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TENSIONS ENTRE FLAMANDS ET WALLONS DE BELGIQUE : Un bout d’Afrique au coeur de l’Europe

Publié le mercredi 28 avril 2010 à 02h51min

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Une fois de plus, la Belgique fait la "Une" de l’actualité avec la démission du Premier ministre Yves Leterme et de son gouvernement que le roi Albert II a été obligé d’accepter le 26 avril dernier. Une fois de plus, ce sont les tensions entre Wallons (francophones) et Flamands (néerlandophones) qui ont fait tomber un gouvernement dans ce royaume.

Yves Leterme ayant mis un terme à sa mission à la tête d’une équipe gouvernementale pour la troisième fois depuis 2008, il reste à savoir si l’histoire ne va pas encore se répéter. L’on est toujours mémoratif de la paralysie dans laquelle le royaume a été plongé l’année dernière en restant sans gouvernement pendant des mois.

La Belgique a mal à sa cohabitation entre Wallons et Flamands. Les tensions emportent chaque fois les gouvernements en place qui sont reconstitués à l’issue d’élections anticipées en attendant qu’ils tombent encore à la prochaine poussée de fièvre. En lieu et place d’une vraie solution, ce sont chaque fois des compromis précaires et bancals qui sont trouvés. C’est la raison pour laquelle l’histoire se répète dans ce pays qui est le coeur de l’Europe parce qu’abritant des institutions communautaires comme le siège de l’Union européenne. La cohabitation est difficile entre Flamands et Wallons, car les premiers veulent se protéger des seconds, perçus comme trop envahissants. La querelle permanente que les deux communautés se livrent concernant notamment le statut de Bruxelles-Halvilevorde, la seule circonscription électorale et judiciaire bilingue du royaume, est joliment enrobée sous l’appellation de crise politico-linguistique.

Si c’était en Afrique, les Occidentaux auraient vite fait de parler de conflits ethniques ou tribaux. En Europe, on évite soigneusement d’utiliser ces termes. Le vieux continent est peu fier de ces tiraillements communautaires dans une partie du monde présentée depuis belle lurette comme civilisée. Ces scènes sont indignes d’un monde dit également développé. Elles conviendraient plutôt aux peuples dits attardés, barbares, sauvages qui ne peuvent pas dépasser leurs clivages. Mais la preuve est faite que cette conception est erronée, que les républiques bananières n’ont pas l’apanage de ces tensions et conflits dits rétrogrades. Outre la Belgique, d’autres pays européens existent, où la cohabitation entre communautés est problématique.

La Yougoslavie a volé en éclats après la mort de Tito et les tensions entre Serbes et Croates ont débouché sur des massacres à grande échelle pour lesquels des responsables et des chefs de guerre sont jugés par la justice internationale. La Tchécoslovaquie n’a pas survénu à la difficile cohabitation entre les communautés qui la formaient. De ces cendres sont nées, il y a une dizaine d’années, les républiques tchèques et slovaques. C’est ce qui menace aujourd’hui la Belgique au regard de la volonté affichée par la frange extrémiste des Flamands de ne plus vivre dans un même pays avec les Wallons. Une incongruité non seulement en Europe mais aussi au 21e siècle où le brassage et le métissage entre les peuples ne sont pas une vue de l’esprit.

Pendant combien de temps cet anachronisme va-t-il durer en Belgique ? Pendant combien de temps les Premiers ministres et leurs gouvernements vont-ils systématiquement servir de fusibles ? En attendant des réponses à ces questions, on constate qu’avec les tensions entre Flamands et Wallons, la Belgique est un bout d’Afrique au coeur de l’Europe. Ici, on pense particulièrement aux antagonismes entre Hutu et Tutsi au Rwanda et au Burundi qui ont débouché de temps à autres sur des massacres nourris par la haine de l’autre. Ces pays ayant été d’anciennes colonies belges, on ne peut s’empêcher de penser à une transposition des divisions éthniques par l’ancienne métropole dans les ex-colonies. Alors, ceci explique-t-il cela ?

Séni DABO

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 28 avril 2010 à 11:23, par Damien En réponse à : TENSIONS ENTRE FLAMANDS ET WALLONS DE BELGIQUE : Un bout d’Afrique au coeur de l’Europe

    Bonjour,

    J’aimerais tout attirer l’attention sur une grosse erreur de cet article : le Ruanda n’est pas une colonie Belge mais Allemande. Suite à la défaite des allemands lors de la première guerre mondiale, il a été mis sous protectorat du Congo belge. Je ne pense pas que les conflits entre ethnie soit imputable vu le contexte belge de l’époque.

    Enfin, ici en Belgique cette crise est vécue très différemment selon les personnes. Pour ma part ainsi que de nombreuse connaissance, nous assistons à ces gamineries gouvernementales en se demandant si ce n’est pas une fiction. Nous assistons à un jeux politique que les citoyens ne désirent pas. Et la quasi totalité des Wallons que je connais n’ont aucun problème ni tension avec les flamands. Et l’inverse aussi, toutes mes connaissances et familles de Flandre n’ont pas de tension avec un Wallon.
    Mais je sais aussi que ce n’est pas vrai pour tous...

    Notre avenir ? je m’interroge

  • Le 28 avril 2010 à 12:49, par Un belge d’origine flamande. En réponse à : TENSIONS ENTRE FLAMANDS ET WALLONS DE BELGIQUE : Un bout d’Afrique au coeur de l’Europe

    Monsieur le journaliste ferait bien de se renseigner plutôt que de sucer de son pouce un article lapidaire sur l’entente Wallons-Flamands. Comparer la crise flamands-wallons avec Hutus-Tutsi est pathétique. Il me semble que de plus en plus le sensationnel prime sur l’honnêteté intellectuelle. Vous êtes abject, monsieur.

    • Le 28 avril 2010 à 21:47, par themouch974 En réponse à : TENSIONS ENTRE FLAMANDS ET WALLONS DE BELGIQUE : Un bout d’Afrique au coeur de l’Europe

      "Traditionnellement, la population rwandaise était structurée en une vingtaine de clans composés d’éleveurs, les Tutsi, d’agriculteurs, les Hutu , et d’artisans, les Twa. Le clan était la référence identitaire de chaque Rwandais. Chaque clan avait un chef, le Mwami issu d’un lignage patriarcal, qui était Hutu ou Tutsi. Un des clans, dirigé par un lignage Tutsi, dominait le Rwanda et son Mwami était considéré comme le roi du Rwanda. Les populations parlaient la même langue, le Kinyarwanda, se mariaient entre elles, partageaient la même religion et pouvaient passer d’un groupe socio-professionnel (Hutu ou Tutsi) à l’autre. On ne peut donc pas parler d’ethnies différentes au Rwanda selon la définition académique de l’ethnie. Ce système féodal était basé sur la possession de troupeaux ou de terres. Cette structure était concrétisée par un chef du bétail et un chef des terres. Elle comportait aussi un chef militaire.[1]

      À leur arrivée, les colonisateurs allemands, puis belges cherchèrent à comprendre cette société mobile et complexe qui ne correspondait pas aux critères européens. Ils classifièrent les populations en fonction de leurs activités, de leur physique, etc. Ils furent très impressionnés par la monarchie rwandaise, et considérèrent cette catégorie, les "Tutsi", comme une « race » supérieure, assimilant aussi tous les Tutsi à ceux de la cour royale. Selon les colonisateurs, les "Tutsi" sont plus grands, plus clairs de peau, plus beaux, ce qui les rendrait plus aptes à diriger.

      Les colons vont donc s’appuyer sur les Tutsi pour mettre en place leur administration coloniale, ne respectant pas les Mwami des clans dirigés par des Hutu. Il se créa ainsi une différenciation raciale artificielle issue du regard du colonisateur. Cette distinction, au départ socio-professionnelle et politique entre Hutu et Tutsi, devint raciale et politique dans l’organisation coloniale de la société. L’accès aux avantages, à l’enseignement, aux postes administratifs fut réservé prioritairement aux Tutsi. Peu à peu, les différenciations basées sur de prétendues analyses raciales rationnelles furent intégrées par les populations. Les termes de « Hutu » et de « Tutsi » fure..."

  • Le 28 avril 2010 à 18:30, par Panglos En réponse à : TENSIONS ENTRE FLAMANDS ET WALLONS DE BELGIQUE : Un bout d’Afrique au coeur de l’Europe

    Je ne sais pas pourquoi vous tombez à bras raccourcis sur le journaliste. Le Rwanda a bel et bien été une colonie Belge, il n’a pas dit que cela l’a été par conquete, ni par héritage.
    De plus, il n’a pas juxtaposé la situation rwandaise à la belge, il les a juste comparé, ce qui n’est ni adject, ni malhonnete.
    Dites plutot que ça fait mal de voir surgir des problemes etchniques (n’ayons pas peur des mots) dans cette vieille Europe dite civilisée mais qui est en mal de repéres.

  • Le 28 avril 2010 à 21:59, par americain billa En réponse à : TENSIONS ENTRE FLAMANDS ET WALLONS DE BELGIQUE : Un bout d’Afrique au coeur de l’Europe

    Peu importe les lacunes de cet article une chose est certaine — Si c’était en Afrique, on (surtout les blancs)aurait vite fait de conclure que c’est une crise inter-ethnique.

  • Le 28 avril 2010 à 23:51 En réponse à : TENSIONS ENTRE FLAMANDS ET WALLONS DE BELGIQUE : Un bout d’Afrique au coeur de l’Europe

    je trouve la comparaison tout à fait juste pour ma part ! C’est bien de défendre son pays mais à la fin c’est ce qu’en pense les autres qui comptent. Et à part qq erreurs d’histoire, l’idee que veut véhiculer cet article est on ne peut plus vrai

  • Le 29 avril 2010 à 12:58 En réponse à : TENSIONS ENTRE FLAMANDS ET WALLONS DE BELGIQUE : Un bout d’Afrique au coeur de l’Europe

    Il est vrai que si cela se passait en Afrique, nous parlerions de suite de conflit inter-ethnique. Maintenant, de là à faire un rapprochement avec le Rwanda...

    Moi, je pense -et ici je ne m’appuie pas sur des arguments en béton armé, genre définition du petit Larousse- que tout ces problèmes entre politiciens vus de l’extérieur donnent une vision trop anarchique ("on a l’impression que vous êtes au bord de la guerre civile" pour reprendre l’expression d’un ami français). Et la presse ne fait que renforcer cette vision. Et de ce côté là, je ne vais pas dans le sens de cet article, qui donne au final une vision très noire des choses. Maintenant ne nous voilons pas la face : oui, il y’a un problème.

    Ceci-dit, faisant mes études à l’armée, on vit 5 jours sur 7 et 24h/24 entre francophones, neerlandophones et germanophones. Les élèves, de la première à la deuxième année, sont en chambre par deux avec un élève de l’autre régime linguistique. Je parle à mon binôme en neerlandais, et il me répond en français. En outre, il y’a dans mon année 22 élèves internationaux (dont des Rwandais, Tutsis comme Hutus).

    Je ne fais que suivre l’actualité sur le net, mais je me pose encore la question : Comment nous, on arrive à s’entendre quand on est 900, alors que nos politiciens bien moins nombreux n’y arrivent pas ?

    Merci de m’avoir lu et excusez-moi pour les fautes de structure, je suis germanophone d’origine.

  • Le 29 avril 2010 à 20:17, par Lucanda En réponse à : TENSIONS ENTRE FLAMANDS ET WALLONS DE BELGIQUE : Un bout d’Afrique au coeur de l’Europe

    D’accord avec le "belge d’origine flamand".
    Comparer les problèmes belges avec un début de génocide ou bien des conflits ethniques... ...ou croire que la belgique est au bord d’une guerre civile, c’est jouer dans le sensationnel. Le journaliste a peut-être besoin de se lâcher. Je vous signale qu’il n’y a aucune haine entre flamands et francophones sauf pour quelques politiciens qui en font leur fond de commerce en tentant de médiatiser au maximum leurs idées extrémistes. OUI, il y a quelques rancœurs sur 2 ou 3 sujets épineux, OUI il y a des problèmes à mettre sur la table et sur lesquels il faut décider...
    ...mais ils n’en sont pas aux problèmes africains, où avant de parler de problèmes ethniques, il faut au moins une dizaines de morts médiatisés.
    Est-ce que les flamands on envie de casser du francophone ? NON.
    Est-ce que les flamands veulent un putch ? NON.
    Est-ce que les deux parties se haïssent ? je le répète, NON.
    Est-ce que 99% de la population veut une solution dans la paix ? OUI
    Alors, non monsieur le journaliste ce ne sont pas des tensions rétrogrades : les belges discutent depuis des années pour trouver une solution. Ils discutent sans empoigner une Kalachnikov, sans accepter de pots de vin pour fermer leurs gueules, sans attiser la haine.

    Vous vous êtes sûrement laissé prendre aux jeu des médias "à ragots" qui ne raconte que du sensationnel et vous le colportez en rajoutant votre petite touche personnelle... ...ce qui me pousse comme précédemment à m’attaquer à vous, vous qui n’êtes journaliste que de titre.

    Et comme certains versent dans les définitions, j’y vais : Le journalisme est l’activité qui consiste à collecter, rassembler, VERIFIER et commenter des faits pour les porter à l’attention du public à travers les médias.

    Une réponse ?

    PS : pour être tout à fait honnête, il y a un point sur lequel je suis d’accord : L’Europe est peu fière de ces tensions.

  • Le 31 octobre 2012 à 18:06, par 223300612 En réponse à : TENSIONS ENTRE FLAMANDS ET WALLONS DE BELGIQUE : Un bout d’Afrique au coeur de l’Europe

    pour quoi les walon et flamand saime pas

  • Le 14 novembre 2012 à 14:22, par marcel En réponse à : TENSIONS ENTRE FLAMANDS ET WALLONS DE BELGIQUE : Un bout d’Afrique au coeur de l’Europe

    Quelles correspondances existent entre la Walonie et la Flandre ? Combien. Evidemment, on parle plus des différences. Les deux peuples differents qui vivent dans un pays n’ont rien de commun. Francophones et néerlandophones évoluent dans deux univers culturels quasi étanches. Les partis politiques sont tous scindés en deux ailes linguistiques. Le monde francophone penche à gauche, son miroir néerlandophone penche à droite. Ce clivage se manifeste sur tous les dossiers, ou presque.
    Les Flamands aiment répéter qu’ils n’ont rien de commun avec les Néerlandais. Le pouvoir flamand est plus puissant. Ce n’est pas étonnant. Les Flamands gagnent sa vie et la vie de leurs voisins. Ils payent des impôts, dont l’Etat utilise pour payer les subventions aux Wallons. Ces derniers dépendent des Flamands. Ils craignent que leur voisins fructueux veulent faire Bruxelles la capitale de la Flandre et changer les frontières à l’intérieur du pays. Les Flamands disent plusieurs fois qu’ils le feront. Ils se sentent maîtres de la Bélgique.

  • Le 20 décembre 2012 à 11:58, par Barbara En réponse à : TENSIONS ENTRE FLAMANDS ET WALLONS DE BELGIQUE : Un bout d’Afrique au coeur de l’Europe

    Ce qu’il faut – c’est un référendum. Cela sera la solution idéale. Demander aux Belges ce qu’ils veulent et de faire un choix entre la séparation, suprimer les entitées fédérées et refonder le pays bilingue, ou faire un confédéralisme entre deux etats : la Wallonie et la Flandre. On verra les réponses. Ce le peuple qui doit choisir et les politiciens seront obligés de respecter le choix du peuple.
    De mon côté, je crois que les Flamands seront pour la séparation. On peut bien les comprendre. La ruprure – c’est une meilleure raison pour eux pour s’affranchir du poids des Wallons en tout. De plus, les Flamands defendent leur langue et leur culture écrasée par le rouleau compresseur francophone, quoi de plus normal...La Flandre – c’est une région émancipée actuellement, après avoir toujours été brime depuis la création "artificielle" de la Belgique en 1830.
    Je suis pour la séparation. Les politiciens flamands et wallons ne peuvent pas aussi agir ensemble. Ils se comprennent mais ils ne s’entendent plus. Que reste-t-il de la Belgique ? Bruxelles et Wallonie d’un côté et la Flandre de l’autre.

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