Le cadre d’exercice

L’épouse fonctionnaire exerce son métier le plus souvent loin du domicile. Il y a donc un temps pour le travail et un temps pour l’éducation de l’enfant. Deux fonctions différentes dans deux cadres différents. C’est là, la première difficulté à percevoir et il faut en tenir compte. Le bureau, l’atelier, c’est d’ailleurs, avec d’autres paramètres que le domicile.

Le temps à repartir

Le temps à consacrer à la fonction est difficilement négociable. On doit plutôt s’y appliquer. Et en la matière, on se rend tout de suite compte que la femme fonctionnaire passe beaucoup plus de temps, hors du cercle familial et donc, loin des enfants. A cause de ces deux points déterminants, on mesure toute la difficulté à concilier l’exercice et le bon accomplissement de sa fonction avec la responsabilité, sinon le devoir d’éduquer et de bien éduquer son enfant. Et pourtant, on devrait y arriver. Que faire ?

Le terreau de l’éducation

L’enfant que l’on éduque et que l’on veut voir s’insérer dans la société a besoin d’un certain nombre de choses pour son épanouissement intégral.

De ces choses sont :

Premièrement : la paix et l’harmonie dans la famille, toute chose impossible dans un environnement familial fait d’empoignades verbales ou physiques. Voir ses parents vivre dans l’entente et une complicité positive, les voir se parler, être souvent ensemble, rassure l’enfant et lui donne l’asurance qu’il est avec des parents qui peuvent penser et agir dans ses intérêts à lui. Cette harmonie, cette paix, lui procure une force de résistance à toute épreuve, y compris le temps d’absence de ses parents.

Cette harmonie doit être dans les paroles et dans les actes des parents. Toute contradiction, toute désapprobation dans les faits et gestes de ces derniers, déstabilise l’enfant, avec le grand risque de le voir prendre parti pour l’un des parents et donc de se dresser contre l’autre. Quelle orientation pour l’éducation peut-on offrir à l’enfant dans un contexte d’incompréhensions répétées ?

Deuxièmement : il faut mériter la confiance de l’enfant. Ceci passe par dire et vivre la vérité et de tenir aux promesses qu’on lui fait. Quand, par des paroles et des actes, les parents conduisent l’enfant à douter d’eux, il se crée en lui, un sentiment d’incertitude et de manque d’orientation. Il est déséquilibré en son fort intérieur. Il ne sera donc pas dans des conditions pour se laisser convaincre.

Troisièmement : il faut permettre à l’enfant d’être fier de ses parents. Cela passe par la retenue dans la parole (le choix des mots et des expressions), la décence dans l’habillement, l’appréciation qu’ils font d’eux-mêmes et des autres. En d’autres termes, il faut exclure toute extravagance dans tous les domaines de la vie. Il faut permettre à l’enfant d’entendre quelqu’un d’autre apprécier positivement des parents à lui. Ce sentiment de fierté prédispose l’enfant à suivre les conseils de ces derniers. Autrement dit, la qualité de vie que l’on veut inculquer à l’enfant, doit lui être communiquée par le vécu quotidien des parents.

Comment concilier travail et éducation de l’enfant ?

Ce qu’il ne faut pas faire

Jamais évoquer les contraintes liées à la fonction pour priver l’enfant de ce dont il a droit. En effet, que de femmes fonctionnaires cherchant à s’exonérer pour le manque de temps à consacrer à l’enfant, clament : des propos du genre : "je ne peux pas faire ceci ou cela à cause de mon travail". Certaines autres iront jusqu’à faire entendre à l’enfant des propos du genre : je ne suis pas bien payée au travail, voilà pourquoi je ne peux pas t’acheter ceci ou cela". Tenir de tels propos conduit l’enfant à voir dans le travail de maman, un adversaire, si ce n’est un ennemi qui lui arrache sa maman et qui ne lui procure pas grand-chose.

Comment dans ce cas, peut-on faire l’éloge du travail, de ses vertus et de la joie qu’on y retire ? Du coup, on coupe et on anéantit l’ardeur au travail, l’amour pour le travail. Tous les conseils et tout l’encadrement pour que l’enfant réussisse à l’école passeront à côté, car l’enfant n’y verra aucun intérêt. La femme fonctionnaire doit éviter de dresser l’enfant contre ce qu’elle fait, et le voir contrarié chaque fois que maman se rend au travail. Il se dira que maman a préféré le travail à lui. Autre chose à éviter, c’est la médiocrité dans ce que la femme fonctionnaire accomplit dans son service, et un laisser-aller inqualifiable. L’éducation, doit-on le répéter, c’est d’abord l’exemple dans ce que l’on dit et fait au quotidien.

N’arrive-t-il pas que souvent l’enfant demande à maman si elle ne va pas au travail ? Tout simplement parce qu’il a constaté qu’elle accuse du retard. Il lui demandera si elle est en congé parce que ce jour-là, elle est restée à la maison. Comment donc faire passer le message sur la ponctualité à l’école, l’accomplissement des devoirs, la rigueur, si au même moment, ces vertus manquent curieusement chez maman ? On ne peut avoir une chose et son contraire. C’est une leçon élémentaire.

Une petite fille demandait à sa maman si elle tenait le même ton et le même langage avec son patron comme elle le fait avec papa. Suivez son regard.

Que faire donc ?

Le temps à consacrer à l’enfant par la femme fonctionnaire, n’est pas une affaire de volume, mais de qualité. Il sera question pour elle de faire de sorte que le peu de temps soit le plus possible profitable à l’enfant. Qu’elle lui donne d’entendre des paroles qu’il souhaiterait toujours entendre et qu’elle lui donne de voir et de vivre des choses positives qui le manqueront pour la vie.

Ces choses-là sont entre autres, la douceur et l’humilité avec papa, le respect et la considération de soi et d’autrui. C’est aussi, les paroles d’encouragement et d’appréciation pour l’enfant. Pas de : "tu ne vaux rien, tu ne sera rien, ton camarade vaut mieux que toi, tu es comme ton père. A cause de toi, je suis en retard pour le service etc.."

La femme fonctionnaire doit faire comprendre à l’enfant qu’il compte beaucoup dans sa vie. Quand elle ne veut pas donner de l’argent à l’enfant, qu’elle lui dise pourquoi au lieu de lui mentir qu’elle n’en a pas. Cela va renforcer son autorité et l’enfant appréciera une telle attitude en lieu et place des faux-fuyants.

L’éducation de l’enfant pour la femme fonctionnaire, c’est de vivre dans le vrai. Eviter le camouflage en paroles et en actes. L’enfant sait que c’est pure hypocrisie. Il aura honte de maman au lieu d’être fier d’elle.

Par ce qu’elle travaille et donc soumise à des contraintes de tous genres, la femme fonctionnaire pour réussir dans l’effort d’éducation de ses enfants, doit faire violence sur elle-même pour ne pas vivre le contraire de ce qu’elle souhaite pour son enfant.

Conclusion

La femme fonctionnaire doit éviter de mettre l’échec dans son service au compte de son devoir d’éduquer ses enfants et vice-versa. Pour réussir ces deux sacerdoces qui ne doivent nullement s’opposer et encore moins se combattre, elle doit amener l’enfant à épouser ce qu’elle fait, le convaincre que c’est grâce à ce qu’elle fait, qu’il a pu gravir les échelons dans sa scolarité, dans son travail, en réussissant à prendre sa place dans la société des hommes.

Sa plus grande victoire, doublée de joie, sera de voir l’enfant, son enfant, réussir en tant que fonctionnaire et en tant que père ou mère. A quoi servirait à la femme fonctionnaire de glaner des décorations dans son travail, si à côté de son enfant, elle n’a que ses larmes pour pleurer parce qu’ayant échoué dans son éducation ? Et à quoi lui servirait-il de faire la fierté de ses enfant et en même temps, la honte de son patron ?

Elle est femme fonctionnaire, elle est éducatrice. Elle doit se donner un point d’honneur à réussir dans ces deux domaines pour l’équilibre, l’harmonie et le vrai développement de notre Faso.

Rock Audacien D. Damiba

Conseiller conjugal (Email:damibashalom@yahoo.fr)

Sidwaya