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POLEMIQUE AUTOUR DE LA MODIFICATION DE L’ARTICLE 37 DE LA CONSTITUTION : "Les turpitudes de la classe politique et de la société civile"

Publié le lundi 19 avril 2010 à 02h39min

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Dans l’écrit ci-dessous, Salifou Parkouda apporte son grain de sel au débat sur l’article 37 de la Constitution. Pour lui, le problème doit être soumis à l’arbitrage du peuple, par la voie du référendum.

Salifou Parkouda à travers cette analyse critique donne de la voix quant à la révision de la Loi fondamentale, notamment l’article 37. Tout en saluant le caractère démocratique du débat, il s’insurge toutefois contre la classe politique, dénonce les attitudes des intellectuels, des membres de la société civile qu’il qualifie de cupides et d’égoïstes. Il fait un diagnostic entre autres de la période post-coloniale, les 50 ans d’indépendance. Il propose un toilettage de toute la Constitution par voie référendaire avant l’élection présidentielle de novembre 2010.

Au "Pays des Hommes intègres", depuis un certain temps, les conversations des intellectuels ou même des semi-lettrés dans les maquis ou gargotes tournent autour de la modification ou non de l’article 37 de la Constitution du 2 juin 1991. Les principales préoccupations des populations, c’est-à-dire : le pain quotidien, les soins de santé primaires, le logement, l’éducation pour tous, un plan cohérent de carrière des fonctionnaires, etc., sont renvoyés aux calendes grecques. Voilà le spectacle que nous qualifions de masturbation intellectuelle auquel se livrent surtout des intellectuels, la classe politique, une catégorie de gens prétendument appelés société civile, etc. Notre devoir de citoyen de ce pays nous interpelle à participer activement à ce débat démocratique. A l’analyse de ce que nous entendons ou lisons à travers les medias, les points de vue sont divergents. Quoi de plus normal ! Toutefois, nous osons affirmer avec force que cette controverse obéit au gain du jour. Chacun veut préserver sa chapelle politique avec arguments à l’appui. Quant à nous, nous émettons un avis différent. Certes, la Constitution dit-on est la boussole d’un pays ; tout citoyen se doit de la respecter scrupuleusement. Que renferme notre Constitution ? A l’analyse, il nous semble que le mal était déjà à l’origine. Le ver était déjà dans le fruit. Et les Burkinabè l’ont consommé par un vote massif le 2 juin 1991. Pour en guérir, il faut maintenant une cure thérapeutique.

Nous ne devons pas faire la publicité de notre ignorance

Combien de Burkinabè ont-ils lu attentivement cette loi fondamentale ? Notre Constitution comporte à la vérité 173 articles. Un questionnement trotte dans notre tête. Quels sont ceux qui ont rédigé cette Constitution ? Dans quel contexte et avec quel esprit avait-elle été écrite ? Pourquoi les politiciens, la société civile (religieux, chefs coutumiers, syndicats etc.) ont-ils appelé à un vote massif ? A cette préoccupation majeure, il devrait y avoir manifestement des problèmes de légitimité quant au choix de ces membres. Le contexte s’y prêtait-il ? Nous étions dans un régime d’exception avec ses relents révolutionnaires. La majorité des membres de ce collège étaient choisis au goût du chef. Les partis politiques d’alors dissous avaient été taxés de réactionnaires indécrottables à la solde de l’impérialisme. A l’époque, ils n’étaient pas bien reconstitués, par conséquent ne pouvaient pas lever assez le ton. Seuls les groupuscules de formations politiques révolutionnaires agglutinées autour du chef de l’Etat étaient les plus en vue. En un mot, la majorité de ceux qui ont rédigé cette Constitution étaient des prétendues organisations de gauche ou leurs proches sous l’œil vigilant du chef de l’Etat. Rappelons aussi pour mémoire que depuis le coup d’Etat du 25 novembre 1980, notre pays a vécu sous le bruit des bottes.

Il a fallu ce fameux Sommet de la Baule en 1990 pour donner encore un certain espoir aux démocrates de culture. C’est dans ce contexte de somnolence et de bégaiement politique que fut votée la Constitution avec ses corollaires de problèmes. L’article 37 est celui-là qui a le plus souffert déjà. Il a été modifié deux (2) fois. La première est intervenue par la loi du 27 janvier 1997. Le principe de septennat a été maintenu, mais la limitation du nombre de mandats fut supprimée. La seconde modification interviendra trois (3) ans après soit le 11 avril 2000. Cette fois-ci à cause des turbulences politiques consécutives aux tragiques drames de Sapouy de Décembre 1998 et de la pression que le pouvoir a subie. C’est cette dernière mouture qui est en vigueur et a introduit le quinquennat. Elle a réintroduit la limitation du nombre de mandats. Pour rappel, l’article 37 du 21 juin 1991 disait : “le président du Faso est élu pour sept (7) ans au suffrage direct, égal et secret. Il est rééligible une fois.” L’article exigeait surtout du candidat d’être né de parents eux-mêmes Burkinabè de naissance. L’article 37 nouveau, en cours depuis le 11 avril 2000 dit ceci : "le président du Faso est élu pour cinq (5) ans au suffrage universel direct, égal et secret." Il est rééligible une fois. Comme ci-dessus mentionné, les avis divergent selon les gains du jour ou les intérêts égoïstes.

Si l’on devrait s’en tenir à la première mouture, ni les enfants de Blaise Compaoré, Roch Marc Christian Kaboré, Mélégué Maurice Traoré et bien d’autres ne pourront prétendre un jour à la magistrature suprême. Est-ce normal ? Il y a aussi manifestement anachronisme entre cet article et le préambule même de la Constitution qui dit en ses paragraphes : “recherchant l’intégration économique et politique avec les peuples d’Afrique en vue de la construction d’une unité fédérative de l’Afrique…” Comment prétendre aller à une unité fédérative, lorsque chez soi-même, une partie de ses propres concitoyens sont privés de certains droits, sont considérés comme des citoyens de secondes zones. A l’origine l’article 37 comportait aussi des germes de division. Nous invitons les Burkinabè honnêtes à faire preuve de lecture silencieuse, attentive et responsable de la Constitution du 2 juin 1991. Le contraire serait la preuve d’un manque de citoyenneté. Nous ne devons pas faire la publicité de notre ignorance.

Une lecture vraiment soutenue nous a permis de déceler que beaucoup d’articles ont été revus et actualisés. Toutefois, il y a encore beaucoup à faire. D’autres modifications s’imposent. Il en est de même pour l’article 34. Le texte initial du 2 juin 1991 disait : la devise est : "la Patrie ou la Mort", nous vaincrons.”Aujourd’hui, la devise du Burkina est : “ Unité – Progrès – Justice.” Cette modification a été faite par la loi du 27 juin 1997. Mais, nous constatons toujours que nos constitutionnalistes ou réformateurs ne sont pas allés au bout de leur logique.

L’hymne national de notre pays, demeure le Dytanye. Quand on l’analyse, dans son fond et dans sa forme, il y a une dichotomie. Le fond et la forme ne cadrent pas avec l’Etat de droit dont nous nous réclamons. Voyons les paragraphes II (Nourris à la source vie de la Révolution.) IV (Révolution populaire notre, sève nourricière) etc. Nous proposons qu’un autre texte soit mis à candidature à défaut de revenir sur l’ancien hymne qui contient aussi l’appellation Volta ou Haute-Volta pour les amoureux de la culture. A la vérité, notre Loi fondamentale a été certes rédigée par des intellectuels de haut niveau, des constitutionnalistes avisés mais qui, certainement, continuent de porter le deuil des périodes d’exception. Cependant, dans la mesure où cette Constitution a été votée et promulguée, nous sommes tous responsables. Un constat s’impose. A la vérité, les intellectuels africains sont en majorité cupides, égoïstes et malhonnêtes. Le Burkina Faso a plus de 50% d’analphabètes. Est-ce que les paysans du Gourma profond ou du Zondoma comprennent le concept Constitution du Burkina, les articles 1 à 173 ?

Fuite de responsabilité de la classe politique

Au Burkina, il y a au moins 136 formations politiques légalement reconnues. Mais combien de responsables politiques possèdent la Constitution comme un bréviaire ? Il y a trois (3) principales langues nationales : le mooré, le dioula, le fulfuldé. Combien de partis politiques ont traduit la Constitution dans ces langues nationales pour leurs militants ? On serait tenté de nous rétorquer que cela fait partie du rôle régalien de l’Etat. Mais si celui-ci ne le fait pas pour des raisons évidentes, il appartient surtout aux opposants de le faire pour mettre à nu les tares du pouvoir. Lorsqu’il s’agit de braver certaines intempéries pour recueillir le suffrage des paysans alors, tous comme des oiseaux migratoires sont prêts à se prostituer pour la circonstance. On les voit arpenter nuitamment des sentiers pleins de ronces, sans lumière parfois à la conquête d’un électorat désabusé.

A l’exception de quelques-uns, le langage est le même. Demander à ces propagandistes professionnels politiques d’expliquer la Constitution à leurs militants. Le bégaiement et la cacophonie commencent : une fuite de responsabilité de la classe politique. Ce qui nous paraît curieux et étrange, c’est la chaleur et l’ardeur avec lesquelles le débat politique est mené autour de l’article 37. Pourquoi attendre à la veille des échéances électorales pour poser des problèmes aussi épineux ? Au lieu de gesticuler à travers des conférences publiques ou des écrits fleuves, nos théoriciens devraient être plus pratiques. Comme de par le passé, on pourrait recueillir des pétitions, (au moins trente mille (30 000 signataires) et les déposer sur le bureau du président de l’Assemblée pour demander le vote d’une loi interdisant la modification de tel ou tel article. Voilà une voie légale de recours à explorer, même si un vote mécanique à l’Assemblée allait le contrarier. Au cas où le soupçon pèserait lourd sur les députés CDP, ils peuvent demander dans leur requête l’arbitrage direct du peuple souverain par voie référendaire.

Un devoir de mémoire politique

Depuis la proclamation de notre pays comme République le 11 décembre 1958 à ce jour, nous avons enregistré cinq (5) Constitutions : la première datait du 15 mars 1959, la deuxième le 27 novembre 1960 qui est aussi la Constitution de la première (1re) République indépendante. La Constitution de la deuxième (2e) République fut votée le 14 juin 1970. Celle de la troisième (3e) République a été votée le 27 novembre 1977. Enfin, la Constitution de la quatrième (4e) République, la dernière fut votée le 2 juin 1991. Pour un devoir de mémoire politique, avant l’indépendance politique, il y a eu des formations politiques constituées qui ont animé le paysage politique d’alors.

Les premières échéances électorales ont eu lieu le 10 novembre 1946 dont 3 élus comme députés sous la bannière de la Haute Côte d’Ivoire : Houphouët Boigny, Ouezzin Daniel Coulibaly et Zinda Philippe Kaboré. Notre pays, à l’époque Haute-Volta, morcelé entre la Haute Côte d’Ivoire, le Soudan français et le Niger, sous la pression de ses valeureux fils, le 4 septembre 1947 la loi 47-10707 le reconstituait dans ses limites de 1932. C’est ainsi qu’aux élections du 30 juin 1948, la Haute-Volta recréée a eu trois (3) députés : Henri Guissou, Mamadou Ouédraogo et Nazi Boni. Les troisièmes échéances électorales intervinrent en juin 1951 où furent élus comme députés ; Issoufou Joseph Conombo, Henri Guissou et Mamadou Ouedraogo. Quant aux élections du 2 janvier 1956, on nota qu’au moins sept (7) formations politiques prirent part au scrutin. Cette fois-ci, quatre personnalités seront élues députés appartenant à trois formations politiques différentes : Issoufou Joseph Conombo, Henri Guissou, Gérard Kango Ouédraogo du Parti Progressiste Voltaïque, devenu le 15 juillet 1956 le Mouvement Démocratique Voltaïque (MDV) et Nazi Boni du Mouvement pour l’Emancipation des Masses Africaines (MEMA)

On retiendra qu’avant l’accès à la souveraineté nationale, de dignes fils de ce pays, Voltaïques à l’époque au nombre de sept (7) ont siégé tour à tour au célèbre palais Bourgon en France comme députés. Ce sont : Ouezzin Coulibaly, Zinda Kaboré, Henri Guissou, Mamadou Ouédraogo, Nazi Boni, Issoufou Joseph Conombo et Gerard Kango Ouédraogo. Nous avons un devoir de reconnaissance pour ces pionniers héros. Ils méritent considération et respect même à titre posthume. Le seul survivant aujourd’hui qu’on appelle affectueusement le gentleman de Londres ou le Duc du Yatenga, Gérard Kango Ouédraogo, a marqué et continue de marquer l’opinion nationale à travers sa légendaire élégance, sa courtoisie taxée à tort ou à raison de charme politique, une voix solennelle et une mémoire d’éléphant. Il a été, dit-on, cinq (5) fois questeur de l’Afrique Occidentale Française (AOF), premier président du Parti du Regroupement Africain (PRA), Ministre des Finances dans le Gouvernement d’union nationale du 12 décembre 1958. Plus tard, il occupera les postes de Premier ministre, Président de l’Assemblée nationale. Il a été dans ce pays tout sauf Président de la République. Il demeure une figure emblématique, un témoin vivant de l’histoire politique du Burkina. Malgré le poids de l’âge, l’homme a toujours une mémoire vivace déconcertante. Au prix de mille sacrifices, après plusieurs concessions et de retournements de situations politiques, notre pays accéda à l’indépendance le 5 août 1960. Maurice Yaméogo un rusé hors pair, un tribun fut le Premier Président.

50 ans d’indépendance, un bilan mi-figue, mi-raisin

Quoi qu’on dise, notre pays compte en matière d’expériences démocratiques en Afrique malgré les soubresauts qu’il a subis. Ces dérapages ont été orchestrés par sept (7) coups d’Etat militaires parfois pacifiques mais aussi très sanglants. A l’origine de ces graves entraves portées contre la démocratie, il faut noter la part de responsabilité des politiciens civils en mal d’accéder au pouvoir par voie démocratique. Certains avaient utilisé la ruse en s’agitant dans les rues ou à travers des syndicats, la société civile, en incitant les militaires à prendre le pouvoir. Les exemples sont légion. Nous y reviendrons dans un dossier spécial. Malheureusement, ces genres de conflits contre la démocratie ont été toujours payés en monnaie de singe. Les militaires, partie intégrante de la société ont assimilé la psychologie et la morale politique des politiciens. A l’heure du bilan, des politiciens et des anarcho-syndicalistes en ont appris à leurs dépens. Depuis le début des régimes d’exception (3 janvier 1966 ; 8 février 1974 ; 25 novembre 1980 ; 7 novembre 1982 ; 17 mai 1983 ; 4 août 1983 ; 15 octobre 1987) et les expériences démocratiques, à l’exception de la période 1960 – 3 janvier 1966, le pouvoir n’a plus jamais échappé aux militaires.

Après Maurice Yaméogo, tous les présidents qui se sont succédé sont des militaires : Général Sangoulé Lamizana, Colonel Seye Zerbo, Commandant Jean Baptiste Ouédraogo, Capitaine Thomas Sankara et Capitaine Blaise Compaoré. Le dernier cité au pouvoir depuis le 15 octobre 1987 réalise lui seul près de 23 ans de pouvoir dont bientôt 19 ans d’expérience démocratique. Quant au débat en cours, oui ou non faut-il modifier l’article 37 de la constitution ? Au regard de l’argumentaire ci-dessus développé sur lequel nous reviendrons, cette question, pour nous, n’est pas une gageure. Une question de fond s’impose à nous : après 23 ans de pouvoir, Blaise Compaoré a-t-il encore les ressources nécessaires ou les capacités pour continuer de porter le destin de ce peuple ? Avant de revenir sur sa gestion avec beaucoup plus de circonspection, nous tenons à faire observer quelques mises au point. Comme dit l’adage, avant d’ôter la poutre qui est dans l’œil d’autrui, il faut d’abord ôter celle qui est dans son œil. Rome ne s’est pas construit en un seul jour. Toutefois, après 50 ans d’indépendance, le bilan est mi-figue, mi-raisin. Nous devrons mettre aussi à nu nos propres fautes et nos insuffisances. Il n’est pas indiqué pour nous de vouloir faire des comparaisons souvent saugrenues. Comparaison n’est pas raison.

La France n’est pas un exemple parfait de démocratie

Assumons notre propre destin. La grande France dont on parle tant., puissance mondiale, elle fait partie des cinq (5) membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations unies. Elle est un pays moderne, sa population est estimée à 65.447.374 habitants au 1er Janvier 2010, avec 97 habitants / km2 . Toutefois, son comportement nous donne des frissons. Elle qui est toujours prompte à demander des sanctions contre des chefs d’Etats africains, a-t-elle payé les crimes qu’elle a commis contre l’Afrique ? Au nombre de ceux-ci on peut citer pêle- mêle la traite des Noirs. Nos grands parents ont été enrôlés et déportés de force et ont combattu aux cotés des Français lors des deux grandes guerres mondiales de 1914 – 1918 et 1939 – 1945 ; les guerres d’Indochine et autres. Le grand Général de Gaulle, nationaliste français qu’on a fait passer abusivement comme le messie des peuples d’Afrique francophone.

C’est à la conférence de Brazzaville en février 1944, tout en promettant la décolonisation et l’émancipation aux Africains, que De Gaulle interdisait en même temps l’utilisation des langues locales comme langues d’enseignement. Quel scandale ! La langue est le véhicule du progrès. Le français fut ainsi donc substitué à nos langues. La France nous a aliénés culturellement. Aujourd’hui, la langue française a régressé. Elle est la 9e langue mondiale. Malheureusement, ce sont encore des Africains qui promeuvent cette langue. Le Secrétaire général de la Francophonie n’est-il pas un Africain noir aux cheveux crépus et aux lèvres lippues ? Nous devrons réclamer à la France à travers notre Président Blaise Compaoré la restitution de notre système capacitaire. La France a aussi été à la base de plusieurs coups d’Etat militaires en Afrique : l’opération Barakouda en 1979 en Centrafrique, ses ingérences honteuses et multiples au Tchad, au Togo etc. C’est vrai, la France est crédibilitée comme un pays de démocratie avancée. Mais, à la vérité, la France n’est pas un exemple parfait de démocratie. C’est malheureusement à partir de 1944 seulement que les femmes en France ont été autorisées à voter pour la première fois. Madame Nafissa Sed Cara d’origine algérienne fut la première femme française à être nommée ministre par le Premier Ministre Michel Debré en janvier 1959. Toutefois, Madame Ouezzin Coulibaly Macoucou Traoré fut nommée ministre le 12 décembre 1958 dans le Gouvernement d’Union nationale de la République voltaïque. Toujours en matière de démocratie, au niveau de notre Assemblée nationale, les femmes représentent 15,31%.

Au niveau européen, la France est 21e/25 avec un taux de 13,9%, très loin derrière la Suède, la Finlande et le Danemark (1er, 2e et 3e), selon le communiqué de la rapporteuse de l’Observatoire de la parité du 25 mai 2007. La démocratie se construit et se consolide avec l’épreuve du temps. Contrairement à une certaine opinion dominante, la démocratie en France a mis du temps pour se construire, mais il y a encore des insuffisances, confer ces grandes dates ci-dessous : 1944 : ordonnance du Conseil National de la Résistance du 21 avril signée du Général de Gaulle et donnant aux femmes le droit de vote et d’être élues. 1946 : le principe d’égalité des droits entre hommes et femmes est posé pour la première fois dans le préambule de la Constitution. 1999 : Révision des articles 3 et 4 de la Constitution portant égal accès des hommes et des femmes aux mandats électoraux et aux fonctions électives. 2000 : loi sur la parité. Rappelons que la Ve Constitution en vigueur en France date du 4 octobre 1958. Le président français est élu pour un septennat et rééligible une fois. En 2000, le quinquennat fut introduit par la modification, mais le président est rééligible une fois.

Le monde évolue ; les peuples sont dans une dynamique de mouvement. Qui peut jurer qu’un jour, les Français ne sauteront pas le verrou de la limitation des mandats en fonction des aléas ? Le Burkina a aussi sa spécificité ; il appartient aux Burkinabè de prendre la pleine mesure de leurs responsabilités, de leur destin sans contrainte ni achat des consciences. Les modifications d’une Constitution ou de ses articles ne sont pas l’apanage du Burkina. Ce qui nous paraît mauvais, c’est de suspendre systématiquement une Constitution et la reformuler à la taille des hommes forts du moment pour en exclure d’autres. D’ailleurs, y-a-t-il une différence entre cette pratique et un coup d’Etat militaire ? Le développement du Burkina se fait par des Burkinabè et non des Français, des Américains encore moins par un pays africain voisin. Cessons de vouloir prendre comme modèle ce qui se passe ailleurs. Ne dit-on pas : tout nouveau, tout beau. Chaque peuple a sa particularité.

Tout le monde a le droit de s’exprimer mais a le devoir d’être aussi responsable

Au Burkina, on parle parfois trop, souvent des choses qu’on ignore. Il y a souvent des faits et gestes qui frisent le manque de vision d’un plan conséquent de développement. Il n’y a pas un seul pays dans ce monde qui soit condamné par Dieu ou par la nature à être perpétuellement pauvre ou misérable. Le développement se passe d’abord dans le cerveau humain. Ne sommes-nous pas responsables de nos propres échecs ou de notre retard économique ? Un constat. Au Burkina, on arbore souvent les chiffres pour se faire valoir, malheureusement le plus souvent, le fond est vide.

A titre d’exemples : en 1960, le taux de scolarisation pour les enfants de 7 à 14 ans était de 6,5% contre 11% en 1970. Il passa à 15,8% en 1980 et à 30% en 1990 contre 41,3% en 2000. Ce dernier taux doit osciller vers 70% en 2011 selon les prévisions des grands maîtres, bailleurs de fonds. Il y a eu certes des progrès notables et des efforts consentis surtout lors des trois dernières décennies. C’est aussi pendant cette période qu’il y a eu beaucoup de réformes parfois tapageuses et sans résultats vraiment probants. Pour rappel, la loi d’orientation du 9 mai 1996 en son article 17 dit « l’obligation scolaire couvre la période de 6 à 16 ans, aucun enfant ne peut être exclu du système éducatif avant 16 ans ; dès lors que les infrastructures, les équipements, les ressources humaines et la réglementation en vigueur le permettent. L’application d’une telle loi fut placée sous la tutelle de trois (3) ministères : l’Action sociale et de la Famille pour le Préscolaire, celui de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation et celui des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique (MESSRS).

Cette loi, très belle dans sa conception mais utopique et démagogique dans sa phase de réalisation devrait faire plaisir aux bailleurs de fonds. A son actif, des projets juteux virent le jour : le démarrage effectif du Plan décennal de développement de l’éducation de Base (PDDEB) en 2002. Toutefois, les conséquences sont nombreuses : les effectifs déjà pléthoriques s’accroissent dans beaucoup d’écoles.

Aucun élève cancre soit-il ne doit redoubler, des enseignants initialement submergés et démotivés dispensent des enseignements à rabais, eux-mêmes quelquefois sans niveau. Mais, l’objectif de cette réforme étant d’afficher coûte que coûte un certain taux en l’espace d’une période donnée. La qualité de l’enseignement par voie de conséquence laisse à désirer. L’essentiel est de signer un bon contrat et obéir à la lettre selon le bon vouloir de ces grandes institutions internationales, qui attendent en fait d’applaudir notre aliénation culturelle en nous distribuant tous azimuts des satisfécits de meilleurs élèves de la Banque Mondiale, du FMI et autres. Les conséquences d’un tel cynisme se répandent sur toute la chaîne. Au niveau universitaire, bien que l’Université de Ouaga soit classée 2e Université d’Afrique francophone au sud du Sahara (année académique 2006-2007), pour nous, il reste cependant à convoquer de vrais états généraux de l’éducation pour l’assainir. Ce ne sont pas les compétences qui manquent. Il faut arriver à extraire l’ivraie du bon grain. Il faut mettre les hommes à la place qu’il faut. Tout le monde a le droit de s’exprimer mais a le devoir d’être aussi responsable. Observons un peu nos éminents enseignants d’Université.

C’est encore malheureusement dans ce temple de savoir qu’on trouve des attitudes cruelles. L’école de droit, berceau de la contestation universitaire, là-bas, on retrouve des professeurs très fainéants en termes de rendement, volumes horaires régulièrement effectués. En année de DEA, des étudiants ont mis plus de trois ans pour achever un programme qui ne devrait pas excéder 15 mois. Motif : les professeurs sont portés absents. Nos illustres juristes ont pris goût pour des colloques par-ci et par-là ou sont occupés dans des consultations privées qui paient à coûts d’argent. La morale, comme dirait l’autre, agonise chez nos donneurs de leçons. Faisons un tour dans les hôpitaux, là-bas aussi, la situation n’est guère reluisante. On a comme le sentiment qu’il y a plus de médecins visqueux que de médecins qui développent l’altruisme. Beaucoup ont l’air plus commerçants que médecins. Il nous revient qu’ils passent plus de temps dans des cliniques privées. Cette assertion n’est pas une vue de l’esprit, elle peut être étayée d’exemples précis. Une certaine étude révèle cependant que les médecins militaires semblent être les plus consciencieux, observent le serment d’Hippocrate, le père spirituel de la médecine. Notre ambition n’est pas de blâmer les uns et les autres mais de dire là où ça ne va pas, aider à corriger s’il le faut. Notre rôle, c’est d’attirer l’attention plus sur les insuffisances des gouvernants.

Des occasions nous seront données pour aborder tous les secteurs. Ceux cités ne sont pas les plus mauvais, loin s’en faut. Nous voudrions inciter à une conscience citoyenne. Quant à nos hommes du 4e pouvoir, les journalistes, certains se considèrent comme des intouchables depuis la disparition tragique du célèbre journaliste Norbert Zongo. A propos de ce corps de métier, nous observons trois catégories de journalistes dont deux plumes majeures au Burkina. Un camp qui nous semble avoir choisi délibérément d’être le clairon du pouvoir (sous pression disent certains) au motif fallacieux de défendre les institutions de la République (allusion faite aux journaux bleus de Côte d’Ivoire). Le second opte d’être le porte- drapeau de l’opposition avec un slogan au goût fade : le défenseur de la veuve et de l’orphelin, l’avocat des sans- voix. Ces deux catégories de journalisme, à la vérité, se pratiquent sur un fonds de commerce alléchant. Quant aux derniers cités, ils tirent à boulets rouges sur toutes les actions des gouvernants. Leurs canards sont souvent prisés pas à cause des faits journalistiques mais à cause des écrits incendiaires, sensationnels, incitant parfois à une révolte populaire. Le Burkina est un pays de savane, tout se sait. Ces journalistes alimentaires doivent désormais savoir que les hommes politiques (pouvoir comme opposition) sont comme des enfants dès lors qu’ils vous alimentent nuitamment, dès le lever ou avant même le lever du soleil, "l’info" est déjà répandue. Vous devenez prisonniers d’un système. Vous ne pouvez plus prétendre incarner ce noble métier qui, à la vérité, est un sacerdoce.

Au-dessus de ces deux catégories de journalistes, se trouve fort heureusement une troisième catégorie de journalistes, sourds à la corruption, qui pratiquent l’éthique et la déontologie malgré le poids des pesanteurs socio- professionnelles. Ils sont malheureusement les moins nombreux, ils ont rarement droit au chapitre. Ils sont certes matériellement peu nantis ; mais professionnellement équilibrés et forcent respect et admiration du grand public. On observe dans nos pays, le manque de courage et de sincérité des usagers. Au Burkina depuis un certain temps, une peur bleue pèse sur le sommet vis-à-vis des journalistes. Aucun responsable ne veut se faire épingler par la presse. Ceux-là pour des raisons légitimes qui ont tenté d’ester contre des journalistes finissent par retirer leurs plaintes. On assiste parfois à des manquements graves à l’éthique et à la déontologie : la diffamation, des affirmations gratuites sans fondement etc. Le grand public est parfois désabusé. On entend souvent des propros du genre : la presse a dit…, c’est écrit dans les journaux, etc. C’est dire que le journaliste est perçu comme un savant, il sait tout. Ce qu’il véhicule comme informations est perçu comme parole d’évangile. Alors, le citoyen lambda a droit à l’information juste.

Seul un lectorat responsable peut sanctionner la presse en devenant de plus en plus exigeant pour la qualité de l’information. C’est vrai qu’il faut encourager les associations ou syndicats qui luttent pour que la presse soit dépénalisée, mais il y a aussi une loi qui régit la presse. Dans tous les corps de métier, il y a des règles à observer sinon vous tombez sous le coup de la loi. Le journalisme, devrons-nous le rappeler, est un sacerdoce, un métier noble mais à risque. Pour l’exercer, il faut être doté d’une certaine probité morale. Son rôle est d’informer sainement. Pour bien le faire, il faut être soi-même bien outillé, instruit et cultivé. Le journaliste a aussi un rôle d’éveilleur de conscience. Il doit sensibiliser et aussi éduquer. Son rôle n’est pas de jeter l’huile sur le feu. Tout journaliste doit observer la sacralité des faits. Comme ci-dessus décrit, au Burkina, chacun doit jouer sa partition pour bâtir un Burkina, nouveau. La responsabilité des gouvernants est encore plus grande. Tout citoyen a le devoir de comprendre et de s’interroger sur la politique du président Blaise Compaoré, sa gestion. Aujourd’hui, nous devons poser les problèmes sans faux-fuyant. L’enfant de Guiloungou mérite-t-il encore la confiance des Burkinabè après 23 ans de pouvoir ? Quels sont ses acquis et ses insuffisances ?

Blaise compaoré, un stratège militaire doublé d’une culture moaga

Hier, capitaine président, aujourd’hui drapé d’un manteau de président civil démocratiquement élu 3 fois, Blaise Compaoré semble encore en pleine forme. Après maître Sankara et autres déclarés candidats à l’élection présidentielle de 2010, l’homme, à en croire son état major, ambitionne recueillir le suffrage des Burkinabè pour un 4e mandat. Quelles sont les actions positives de cet homme frêle au regard perspicace et inquiétant au début de son pouvoir le 15 octobre 1987 ? Sans fausse modestie, et sans être passionné de lui ; Blaise Compaoré s’est révélé comme un homme d’Etat avec l’exercice du pouvoir. Son calme et sa façon froide à appréhender les graves crises ont marqué beaucoup de Burkinabè. Le Burkinabè pour l’instant retient de lui, qu’il demeure le seul chef d’Etat parmi les 6 présidents qui se sont succédé, comme celui-là qui a fait 19 ans d’expérience démocratique. Un record jamais égalé. Par conséquent, il a imprimé une certaine stabilité politique. A cela, il faut ajouter l’historique Journée nationale du pardon qu’il a initiée et institutionnalisée.

Certes, il y a des insuffisances à cet effet qu’il faut corriger. Le pardon n’a pas été total. Il y a encore des victimes qui en ont encore gros sur le cœur. Quant à ces victimes précises, il faut les aborder à l’africaine et non par de faux intermédiaires qui en ont fait un fonds de commerce. Parmi ces victimes, on peut citer, entre autres, les familles Nézien Badembié, Sankara, etc. Sur le plan diplomatique, Blaise a aussi pris du galon. Perçu au départ par une certaine classe politique comme un faiseur de troubles, il est devenu comme par bonheur un facilitateur chevronné. Courant 2002, nous titrions un article "Gouvernement d’ouverture, un mal nécessaire pour Blaise Compaoré" dans cet article, nous l’avions traité de militaire stratège doublé d’une culture Moaga. Cette assertion demeure d’actualité au niveau des faits. En effet, sur le plan militaire, l’homme semble être unanimement reconnu pour d’excellentes capacités en matière de stratégie. Moaga de naissance et de culture, il a assimilé les pratiques de son terroir quant à l’organisation et la conservation du pouvoir. Bien qu’il ne soit pas de la famille royale, il sait beaucoup sur la chefferie traditionnelle. Un principe qui semble lui coller, un chef moaga, dit-on, ne rend pas le pouvoir.

La liste des acquis n’est pas exhaustive. On peut ajouter la réhabilitation administrative et financière des fonctionnaires politiquement sanctionnés ou abusivement licenciés depuis la date de notre indépendance en 1960. A ce niveau, il faut regretter les failles qu’il y a eu au niveau de ce vaste département de la Fonction publique. Des problèmes de carrière demeurent au niveau de ce département malgré les efforts consentis par la sortie récente d’un fameux document dit ‘’ Livre blanc ‘’de la Fonction publique. Nous pourrions y revenir.

Un bilan aussi mitigé

Blaise Compaoré est un homme avec certes des qualités mais aussi avec des défauts. Son régime, notamment la période d’exception, le sang a coulé. Bénéficie-t-il des circonstances atténuantes ? Difficile d’y répondre. Il semble toutefois, qu’il n’y a pas de régime qui n’ait pas de placards de cadavres, surtout lorsque des militaires se mêlent de la politique par les armes. Le premier à tirer l’emporte sur les autres. A l’exception peut-être du régime des colonels (CMRPN) qui avait aussi été maladroitement baptisé par le clergé de « coup d’Etat béni » A ce niveau, il faut encore regretter les déclarations malencontreuses par moments des responsables de l’Eglise catholique au Burkina. A l’avènement du Comité Militaire de Redressement pour le Progrès National (CMRPN), un titre proche d’eux à l’époque « Afrique Nouvelle » avait tenu des propos diffamatoires sur une prétendue découverte d’une momie au domicile d’un homme politique en vue du régime déchu. Cette année encore, la dernière déclaration épiscopale de Fada nous semble tendancieuse.

Nous estimons que les responsables d’Eglise doivent avoir des propos mesurés. Evitons au Burkina le syndrome ivoirien où des responsables de l’Eglise catholique sont gravement mis en cause dans l’assassinat du président Robert Gué. Les propos du clergé catholique ne sauraient être pris comme Parole d’Evangile. La politique interne de Blaise Compaoré nous semble très mitigée comme bilan. Plus d’une fois, son pouvoir fut durement éprouvé. Il a, à travers des subterfuges, brisé l’opposition. Maître Hermann Yaméogo que nous avions traité de girouette politique et bien d’autres en ont appris à leurs dépens. Quoi de plus normal pour un chef qui tient à son pouvoir. Cependant, cette pratique constitue un danger pour la démocratie. On tente par tous les moyens de casser l’opposition lorsqu’elle tente de se reconstituer. La dernière, entre autres, l’OBU du professeur Bado a volé aussi en éclats à cause de ces méthodes dilatoires et machiavéliques. Le pouvoir de Blaise s’est souvent débarrassé des « pompiers d’hier » taxés de traitres par l’opposition. La leçon infligée à cette catégorie de politiciens par moments trop zélés est la suivante : « vous étiez mes adversaires hier, j’ai réussi à vous intégrer

dans la grande famille, vous avez bu et mangé à satiété et maintenant vous voulez compter le nombre de mes vaux. En ce moment, je vous fous dehors ». En politique, dit-on, tous les coups sont permis. Mais, sachons rester élégants. Selon les rapports de certaines associations de la société civile, il y a beaucoup d’impunité, surtout les crimes économiques. Toutefois, il faut aussi se méfier des rumeurs tant que les faits ne sont pas avérés avec des preuves établies. On a le sentiment que la période des Tribunaux populaires de la Révolution (TPR) a été un passage à vide. La plupart de ces principaux animateurs se sont métamorphosés en délinquants au col blanc. Un rapide passage à Ouaga 2000 vous amène à constater qu’il y a des fonctionnaires qui narguent allègrement les autres. On a fait créer, sommes-nous tentés de croire, des instances de bonne gouvernance pour se faire valoir, pour avoir bonne

conscience avec les institutions internationales qui ont des fondements diaboliques pour nos Etats africains. Le Président Compaoré doit mettre à ses côtés, des fous du roi, c’est-à-dire des gens capables de lui dire la vérité. Cette politique consistera à mettre l’homme à la place qu’il faut. Il faut qu’il accepte la séparation nette des pouvoirs. Ceux qui sont incapables de réfléchir, il faut les mettre dans un enclos bien précis et les doter d’une tasse de café chaud pour les ranimer. Nous estimons qu’il y a trop d’énergies, de compétences latentes. Des erreurs politiques il y en a eu. Le CDP, ce n’est un secret de polichinelle, est le parti du président Compaoré. C’est lui qui décide du choix de son président et des membres influents. Ce parti apparemment semble être très bien structuré et solidement implanté dans toutes les 45 provinces. Il rassemble aussi large à cause des moyens immenses mis à sa disposition. Mais à l’analyse, ce parti fonctionne comme une entreprise coloniale de fabrique de bonbons. C’est aussi un parti qui regroupe le plus grand nombre d’intellectuels de très haut niveau. Malheureusement, c’est au sein de ce parti qu’on retrouve le plus grand nombre d’intellectuels aplat-ventristes, incapables d’exprimer leurs points de vue. Interrogés entre 4 murs, certains n’hésitent pas à vous dire qu’ils sont venus à la soupe, ils ne veulent pas de problèmes. Ces genres de cadres, il faut bien les parquer au soleil à l’intérieur du stade du 4 août afin de les désintoxiquer.

A l’hémicycle, il faut que les députés surtout CDP sortent de leur torpeur pour éviter le vote de certaines lois de façon mécanique. Il nous semble que des efforts se dessinent. Toutefois, les débats en plénière jadis diffusés en direct, l’opposition déjà minoritaire n’arrive véritablement pas à changer le caractère monotone dû au principe de répartition de temps de parole. Ironie du sort cependant, ce que les députés CDP ne peuvent exprimer, certains le font dire par ceux de l’opposition. Un autre fait insolite en matière politique fut le partenariat entre le CDP et le Front Populaire Ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo. Ce fameux partenariat a été célébré avec le bon vouloir de Blaise Compaoré, géniteur du CDP. Ce genre de mariage en plein soleil avec des fleurs asséchées s’apparente fort à une escroquerie politique. Les militants CDP ne s’y retrouvent pas. On est facilitateur dans une crise ; comment peut-on être juge et partie ? Nous avons en mémoire le retour triomphal de Blaise Compaoré de Linas Marcoussis.

Il faut certes travailler à apaiser les cœurs et les esprits. Mais en revanche, il faut éviter de créer une situation qui peut être l’objet d’une autre source de conflit en voulant apparemment faire plaisir à un collègue président. Blaise Compaoré, par moments, doit savoir sonder les populations ou ses militants avant la prise de graves décisions. Dans un Etat de droit civilisé, il faut aussi éviter les comportements marxistes-léninistes qui consistent à penser que ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous. Courant 2002 – 2007, le PAREN du professeur Bado a fait 9 propositions de loi à l’Assemblée. Ces lois contiennent des idées lumineuses porteuses d’espoir pour le Burkina. Contre toute attente, le CDP et ses partis satellites ont ajourné ou rejeté ces 9 propositions de loi. On a le sentiment qu’au sein du CDP, les gens sont comme atteints d’une incapacité congénitale à dire "non" quand il le faut. Dans la vie, il faut savoir rester soi-même. Que ferons-nous de notre légendaire réputation "Pays des Hommes intègres" ?

Une relecture, un toilettage de la Constitution par voie référendaire

En définitive, quant au débat en cours relatif à l’article 37, nous proposons l’arbitrage du peuple. Il nous semble qu’il y a trop de bruits pour rien. Il y a cependant des non – dits. La préoccupation majeure de la classe politique notamment l’opposition est la suivante : Blaise Compaoré sera-t-il candidat à la candidature en 2015 ? Ce qui nous paraît paradoxal et inquiétant, les opposants et autres agitateurs ou crieurs publics dans leurs agissements déroulent déjà le tapis rouge pour Blaise Compaoré pour l’élection de Novembre 2010. Pourquoi se déclarer candidat dans une compétition dont vous connaissez l’issue à l’avance. Est-ce pour se faire valoir ou tout simplement enrichir son CV ? ça aussi, c’est de l’escroquerie politique. Nous estimons qu’il faut crever l’abcès. Il faut courageusement soumettre cette préoccupation de modification de la Constitution par voie référendaire avant la prochaine élection présidentielle. Mais avant, il faut convoquer les états généraux pour une relecture, un toilettage de toute la Constitution.

Des zones d’ombre existent, des questions majeures demeurent pendantes. Faut-il limiter ou non le nombre de mandats ? Quel type de régime pour notre pays en construction et en développement ? Un régime parlementaire fort ou un régime présidentiel comme la forme actuelle ou à visage plus luisant ? Un autre problème à régler : on ne saurait parler d’amnistie pour un ancien chef d’Etat tant qu’aucune loi ou une disposition de la Constitution ne le permette. Aussi, pensons-nous qu’en l’état actuel, la modification de n’importe quel article ne constitue une violation de la Constitution. Il faut plutôt œuvrer à faire une relecture, un véritable toilettage et mettre désormais des garde- fous où personne fût-il un président de la République ne soit en mesure de tordre le coup à la Constitution. Cessons nos lamentations en versant des larmes de crocodile pour ameuter l’opinion internationale pour la résolution de nos propres turpitudes.

Salifou PARKOUDA ytoe7@yahoo.fr Tel : +226 702-611-49 et +233 543-592-049

Le Pays

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