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Obsèques Martial Ouédraogo : Adieux à un grand monsieur

Publié le vendredi 16 avril 2010 à 02h43min

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Fondateur et mécène du journal L’Observateur Paalga, Martial Ouédraogo est aussi le créateur d’une demi-douzaine de sociétés industrielles au Burkina Faso. Rappelé à Dieu le 10 avril 2010 à Ouagadougou dans sa 77e année, ce pionnier du secteur privé industriel national a été inhumé à son domicile ouagalais le 15 avril 2010 après une messe de requiem à la paroisse St-Camille. Moments d’adieux et d’hommages à un grand monsieur.

Parce que nous sommes des pèlerins sur cette terre, nous convenons avec Alexandre Dumas que « la mort est certaine, seul le moment nous est inconnu ». Et Martial Ouédraogo, bien que le sachant diminué par le poids de l’âge et la maladie, on était loin d’imaginer qu’il quitterait si tôt ce monde. Aussi son décès, le 10 avril dernier, a-t-il été reçu comme un coup de massue par sa famille, ses proches et le personnel des nombreuses sociétés qu’il avait fondées.

Une messe précédé, la veille, d’une veillée de prière ont marqué les célébrations religieuses des obsèques de ce grand homme devant la dépouille de qui se sont recueillis plusieurs personnalités du monde des affaires, de la politique et du travail. La messe de requiem a été célébrée à la paroisse St-Camille le 15 avril par l’abbé Blaise Nonkouni, curé de la paroisse de Pissy.

L’évangile tiré de St-Luc a traité des disciples d’Emmaüs auxquels le Christ s’est révélé après sa résurrection. Dans son homélie, l’abbé a déclaré que la mort est un passage pour rejoindre Dieu. Fort en allégories, le célébrant a présenté la mort comme un voyage, un bateau qui s’en va. « Le bateau quitte notre rive et on est triste. Mais ceux de l’autre rive sont contents, car ils voient le bateau arriver. Notre rive à nous qui pleurons, c’est la terre.

L’autre rive, c’est le ciel ». L’abbé Blaise a donc soutenu que sur les deux rives, il n’y a pas des morts mais des vivants. Cette messe était programmée pour Martial. Mais finalement elle a servi aussi à Marie Delphine, une défunte de la paroisse. Chose somme toute normale à entendre le célébrant qui a avoué que dans un voyage, on ne choisit pas ses copassagers.

Avant de porter le corps en terre, trois oraisons funèbres ont été prononcées. La première par El Hadj Baba Sidiki Kontogomdé, représentant le Conseil national du patronat burkinabè (CNPB). Il a rendu un vibrant hommage au défunt qui « a marqué de son empreinte le secteur privé burkinabè et s’est illustré comme l’un des pionniers burkinabè dans l’industrie, source de création de richesses et d’emplois dans notre pays ».

Dans les éloges funèbres du Groupement professionnel des industriels (GPI), Mamadi Sanoh a salué un homme au « parcours scolaire et universitaire exceptionnel qui a bravé toutes sortes d’obstacles pour faire de l’industrie un maillon fort de l’économie nationale à travers la création de nombreuses unités industrielles ».

Il a confessé que Martial a quitté ce monde au moment où le GPI cherche une impulsion nouvelle et avait besoin de son expérience et de ses sages conseils. « Monsieur le président, tu n’es plus physiquement parmi nous, mais tes œuvres continueront de nous enseigner ce qu’il faut faire pour donner au secteur industriel burkinabè toute sa plénitude ».

Prononçant son allocution au nom des collaborateurs de Martial Ouédraogo, Ouanza Jean Baptiste Ouattara a déclaré : « J’exprime ici la reconnaissance de tous ceux qui ont pu obtenir du travail à vos côtés et gagner dignement leur vie ». Il a rendu hommage à un patron qui, malgré les difficultés, a soutenu tous ses employés, ne laissant personne au bord du chemin. « Au grand humaniste que vous n’avez jamais cessé d’être, nous disons merci, ou merci et bravo, patron ». Dans une interview, Edouard Ouédraogo, le directeur de publication de L’Observateur Paalga a salué la mémoire de son frère qui « nous a tous poussé dans la vie. Je dirige aujourd’hui un journal qui lui doit tout car il l’a porté à bout de bras lorsque la publicité ne permettait pas de faire vivre le journal ».

Efficace et discret, Martial Ouédraogo était un grand entrepreneur qui a très tôt compris la place et le rôle du secteur privé dans le développement de son pays. Considéré comme l’un des pionniers de l’industrie nationale, Martial avait fondé plusieurs sociétés : SOVICA (charrettes à traction asinienne), SONICO (allumettes), PLASTAFRIC (Plastique), PROCHIMIE (cosmétiques), CINAFRIC (cinéma), COVEMI (carrières et mines) et l’Observateur Paalga.

Né le 23 avril 1933 à Ouagadougou, Martial y a fait ses études primaires. Il a été aussi au Petit Séminaire de Pabré, promotion 1946. Après le séminaire, il passe, en candidat libre, les examens du BEPC à Ouagadougou puis du baccalauréat première et deuxième partie à Bamako.

Tour à tour commis expéditionnaire, instituteur, il entame, à partir des années 55-56, des études supérieures à l’université de Dakar. Son cursus universitaire se terminera à Montpellier, sanctionné par un doctorat d’Etat en sciences économiques, le premier en date, sauf erreur, de notre pays. Nommé directeur du Commerce de retour en Haute-Volta en 1963, il se met en disponibilité de la Fonction publique dès 1966 pour se lancer dans les affaires.

San Evariste Barro

L’Observateur Paalga

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