L’homme venait d’Afrique du Sud où il s’était réfugié depuis décembre 1989 après l’assassinat du président des Comores, Ahmed Abdallah. Bob Denard fait l’objet de deux mandats d’arrêt de la justice française, l’un à la suite d’un coup d’Etat manqué au Bénin en 1977 pour lequel il a été condamné par défaut à cinq ans de prison, le second après l’assassinat en novembre 1989, du chef de l’Etat comorien.

De son vrai nom Gilbert Bourgeaud, celui qui passe pour être l’un des plus célèbres mercenaires de son temps est né le 20 janvier 1929 à Caen dans l’Hexagone : après avoir été quartier - maître des commandos de la marine nationale en Indochine et en Algérie, puis policier au Maroc, c’est en 1961 que le redoutable Bob Denard va entrer dans la légende des mercenaires. A la tête d’une poignée de mercenaires blancs, il se met alors au service des rebelles du Katanga au Zaïre et parvient à sauver de nombreux Européens ; au Zaïre, Bob Denard devient rapidement la terreur des troupes loyalistes et des unités de l’ONU.

Après le Katanga, c’est du Yémen, en Angola, au Cabinda et en Rhodésie que le mercenaire français ira successivement vendre ses services. Dans l’archipel des Comores où il se trouvait depuis plusieurs années déjà, Bob Denard était le chef de la garde présidentielle, une armée suréquipée de plus de 500 hommes entraînés, par des Français et des Belges et financés par le régime raciste d’Afrique du Sud.

Selon Amnesty international, la garde présidentielle que dirigeait Bob Denard aurait torturé et assassiné de nombreuses personnes à la suite des émeutes qui ont secoué les Comores en novembre 1987. Comme on le constate, c’est principalement en Afrique et au Moyen-Orient que le mercenaire Bob Denard aura participé à une série de “coups de mains” de déstabilisations multiples. Aujourd’hui âgé de 63 ans, cet homme au regard “perçant et direct”, au nez busqué et au menton épaissi par l’âge, boîte un peu de la jambe droite à la suite d’une blessure.

C’est avec un laissez-passer délivré par les autorités françaises que Bob Denard s’est embarqué à Johannesburg pour Paris où il a été incarcéré à son arrivée.

En quittant Johannesburg dimanche pour Paris, le mercenaire a déclaré à la presse qu’”il avait la conscience tranquille et donc heureux de rentrer au pays”. En prison, a ajouté Bob Denard, “j’aurai le temps de prier pour le retour de la paix et de la prospérité en Afrique du Sud, l’un des plus beaux pays du monde”.

Rasmané OUEDRAOGO

Sidwaya