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Cinquantenaire de l’indépendance : “L’histoire n’est pas une caricature”

Publié le mercredi 5 mai 2010 à 05h11min

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Norbert Michel Tiendrébéogo

En décembre prochain, notre pays commémorera ses 50 ans d’indépendance. Un événement dont les préparatifs vont bon train, tout comme les réflexions et les commentaires sur ce jubilé d’or du Burkina Faso. Voici une lecture du Front des forces sociales (FFS) signée de son président, Norbert Michel Tiendrébéogo.

« Notre pays le Burkina Faso, s’apprête à célébrer le cinquantenaire de son accession à la souveraineté. Les activités commémoratives battent déjà leur plein depuis le lancement officiel effectué à Bobo-Dioulasso sous la présidence du chef de l’Etat. A notre sens, le cinquantenaire doit unir les Burkinabè et non les diviser ! Cependant, les maladresses, voire les provocations inutiles ne manquent pas, et risquent de gâcher la fête.

Le cinquantenaire est une circonstance au cours de laquelle un devoir de mémoire s’impose et oblige à se remémorer les grands moments de la vie de la Nation. Il s’agira pour certains d’une occasion de bilan, de rétrospection, d’introspection, d’une reconnaissance d’identité partagée. A contrario, il s’agira pour d’autres, d’une aubaine pour s’en mettre plein les poches, de festoyer grassement, ou de faire de la démagogie. En tout état de cause, que ceux qui ont aujourd’hui l’honneur et la responsabilité de faire ou de « défaire » le destin national, s’avisent que l’histoire du Burkina Faso ne saurait se réduire aux seuls morceaux choisis selon leur convenance en goûts et en couleurs !

Qui gagne à tronquer l’histoire ? Qui gagne à la tripatouiller ? Le constat que nous avons fait du silence total sur la période de la RDP dans le spot télé sur les grands moments de notre histoire commune, diffusé pour le rendez-vous du jeudi 29, est simplement effarant et révoltant. Faudrait-il ignorer que l’ancienne Haute-Volta a été rebaptisée Burkina Faso, pays des Hommes intègres, par et sous la Révolution démocratique et populaire, le 04 août 1984 ?

De telles omissions ne sauraient être tolérées. La censure volontaire que les concepteurs de ce spot ont opérée sur la période de la Révolution d’août correspondrait à celle d’une conscience constipée. Peut-être pour eux, la moindre allusion à la RDP serait-elle apparentée à un crime de lèse-majesté ? Nous nous rappelons cependant que, quand il s’était agi de s’en glorifier, la célébration des « 20 ans de renaissance avec Blaise Compaoré », en 2007, avait servi de prétexte pour faire étalage de ses hauts faits de guerre sous la RDP, dans une version de légende servie à des jeunes déplacés à Pô à grands frais pour la circonstance.

L’histoire retient et retiendra toujours, que la RDP a connu son avènement au Burkina Faso, avec à sa tête le capitaine Thomas Sankara. L’histoire retient que le camarade Thomas Sankara, ses compagnons d’infortune et beaucoup d’espoirs, ont été trahis au Burkina Faso et de par le monde, un fatal 15 octobre 1987.

L’histoire retient que de la Révolution, le pouvoir de la IVe République a fait basculer le Burkina Faso dans l’ultra libéralisme, la corruption, les enrichissements illicites, la gabegie, l’impunité, etc. Dans ce monde, chaque pays a son histoire, avec ses héros et ses criminels. Parlez de l’Allemagne, Hitler s’invitera ; parlez de l’Italie, Machiavel, mais aussi Mussolini s’inviteront ; parlez de l’Afrique du Sud, l’apartheid s’invitera avec Peter Botha, Mandela aussi ; etc.

Parler du Burkina Faso, de l’histoire du Burkina Faso, en passant sous silence la période de la Révolution démocratique et populaire, période sous laquelle le pays a changé de nom et d’hymne national, c’est tout simplement une caricature. Nous osons espérer que les intellectuels invités à animer ces causeries populaires sauront se hisser au-dessus des considérations subjectives et partisanes, pour livrer au public la vraie histoire du Burkina Faso, toute l’histoire du Burkina Faso ! »

Ouagadougou, le 29 avril 2010

Norbert Michel Tiendrébéogoly

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 5 mai 2010 à 09:35, par lilboudo En réponse à : Cinquantenaire de l’indépendance : “L’histoire n’est pas une caricature”

    Bien dit Norbert !

  • Le 5 mai 2010 à 10:11, par BENIFOU En réponse à : Cinquantenaire de l’indépendance : “L’histoire n’est pas une caricature”

    Voila effectivement des caricatures qui font fêter en rang dispersé.Merci Norbert pour la piqûre de rappel à ceux qui veulent tronquer l’histoire de notre peuple.Si ça continue, je propose que les revolutionnaires initient à leur tour des conférences dans les provinces pour retablir les faits et surtout rendre à Thomas Sankara ce qui est à Thomas Sankara.

  • Le 5 mai 2010 à 11:51, par Le pompier En réponse à : Cinquantenaire de l’indépendance : “L’histoire n’est pas une caricature”

    C’est juste pour féliciter le député Tiendrébéogo pour son écrit qui interpelle les organisateurs. Ils ont oubliè qu’ils ont assis leur pouvoir ( gabégie , népotisme , impunité ,vol ...gâce à la RDP.

  • Le 5 mai 2010 à 14:34, par Sidibé le berger En réponse à : Cinquantenaire de l’indépendance : “L’histoire n’est pas une caricature”

    Voilà des choses qui révèlent l’inconséquence de Me SANKARA quand il joue le jeu du régime en demendant d’éffacer l’éfigie de Thomas des symboles des partis politiques.Maintenant on comprend jusqu’où ces gens là on peur de la simple image de Thomas.Et comme malheureusement certains ont troqué son image contre un boubou mal enfilé de chef de file de l’opposition, on ne doit pas s’étonner de ce qui nous arrive.Oui après avoir assassiné Thomas, on tente sa deuxième mort avec l’aide des soit disant sankarites !Norbert je te comprends mais sache que ce que ce que tu défends a déjà été saboté par Me SANKARA !

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