire une chose, au lieu de passer notre temps à nous plaindre, à accuser à tord ou à raison, ce n’est pas ce qui va changer nos viens, nous devons apprendre chacun en ce qui le concerne donner le meilleur de lui même dans ce qu’il fait afin que demain au moins, la vie soit meilleure au Faso. Moi,je me suis déjà engagé. La critique pour la critique ne construit pas un pays, tout le monde devait le savoir. Un motivateur, conférencier a dit si ta vie ne te plait pas alors change la. Si le Burkina ne nous plaît pas dans son présent contexte alors changeons-le !

  • Le 11 mai 2010 à 19:56, par Alex En réponse à : Visite de Tertius Zongo à Taïwan : Comment s’inspirer du modèle taïwanais au Burkina ?

    Le Bf et la chine taiwan ont le meme denominateur commun consernant la pauvrete.PEUPLE TRAVAILLEURS.

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