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Crise alimentaire au Niger : Après 50 ans d’indépendance…

Publié le vendredi 30 avril 2010 à 03h07min

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« Suite à la situation de pénurie alimentaire que connaît la république du Niger, le gouvernement du Burkina Faso exprime sa solidarité au peuple frère du Niger et décide de lui faire un don de cinq mille (5000) tonnes de céréales, ceci, en raison des relations d’amitié et de bon voisinage qui lient les deux pays ». C’est là une des communications orales du dernier conseil des ministres du mercredi 28 avril 2010.

Drôle de coïncidence, pourrait-on dire, car le même jour, le secrétaire général adjoint de l’ONU chargé des affaires humanitaires, John Holmes, au terme d’une visite de trois jours, a réitéré, mercredi dernier, "l’appel d’urgence" de son institution à l’aide internationale en faveur du Niger, frappé par la crise alimentaire. Le soutien du Burkina entre donc en droite ligne dans cet appel à l’aide internationale.

Déjà, une campagne de distribution gratuite de vivres a été lancée par John Holmes dans le village de Koléram, dans la région de Zinder (sud-est). D’un montant de 18,7 millions de dollars, cette opération conduite par l’UNICEF et le Programme alimentaire mondial (PAM) avec des ONG locales doit permettre de distribuer près de 18 000 tonnes de vivres aux enfants menacés par la malnutrition à travers le pays.

130 millions de dollars ! C’est le fonds supplémentaire demandé par l’ONU pour essayer de faire face à l’insuffisance alimentaire au pays d’Hamani Diori. En effet, quelque 7,8 millions de Nigériens (plus de la moitié de la population) sont en "état d’insécurité alimentaire", sur quelque 10 millions de personnes "touchées" par la crise au Sahel, en raison notamment de la sécheresse ayant affecté les récoltes.

Cette crise alimentaire intervient au moment où, à l’instar du Burkina et du Niger, 14 pays africains vont célébrer le cinquantenaire de leur indépendance. Il y a lieu alors de se demander comment, après 50 ans d’indépendance, ces pays peuvent n’avoir pas encore atteint l’autosuffisance alimentaire. Peut-on seulement parler d’autonomie quand on a faim et qu’on n’arrive pas à se nourrir sans aide extérieure ?

En d’autres termes, un homme affamé ne saurait être un homme libre, comme dirait l’autre. L’éducation, la santé et l’alimentation restent pourtant les trois variantes indispensables pour amorcer le développement. « Ventre affamé n’a point d’oreille », dit un adage. Et sans autosuffisance alimentaire, on ne peut parler de développement. Pour revenir au Niger, la situation y est d’autant plus préoccupante que le ministre de la Santé, Nouhou Hassan, a déclaré que "la malnutrition touche 500 000 enfants de 6 à 23 mois, soit 18% des enfants de cette tranche d’âge, à travers le pays".

Cependant, on se doute bien qu’une telle déclaration n’aurait pas pu être faite à l’époque du colonel « acheveur de chantiers », Mamadou Tandja, tant ce dernier était passé maître dans l’art de camoufler la menace de crise alimentaire qu’il qualifiait plutôt d’un « simple déficit alimentaire dans certaines régions du pays ». Il aura d’ailleurs fallu le coup d’Etat du 18 février 2010 pour mettre au grand jour la pénurie alimentaire par l’entremise du Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD). Ainsi donc les greniers de Tandja étaient vides ! Constations-nous dans notre Regard sur l’actualité du 12 mars 2010.

Souhaitons que la solidarité internationale puisse voler au secours des Nigériens. C’est la faute à leurs dirigeants s’ils en sont arrivés là. Les méthodes culturales et la mal gouvernance sont les précurseurs d’une telle situation. Le caractère impropre à l’agriculture de nos sols ne saurait être un prétexte à un laisser-aller, car des pays comme l’Inde, la Chine et, dans une certaine mesure, Israël, mal partis au départ, ont pu parvenir à l’autosuffisance en surmontant les obstacles naturels auxquels ils étaient confrontés grâce à de nouvelles pratiques culturales et à des politiques appropriées. Il convient donc de repenser la politique agricole générale en Afrique subsaharienne. A cœur vaillant, rien d’impossible !

Hyacinthe Sanouss

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 30 avril 2010 à 10:37, par LEKAF En réponse à : Crise alimentaire au Niger : Après 50 ans d’indépendance…

    cette crise alimentaire au Niger après un demi-siècle d’indépendance n’est que les effets secondaires de la malgouvernance dont les peuples africains ont été victimes.Cela nous interpelle également que nos dirigeants font des préoccupations de leur peuple,le dernier de leur souci diabolique.L’acte que le BURKINA FASO vient de poser à travers le don de plusieurs tonnes de céréales au pays frère, le NIGER est un geste louable et mème salutaire.Mais,y a un mais...Que le BURKINA soit sur qu’il a lui mème vaincu la faim dans son propre royaume.Il ne s’agit pas de donner une image fort reluisante de soi-mème à l’extérieur mais d’offrir une image réaliste et sincère.J’ai beaucoup de respect pour le président COMPAORE et sa politique extérieure mais je trouve qu’il en fait trop.Combien sont-ils les Burkinabè qui vivent dans l’insécurité alimentaire ? Dieu seul saura les dénombrer au pays des hommes intègres !Rien qu’à un passé récent(le 1er septembre)combien de paysans ont vu leur grenier partir avec l’eau ?Ces individus continuent de croupir dans la misère sans le moindre secours.J’ai seuleument un et un seul pour nos dirigeants :"écoutez les pleurs de vos nations et assouvissez leur soif et leur faim"Vous comprenez pourquoi les populations n’ont plus d’engouement pour les votes ?C’est parce que vous avez le dessein du peuple en faisant votre dessein ignoble !BYE

    • Le 30 avril 2010 à 18:02, par Tapsoba En réponse à : Crise alimentaire au Niger : Après 50 ans d’indépendance…

      « Que le Burkina soit sûr qu il a lui même vaincu la faim dans son royaume ».Permettez moi ,mr LeKaf,de vous contredire.D emblée,je vous informe que sur ce plan de l auto-suffisance,nous sommes trés loin du compte car la famine sévit déjà dans plusieurs régions du pays,surtout le nord.

      Mais ce que je voudrais relever est qu en matière de solidarité,il n y a pas lieu de se satisfaire pleinement avant de porter sécours à son prochain.N oubliez pas que le Niger faisait partie des donnateurs lorsque nous étions en détresse suite aux inondations du 1er septembre alors que son propre pays était dans la même situation.Je ne me souviens plus du montant,peut être quelqu un d autre pourrait me compléter.

      Je pense que la solidarité sud-sud a aussi un prix,avant de nous tourner vers les nordistes qui,eux aussi n ont guère résolu tous leurs problèmes avant de nous porter sécours à chaque fois dans les mésures de leurs moyens.

  • Le 1er mai 2010 à 00:47, par Hess En réponse à : Crise alimentaire au Niger : Après 50 ans d’indépendance…

    Bravo au Gouvernement du Burkina pour cette action de solidarité.

    Bonne chance au Niger

    Hess

  • Le 2 mai 2010 à 00:29 En réponse à : Crise alimentaire au Niger : Après 50 ans d’indépendance…

    pourquoi nous en priver pour les nigeriens, votre politique internationale ne doit pas oublier les interêts nationaux. Suis sur et certain qu’on n’a pas autant de céréales à distribuer.

  • Le 2 mai 2010 à 12:24, par Nouhou Diallo En réponse à : Crise alimentaire au Niger : Après 50 ans d’indépendance…

    Le NIGER avait donné au Burkina-Faso un chèque de 25 millions de francs CFA au moment des innondations du 1 Septembre. IL est donc tout à fait normal qu’aujourd’hui le Faso fasse un geste pour le peuple nigerien même s’il y a des burkinabe qui ont faim.

    Félicitations aux autorités du Faso

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