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MADAGASCAR : Atmosphère de fin de règne

Publié le mercredi 14 avril 2010 à 11h38min

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Les militaires malgaches sont aussi lassés de la crise sans fin qui règne dans leur pays. Leurs chefs l’ont fait savoir le 12 avril dernier au président de la Haute autorité de la transition (HAT), Andry Rajoelina alias TGV. Dans une déclaration lue à la presse ce jour-là, ils ont demandé aux autorités de la transition une "feuille de route précise" pour sortir de la crise dans laquelle la Grande île s’est engluée depuis que TGV a tourné le dos aux différents accords politiques. Isolé depuis lors, il ne sait plus où donner de la tête et prend certaines décisions qui pourraient même lui coûter cher.

C’est le cas par exemple du limogeage, sur la base de rumeurs de coup d’Etat, du ministre des Forces armées, le général Noël Rakotonandrasana, pourtant présenté comme celui-là même qui lui a permis de chasser du pouvoir Marc Ravalomanana. Mécontent du traitement à lui réservé, ce dernier fait de la résistance et n’a pas encore fait la passation de service avec son remplaçant qui n’est autre que le colonel Camille Vital, promu récemment général pour les besoins de la cause. Cette maladresse du jeune président que l’on dit depuis peu renfermé et n’écoutant plus personne, est venue exacerber un contexte généralement morose. Du fait des sanctions internationales, l’économie et bien d’autres secteurs vitaux sont sinistrés. Toute chose qui est durement vécue par le peuple. Ce dernier déchante depuis, se montre sceptique sur la volonté et la capacité de l’ancien maire de la capitale d’apporter le changement et le bonheur. Résigné, le peuple assiste impuissant face à la conduite chaotique des affaires de l’Etat.

Les militaires vivant aussi les réalités du peuple, ne sont pas épargnés par les effets de la crise. Mais au lieu de se résigner comme les civils, ils ont préféré interpeller clairement et fermement les autorités sur la situation délétère à laquelle il faut impérativement mettre fin. C’est un coup de semonce qui a aussi valeur d’avertissement à l’endroit de celui que l’armée a fait roi mais qui, aujourd’hui, n’a pas de reconnaissance et d’égards envers elle. Le message semble d’ailleurs avoir été vite compris par son destinataire qui a rencontré le 12 avril dernier les chefs militaires. Même si ce qui a été dit lors de ce conclave est resté entre les quatre murs, nul doute que le cas du général limogé qui se révèle être la boite de Pandore ouverte par TGV, a été évoqué. Sans oublier les voies et moyens pour sortir de la harassante crise.

A ce propos, on se demande ce que pourra vraiment faire TGV pour desserrer l’étau à partir du moment où il s’est mis à dos la communauté internationale. Va-t-il accepter de reconsidérer les différents accords de paix qui indiquent le chemin à suivre pour mettre fin à la crise ? Il lui faudra un dépassement de soi pour accepter ce qui s’apparente à ses yeux à une humiliation. TGV doit réaliser, avant qu’il ne soit (trop) tard, que sa course folle et solidaire vers ce qu’il croit être le bout du tunnel, est en fait un problème et non une solution à la crise. C’est généralement l’attitude de ceux que Jupiter veut perdre : il les rend d’abord fous. La feuille de route pour une sortie de crise demandée par l’armée, devrait être une occasion pour lui de se ressaisir. Sinon elle pourrait bien prendre ses responsabilités comme d’autres grandes muettes l’ont fait dans d’autres pays africains où les dirigeants n’écoutaient plus que leurs propres voix, ignorant toutes celles qui leur indiquaient courageux la bonne voie.

Séni DABO

Le Pays

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