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Humeur : des quartiers dans l’eau ; la faute de ces lotisseurs à la va-vite

Publié le lundi 23 août 2004 à 07h35min

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Le jeudi 19 août, peu avant 10 heures, une pluie s’est abattue sur une partie de la capitale, principalement en ses parties centrale et occidentale. La météo a annoncé une hauteur d’eau de 22 mm pour la circonstance. Si cela a été profitable à certains Ouagavillois, du fait de la baisse de la température, il en est qui en ont subi des déboires à divers degrés.

Ainsi, comme à l’accoutumée, les habitants de Pissy durent rester cloitrés chez eux jusqu’à ce que les flots consentent à les laisser rejoindre le centre-ville. Eux avaient au moins cette possibilité, aussi contraignante soit-elle. Tel ne fut pas le cas de leurs concitoyens de Gounghin Nord, précisément de la zone de Bêeghin, qui se retrouvèrent corps et biens dans des eaux en furie.

Une énième fois, serait-on tenté de dire, puisque ces tristes événements, nous les avons vécus les années précédentes. Et pourtant, contrairement aux autres quartiers, Bêeghin est doté de caniveaux, du moins de ce qui s’y apparente. Alors, question : qu’est-ce qui cloche dans tout ça ? Esquissons des réponses de profane, au regard de ce qui se passe à AZIMMO, à la SONATUR, à la SOCOGIB, etc.

Là, avant l’implantation des villas, tout est mis en œuvre, après des études d’ingénierie bien fouillées, pour que le futur locataire soit en sécurité et dans le confort : voies, eau, électricité, débarras, etc. Il est évident que, comme le dit un dicton de chez nous, "pour mériter un morceau bien gras, il faut débourser en conséquence" ; mais pendant que nous y sommes, pourquoi ces lotissements à la va-vite ? D’aucuns nous taxeront d’antisocial ou d’être contre leur développement. Nous le leur concédons, même si, après mûre réflexion, ils nous conforteront dans notre position.

Car que gagne-t-on à vivre en zone lotie si on n’a pas de voie pour arriver chez soi, si on n’a pas accès à l’eau potable et à l’électricité ou si, à la moindre menace de pluie, on est angoissé parce que notre piaule pourrait être envahie par l’eau de ruissellement du fait de l’absence de caniveaux ? Assurément, il va falloir revoir la copie de ce côté-là, réajuster les choses même si, pour cela, des gens devront grincer des dents. C’est à ce seul prix que nous pourrons aspirer à une certaine quiétude dans notre vie citadine. Faute de cela souffrez, chers maires, que les populations se sentent oubliées par leurs gouvernants dès qu’ils accèdent à là où ils sont.


Pour une relecture de la loi sur les fêtes légales

Lundi 16 août dernier, pas de billets craquants, et pour cause : il n’y avait pas de journal. Il n’y avait pas de journal parce qu’on était un lundi de l’Assomption, une des 14 fêtes légales de notre pays, dixit la loi n° 019-2000/AN du 27 juin 2000. Selon l’article 3 de ce texte, en effet, « lorsqu’une fête légale tombe sur un dimanche, le lendemain est obligatoirement chômé et payé ».

Il était donc légalement correct que le lundi 16 août 2004 fût chômé comme le fut, cette même année 2004, le lundi 3 mai, lendemain de Mouloud, également fête légale. Mais était-il légitimement correct de se donner tant de jours de farniente ? Cette question nous ramène au cœur d’une problématique mainte fois soulevée depuis l’adoption de la loi n°019-2000 sus-citée. Cette loi a étendu le label de fête légale à toutes les fêtes qui donnent droit, dans notre pays, à des jours chômés et payés, soit au total 14, comme rappelé plus haut. Prenons l’exemple de nos cousins les Gaulois, de qui nous tenons notre législation moderne.

Sauf erreur ou omission, en France il n’y a que trois fêtes qui ont le qualificatif de légal, donnant lieu à des lundis chômés ou à des ponts : il s’agit du 1er-Janvier, du 1er-Mai et du 14-Juillet. Les fêtes religieuses dites d’obligation comme Noël, l’Ascension, l’Assomption, la Toussaint, ne donnent pas lieu à compensation si par le hasard du calendrier elles tombent un dimanche. Et personne apparemment ne s’en plaint, même si la France s’enorgueillit d’être la fille aînée de l’Eglise. Il faut croire que chez nous, ni les autorités chrétiennes, ni les autorités islamiques ne se plaindraient qu’on bosse le lendemain d’une Noël ou d’une Tabaski, qui auraient eu la mauvaise idée de tomber sur un dimanche.

Travailler pour le développement de son pays, qui en a tant besoin, n’est-il pas souvent considéré comme une autre forme de prière ? Récapitulons donc : des 14 fêtes recensées par la loi, toutes doivent être chômées et payées, mais toutes ne doivent pas mériter le statut de fêtes légales. Du reste, pendant longtemps dans notre pays, il n’y a eu que le 1er-Janvier, le 1er-Mai et le 11-Décembre à donner lieu à compensation ou à pont lorsqu’elles tombaient sur un dimanche. Il y a donc lieu de relire la loi n° 019-2000 tant il est vrai que dans notre pays il y a trop de jours chômés et payés, et honni soit qui mal y pense.

Rabi Mitibkèta
L’Observateur Paalga

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