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Accidents de travail et maladies professionnelles : « L’Etat a démissionné ou est complice »

Publié le mercredi 28 avril 2010 à 02h50min

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Abdoul Karim Ouédraogo, le coordonateur de l’IBB

Le 28 avril de chaque année, les syndicats commémorent à travers le monde, la journée des accidents de travail et maladies professionnelles. En prélude à cet évènement, Fasozine.com s’est entretenu avec Abdoul Karim Ouédraogo, le coordonateur de l’IBB (International des travailleurs du bâtiment et du bois) pour l’Afrique francophone. Dans le monde, il y a, chaque année, plus de 300 000 personnes qui perdent la vie, rien que dans le secteur du bâtiment. C’est l’un des constats inquiétants que fait M. Ouédraogo.

Fasozine.com : Qu’est ce qui est à l’origine de la journée commémorative des accidents de travail et des maladies professionnelles ?

Abdoul K. Ouédraogo : L’objectif de ces journées est de se souvenir de tous les travailleurs morts dans l’exercice de leur fonction. Cela nous permet également d’observer une halte et de faire le bilan des accidents et maladies professionnelles qui surviennent chaque année dans le monde du travail, sans oublier de réfléchir à des dispositions nouvelles pour les prévenir.

Comment le « 28 avril » de cette année sera-t-elle célébrée au Burkina ?
Comme dans d’autres pays africains, les syndicats organiseront diverses manifestations, notamment une cérémonie solennelle commémorative. Certains allumeront des bougies en mémoire des travailleurs morts dans l’exercice de leur fonction. D’autres, dans l’optique de prévenir des cas du même genre, soumettront à leurs employeurs un bilan exhaustif de tout ce qu’il y a eu comme accident durant l’année précédente.
C’est aussi une occasion pour faire connaître à l’opinion nationale et internationale, les risques auxquels sont confrontés les travailleurs au quotidien, dans l’exercice de leur fonction.

A ce jour, peut-on avoir le bilan des victimes d’accidents de travail au Burkina ?

Les accidents du travail et maladies professionnelles tuent, parfois davantage que certaines pandémies. Il y a, par exemple, plus de 300 000 personnes au monde qui perdent leur vie chaque année dans le bâtiment suite aux accidents du travail et maladies professionnelles.

Que font concrètement les organisations syndicales pour endiguer ce fléau ?
Nous développons des modules d’éducation en santé et sécurité à l’intention des travailleurs dans toutes les entreprises, pour améliorer les conditions de santé et de sécurité. Des campagnes sont menées, tout comme des approches et des comités sont mis en place pour renforcer les capacités des travailleurs. La question de santé et sécurité au travail est primordiale pour le travailleur mais la première responsabilité relève de l’employeur. Le problème doit interpeller aussi la responsabilité de l’Etat qui doit s’engager à préserver la santé et la sécurité des travailleurs.

L’Etat joue-t-il véritablement son rôle dans ce « combat » ?

Nombres d’entreprises ne respectent pas les normes élémentaires de sécurité et les structures de l’Etat qui sont sensées les contrôler semblent également fermer les yeux sur ce dysfonctionnement. Ces structures ont donc démissionné ou sont complices. A Ougadougou, il n’est pas rare de voir des échafaudages en bois qui ne résistent même pas au vent, et sur lesquels les travailleurs passent toute une journée, et aux yeux des autorités et de tous. On voit toujours des boutiques fermées parce qu’elles n’ont pas payé l’impôt mais on n’a jamais vu un chantier stoppé parce que les travailleurs ne sont pas en sécurité. C’est vraiment une démission de l’Etat.

Ndiaga Thiam

Fasozine

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