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EXPULSION DE MALIENS DE LA LIBYE : Quand le roi des rois bannit ses sujets

Publié le mercredi 5 mai 2010 à 05h09min

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Sacré Kadhafi ! Cela faisait belle lurette qu’on ne l’entendait plus. Depuis le bien mémorable sommet de l’UA, à Addis Abeba où il effectua un loupé royal dans sa tentative de demeurer une année de plus à la tête de l’Organisation panafricaine, le colonel libyen, après avoir bruyamment claqué la porte, s’était réfugié chez lui, et s’était emmuré dans un silence quasi inhabituel. Mais on n’aura pas attendu trop longtemps pour qu’il se signale.

Et il le fait de la plus piteuse des manières. En expulsant de son territoire des ressortissants maliens qu’il réexpédie chez eux, manu militari, sans distinction et sans ménagement. Officiellement, ils seraient illégaux, puisque ne se trouvant pas en possession de titre de séjour. Des sans-papiers, en terre libyenne. Mais les malheureux, eux, prétendent qu’il en existe parmi eux qui ont tout ce qu’il faut et qui malgré tout, sont renvoyés chez eux comme des malpropres.

Et des expulsions, il faut l’avouer, Kadhafi en a toujours fait, à tour de bras. Il est plus que coutumier du fait. Régulièrement, son pays organise des vols charters qui ramènent des ressortissants ouest-africains dans leurs pays d’origine. On se rappelle qu’en novembre 2008, pour ne citer qu’un seul exemple,ce furent plus de 400 ressortissants maliens qui, impromptu, se retrouvèrent en un clin d’œil, obligés de regagner le bercail, sous l’œil vigilant de la police du Guide. On l’aura compris, la Libye, elle non plus, n’a pas pour vocation de recueillir la misère des Africains de l’Ouest.

Du déjà entendu ailleurs. Et la chose passerait peut-être inaperçue, ou en tout cas ne susciterait pas l’émoi que l’on sait, si elle ne provenait pas du colonel Kadhafi himself. Car il s’agit tout de même de ce Guide libyen qui a toujours fait des pieds et des mains pour se faire passer pour un grand avocat devant l’Eternel de la cause du continent noir. L’homme qui a toujours cherché à donner de sa personne l’image du champion de l’intégration des peuples africains ainsi que celle du chantre de l’unité continentale. Visez le paradoxe ! Le roi des rois traditionnels d’Afrique expulse des ressortissants africains de son eldorado libyen. Il lui faut bien de la tranquillité pour boire son lait en mangeant son méchoui bien à l’abri, dans le confort moelleux de sa luxueuse tente bédouine. Oui, mais on finit par se demander si Kadhafi ne finit pas par prendre les Africains pour de doux imbéciles.

Et le paradoxe veut aussi qu’à l’indignation des populations qui n’en peuvent plus de voir leurs enfants brutalisés, dépouillés de tout et parachutés sans ménagement chez eux, réponde le silence assourdissant des autorités en place. Et cela dans tous les pays de la bande sahélo saharienne où ces expulsions ont déjà eu lieu. En haut lieu, on a toujours peur d’émettre la moindre critique, de formuler la plus petite réserve à propos des agissements immodérés du Guide. Quelque part, cela peut se comprendre. Kadhafi se comporte en véritable empereur au Sahel, et il a, de quelque manière, bien acheté ce droit.

Un peu partout dans les pays de la sous-région, ont fleuri des infrastructures, des banques et bien d’autres projets financés par le roi des rois d’Afrique. De par le passé, il a été jusqu’à perfuser économiquement l’un ou l’autre pays de la zone ouest-africaine dont les finances étaient au plus mal. Ses différents déplacements en voiture, à l’intérieur du contient noir, ont toujours été l’occasion de distribuer des liasses de billets de banque à des populations en liesse. Lorsqu’on a réalisé tout cela, il est tout à fait normal que l’on se conduise à l’égard de vassaux consentants, en véritable seigneur qui fait royalement ce qu’il veut, quand il le veut et où il le veut. Les pauvres victimes des expulsions périodiques n’auront que leurs yeux pour pleurer. Elles ne peuvent même pas espérer la plus petite protestation des régimes de leurs Etats, sacrifiés qu’ils sont parce que leurs gouvernants ont quelque part, peur de fâcher le Guide.

Et Kadhafi continuera d’expulser qui il voudra, quand il le voudra. Lui qui a signé des accords avec les pays européens visant à lutter contre l’immigration clandestine, visiblement, a choisi de les respecter à la lettre. Et tant pis si ce sont des ressortissants africains qui devront en accuser le coup. Car, après tout, à choisir entre le respect des Occidentaux et l’admiration des Africains, le premier l’emporte sans coup férir sur le second. Et on passe à plus sérieux. Cette désinvolture du Guide libyen devrait donner à réfléchir à l’ensemble des chefs d’Etats des pays dont les ressortissants tiennent coûte que coûte, et souvent au péril de leur vie, à s’attaquer au bastion du continent européen. A supposer que eux aussi, souffrent et s’émeuvent de voir des concitoyens se faire brimer, brutaliser et humilier, à supposer qu’ils ne puissent pas l’exprimer ouvertement, ils pourraient à tout le moins se poser la question de savoir la vraie raison qui pousse ces jeunes à l’immigration, en dépit de tous les dangers qu’elle comporte.

Car, c’est bien là une lapalissade, mais qui vaut bien son pesant de rappel : si les candidats à l’immigration disposaient de ce qu’ils vont chercher ailleurs, ils trouveraient de solides raisons de rester bien tranquillement chez eux. Ils éviteraient par le fait même les avanies et humiliations de toutes sortes vécues ailleurs, sans la moindre possibilité de réponse ou de réplique. Plus, ils éviteraient les dangers de la mer autant que la roublardise d’immoraux passeurs qui ne s’embarrassent pas de pitié pour faire fortune au détriment de malheureux candidats qui ne commettent que le tort de croire qu’une vie meilleure leur est possible hors de chez eux. A supposer que les dirigeants africains parviennent à donner aux jeunes du continent de solides raisons de rester chez eux, les européens seraient à même de se défaire de leurs barricades et le guide libyen pourrait faire l’économie du carburant de ses charters. Mais un long chemin reste à faire avant qu’on en soit là. Le premier pas en sera sans doute celui qu’ils devront oser faire en direction de la bonne gouvernance.

"Le Pays"

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Vos commentaires

  • Le 5 mai 2010 à 09:53, par lilboudo En réponse à : EXPULSION DE MALIENS DE LA LIBYE : Quand le roi des rois bannit ses sujets

    Que voulez vous que Kadhafi fassent des sans papiers, fussent ils africains ? Leur donner la nationalité ? Leur dire : tranquillisez vous, vous êtes en Afrique, donc chez vous, pas la peine de vous mettre en règle ? Je doute fort bien que la Libye puisse expulser des gens en règle. Pour les autres, je soutiens à fond Kadhafie et sa politique de rigueur. Allez du coté des postes de péage, à la sortie de Ouaga, pour voir ce que les policiers burkinabé font des burkinabés sans carte d’identité valide ! On ne peut les expulser du territoire, mais il ya quand même des représailles. Normal, et légal. Imaginez maintenant, non pas un libyen sans papier au Burkina, mais des milliers de libyens sans papiers ! Vous réécrirez certainement votre article...

  • Le 5 mai 2010 à 14:26, par BENKOURI En réponse à : EXPULSION DE MALIENS DE LA LIBYE : Quand le roi des rois bannit ses sujets

    Ne cherchons pas à tout prix,à salire,l’image du guide car il a fait beaucoup pour son continent.

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