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LIBERATION DU COUPLE ITALO-BURKINABE : La victoire de l’amour et de la discrétion

Publié le lundi 19 avril 2010 à 02h40min

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Le week-end dernier, Burkinabè et Italiens ont été soulagés d’apprendre la bonne nouvelle : le célèbre couple otage des islamistes d’Alqaïda au Maghreb islamique (AQMI) venait d’être libéré. Plusieurs mois durant, alors que rien ne le présageait, leur sort avait contribué à resserrer les liens entre deux familles, deux peuples et deux pays. La libération des deux otages intervient dans un contexte fort mouvementé. En effet, face au terrorisme qui prend de l’expansion, plusieurs Etats ouest-africains ont entrepris ces derniers temps de conjuguer leurs efforts. La synergie d’action, en connexion avec des pays occidentaux, permettra, du moins on l’espère, de sécuriser la zone. Jouant à fond la carte de la diplomatie préventive, les dirigeants des pays concernés ont multiplié les rencontres à de hauts niveaux et amorcé des concertations entre chefs d’état-major de la région.

Il en a résulté des manœuvres militaires conjointes qu’on veillera à intensifier. De tels exercices, outre qu’ils rassurent les populations, galvanisent les troupes et participent du renforcement de la confiance, de la détermination et de la combativité.

Intervenant dans un tel contexte, la libération du couple italo-burkinabè, témoigne des efforts multiformes déployés par des intervenants de plusieurs pays. Mais elle illustre aussi à sa façon, la pleine victoire de l’amour sur les vicissitudes de la vie. Car la burkinabè Philomène Kaboré, tout au long de l’épreuve, se sera montrée…très proche de son époux. En effet, Philomène qui avait été libérée après quelques semaines de captivité, avait préféré demeurer auprès de son mari détenu. Un comportement très touchant. Il traduit la belle histoire de la femme amoureuse qui a opté de rester aux côtés de son mari quoi qu’il advienne.

De la dignité et beaucoup de force de caractère. Face à l’épreuve, Philomène a dû puiser au plus profond d’elle-même. Sans doute aussi dans nos traditions qui, bien que subissant l’épreuve du temps, demeurent encore pleines d’humanisme, de sagesse et riches en enseignements. C’est à la faveur de telles circonstances que l’on s’aperçoit que tout compte fait, nous sommes bien fragiles. Mais nous pouvons aussi nous en sortir en puisant à la source de nos traditions. Philomène a ainsi montré de quoi était capable une femme africaine, mais surtout quelles valeurs nos traditions véhiculaient en matière d’amour, d’appartenance familiale et de cohésion sociale. Une véritable promotion culturelle qui fera tâche d’huile dans une Europe qui se ferme aux Africains.

La symbiose a donc pris. D’une manière ou d’une autre, l’acte aura contribué à la libération du couple. Philomène, cette femme réellement « intègre », se sera donc montrée digne et forte jusqu’au bout. Comme peuvent en rêver tous les maris, y compris dans les rangs des terroristes. C’est à la foi un symbole fort d’attachement à l’autre membre du couple.

Nul n’ose imaginer ce qui se serait passé si notre compatriote, bafouant les règles de la morale africaine et de la bienséance tout court, avait choisi de prendre la clé des champs sans son mari. En effet, de nos jours sur le continent, le mariage lie encore deux êtres "pour la vie et la mort", mais aussi et surtout deux familles, deux communautés. Dans ce cas, au-delà du couple et des deux familles concernés, il y a non seulement deux pays (l’Italie et le Burkina Faso), mais encore deux continents (l’Afrique et l’Europe). Il fallait donc lutter pour la libération des deux otages. Si Philomène s’en était allée seule, les terroristes auraient pu aller jusqu’à l’exécution de l’otage italien, son mari. A moins de le garder indéfiniment en captivité. Comme c’est toujours le cas pour l’otage espagnol.

En tout état de cause, la diplomatie burkinabè se sera fait bien discrète. Il est vrai que sa marge de manœuvre était réduite. N’empêche, une fois encore, la légendaire discrétion du Burkina aura porté ses fruits. Celui qui aura tiré avantage de cette libération d’otages italiens, nous semble être le chef de l’Etat malien. En homme sage, habile et pondéré, le président Amadou Toumani Touré dit ATT, aura fait des pieds et des mains pour obtenir une sortie honorable de ce guêpier. On se rappelle son dernier voyage à Ouagadougou. Il respirait la sérénité. Même si des doutes subsistent encore quant au paiement ou non de rançons en échange de la libération des otages, l’on semble aujourd’hui se satisfaire de la fin heureuse de cette mésaventure qui aurait pu déboucher sur un drame.

N’empêche, en matière de terrorisme, la prise de conscience est désormais chose acquise dans la région. Croire que « ça n’arrive qu’aux autres », semble relever du passé. A présent, la lutte doit se mener en amont. En coalisant les forces et en espérant la solidarité agissante des pays occidentaux. Pour éviter que d’autres couples du genre de celui de Philomène Kaboré et de son époux, ne tombent entre les mains de ravisseurs sans foi ni loi.

De plus en plus, la vaste région sahélo-saharienne se profile comme étant un terreau fertile pour les prises d’otages, les rébellions en tous genres, les trafics de drogue et le terrorisme en général. Les frontières étant poreuses entre Etats de ce grand ensemble, les terroristes opèrent impunément d’un endroit à un autre de ce grand désert qu’ils maîtrisent à la perfection. Véritable no man’s land, la bande sahélo-saharienne se révèle comme étant un nid douillet pour le terrorisme islamique. Des groupuscules se réclamant d’Al Qaida, menacent régulièrement la quiétude des populations, limitent le déplacement des touristes et compromettent les échanges commerciaux. A terme, cela handicape les efforts de développement de plusieurs localités de la partie septentrionale de la région ouest-africaine. Tant et si bien qu’il est désormais acquis qu’aucun pays ne pourra à lui seul venir à bout des insurgés.

"Le Pays"

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Vos commentaires

  • Le 19 avril 2010 à 08:51, par Saace’ En réponse à : LIBERATION DU COUPLE ITALO-BURKINABE : La victoire de l’amour et de la discrétion

    Honte a` tous ceux qui ont dit que ce couple etait a` la recherche du sensationel.J’avias bien dit a` l’epoque qu’on doit eviter de banaliser la vie des gens qui luttent pour leur survie.Honte egalement a` ceux qui ont cru que ce couple ne devrait pas traversr la zone en voiture comme si cela ne se fait de nos jours. Bon courage a` cette famille que le Seigneur les assiste.

  • Le 19 avril 2010 à 13:16 En réponse à : LIBERATION DU COUPLE ITALO-BURKINABE : La victoire de l’amour et de la discrétion

    Bravo Philo. Tu as demontre que tu es une vraie femme, une vraie epouse. Tu nous a honore. Que Dieu te benisse.

  • Le 19 avril 2010 à 20:14, par Armando En réponse à : LIBERATION DU COUPLE ITALO-BURKINABE : La victoire de l’amour et de la discrétion

    Femme intègre que Dieu te bénisse et bénisse votre couple.

  • Le 20 avril 2010 à 09:34, par foxtrot En réponse à : LIBERATION DU COUPLE ITALO-BURKINABE : attitude et fait,grâce et remerciement

    il y a des moments ds nos vies où l’attitude est plus importante que les faits qd il s’agit de juger autrui ...comme ceux qui se st octroyé le droit de juger la femme de ce couple mis à l’épreuve....Auj ns pouvons reconnaître la grâce de notre Dieu ds le dénouement heureux de cette fâcheuse épisode...et bravo à nos dirigeants pr leur démarche triangulaire concertée ...je suis fier de la diplomatie extérieure de SEM le Blaison du BFaso...bonne journée à ts et que il vs soit permis de conjuguer pr auj la pensée suivante :"peu suffit à chaque jour si chaque jour acquiert ce peu".merci à ceux qui auront pu dégager un peu de leur temps précieux pr me lire !

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