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Soungalo Ouattara, ministre de la Fonction publique et de la Réforme de l’Etat : « Un fonctionnaire ne partira plus en stage avec un ordre de mission »

Publié le mercredi 5 mai 2010 à 05h11min

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Le Burkina Faso a entrepris depuis les années 1990, de moderniser, développer ou réformer son administration publique. Bien de chemin a été parcouru mais beaucoup reste à faire. Soungalo Ouattara en est conscient et mieux , il sait comment renforcer les acquis engrangés. L’homme, à travers un entretien d’une heure trente minutes, qu’il a accordé à Sidwaya, évoque le processus de réforme en cours et aborde toutes les questions brûlantes dans son département. Fraude au concours, lenteurs dans la délivrance des actes, retards dans les avancements, les problèmes de mise en position de stage et de départ à la retraite... Tout y passe.

Sidwaya ( S. : ) . Depuis les années 1990, on est dans une dynamique de modernisation, de développement et de réformes de l’administration et de l’Etat. A quand l’aboutissement du processus ?

Soungalo Ouattara, ministre de la Fonction publique et de la Réforme de l’Etat (S.O.) : Vous avez parlé de processus. J’apprécie cette expression de « processus ». La réforme de l’Etat découle effectivement d’un processus. Dans sa volonté de mettre en place une administration performante capable d’impulser un développement véritable, le gouvernement a engagé un processus de réformes de l’administration depuis les années 1990.

Cette réforme est conduite par le ministre de la Fonction publique et de la Réforme de l’Etat qui s’attelle à mettre l’administration publique en phase avec son environnement. Elle s’inscrit dans la continuité d’un certain nombre d’actions initiées depuis des décennies et qui se sont parfois traduits à travers les intitulés même du ministère. Nous sommes passé du ministère de la Fonction publique et de la Modernisation de l’administration en 1991, au ministère de la Fonction publique et du Développement institutionnel en 1997.

Aujourd’hui, nous sommes à une autre dimension, celle de la Fonction publique et de la Réforme de l’Etat. Cela signifie que nous sommes dans un processus qui correspondra aux missions de l’Etat et à la vision de l’intérêt général. A cette étape de la réforme de l’Etat, il faut noter que cela est la résultante de tous les acquis engrangés depuis 1991. La réforme de l’Etat, c’est l’expression d’une volonté politique d’approfondir et d’élargir la réforme globale de l’administration publique entreprise depuis 1998.

S. : Dans ce processus, il a été question en 1994-1995, d’audits de l’administration publique. Qu’est-ce que cela a apporté de plus à notre administration, notre Etat ?

S.O. : Les audits organisationnels ont permis de faire un état des lieux du processus de modernisation engagée en 1991. L’état des lieux était nécessaire avant toute poursuite du processus.

Les recommandations de ces audits ont amené à agir sur plusieurs plans. D’abord au plan juridique et organisationnel, ces audits ont permis d’examiner les méthodes, les principes de l’action administrative, les techniques de l’administration, les compétences chargées de conduire les actions, d’en déceler les forces et les faiblesses pour encore plus d’efficacité sur le terrain.

Ces audits ont abouti à l’adoption de trois (03) lois. Il y a eu la loi portant régime juridique applicable aux emplois et aux agents de la Fonction publique. Il y a eu ensuite la loi portant répartition des compétences entre l’Etat et les autres acteurs du développement. Il y a eu enfin, la loi portant normes de création, de gestion des structures et démembrements de l’administration et de l’Etat.

Ces trois (03) lois ont constitué l’ossature de ce que nous avons appelé la Réforme globale de l’administration (la REGAP). Nous avons fait du reste, récemment le bilan de cette REGAP. Les avancées et les insuffisances ont été relevées. Ce qui nous permet de nous orienter vers une autre ambition pour l’Etat : le plan décennal stratégique de modernisation de l’Etat.

S. : Le SIGASPE tarde à être exploité de manière optimale. Comment expliquez-vous cette situation pour une administration qui se veut moderne ?

S.O. : Le SIGASPE est un instrument de la réforme globale de l’administration. C’est un système qui permet d’avoir une base de données contenant les principales informations sur la carrière du fonctionnaire depuis son intégration jusqu’à sa retraite en passant par ses avancements d’échelons et à ses reclassements.

Ces différentes informations sont mises en relation avec son traitement salarial. C’est un système informatique qui permet au ministère de la Fonction publique et à celui des Finances, de travailler sur des données cohérentes.

Plusieurs pays de la sous-région viennent s’inspirer du système qui offre plusieurs avantages. Il permet de produire les actes de façon informatisée. Pour un détachement d’un fonctionnaire par exemple, il y a un certain nombre de conditions à remplir. Ces conditions sont prises en compte par le SIGASPE. L’agent chargé de traiter la question, à partir de son poste de travail, n’a plus qu’à cocher les cases correspondantes pour éditer l’acte si l’agent remplit les critères.

Ce formulaire informatisé permet de délivrer un acte en 15 minutes. Toutefois, par précaution et dans un souci de fiabilisation de nos procédures, nous faisons passer l’acte édité par un circuit manuel sur un support papier.

Ce circuit va du ministère de la Fonction publique à celui des Finances. Il permet d’y apposer les différents visas dont celui du contrôle financier avant sa signature par l’autorité compétente, le secrétaire général du ministère de la Fonction publique.

Le document signé peut alors être transmis au demandeur de l’acte. Il faut noter que le circuit papier est également déconcentré et mieux, il a été réduit. Il donne néanmoins l’impression que l’établissement de l’acte tarde. Mais nous avons besoin de cette vérification car nous ne pouvons pas tout faire par l’informatique à l’heure actuelle. Enfin, il faut noter que le SIGASPE est un réseau informatique conçu avec des câblages. Or les bâtiments administratifs se démultiplient, occasionnent les besoins en câblages pas toujours faciles à résoudre.

Nous évoluons avec la technologie. De nos jours, nous avons la possibilité d’avoir le signal sous câble. Nous ne sommes pas encore à la perfection pour le signal mais nous y travaillons. Par ailleurs, le SIGASPE date de 1998. Il a besoin d’être revu pour tenir compte des évolutions technologiques. Nous pensons qu’il faut évoluer vers un SIGASPE relié par l’Internet offrant des accès sécurisés en n’importe quelle partie du territoire où les connexions Internet sont possibles. Des échanges sont entrepris avec les autres départements ministériels pour amener le SIGASPE au top et le rendre exploitable de matière optimale.

S. : Votre département travaille au renforcement et à la transparence dans la délivrance des actes et la conduite des examens et concours. Quelles sont les résultats atteints grâce aux mesures prises dans ce cadre ?

S.O. : Nous mettons tout en œuvre pour que le service public soit rendu dans les meilleures conditions et à la satisfaction des usagers. Jusqu’à une période récente, tous les actes de la vie du fonctionnaire étaient délivrés par le ministère de la Fonction publique et de la Réforme de l’Etat. Il y a une quarantaine d’actes qui régissent la vie du fonctionnaire. Mais dans l’application de la loi 013 d’avril 1998, nous avons procédé à la déconcentration des actes. C’est pour cela que l’accent est mis sur la fonction du directeur des ressources humaines avec la mise en place d’un comité des directeurs des ressources humaines.

Cela nous permet d’avoir la même vision dans l’application des textes et la nomenclature des actes. Aujourd’hui, un fonctionnaire qui dépose une requête sait où et à qui il doit s’adresser. Le circuit a été réduit et toutes ces évolutions s’accompagnent d’informations. Pour le cas des concours, dans le cadre du renforcement de la transparence, des efforts sont faits également par le gouvernement pour une meilleure organisation des concours en commençant par une déconcentration.

Les concours directs se déroulaient à Ouagadougou. Le gouvernement a pris la décision d’ériger tous les chefs-lieux de région en centres de composition pour les concours directs. Toujours pour ces concours directs, les épreuves sportives se déroulaient également à Ouagadougou. Pour cette année 2010, les épreuves sportives seront aussi déconcentrées comme celles écrites. Outre les concours directs, ceux professionnels se sont déroulés dans les chefs-lieux de région. Pour ce qui concerne le mécanisme de transparence, il faut toujours développer des initiatives pour éviter les fraudes. C’est d’ailleurs ce que nous faisons. Il y a suffisamment d’éléments qui sont venus décourager les fraudeurs.

Il y a d’abord la très bonne collaboration de ceux qui sont impliqués dans le mécanisme des concours. Nous avons mis en place un conseil national de pilotage des concours. Il a prêté serment pour la première fois et je crois que cela a interpellé les membres qui se sont mis à la tâche avec engagement et transparence. Il y a les forces de sécurité qui ont bien collaboré. Ils nous ont permis de démanteler plusieurs réseaux à tous les niveaux aussi bien à la réception des dossiers de candidature qu’à la publication des résultats.

S. : A voir les candidats devant les mairies et commissariats, on imagine leur calvaire pour passer les concours ...

S.O. : Le système est pourtant très allégé. Pour prendre part à un concours, on ne vous demande pas grand-chose. On vous demande d’avoir un acte de naissance. Ce document permet de s’assurer que le candidat remplit les conditions d’âge pour pouvoir rentrer dans la Fonction publique. Ce sont des dispositions légales et il faut les respecter. Nous demandons également une photocopie de la carte d’identité. La photocopie de la carte d’identité permet de savoir si c’est bien le candidat qui a déposé le dossier qui compose en salle et qui finalement occupe le poste à l’issue du processus de recrutement.

Lors des concours de la session 2009, nous avons mis le grappin sur des candidats qui avaient décollé et permuté des photos sur des cartes d’identité, espérant tromper la vigilance des agents chargés du recrutement. Cela prouve que la photocopie de la carte d’identité que nous demandons est justifiée. Enfin, nous demandons le diplôme qui atteste que le candidat peut accomplir le travail auquel il postule. Nous estimons que ces pièces sont essentiels. Si nous les allégeons encore, ce sera la porte ouverte aux fraudes et manipulations. Cet allégement du dossier de candidature s’est accompagné d’une multiplication des centres de réception des dossiers.

Le stade du 4-Août et les écoles sont ainsi utilisés pour la réception des dossiers. Nous faisons en sorte que les candidats ne dorment plus sur les sites de réception des dossiers et que certains petits malins qui exploitent ces genres de situation soient mis hors d’état de nuire. Il se trouve en effet des individus qui n’ont rien à voir avec les concours mais qui s’introduisent dans les rangs pour créer une certaine inflation et vendre chèrement leurs places. Avec le système mis en place cette année, ces marchands de place n’ont pu sévir comme d’habitude.

La publication des résultats sur le site web du ministère sera poursuivi pour aller toujours dans le sens de la transparence. Dans cette dynamique d’utilisation judicieuse des TIC, un numéro, le 3020, est disponible désormais où les candidats peuvent appeler pour avoir leurs résultats.

Pour les concours professionnels de cette année, nous avons testé un système de publication des résultats par SMS. Il suffit d’envoyer un SMS au 3071 avec dans le corps du texte, res pour résultat plus numéro matricule et vous avez une réponse qui vous informe que sous réserve de contrôle approfondie vous êtes admis ou pas.

S. : On a l’impression que notre fonction publique a du mal à maîtriser ses effectifs. Aussi initie-t-elle souvent des opérations de billetage. Quel en est l’impact sur la maîtrise des effectifs ?

S.O. : Ce n’est pas un problème de maîtrise. Il y a une maîtrise : les effectifs sont connus. Maintenant, nous sommes obligés de faire le contrôle à travers le SIGASPE et les opérations de billetage pour s’assurer que tous qui sont en activité ont le traitement qu’ils méritent. Cela permet de savoir s’ils remplissent leurs missions, s’ils n’y a pas des abandons de poste qui sont pourtant mandatés, etc. Cela permet également de savoir si des détachés n’ont pas dépassés les délais.

S. : Qu’est-ce qui explique les retards dans les avancements et pensez-vous qu’un jour, les fonctionnaires avanceront à la date prévue ?

S.O. : Cela est faisable mais cela passe d’abord par l’application des textes. Le fonctionnaire qui remplit les conditions avance. Aujourd’hui, on peut dire que ceux qui devaient avancer en 2006 l’ont été avec incidence financière. Nous sommes à peu près à 500 cas résiduels. Les avancements de 2007 et 2008 sont en cours.

Des dispositions particulières sont prises pour que celles-ci soient régularisées notamment pour tous ceux qui, conformément à la loi, se sont soumis à l’épreuve de l’évaluation. Il faut préciser du reste, que cette compétence a été déléguée aux départements ministériels. Nous avions chaque année près de 20 000 agents à avancer par le ministère de la Fonction publique.

L’effectif étant important, le travail traînait surtout qu’il n’y avait que la signature d’une seule personne, le secrétaire général du ministère de la Fonction publique. Nous avons alors déconcentré, permettant à chaque DRH de pouvoir suivre ces agents, de saisir les notes et prendre les actes. Pour le moment, les cas résiduels sont gérés par le ministère de la Fonction publique mais tout sera transféré bientôt aux départements ministériels.

S. : Vous avez mis en place des directions régionales, mais les fonctionnaires de l’intérieur sont toujours obligés d’abandonner leurs postes pour venir poursuivre leurs dossiers à Ouaga. A quand le fonctionnement normal de ces directions régionales ?

S.O. : Les directions régionales ont été créées il n’y a pas longtemps. Ensuite, tout dépend des actes demandés. La plupart des actes dépendent des départements ministériels. Il faut passer donc par les DRH des ministères avant qu’on ne transfère cette compétence aux directions régionales et aux gouverneurs de régions, mais il faut aller par étape. Si cette première phase de déconcentration est réussie, il n’y pas de raisons qu’un fonctionnaire vienne à Ouagadougou pour chercher son acte. Il revient à sa DRH de pouvoir transférer l’acte à l’agent concerné.

Du reste, certains ministères comme le MEBA qui a des gros effectifs a mis en place un service d’accueil qui renseigne les agents sur la base du SIGASPE, sur l’évolution de leurs dossiers. Les directions régionales sont aussi en train de s’installer et feront bientôt valoir toutes leurs compétences.

S. : Certains ministères semblent avoir des difficultés à prendre les actes à leur niveau. Nous avons évoqué dans Kantigui, le cas de ces agents de santé en fin de formation qui ont connu un grand retard avant d’être déployés. Est-ce que les ministères étaient prêts ?

S.O. : Les ministères sont prêts. C’est un processus qui a été engagé avec des garde-fous. Nous avons travaillé avec des points focaux du ministère de la Fonction publique dans les départements ministériels. Il s’agit des directions des ressources humaines. Nous tenons également des réunions mensuelles qui permettent d’aplanir les difficultés. Nous avons eu des échos sur ces lenteurs à intégrer ces agents nouvellement sortis des écoles professionnelles. Le Premier ministre a eu une première rencontre en 2008 avec les directeurs des écoles professionnelles. Au cours de cette rencontre, le chef du gouvernement a donné des indications claires pour une meilleure gestion des élèves dans ces écoles et après leur formation. C’est ainsi que nous avons institué des rencontres suivies avec les directeurs de ces écoles.

Au total, nous avons tiré des leçons et des dispositions sont prises. C’est ainsi qu’en 2010, il n’y a pas eu trop de difficultés avec les élèves qui sont sortis des écoles professionnelles. En effet, une rencontre entre les délégués des écoles, les directeurs des écoles, les DRH et le ministère de la Fonction publique a permis de réduire considérablement les difficultés liées à l’intégration et à l’engagement ds élèves en fin de formation. Les dossiers ont été tous traités dans les meilleurs délais. Plus de 10 000 agents ont ainsi vu leurs dossiers traités entre avril et juillet 2009. Les problèmes étaient souvent dus à une insuffisance de concertation. Sur une promotion de 60 personnes, on demandait une demande et certaines pièces à produire.

Certains élèves n’étaient pas pressés. Banalement, au lieu de traiter les 59 dossiers complets, certains pensaient qu’il fallait attendre tous les dossiers complets avant de traiter les dossiers. Nous avons mis fin à cette façon de faire. Mieux, nous les avons indexés en leur disant que même s’ils sont intégrés, ils seront sanctionnés car c’est par là qu’on devient un mauvais fonctionnaire. Nous avons aussi éliminé des pièces inutiles. Pour nous, il faut aller à l’essentiel, désormais, au lieu de s’occuper des détails. On demandait par exemple le diplôme parce que certains candidats avaient passé l’examen avec leur attestation du diplôme.

Cette exigence est érronée puisque le candidat ayant séjourné par exemple deux ans dans une école professionnelle, c’est le diplôme de cette dernière structure qui compte et notamment la délibération du conseil de l’établissement qui certifie qu’il a la compétence pour occuper l’emploi concerné dans la Fonction publique.

S. : De nombreux fonctionnaires s’auto-forment à leurs frais mais rencontrent des problèmes à leurs retour à être reclassés faute de mise en position de stage. Qu’est-ce qui justifie une telle attitude de la Fonction publique qui devait plutôt encourager ces agents dévoués ?

S.O. : C’est une observation pertinente qui constitue d’ailleurs une grande préoccupation du ministère de la Fonction publique et de la Réforme de l’Etat. Les stages sont régis par le régime juridique applicable aux agents de la Fonction publique de 1998. Ce texte définit d’ailleurs les différents types de stages. Il y a trois types de stage. La première catégorie, c’est le stage de formation. Le stage de formation correspond à un besoin défini par l’administration, en l’occurrence le ministère de la Fonction publique. Ce besoin indique qu’on attend de la promotion dans tel domaine, donne l’effectif d’agents souhaités et ouvre un concours.

Celui qui veut cette promotion et qui remplit les conditions passe le concours. S’il est admis, il est mis en position de stage de formation par l’administration. A la fin de la formation, il y a une remise en activité avec un reclassement. Le souci de l’administration, c’est de maîtriser ces effectifs.

Or si les besoins ne sont plus exprimés par l’administration et que pire, c’est maintenant une question d’argent, l’administration se retrouvera avec un effectif pléthorique à certains postes alors qu’elle a des besoins dans d’autres domaines. En outre, pour des domaines comme le corps des administrateurs civils, l’école de référence est l’ENAM. Si on se met à reclasser des gens qui sont allés se former ailleurs, on aura des difficultés à bien administrer le territoire parce que d’une école à l’autre les enseignements différent.

En outre, reclasser ceux qui vont se former à leurs frais, c’est aller vers une administration de l’obligation, une administration de ceux qui ont les moyens et qui vont se former. Où se trouve l’égalité des chances ? En plus du stage de formation, il y a le stage de spécialisation. Ici, l’administration laisse la liberté à un fonctionnaire qui remplit les conditions d’aller se former. Ces conditions sont définies avec l’accord de sa hiérarchie pour voir si son départ ne laissera pas un vide. Après cette formation, le fonctionnaire bénéficie d’un échelon.

Il n’y a pas de brimade. La troisième catégorie de stage, c’est le stage de perfectionnement. C’est un stage de courte durée, voire un séminaire. Il ne donne droit à aucun avantage. Pour en revenir aux agents qui vont se former à leurs frais, je voulais indiquer que certains d’entre eux ont passé plusieurs fois leurs concours professionnels sans succès. Ils négocient un financement auprès d’une structure de la place puis vont s’inscrire sur titre dans l’école où ils ont échoué plusieurs fois au test d’entrée. Il retrouvent ceux avec qui ils ont passé sans succès le test à l’école. L’administration considérait d’ailleurs ces stages comme des stages de spécialisation. Ils bénéficiaient alors d’un échelon.

J’ai décidé de mettre un terme à cette pratique. Il n’est plus question pour un fonctionnaire d’aller dans une école professionnelle sans être admis au concours et prétendre à un stage de spécialisation. Le stage de spécialisation obéit à des règles que nous devons respecter. Par ailleurs, il ne sera plus aussi autorisé les sorties de fonctionnaires pour raison de stages en attendant que le dossier aboutisse.

C’est terminé ! Il revient à chaque postulant à un stage de perfectionnement ou de spécialisation de déposer à temps son dossier dans son ministère pour recevoir sa réponse avant son départ. Dorénavant, aucun stagiaire ne quittera le territoire national avec un ordre de mission. L’ordre de mission, c’est pour aller accomplir une mission ponctuelle et revenir. Du reste, il y a au moins trois circulaires qui ont été prises en juillet 2009 pour rappeler toutes ces dispositions.

S. : Le ministère de la Fonction publique travaille-t-il à placer des Burkinabè dans la fonction publique internationale ?

S.O. : La fonction publique internationale est très vaste... Il y a des concours qui sont ouverts et nous sommes saisis. Nous diffusons des concours pour le compte d’institutions internationales telles que l’ASECNA. Je pense que vous parlez de ces structures. Nous faisons en sorte que ces concours soient diffusés dans les délais. Parfois, lorsque nous pensons que notre pays est défavorisé, nous protestons. Nous avons eu des concours où lorsque nous avons reçu le communiqué, le délai de dépôt était de moins d’une semaine.

Et les conditions de dépôt n’étaient pas convenables. Nous avons intervenu auprès des structures en question et les concours ont été reportés avec de meilleures conditions pour tout le monde. Les concours sont administrés parfois à Ouagadougou et nous acheminons les copies aux structures concernées pour correction. Mais il est arrivé que des structures nous confient uniquement la réception des dossiers et invitent les candidats à leur siège pour le concours. En dehors de cela, la Fonction publique ne s’occupe pas d’emploi ou de nomination dans la fonction publique internationale.

S. : Plusieurs mesures ont été prises en faveur des retraités, mais ceux-ci doivent encore fournir beaucoup de papiers, subir bien des situations avant de toucher leurs pensions. Qu’est-ce qui est prévu pour soulager encore plus ces retraités ?

S.O. : Le gouvernement travaille à la sécurité et à la protection sociale des travailleurs. Vous avez relevé la prise de certaines mesures en leur faveur. Il faut peut-être rappeler la simplification des procédures de départ à la retraite. Chaque fonctionnaire est d’ailleurs un retraité potentiel. Nous avons travaillé à réduire le délai de traitement des dossiers. Notre objectif, c’est de faire en sorte que entre le dernier salaire et la première pension, le délai d’attente soit d’un à deux mois maximum. Notre souhait est qu’il n’y ait même pas d’interruption. Nous y avons travaillé en 2009 et avec une commission interministérielle, nous avons pu dégager une liste des retraités qui n’avaient pas leur dossier à jour. Ils étaient une bonne vingtaine que nous avons dû interpeller directement parce qu’ils manquaient des pièces à leurs dossiers.

La mensualisation et la bancarisation, c’est pour éviter également les longues files d’attente au niveau des guichets de la CARFO. Nous sommes entré en relation avec les différentes banques qui ont adhéré à ce projet. Le souci était que les frais de gestion ne pèsent pas sur les pensions et ne les rendent pas davantage précaires.

Nous avons travaillé avec les banques pour réduire ces frais pour que le retraité qui veut avoir sa pension à la fin du mois puisse le faire au lieu d’attendre trois mois. Mais, cela est optionnel. Rien n’est imposé. Il y a également l’élargissement du champ d’action avec la prise en compte des risques professionnels. Nous avons mis en place un comité santé qui prend en charge les maladies professionnelles qui surviendraient après la retraite.

Il y a ensuite, la déconcentration de la CARFO et des visites médicales qui sont prévues pour tous les retraités de la Fonction publique. Donc, tout ce qui peut être fait pour prendre en charge le futur retraité et le retraité nous préoccupe. Bien sûr, tout cela ne peut se faire sans contrôle et des documents probants sont nécessaires. Parfois lorsqu’on demande à l’intéressé de se présenter, c’est parce qu’on a déjà eu à faire à des cas de substitution de personnes. Voilà pourquoi de temps en temps, on demande de produire un certificat de vie.

Si on ne le fait pas, des personnes mal intentionnées, parfois sans relation avec le pensionné peuvent tirer profit d’une pension, alors que le retraité est décédé par exemple et que ses ayants droit n’ont pas encore pris le relais. Les documents probants ont donc alors toujours leur utilité. Ils sont même indispensables dans un Etat de droit et pour protéger les citoyens.

S. : Où en êtes-vous avec l’élaboration du plan stratégique de votre ministère ?

S.O. : Nous avons déjà entrepris le processus d’élaboration de ce plan qui a été confié à un cabinet d’experts qui va conduire cette activité sous le contrôle d’une commission interministérielle. Nous avons associé les ministères impliqués dans les questions d’administration et de gouvernance. L’étude est donc en cours et son bouclage est prévu pour d’ici à la fin de l’année.

S. : Comment avez-vous apprécié l’engouement des participants à la coupe du fonctionnaire ?

S.O. : Je félicite l’ensemble des fonctionnaires qui se sont engagés dans cette coupe. C’est la volonté d’aller vers un ensemble, vers une équipe qui les a animés tout au long de la compétition. L’esprit de la coupe est d’ailleurs de favoriser le renforcement de l’esprit d’équipe car la Fonction publique est bien une équipe au service de la nation. Et en tant que telle, cette équipe doit travailler et gagner ensemble.

Cet esprit nouveau prend corps. Nous l’avons constaté déjà à la première édition et encore plus à cette seconde édition où les participants sont venus par leurs propres moyens. Nous avons le soutien de tous les ministères pour cette activité. Le premier ministère a accordé un intérêt particulier à cette coupe qui continue à nous engager. Le président du Faso y voit également un bon créneau pour les fonctionnaires de s’exprimer autrement et de cultiver surtout l’esprit de corps.

S. : Pour conclure, quelle qualificatif peut-on donner aujourd’hui à notre administration ?

S.O. : Une administration, une équipe au service du citoyen et de l’intérêt général. Tel est le qualificatif que je donne à notre administration actuellement.

Entretien réalisé par Hortense ZIDA

Victorien A. SAWADOGO

Sidwaya

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