LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

AN IV DE POUVOIR YAYI : La tradition démocratique se perpétue

Publié le mercredi 7 avril 2010 à 02h51min

PARTAGER :                          

La démocratie est comme une flamme que l’on doit entretenir avec la plus grande attention. Car elle peut s’éteindre à la moindre manoeuvre mal négociée. Cette fragilité est encore plus accentuée dans les démocraties en construction comme celles d’Afrique. Au Bénin en tout cas, le mot d’ordre est que tout doit être fait pour éviter les secousses et les coups de barre à même de remettre en cause les acquis nés de la conférence nationale de 1990. Comme ses prédécesseurs, le président en exercice, Thomas Yayi Boni, s’efforce donc de maintenir haut le flambeau de la démocratie béninoise.

Et voilà quatre ans que l’exercice dure pour celui qui avait été prédestiné au métier de la banque, mais que le virus de la politique a piqué en chemin. A un an de la fin du quinquennat de Yayi Boni, l’observateur extérieur de la scène politique béninoise ne peut que faire un constat : la démocratie béninoise tient la route et sert même de phare dans une Afrique en proie à des secousses politiques multiformes. Yayi Boni semble donc s’être donné pour défi d’être un digne héritier de la marche enclenchée au début des années 90 et qui ne s’est jamais arrêtée. Les Béninois, jaloux de cet acquis démocratique, sont évidemment très exigeants. De sorte que Yayi Boni, qui est sorti de nulle part pour accéder à la magistrature suprême, est apparu presque comme un extra terrestre.

Comment un banquier- fût-il président de la BOAD- sans culture politique très ancrée, est-il arrivé à bousculer tous les dinosaures de la scène politique béninoise ? Sans doute ce vote était-il l’expression d’un ras-le-bol des politiciens professionnels et la soif d’expérimenter un nouveau type de dirigeants. Du reste, les Béninois ne sont pas à leur premier choix d’un technocrate, puisque Nicéphore Soglo avait aussi débarqué des institutions de Bretton Woods pour prendre les rênes du Bénin en 1991. Mais lui avait eu le malheur de s’être entouré de trop nombreux courtisans politiques et de n’avoir pas su contenir les ambitions démesurées de son épouse.

Les Béninois, au sortir de l’ère Kérékou, voulaient d’un dirigeant capable de les sortir de leur misère tout en préservant les acquis de la démocratie. Quatre ans après, la démocratie béninoise rayonne sur le continent, mais le miracle économique ne s’est pas produit. Le pays était dans une situation si difficile que les effets de l’action de Yayi Boni ne peuvent se ressentir que dans quelques années. Mais les Béninois attendront-ils encore longtemps pour cueillir ces fruits que leur promet leur président ? C’est à voir. En tout cas, le remplaçant de Yayi Boni à la BOAD, Abdoulaye Bio Tchané, fait l’objet d’une cour assidue, pour se présenter à la présidentielle de 2011. La BOAD, à ce rythme, est en passe de devenir un vivier pour les présidentiables au Bénin. Yayi Boni a désormais une année pour convaincre des bienfaits de sa politique économique. Toutefois, les Béninois, tout en exigeant de leurs dirigeants plus d’efforts dans la quête du développement, devraient aussi se réjouir des bienfaits que leur procure déjà la démocratie. Ailleurs, d’autres peuples cherchent ce minimum déjà, sans jamais l’obtenir. Au contraire, ils assistent impuissants à la remise en cause des acquis démocratiques. Ces peuples-là n’ont ni la démocratie, ni le bien-être socio-économique. Les Béninois, malgré tout, doivent donc s’estimer heureux d’avoir des institutions si solides et une constitution si sacrée que personne ne s’aviserait d’y essuyer ses chaussures.

Mahorou KANAZOE

Le Pays

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique