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Editorial de Sidwaya : Merci Philomène…

Publié le lundi 19 avril 2010 à 02h40min

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Ibrahiman Sakandé, DG des Editions Sidwaya

Merci à notre fille et sœur Philomène Kaboré (1) devenue par la grâce de son cœur, Madame Sergio Cicala, de prouver qu’il est encore possible de défendre une valeur, au prix de sa propre vie. Pas seulement possible, mais important. Par ce courage, qui nous va droit au cœur, elle révèle à chacun de nous, l’un de ces désirs les plus profonds : être grand par le cœur, l’esprit et la volonté.

Il se trouvera, par le monde entier, des Burkinabè pour dire : « Mais, oui ! C’est une Burkinabè ! Je connais son père et sa mère. Voici leur maison, voilà la mienne ». Tant elle est devenue notre fille et notre sœur à tous. On reconnaît, en effet, la véritable grandeur en ce qu’elle rassemble. En ce qu’elle abolit les différences dans le sens de la hauteur.

En ce qu’elle déplace en nous, le sentiment de notre insignifiance pour y introduire celui de la fierté. Les grandes nations, disciplinées, dominatrices, soudées, sont des Nations qui savent ce que souffrir ensemble, gagner ensemble, trembler ensemble et, finalement, être ensemble fiers, veulent dire.

Dans son livre, Les institutions de l’Afrique noire, Hubert Deschamps, professeur à la Sorbonne (Paris, France) écrit : « Brutales ou astucieuses, les mesures politiques ne suffisent pas à créer une Nation. Un vouloir vivre commun ne peut reposer que sur des sentiments, des émotions, des représentations, communes… La France elle-même a connu, au cours de son histoire, bien des mythes glorieux, des idéologies enflées et d’admirables raisons fausses de prendre les armes »

(2). La vérité ou la fausseté des représentations que nous avons de nous-mêmes importent peu. Pourvu que nous puissions nous reconnaître en quelqu’un ou en quelque chose qui nous remplisse de fierté et d’autres sentiments postifs. Philomène nous donne la possibilité de dire : « Nous Burkinabè, nous sommes courageux, intègres, etc ». Ce n’est pas toujours vrai, mais la grandeur d’une seule personne nous a permis d’être tous grands par l’idée et le sentiment, et c’est très important. Merci Philomène.

Nous sommes, urbi et orbi, plus de 14 000 000 (voire bien plus !) de Burkinabè. Combien sont-ils à pouvoir choisir l’inconnu et le danger pour rester aux côtés de leur mari ou de leur épouse ? La manière dont nous voyons évoluer les choses autour de nous et en nous-mêmes nous oblige à répondre : peu de Burkinabè seraient capables de le faire.

Les piliers de l’éducation humaine sont tombés. Les murs des valeurs morales se sont effondrés. Le toit de la fierté, même quand celle-ci n’est encore que de l’amour propre, s’est déchiré. Ce qui est dramatique, ce n’est pas que l’ancien code des valeurs soit rendu caduc. C’est de devoir supporter le vide du nihilisme. Nous vivons un temps vraiment spécial où les moralistes se sont tus.

En tous les cas, pour les sages de la nuit et du jour, du visible comme du souterrain, ce qui va nous « tuer », c’est de devoir supporter que l’on fasse la cour à nos filles, sous nos yeux, avec du porc au four, de l’alcool (ô frelaté…) et de la cigarette.

(1) La Burkinabè Philomène Kaboré, 39 ans, et son époux, l’Italien Sergio Cicala, détenus tous les deux depuis fin novembre 2009, par Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), ont été libérés vendredi 16 avril 2010. Dans un premier temps, mi-mars, la désormais ex-otage Burkinabè, avait avec force personnalité, refusé d’être libérée sans son époux (…).

(2) Les institutions de l’Afrique noire, PUF, 1970-PP.116 et 118

Par Ibrahiman SAKANDE

sakandeibrahiman@yahoo.fr

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 19 avril 2010 à 09:48, par Bamba En réponse à : Editorial de Sidwaya : Merci Philomène…

    Les piliers de l’éducation humaine sont tombés. Les murs des valeurs morales se sont effondrés. Le toit de la fierté, même quand celle-ci n’est encore que de l’amour propre, s’est déchiré.
    Et à SIDWAYA ces piliers sont loins d’être rélévés.
    Courage à ce COUPLE tout de même.

  • Le 19 avril 2010 à 10:23, par Kôrô Yamyélé En réponse à : Editorial de Sidwaya : Merci Philomène…

    Apparemment, cette page de LE FASO.net appartient à ce monsieur. En effet, il trône ici depuis plus de 3 semaines. Même à Mr Blaise COMPAORÉ, LE FASO.net, n’a pas réservé de tels honneurs.

    Par Kôrô Yamyélé

  • Le 19 avril 2010 à 12:17, par L’AFRICAIN En réponse à : Editorial de Sidwaya : Merci Philomène…

    Mr SAKANDE, C’EST QUOI CE GENRE D’EDITORIAL ? TU PARLES DE QUOI MEME ? ET PUIS CHANGE CETTE PHOTO RIDICULE.

  • Le 19 avril 2010 à 14:09, par Le simple citoyen burkinabé En réponse à : Editorial de Sidwaya : Merci Philomène…

    Merci à toi aussi mon frère Sakandé. Le geste de Philomene ne surprend nullement les Burkinabé qui ont consciences qu’ils sont à des postes de combat pour la survie de notre patrie. Continue à défendre ton périmètre en vrai burkindi et sache que tu n’est pas seul, c’est pourquoi l’édifice « Burkina Faso » tient toujours. Encore une fois mille mercis. Le Burkina Faso saura reconnaître les siens.

  • Le 19 avril 2010 à 17:48 En réponse à : Editorial de Sidwaya : Merci Philomène…

    walaï la photo la me met sur mes nerfs. il faut balancer ça

  • Le 20 avril 2010 à 02:13 En réponse à : Editorial de Sidwaya : Merci Philomène…

    MDR !
    Ce n’est pas la photo ! Les éditoriaux du monsieur sont soit fades, soit trop partisans et trop superficiels. Mais bon...

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