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Opposition burkinabè : Chacun se cherche

Publié le mardi 24 août 2004 à 07h08min

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J’ai fait un effort pour suivre la vie des partis politiques d’opposition durant une dizaine de jours dans deux journaux. Après dix jours, je n’en pouvais lus. J’étais fatigué, écoeuré par le manque de service au bien commun (je pensais que les partis politiques existaient pour promouvoir le bien du pays).

La première chose qui m’a frappé, c’est qu’ici au Burkina Faso, les gens connaissent très bien l’article 13 de la Constitution du Burkina Faso qui dit : « Les par lis et formations politiques se créent librement ». C’est ce qu’on aime au Burkina Faso. Les Sankaristes (pauvre Sankara) ont déjà plus de dix (10) partis et ils se scindent encore. Hermann Yaméogo a réussi à créer UNDD en une semaine, mais il n’est pas seul à réaliser cet exploit.

Pour fonder un nouveau parti politique au Burkina, on a d’abord et parfois exclusivement besoin des hommes qui suivent le
fondateur. Ensuite ces hommes disputent et un nouveau fondateur s’élève. Les arguments sont tous dans le même jargon :
« … a décidé unilatéralement, ...considère le parti comme une propriété privée, ... Sidwaya apprend aux membres du parti qu’un des leurs est candidat à la présidence, ... il a broyé trop de camarades militants..., Trop c’est trop... autocratie... monarchie... des méthodes antidémocratiques... Il a agit contre le règlement intérieur... Méthodes autocratiques...’Après une analyse approfondie et même une réflexion... »

Quatre-vingt partis politiques : même pas un siège et demi pour chaque parti en moyenne. Un siège à l’Assemblée nationale apporte, tout compris, quand même, 13 millions F CFA par an. C’est bien mieux qu’un professeur d’université ou un médecin spécialisé.

Quatre-vingt partis qui se présentent tous avec des phrases touchantes (mais vides) : « Tes valeureux ancêtres... jamais hésités à verser leur sang pour leur dignité et leur honneur, refus constant de soumission... ta soif de liberté... de fraternité, de démocratie... rassembler la majorité de tes fils autour d’une vision forte de promotion du bien commun... Par ton combat pour l’indépendance... la lutte pour la justice... refusant de baisser les bras : après mûre réflexion… analyse profonde de la situation. »

Tous ces mots et expressions peuvent être écrits ou prononcés par les quatre-vingt partis du Burkina Faso. Quel est le programme de ces partis ? Quels sont les objectifs précis et quels sont les moyens réels pour aboutir à ces objectifs ? Quels sont les priorités de ces partis ? « Lutte pour la démocratie, lutte contre la pauvreté, lutte contre l’analphabétisme, lutte contre le chômage » ; encore le jargon coutumier de nos partis politiques.

Juste avant les élections, les partis sont plus concrets dans leurs approches : tee-shirts, dolo et bière, même des mobylettes et motos, des feuilles glissantes. Promesses : écoles, dispensaires, routes, etc. La clientèle se présente, choisit une personne qu’elle connaît. Si l’on a des problèmes, on peut aller chez lui. Où est le bien commun dans tout cela ? Où est le développement du Burkina Faso ? Au cours des vingt dernières années, notre pauvreté par rapport au reste du monde est devenue plus grande, mais les riches dans notre pays sont aussi devenus plus riches. Les mossis disent : « Nad kam fâ baoda a menga ». Et les Blancs ajoutent : « M toogh ka be ne m to ye ». Chacun cherche son propre intérêt et je me fous de l’autre.

J’ai toujours dit que le Burkina Faso n’est pas gâté par la nature. Le Burkina Faso est même un des pays au monde le plus désavantagé par la nature. Mais j’ai toujours dit aussi que les Burkinabè sont parmi les meilleurs gens dans le monde. Je l’ai toujours dit avec fierté, mais cette fierté commence à flancher. Les chefs du pays sont le reflet du peuple. Construisons notre pays selon l’adage : « consommons burkinabè ».

Père F. Balemans
BP 332 Koudougou

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