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Editorial de Sidwaya : La sève du vivre ensemble

Publié le lundi 12 avril 2010 à 03h24min

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Ibrahiman Sakandé, DG des Editions Sidwaya

Souvenirs, espérances… Voilà bien des convictions quotidiennes, des réalités existentielles qui marquent la vie des Burkinabè d’en haut et d’en bas, depuis quelques années. Au regard de l’histoire de notre patrie, ces notions pourraient être labellisées, étant donné leur importance particulière…

Un trésor est caché dans la dynamique de ces concepts, peints à la burkinabè ; ce trésor peut sauver plus qu’une vie ; ce trésor pourrait dédramatiser une situation nationale, dérider les esprits autant que de besoin, dans la suite des âges.

Autant, sinon pires que les crises financières, nous avons contre nous les crises de confiance. Les crises financières se résolvent toujours avec brio par quelques mesures spectaculaires, parfois contre les logiques affirmées, loin et au-dessus de nous ; les maîtres du monde décident et il ne reste plus à nous autres qu’à suivre les consignes et subir les conséquences, bien que n’étant en aucune façon responsables de ces crises.

« Qu’as-tu fait de ton frère ? … », peut-on lire dans la Bible, Livre de la Genèse, chapitre 4, verset 9...

Qu’as-tu fait de ton voisin, de ton ami, de ton collègue de bureau, de ta bonne, de ton camarade d’armes, de ton élève ? Qu’as-tu fait de ton prochain, de celui qui est proche de toi en humanité, mais aussi en méchanceté ? De celui qui sait, comme toi, que le mal est mal surtout quand il devient dur comme pierre dans nos cœurs ?

Nous le savons : deux briques s’entrecroisent pour donner à la société, les mécanismes sans lesquels elle ne serait rien d’autre qu’un tas de ferrailles, une carrosserie amochée : la logique des intérêts et celle des valeurs. Une société ne peut exister que si elle est incapable de défendre ses intérêts : sa terre, son histoire, ses membres et ses biens, ses ressources économiques, etc.

Et quand elle aurait fini d’amasser tout cela, elle n’aurait pas fini avec elle-même. La justice, le respect mutuel, la paix, la tolérance, le partage, l’hospitalité, l’honnêteté, entre autres, sont des valeurs sans lesquelles les richesses matérielles tendent à s’effondrer sur les cités injustes et pourries.

Ne serait-ce pas pour cette raison que de vieux et riches pays comme l’Angleterre, l’Espagne et la France n’ont pas encore totalement fini d’en découdre avec les vieux démons des séparatistes ? Quand ceux-ci prennent les armes, ce n’est pas toujours pour se remplir le ventre, c’est souvent pour se rendre justice parce que, de leur point de vue, le pouvoir jacobin étouffe et nie l’existence des différences spirituelles, surtout.

Le vécu du souvenir et de l’espérance, devrait nous installer, de manière dynamique, dans la praxis de nos dévotions quotidiennes, dans la dynamique de l’unité des principes de la gouvernance, de l’unité des actions de gouvernants et de l’unité des cœurs des gouvernés.

Triple unité qui ne peut se réaliser tant que chacun de nous n’accepterait pas, comme allant de sa culture et de son éducation, de prendre et de garder une distance-limite par rapport à tous les abus : de pouvoir, de convoitise et de liberté.

La philosophie qui anime le souvenir et l’espérance au Burkina Faso, devrait être désagrégée et les populations, à la base devraient s’en approprier. En famille, à l’école, au bureau, au marché, nous avons besoin de nous pardonner les uns, les autres.

Parfois, quand les cœurs saignent beaucoup, les bouches refusent la parole, peut-être pour ne pas saigner à leur tour … Nous avons besoin de cette illusion salutaire qui consiste à se voir recommencer : avec sa femme, son mari, son supérieur hiérarchique, son camarade ou son ami. C’est cela aussi, l’âme d’un peuple, pour ne pas dire d’un grand peuple.

Par Ibrahiman SAKANDE (sakandeibrahiman@yahoo.fr)

Sidwaya

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