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Débats sur l’article 37 : Le silence du chef de l’Etat est-il d’or ?

Publié le mardi 4 mai 2010 à 01h00min

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De jour en jour, les positions sont plus tranchées, et les échanges plus houleux. Au tout début, ce n’étaient pourtant que d’adroites allusions lancées par un bonze du CDP, Mahama Sawadogo, pour ne pas le citer. Grâce à une rhétorique dont seul cet actuel parlementaire et professeur d’histoire-géo des lycées et collèges dans une autre vie a le secret, s’est progressivement insinué dans l’esprit des Burkinabè le scénario suivant d’une certaine classe politique : la révision de l’article de la Constitution de notre pays portant sur la limitation des mandats.

Aujourd’hui, d’autres défenseurs de cette thèse sortent progressivement de l’épais brouillard longtemps alimenté par Mahama Sawadogo. En attestent les propos du coordonnateur national de l’Alliance pour la majorité présidentielle, Simon Compaoré. Dans une certaine mesure, l’on pourrait ranger dans le même registre la réaction d’un Bongnessan Arsène Yé (responsable d’une commission au Congrès pour la démocratie et le progrès), qui a insisté sur le fait qu’il n’éprouvait aucun état d’âme à évoquer l’éventualité d’une modification de l’article 37.

C’était le 27 avril dernier, pendant une conférence publique au siège de l’AMP et qui avait pour principal sujet de débat le « Processus de démocratisation au Burkina Faso, état des lieux et perspectives ». Face à eux, les opposants à la modification sont tout aussi nombreux et ne démordent pas de leur position.

Les réactions, des plus policées aux plus virulentes, provenant surtout du cercle des opposants et des membres de la société civile, illustrent cela. Le 1er mai 2010, lors d’une conférence de presse qui s’est tenue dans l’amphi A 600 de l’université de Ouagadougou et qui avait pour thème « Alternance au Burkina :

leurre ou lueurs ? », des panelistes n’ont pas mâché leurs mots pour dire ce qu’ils pensent du projet. Et le plus inquiétant est que beaucoup semblent en être arrivés à ce principe que l’alternance ne viendra pas dans notre pays grâce aux urnes. « Il faut un événement », a conclu, l’air sibyllin, l’un d’entre eux.

En somme, il règne un climat social exécrable, mais qui semble laisser de marbre le premier des Burkinabè, à savoir le chef de l’Etat. Deux célèbres citations peuvent servir de charpente à une opinion : « La parole est d’or ; le silence est d’argent » et « Qui ne dit mot consent ».

Pour ceux qui ne jurent que par la première maxime, le président du Faso n’est pas obligé de s’exprimer sur la question, du moment qu’il n’est pas à la fin des mandats réglementaires que lui autorise le premier des documents légaux du pays.

Le bouclage étant prévu pour 2015, la préoccupation de l’heure devrait être pour lui la Présidentielle 2010. Conséquence, les sorties fracassantes de ses lieutenants et autres seconds couteaux ne devraient pas l’effaroucher outre mesure.

Malheureusement, cette conception a son revers. Par ce silence, n’approuverait-il pas les velléités de révision des bonzes du parti sous la bannière duquel il est allé aux différents scrutins ? peut légitimement se demander plus d’un observateur. D’où la pertinence de cette formule fétiche à leurs yeux, à savoir que « Qui ne dit mot consent ».

Certes, les chemins de la politique sont impénétrables. Surtout du côté de celui qui est qualifié par certains analystes de mystérieux ou de sphinx inabordable qui ne se manifeste généralement que lorsque les carottes sont cuites. En rappel, Norbert Zongo a été assassiné le 13 décembre 1998.

Ce n’est que le 21 mai, soit 5 mois après, que le chef de l’Etat s’est prononcé sur la question, promettant du même coup des réformes politiques et la création du Collège de sages. Mais pourquoi, diantre, attendre que Rome, pardon, Ouagadougou, me brûle pour réagir ?

La rue gronde, la colère enfle. A notre sens, une sortie du premier garant de la quiétude des Burkinabè pourrait apaiser les rancœurs. Mieux vaut prévenir que guérir, disent les sages. S’il n’approuve pas la stratégie de ses thuriféraires, qu’il leur dise : « Taisez-vous ! Je ne vous ai jamais demandé de modifier quoi que ce soit ».

Si, par contre, il abonde dans leur sens, qu’il confesse au peuple : « C’est moi en effet qui ai lancé l’idée ». Bien sûr que certains rétorqueraient qu’il y a un arrière-fond d’ingénuité dans ces formules. Cependant, elles auraient l’avantage de permettre à tout un chacun de se faire une idée de la démocratie telle que comprise par notre premier magistrat.

Issa K. Barry

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 4 mai 2010 à 03:51, par drissa En réponse à : Débats sur l’article 37 : Le silence du chef de l’Etat est-il d’or ?

    Très bel article Mr Barry. Cependant ne pensez-vous pas que c’est à la presse de mieux faire son travail ? Blaise Compaoré se balade partout (et se baladera toujours) pour preuve son dernier déplacement au Togo pour l’investiture du président Faure.
    Lors de ces déplacements de Blaise Compaoré qui a plus le temps de faire du tourisme que de s’occuper du Burkina, autant la presse public tel que la RTB et Sidwaya (ne comptez pas sur eux pour poser la question)et la presse privée y compris l’observateur est toujours conviée ! Alors pourquoi ne posez vous pas la question ??? Si vous la lui poser et qu’il refuse de répondre au moins aurez le mérite de l’avoir fait !
    Alors Messieurs les journalistes posez la question directement à Blaise Compaoré !Que penses t-il de la volonté de ces amis de vouloir modifier l’article 37 ?

  • Le 4 mai 2010 à 06:10, par Hess En réponse à : Débats sur l’article 37 : Le silence du chef de l’Etat est-il d’or ?

    Bien tenté Monsieur Barry !

    L’entourage du président sait ce qu’il veut même s’il ne l’a pas dit. Alors les courtisans se rivalisent de zêle.

    La clarification ne se fera pas malgré le fossé que le sujet creuse dans la population. Le président n’est pas du genre a assumé. Ce n’est pas son style. Ses qualités sont ailleurs.

    Il reste maintenant aux journalistes de prendre leur courage pour lui poser la question la plus directement possible.

  • Le 4 mai 2010 à 08:29, par bhagus En réponse à : Débats sur l’article 37 : Le silence du chef de l’Etat est-il d’or ?

    blaise compaore a toujour garder le silence face au grand crime qu’a connu le burkina , economique comme crime de sang , c’est sa strategie et ca la souri donc pourquoi faire autrement

  • Le 4 mai 2010 à 10:08, par Paris Rawa En réponse à : Débats sur l’article 37 : Le silence du chef de l’Etat est-il d’or ?

    Et peu importe la position personnelle du citoyen Blaise Compaoré, sa fonction de président du Faso l’oblige à prendre parole et à faire quelque chose pour organiser lui-même ce débat concernant la constitution. Il ne peut pas se contenter d’appeler à réfléchir sur des réformes, sans donner ni cadre, ni orientation pour une réflexion organisée, argumentée et capable d’aboutir à une conclusion claire pour tout le monde. La réflexion en vue des réformes (dont je ne vois pas l’urgence) ne peut se résumer en diverses prises de position et déclarations contradictoires et en disputes de cabarets. L’article 36 de la constitution oblige le président du Faso à donner des orientations de la politique de l’Etat, à veiller sur le respecte de la constitution de même que sur l’unité et la cohésion nationale. Au nom de ce devoir lié à sa fonction de président du Faso, Blaise doit parler, il doit agir : c’est un acte de gouvernement du Faso et ne pas le faire à temps serait une faute. A chacun son devoir !

  • Le 4 mai 2010 à 10:10 En réponse à : Débats sur l’article 37 : Le silence du chef de l’Etat est-il d’or ?

    Le député Mahama SAWADOGO a été Professeur de Physique-Chimie et non d’Histoire-Géographie.

    • Le 4 mai 2010 à 20:51, par madiahmed2001@yahoo.fr En réponse à : Débats sur l’article 37 : Le silence du chef de l’Etat est-il d’or ?

      Monsieur le journaliste si Le Député Mahama Sawadogo avait été prof. d’histoire geographie il aurait su le Burkina faso n’est pas seulement constitué de vendus mais il peut toujours compté sur son vaillant peuple ,courageux et intègre capable de pendre tout seul son destin en main. MalhM Malheureusement il n’a été que prof. de phisique chimie et en l’occurence il prend le Burkina comme son laboratoire et les Burkinabé comme ces cobailles d’ou toutes les formules chimiques peuvent etre essayées.

  • Le 4 mai 2010 à 10:26, par christ En réponse à : Débats sur l’article 37 : Le silence du chef de l’Etat est-il d’or ?

    Par respect pour le peuple, le minimum que l’on demande à un chef d’état est de s’exprimer sur les sujets brulants de l’heure. Celui ci en est un car conditionne le futur à court, moyen et long terme l’avenir du Burkina et de son peuple. J’espère qu’il pourra s’inspirer de la sagesse de son frère président du Mali pour ne pas rebelotter éternellement ou gare aux dérapages à la Tandja. Donc, Blaise doit s’exprimer et se prononcer dès maintenant car tout le monde est fatigué de s’époumoner pour rien sauf au risque de le rendre encore plus impopulaire avec son régime de profiteurs de tout poil

  • Le 4 mai 2010 à 12:34 En réponse à : Débats sur l’article 37 : Le silence du chef de l’Etat est-il d’or ?

    Super article ! Tout simplement super. Depuis belle lurette, plus de 99,99% des burkinabé attendent la réaction du PF en vain. "Qui ne dit mot consent" et il faut qu’il se démarque car il n’est pas du genre muet.

  • Le 4 mai 2010 à 14:48 En réponse à : Débats sur l’article 37 : Le silence du chef de l’Etat est-il d’or ?

    on les connais tous ces dinosaure qui continuent de se faire voir croyant ainsi continuer à charmer le président du faso. perte de temps et opportunisme inutiles.
    le peuple du faso aime le président Blaise c’est lui qui portera toujours le président Blaise Compaoré à la magistrature supreme.
    arretez donc messieurs les oppor...
    vive le Président Compaoré ;

  • Le 4 mai 2010 à 15:41, par Dona En réponse à : Débats sur l’article 37 : Le silence du chef de l’Etat est-il d’or ?

    Vous savez, Blaise Compaore est tres lucide et ne souhaite pas ce que certains griots defendent. La solution de Blaise a ete developpee par Salif Diallo, mais qui a ete incompris, combattu et sanctionne. Maintenant, Mahama et compagnie cherchent a se racheterm mais Blaise les connait et sait qu’ils sont en train de lui creer des problemes et de lui faire perdre sa popularite nationale et internationale.

    • Le 4 mai 2010 à 21:43, par Grégoire BILA En réponse à : Débats sur l’article 37 : Le silence du chef de l’Etat est-il d’or ?

      Tu n’as donc pas compris l’idée de Salif DIALLO.

      Les proposiitons de Salif DIALLO vont dans le même sens que ceux qui veulent modifier l’articlé 37 de la constitution. Salif DIALLO en proposant de dissoudre l’Assemblée Nationale, de réformer les bases de la république, de former un gouvernement qui regrouperait toutes les sensibilités politiques du pays y compris la société civile, ne cherche qu’à prolonger la vie de Blaise COMPAORE à la tête de l’ETAT. Parce que ce nouveau gouvernement, qui va le diriger ? Blaise naturellement.

      Salif DIALLO, Christian ROCK, Simon COMPAORE, Député Mahamadi c’est le même objectif qu’ils visent tous. Il ne faut pas se tromper la dessus.

      Grégoire BILA

  • Le 4 mai 2010 à 20:18, par Siéma En réponse à : Débats sur l’article 37 : Le silence du chef de l’Etat est-il d’or ?

    Que voulez vous qu’il dise qu’il n’ait dit par son silence ? "Qui ne dit mot consent". Il reste aux Burkinabès le choix de prendre leur responsabilité après 2015. Nous l’aurons eu au pouvoir pendant 28 ans. C’est largement suffisant. Au maire qui dit que 5 ans c’est peu, il est temps que lui aussi rende le tablier aux élections municipales prochaines. Vous ne pensez pas qu’ils se sont faits assez voir comme ça ? Il y a bien d’autres personnes capables dans ce pays. Qu’on n’insulte pas l’intélligence de tout un Peuple

  • Le 4 mai 2010 à 20:24, par Akwani En réponse à : Débats sur l’article 37 : Le silence du chef de l’Etat est-il d’or ?

    1)CDP : Compaoré Doit Partir. 2) Qu’importe la fonction qu’il a occupé dans une autre vie, le député Sawadogo est en passe de rentrer dans l’histoire, par quelle porte ? ca je ne saurai le dire. il est devenue le créateur des Mahamanéries...

  • Le 4 mai 2010 à 21:27, par americain bila En réponse à : Débats sur l’article 37 : Le silence du chef de l’Etat est-il d’or ?

    Cet article est bien écrit. Bon boulot, Mr. le journaliste !

    Le silence du président et surtout des juristes gardiens de notre constitution sont une preuve de manque de considération pour les citoyens du Burkina qu’ils doivent gouverner et non pas exploiter. « Gare à ceux qui bâillonnent leur peuple » disait l’un des plus grands hommes que le Burkina a connu. A bon entendeur, salut !

  • Le 4 mai 2010 à 21:47, par mustpha En réponse à : Débats sur l’article 37 : Le silence du chef de l’Etat est-il d’or ?

    AKWAMI : bien trouvé. CDP = blaise doit partir. génial ! et on ne doit pas attendre, comme certains le disent, 2015. C’est maintenant car on en est au 4ème mandat et non au 2ème !!!!! boycott boycott

  • Le 4 mai 2010 à 21:54, par Kon N’doungtouly En réponse à : Débats sur l’article 37 : Le silence du chef de l’Etat est-il d’or ?

    Il est dit que la sagesse d’un Roi ou d’un Président vient de la multitude de ses conseillers ;mais Blaise n’a pas que des conseillers à la pelle ,il sa des courtisans égarés qui veulent égarer tout le monde .Mais pensons nous que le dernier mot revient à lui ? alors si oui, pourquoi ce silence abasourdissant qui frise le mépris pour son peuple ? Si d’accoutumé le silence est sa stratégie favorite ça pourrait le desservir cette fois ci.

  • Le 4 mai 2010 à 22:39 En réponse à : Débats sur l’article 37 : Le silence du chef de l’Etat est-il d’or ?

    Ecoutez mes frères, Blaise n’est va pas modifié l’article 37, mais plutôt il va changer le regime, en adoptant un regime parlementaire, ainsi il aura tjr le temps de rester au pouvoir. soyez vigilant mes frères, Blaise est plus intelligent que vous croyez

  • Le 7 mai 2010 à 03:59, par mytibkèta En réponse à : Débats sur l’article 37 : Le silence du chef de l’Etat est-il d’or ?

    Ce
    Ceux qui connaissent le proverbe mossi qui dit ’’qu’il n’y a pas de bon chef mais de bons Songnans". Ouvrez les yeux et vous comprendrez que nous sommes peut être en régime monarchique( à vérifier) avec des griots d’un genre nouveau. Le problème c’est quoi ? convaincre les Burkinabè du bien fondé de la modification de l’article 37. Cette tâche ardue est confié aux soldats qui sont en seconde ligne et si ca ne marche pas on les sacrifiera en jurant sur le coeur que telle n’était pas la mission qui leur était confiée. Le chef ne dira rien et pourtant il n’en pense pas moins. Celui qui prenait tous les missiles est hors jeu. Maintenant le maitre est obligé de mûrir la reflexion pendant que d’autres s’époumonent tout en ricanant et disant " cette fois ci, il va être obligé de dévoiler son jeu". Le cirque Burkina n’impressionne plus personne alors on refuse de s’inscrire, la Ceni ne veut pas du rapprochement avec l’ONI etc.le tout on attend d’entendre une reaction qui ne viendra que dans le sens ou celà arrange le cercle maintenant bien fermé. Pour le pays réel les préoccupations sont ailleurs et ne se limitent pas à "parlera ou parlera pas". Il faut survivre et cela est une autre paire de manche que ne connaissent pas ceux qui veulent torpiller la constitution.Ils n’ont rien d’autre à faire et n’ont pas de soucis tant que chef sera là. Un chef mossi en pleine brousse ne disait il pas à son "songnan" "je crois que nous sommes perdu et celui de repondre, moi en tout cas je vous suis".Peut être les songnans n’ont pas compris la préoccupation du grand chef confronté à la mal gouvernance’ à l’impunité et autres pour lesquels il ne trouve personne pour l’en sortir. Aussi il ne parlera pas.

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