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BURKINA : Où est passé le dialogue social ?

Publié le lundi 19 avril 2010 à 02h40min

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Il y a à peine quelques mois, le gouvernement et les syndicats se parlaient, discutaient, même si rien de concret ne sortait de leurs échanges. Mais au moins, ils n’avaient pas déserté l’arbre à palabres, comme c’est le cas aujourd’hui. Ironie du sort, les choses se sont "gâtées" presqu’au même moment que la démission de l’ex-ministre du Travail, qui avait réussi à instaurer un nouveau climat de travail entre ceux qu’on appelle les "partenaires sociaux".

Les marches succèdent aux marches, les grèves s’enchaînent les unes les autres. Le dialogue social a-t-il foutu le camp ? Les deux parties se regardent en chiens de faïence, au bord de l’affrontement. La Taxe de développement communal est l’expression de cette rupture de confiance entre gouvernement et syndicats. Cette taxe vient pourrir davantage le climat et miner tout espoir de dialogue. Car à côté, des syndicats autonomes mènent des actions spécifiques, comme c’est le cas du SYNTAS (Action sociale) ou du SYNTER (Enseignements). La TDC est actuellement la mère des batailles pour les syndicats, mais d’autres revendications restent en l’état. Jusqu’à quand va durer ce bras de fer ? Le nouveau ministre du Travail est donc attendu au tournant.

On ne l’a pas encore vu officiellement prendre langue avec les syndicats. A-t-il une approche contraire à celle de son prédécesseur qui avait des rapports quasi-fusionnels avec le milieu syndical ? Il devrait en tout cas faire preuve d’habileté pour renouer les fils du dialogue avec des partenaires désabusés. Pour réussir sa mission, il devra cependant se départir de ce discours en vogue au sein de certains caciques du régime, tendant à minimiser le mouvement syndical. Car, il n’est pas rare d’entendre dire soit qu’une grève a échoué, soit que les salariés représentés par les syndicats ne sont pas les seuls à avoir des problèmes au Burkina.

Cela rappelle l’ironie que Nicolas Sarkozy a faite en France en 2008 et qu’il a sans doute payée cher : "Désormais, quand il y a une grève en France, personne ne s’en aperçoit". Comme Sarkozy, il ne faut pas établir de lien entre la grogne sociale et la mobilisation des syndicats. On peut être mécontent de sa situation sociale sans pour autant participer à une manifestation syndicale. Qui dit partenariat dit respect mutuel. Or, tel est loin d’être le cas dans la crise sociale que vit le Burkina.

Certes, les syndicats eux-mêmes ne sont pas exempts de reproches. Dans la nature de leurs revendications, dans leurs stratégies de lutte, dans leur cheminement passé, des erreurs ont pu être commises. Ils ont donc eux aussi une part de responsabilité dans le blocage actuel de la situation. C’est dire que chaque acteur du dialogue social doit savoir sacrifier un peu de son ego, si l’on veut parvenir à un front social apaisé

"Le Fou"

Le Pays

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