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Introduction du coton Bt au Burkina : Les OGM ne sont pas la panacée des problèmes agricoles, selon l’UFP

Publié le mardi 13 avril 2010 à 02h45min

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Le parti de l’Union des forces progressistes (UFP), dans cette déclaration, condamne l’introduction des OGM, notamment le coton Bt au Burkina depuis 2003. Selon le parti de Michel Modou Yé, avec le taux de croissance actuel de la population, l’agriculture burkinabè peut assurer l’autosuffisance alimentaire sans passer par les OGM. Nous vous proposons en intégralité la déclaration.

En 2003, le Burkina Faso fut le premier pays de l’Afrique de l’Ouest à utiliser des OGM, notamment le coton Bt dans des champs d’expérimentation de la SOFITEX à Fada N’Gourma et à Bobo-Dioulasso. Cette expérimentation a été suivie par une conférence ministérielle et internationale, les 21, 22 et 23 juin 2004 à Ouagadougou sous l’impulsion des Etats-Unis d’Amérique et du gouvernement burkinabè sous le thème : "Exploitation de la science et de technologie pour accroître la productivité agricole en Afrique : perspectives ouest-africaines".

Après la phase d’expérimentation, notre pays en est maintenant à la généralisation, et occupe la treizième position au plan mondial, avec le passage des. superficies de coton Bt de 8500 hectares en 2008 à 1l5 000 hectares en 2009. C’est ce qui est ressorti le 13 mars dernier (cf Observateur Paalga du 23 Mars 2010) au cours d’une conférence de presse de Burkina Biotech Association.

La précipitation dans l’adoption de ces innovations technologiques, et la persistance du Gouvernement dans cette voie, appellent de notre part les observations suivantes : La décision d’introduire les OGM dans l’agriculture a été prise sous l’influence de pays du nord, d’institutions internationales (Fonds Monétaire international, Banque Mondiale) et de multinationales, sans débat national, et sans avoir pris des mesures de protection des hommes, de l’environnement, ainsi que de notre patrimoine génétique. Exclusivement préoccupées par les gains qu’ils veulent en tirer, ces organisations sont dans une logique de perpétuation de la dépendance de nos pays.

C’est pourquoi, les appels d’organisations de la société civile et de partis politiques pour l’observation d’un moratoire ont été ignorés. La question de l’accroissement des productions agricoles, en vue d’atteindre l’autosuffisance alimentaire dans notre pays, connaît certaines difficultés : La première nous semble-t-il, est la question du prix d’achat au producteur, généralement bas par rapport au prix consommateur, donc, non motivant pour les paysans.

Ensuite, il y a la non maîtrise de l’eau pour généraliser et étaler les activités agricoles sur toute l’année. L’enclavement des zones et sites de production, les difficultés d’accès aux crédits pour l’acquisition de matériels agricoles, les problèmes de gestion, de commercialisation, d’appui technique sont autant de goulots pour l’avènement d’une agriculture performante. Le faible taux d’aménagement et d’exploitation des zones propices à la culture irriguée, (les plaines de la vallée du Sourou, de Bagré etc.) sont des exemples palpables. .

Après le discours prononcé par le Premier ministre. sur la situation de la nation le 25 mars 20l0, il est ressorti dans une question des députés que ; la vallée du Kou, un des anciens périmètres irrigués de production du riz, ne dispose pas de décortiqueuse.

En 2008, c’était la vallée du Sourou qui n’en disposait pas. Cela est inacceptable dans un pays comme le Burkina Faso qui importe une grande partie de sa demande nationale en riz. Des efforts ont certes été consentis ces dernières années en terme de maîtrise de l’eau et pour l’agriculture en général, mais, certaines options tels que l’agrobusiness, l’introduction des OGM et le vote de la loi portant régime foncier rural risquent à terme d’être des entraves au développement de l’agriculture.

Les agro-businessmans ont aujourd’hui accaparé, par leur portefeuille de vastes espaces en ville comme en campagne pour des activités agro-pastorales, mais, le fait de beaucoup miser sur la main d’œuvre sans leur forte implication est un facteur potentiel d’échec. Le vote par le parlement de la loi sur le foncier rural, qui implique les collectivités décentralisées dans la gestion de cette question délicate, n’est pas rassurante eu égard aux nombreuses malversations engendrées suite à la gestion du foncier urbain par les communes. .

Pour l’instant, le coton occupe de loin, la première place des cultures génétiquement modifiées (GM) dans notre pays. Les arguments utilisés au profit de cette variété de coton tournent essentiellement au tour des rendements plus élevés, et à la réduction substantielle du coût des pesticides.

Aujourd’hui, après deux campagnes d’utilisation de ce type de semence par les producteurs, les résultats sont mitigés ; ce n’est certainement pas la SOFITEX qui dira le contraire. Déjà, ses techniciens ont commencés à rejeter la responsabilité de cette situation sur les producteurs pour le non respect des paquets techniques. Des paysans qui ont plus de trois décennies de culture de coton derrière eux, ne peuvent pas de manière massive échouer dans l’application de ces innovations. La réalité, c’est ce qu’ont dit les pionniers du coton Bt : il n’est pas profitable aux petits producteurs comme les nôtres.

En ce qui concerne la réduction du coût des pesticides, il a été prouvé que la résistance des parasites s’accroît avec le temps, donc ce supposé avantage sera anéanti au bout de quelques années.

Les OGM ne sont pas la panacée pour l’accroissement de la production

La cotonculture, même avec la variété conventionnelle a causé beaucoup de dommages à l’environnement au Burkina Faso : certains opérateurs préfèrent de loin les amandes de karité, le sésame, les arachides des zones non cotonnières parce que contenant moins de substances nocives. Quel sort vont connaître les zones de culture intensive de coton Bt dans quelques années ?

C’est pourquoi, il importe de briser les monopoles, et de permettre à d’autres opérateurs de lancer sans passer par la SOFITEX des variétés de coton, ou tout autre produit dont ils ont besoin. La relance du secteur cotonnier passe nécessairement par une gestion saine des sociétés œuvrant dans cette filière. Or, pendant les dix dernières années, on a observé à la SOFITEX des vols d’intrants, des fournitures de pesticides inefficaces sur les parasites, l’enlèvement et le paiement tardif de la production etc. Si on ajoute à cela la hausse du prix d’achat aux producteurs, la tâche ne s’annonce pas aisée.

Avec le taux de croissance actuel de la population, l’agriculture burkinabè peut assurer l’autosuffisance alimentaire à moyen terme, et générer une rentrée de devises notables sans passer par les OGM. Il faut pour cela une volonté politique forte pour prendre les dispositions en vue d’une motivation plus grande des producteurs et d’exploitation du maximum de potentialités. Un appui pour l’accès au crédit sur la base d’une obligation de résultats est nécessaire.

Aussi bien pour les productions vivrières que fruitières, le désenclavement, l’abandon de la tendance à tout concentrer dans la capitale au profit d’une promotion au niveau local des potentialités des régions, contribueront à l’accroissement de la compétitivité.

Comme souligné plus haut, les OGM ne sont pas la panacée pour l’accroissement de la production agricole dans notre pays d’une part, et d’autre part ne peuvent constituer un apport financier très important dans la mesure où certains pays riches préfèrent de loin les produits biologiques. . La fréquence de maladies jadis rares et l’apparition d’autres, inconnues par le passé, nous amènent à penser que cette situation est liée aux nouvelles habitudes alimentaires ; nos marchés étant inondés de beaucoup de produits aux qualités douteuses.

Hémiplégie, cancer du col de l’utérus, cancer de sang..., la liste est longue : N’est-ce pas la mal bouffe comme aime à le dire le français José Bové ? A l’Union des forces progressistes (UFP), nous sommes fondés à le croire et fort de cette conviction, nous appelons les agriculteurs, leurs organisations et toute la population au boycott des cultures GM dans notre pays.

Ouagadougou, le 7 avril 2010

Le Secrétaire général de l’UFP

Modou Michel YE

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 14 avril 2010 à 15:29, par V W Adhemar En réponse à : Introduction du coton Bt au Burkina : Les OGM ne sont pas la panacée des problèmes agricoles, selon l’UFP

    Votre article démontre le manque en bon orientation,
    BON FONCTIONNEMENT DE L AGRICULTURE. AVOIR DES ÉQUIPEMENT ET UN PRIX A LA PRODUCTION MONDIALE DÉPART PRODUCTEUR
    Équipement ; la seul solution qui a démontré son efficacité, est le soutien et accompagnements aux créations d’entrepreneur de travaux agricole parmi les populations locales, cela permets aux cultivateurs de tout tailles à cultivé correctement leurs surface et y produire des rendements correctes, et évité par la même occasions le départ des populations des campagnes.
    Prix des produits agricoles ;
    fixer le prix de tout les produit agricole à leur juste valeur et qualité, est indispensable pour un bon équilibre du marché mondiale, et le respect de la profession dans les main de professionnel, regardons autour de nous dans le monde, les exploitation de grandeur familial sont les plus rentable au m2, A couse du manque de fixation des prix il a 2/3 de la surface mondial mal cultivé et des agriculteur pauvre et sous développer sans contrôle pour l’environnement.

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