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DRAME POLONAIS : Et si c’était en Afrique ?

Publié le mardi 13 avril 2010 à 02h46min

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La Pologne vit une situation terrible avec la mort , le 10 avril dernier, dans un accident d’avion, de son président, Lech Kaczynski, et de 96 autres personnes qui l’accompagnaient en Russie pour la commémoration du 70e anniversaire du massacre de soldats polonais par des troupes soviétiques. C’est l’élite politique, militaire, religieuse, financière, etc. du pays qui a été brusquement décapitée tout comme l’a été il y a 70 ans son élite militaire anéantie sur ordre de Staline. Le mauvais sort semble s’acharner sur la Pologne en frappant durement ce pays de temps à autres. Heureusement, ce ne fut jamais le chaos après le drame.

Dans un pays aux mécanismes institutionnels huilés, l’intérim du chef de l’Etat, pour ne parler que du récent drame, s’est automatiquement mis en place conformément à la Constitution. Le président de la chambre basse du Parlement, Bronislav Komorowski, à qui est revenue cette charge, sait qu’il a un délai de 60 jours pour organiser une élection présidentielle conformément toujours à la Constitution. Personne n’a voulu donc profiter de la situation et occuper le vide créé au sommet de l’Etat. Les textes ayant prévu ce genre de situation malheureuse, on s’en remet à eux pour faire face à ce qui est arrivé. En somme, il n’y a rien à craindre quand le mécanisme fonctionne normalement.

Les hommes passent et les institutions demeurent et ce sont ces dernières que tout pays doit renforcer et non tout reposer sur une seule personne, fût-elle chef d’Etat, qui décide de tout, est au début et à la fin de tout. Le jour où cette personne n’est pas là, c’est le chaos. Malheureusement, c’est ce qui se passe dans bon nombre de pays africains avec les pères de la nation, les timoniers, les guides-éclairés et autres présidents fondateurs.

Dans certains de ces pays où les chefs d’Etat élevés au rang de personnes indispensables et irremplaçables, ont fini par tirer leur révérence, les fondements de l’Etat ont sérieusement vacillé. En Côte d’Ivoire par exemple, beaucoup attribuent la crise actuelle à la succession mal préparée de Félix Houphouët- Boigny. Après le décès du père de la nation ivoirienne en décembre 1993, le président de l’Assemblée nationale de l’époque, Henri Konan Bédié, et le Premier ministre Alassane Dramane Ouattara se sont livré une bataille de succession malgré une disposition de la Constitution qui stipule que c’est le chef du pouvoir législatif qui assure l’intérim du chef de l’Etat en pareille circonstance. Au Togo, le cou de la Constitution a été sérieusement tordu après le décès du chef de l’Etat Eyadema Gnassingbé en février 2005. Le président de l’Assemblée nationale, Fambaré Natchaba, qui devait normalement assurer l’intérim conformément à la loi fondamentale, a été mis hors jeu au profit du fils Faure Gnassingbé qui a ainsi succédé à son père comme dans une monarchie. En décembre 2008, un capitaine de l’armée guinéenne inconnu jusque-là, Dadis Camara, s’est emparé du pouvoir au grand dam du président de l’Assemblée nationale. Et ce, dès les toutes premières heures du décès de Lansana Conté.

Le seul pays où les textes sur l’intérim d’un chef d’Etat décédé ont été scrupuleusement respectés est le Gabon. Après le décès de Omar Bongo en juin 2009, c’est la présidente du Sénat, Rose Rogombé, qui a assuré l’intérim jusqu’à l’organisation de l’élection présidentielle remportée en septembre par... Ali Bongo. Certes, le fils a aussi succédé ici au père mais cette fois dans le respect des formes. On ne le souhaite pas, mais si ce qui est arrivé à la Pologne frappe un pays africain, le chaos n’est pas à exclure. Au-delà du poste de chef d’Etat pour lequel des adeptes du raccourci pourraient s’étriper, il y a la désorganisation que ne manquera pas de provoquer toute disparition brusque au sommet de l’Etat. Rien qu’à y penser, on a la chair de poule. Alors, pour l’Afrique, demandons au bon Dieu de nous préserver d’une telle tragédie.

Séni DABO

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 13 avril 2010 à 08:06, par BENJO En réponse à : DRAME POLONAIS : Et si c’était en Afrique ?

    Bonne analyse !Rien à ajouter

    • Le 14 avril 2010 à 01:43, par L’homme de la Rue En réponse à : DRAME POLONAIS : Et si c’était en Afrique ?

      Mon ami, l’Afrique n’est pas un pays.C’est comme cela, qu’on renforce les clichés chez les Occidentaux qui finissent par confondre 53 pays en un : AFRIQUE. Nommez un pays africain pour bien cadrer votre analyse. Sinon tel qu’elle est faite, c’est plutôt une dissertation d’étudiant en droit. Pas un article...

  • Le 13 avril 2010 à 09:49, par Hamane En réponse à : DRAME POLONAIS : Et si c’était en Afrique ?

    Mr le Journaliste Dabo, vous vous posez la question "et si c’était en Afrique ?" eh bien l’Afrique est plurielle. il fallait nous précisez quelle Afrique car en matière de démocratique certaines Afriques sont en "avance" sur d’autres" et honte à celles qui sont en retard. j’accepte facilement que l’Afrique soit souvent le dernier sur le plan économique mais je n’arrive pas a accepter que nous le soyons sur le plan démocratie, honnêteté, justice. nous glorifions nos ancêtres et autres sans pouvoir avoir la moindre honnêteté comme eux. je me demande souvent si un voleur de la république ne nait pas de parents eux même voleurs de leur temps... bref la réponse à ta question et si c’était en Afrique, je te dirai ça dépend de quelle Afrique. pour la Pologne c’est vrai que "C’est l’élite politique, militaire, religieuse, financière, etc. du pays qui a été brusquement décapitée" mais si c’était en Afrique, l’Afrique que tout et moi connaissons le mieux, je te dit que ce ne serait pas l’élite politique, militaire, religieuse, financière, etc. du pays qui a aurait été brusquement décapitée. car en général les vraies élites sont dans l’opposition et n’accompagnent pas le président.. cette Afrique aurait perdu des gens, mais le peuple du pays réel allait s’en réjouir même si le pays pouvait basculer un peu mais trop. même les militaires ont compris qu’il faut dresser, rectifier sans s’éterniser. S’il y a des morts qui rendent heureux, dans la partie Afrique non démocratique, ces genres de morts seraient applaudit par le peuple.

  • Le 13 avril 2010 à 13:32, par Banga En réponse à : DRAME POLONAIS : Et si c’était en Afrique ?

    N’importe quoi !vous,vous n’êtes pas un vivant normal.C’est quoi ce pescimisme et ce sadisme. Pensez en bien et si vous êtes un désespéré qui attend un telle catastrophe pour espérer le changement politique, vous délirez. je crois que la prochaine fois que vous prendrez un avion, vous penserez à vos propos.Comme disait le gorille au chasseur, "si le coup de fusil est un son agréable, que la foudre s’abatte sur le chasseur"

  • Le 13 avril 2010 à 17:10, par Hamane En réponse à : DRAME POLONAIS : Et si c’était en Afrique ?

    Mr Dabo, ça dépend du pays africain auquel on se refère. Nous connaissons tous des pays africains où, si cela arrive, le peuple va sauter de joie. nous connaissons aussi d’autres ou le peuple va pleurer. donc ce n’est pas dans tous les cas de figure qu’on va perdre des élites du pays. non ! par ailleurs les militaire ont compris et n’interviennent que là ou il n’y avait jamais eu d’élection transparentes dans l’histoire de ce pays. sinon, s’il ont la certitude, que l’intérim sera suivi d’élection transparente, ils restent dans leur caserne. Donc pour répondre à ta question et si c’était l’Afrique, je te dirai ça dépend de quelle Afrique. ainsi, précise ton pays et les forumistes te répondront. dans l’ensemble le sujet est bien vue, bien traité et est d’actualité.

  • Le 13 avril 2010 à 18:27, par mackiavel En réponse à : DRAME POLONAIS : Et si c’était en Afrique ?

    En réalité, il faut que les africains réfléchissent bien surtout s’ils aiment leur pays. Faire de bons textes, c’est montrer son amour pour sa patrie et surtout des textes qui vont survivre aux hommes. Imaginez-vous aujourd’hui que les présidents fondateurs casse leur pipe pour une raison ou une autre, les mécanismes sont tels que personne ne peut prévoir ce qui va arriver. Le cas polonais doit nous enseigner sur deux choses : premièrement, la sécurité de nos système politique à savoir que les mécanismes doivent survivre aux homme comme vous l’avez bien montré. Deuxièmement, la sécurité de nos personnalités : un avion présidentiel avec une délégation de cette envergure, il faut bien le faire. Et imaginez-vous qu’après l’accident, le premier ministre et le vice-premier ministre se sont engouffrés dans un même avion pour aller sur les lieux. Mais enfin, tout le débat tourne actuellement à que faire en cas de sous nos républiques bananières ???

  • Le 14 avril 2010 à 12:01 En réponse à : DRAME POLONAIS : Et si c’était en Afrique ?

    Houphouet Boigny est mort en décembre 1996 # 1993. bonne analyse. Il y’a aussi le congo RDC où le fils a remplacé le père.

  • Le 15 avril 2010 à 21:01, par YveLeFou En réponse à : DRAME POLONAIS : Et si c’était en Afrique ?

    A ceux qui disent : A part untel (entendez BC) personne ne peut diriger ce pays ! reflechissez par deux fois avant de tenir pareils propos.
    Sans animosité aucune, à bon entendeur, Salut !

    CDP=BlaiseDoitPartir

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