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TDC : Haro sur l’Etat radin et ces maires impôsards !

Publié le mardi 6 avril 2010 à 03h12min

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La taxe de développement communal (TDC) divise. D’un côté, il y a les maires (soutenus par le gouvernement) qui entendent l’appliquer. De l’autre, il y a les organisations syndicales qui lui opposent un « niet » catégorique. Dans un contexte politique assez tendu, ce nouveau bras de fer entre gouvernants et gouvernés annonce une possible dégradation du climat social, si l’on en juge par la détermination manifestée ici ou là.
Lorsque l’on interroge certains maires de communes à propos de cette fameuse « TDC », ils n’hésitent pas à sortir la calculette : 302 communes rurales plus 49 communes urbaines, cela donne un total de 351 communes pour lesquelles il faut absolument trouver des sources de financement adéquates, dans le cadre de la communalisation intégrale.

Ils ajoutent que les 3 milliards de francs CFA annuels que l’Etat leur offre comme cagnotte à partager entre toutes les communes, dont 20% d’investissement, seraient largement insuffisants, au regard de leurs besoins. Pas plus que les 5 milliards de francs CFA du Fonds permanent pour le développement des collectivités.

Du reste, l’Association des municipalités du Burkina (AMBF) fait valoir que certaines communes burkinabè n’arriveraient pas à collecter, ne serait-ce qu’un demi-million de francs CFA pour leur développement, soit moins de 10%, par rapport au minimum requis.
Par conséquent, les présidents de conseils municipaux se disent « preneurs » de tout ce qui peut les aider à récolter quelques sous, afin, disent-ils, d’assurer l’effectivité d’une politique sociale au sein de leurs mairies respectives. Et comme le résume si bien l’un d’entre eux, « la loi de finance nous permet de créer et de proposer ».

C’est ainsi que nos chers élus locaux n’ont pas trouvé mieux que de « proposer » l’instauration de cette taxe de développement communal, qui a été votée et adoptée par le parlement en 2008, mais dont l’application a été différée de 2009 à 2010 pour cause de vie chère.
Selon un responsable de l’« AMBF » pourtant proche du pouvoir, les maires sont submergés par un degré de « misère » qui interpelle quotidiennement leur conscience. Il en résulterait des sollicitations qui vont au-delà de leurs attributions.

Pour les syndicats, il s’agit là d’une contradiction, puisque l’on prétend soulager les peines des populations en ponctionnant dans leurs maigres revenus. Tout en précisant qu’ils n’ont jamais été opposés à la politique de communalisation intégrale, les représentants des travailleurs estiment toutefois que les maires se trompent de cibles en s’attaquant aux citoyens dont le pouvoir d’achat est rogné par une multitude de taxes et d’impôts « injustes ».

Refusant ce qu’ils appellent une « double taxation », les travailleurs rappellent que c’est au lendemain de la dévaluation du franc CFA en 1994 que le gouvernement burkinabè avait décidé de la suppression de la vignette, pour tenir compte de la conjoncture économique et sociale de l’époque.

Pour compenser le manque à gagner, poursuivent les syndicalistes, le gouvernement a décidé de l’instauration d’une taxe sur les produits pétroliers (TPP), dont 10% reviennent, depuis lors, aux collectivités territoriales et les 90% à l’Etat.
Cette taxe, de l’aveu même du Premier ministre, Tertius Zongo, a rapporté, en 2009, 27 milliards de francs CFA à l’Etat. Une somme qui, selon les organisations syndicales, gagnerait à être mieux partagée entre les différents bénéficiaires.

Mais fort curieusement, ce sont les maires eux-mêmes, le président de l’« AMBF » en particulier, qui rebondissent et volent au secours du gouvernement, en estimant que ce dernier aurait suffisamment de problèmes à régler pour penser à une quelconque générosité.
En tout cas, on comprend mieux les raisons du soutien apporté à la perception de la TDC par le chef du gouvernement lors de la présentation de son discours sur l’Etat de la nation, le 25 mars dernier. Sa position dans ce dossier ressemble d’ailleurs beaucoup à une sorte de « gentlemen agreement » sur le dos d’une populace qui a toutes les allures d’un bétail fiscal, taillable et corvéable à souhait.

Interrogé sur la question des crises au sein des conseils municipaux, Tertius Zongo a aussi pointé du doigt la mauvaise gestion des finances. Un aveu qui vaut son pesant de revendication au moment où les « anti-TDC » réclament que la lumière soit faite sur l’utilisation des fonds déjà alloués, avant toute idée d’élargissement de l’assiette fiscale.

A ce propos, la tactique qui consiste à affirmer que « ça ne bloque pas partout », ou encore que « les gens se bousculent pour payer », ne constitue pas réellement une solution au problème. Car il faut admettre, en toute franchise, que l’Etat coûte trop cher au contribuable burkinabè.
Et si nous sommes passés en si peu de temps du « yel kayé » de Paramanga Ernest Yonli au « grosso modo tout va bien » de Tertius Zongo, c’est qu’il y a problème au niveau du moral des ménages. Aussi, en prenant le risque d’un passage en force au motif qu’aucun citoyen n’est jamais partant pour payer plus d’impôts, et en dépit des appels à la mobilisation, grèves générales, marches, meetings et autres actions de protestation, les théoriciens de la politique des rapports de force restent-ils fidèles à leurs principes. Mais à quel prix ?

A. Traoré

Journal du Jeudi

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Vos commentaires

  • Le 6 avril 2010 à 10:47, par Kôrô Yamyélé En réponse à : TDC : Haro sur l’Etat radin et ces maires impôsards !

    On doit agir et sensibiliser les paysans pour qu’aucun de ces maires actuels ne soit élu aux prochaines municipales. On doit les faire subir le sort qu’ils nous font subir actuellement.

    Citoyens et citoyennes, tous unis, bouttons les maires actuels aux prochaines municipales !

    Attendons-les aux prochaines municipaes et démontrons-les que c’est à eux de nous respecter !!!

    Créons un mouvement pour le respect du citoyens ! Créons un mouvement pour le renvoit définitif des maires actuels.

    Par Kôrô Yamyélé

    • Le 6 avril 2010 à 14:50, par Sydney En réponse à : TDC : Haro sur l’Etat radin et ces maires impôsards !

      Je suis tout à fait d’accord avec toi car ces Maires ne nous prennent pas au sérieux, ils sont venus avec quel programme de societé ? on souffre trop arrêté de nous voler.

  • Le 6 avril 2010 à 14:41 En réponse à : TDC : Haro sur l’Etat radin et ces maires impôsards !

    La population n’a jamais demande de creer des communes pour elle. Si c’est pour nous faire payer encore, non, merci. C’est vopus qui vouliez creer des postes pour cser vos amis politiques. Prenez l’argent ou il se trouve. En tout cas dans nos poches, ya rien. Les milliardaires, vous les connaissez puisque c’est vous memes. La taxation a une limite. On ne paie pas. Vous allez vopir ce qui se passer si vous insistez trop. Les petits vents peuvent terrasser les gros baobabs. N’ gaw.

  • Le 6 avril 2010 à 17:41, par Omisss En réponse à : TDC : Haro sur l’Etat radin et ces maires impôsards !

    La population burkinabe n’a jamais demande une quleconque communalisation integrale du territoire.Les prefectures que nous avions depuis les independances suffisaient a regler les affaires civiles.Pourquoi vouloir appauvrir cette population deja confrontee a la vie chere dont les memes dirigeants ne font rien pour lui faire sortir de cette misere.Vraiment que Dieu sauve le FASO.

  • Le 6 avril 2010 à 18:13 En réponse à : TDC : Haro sur l’Etat radin et ces maires impôsards !

    c’est clair qu’il ne pourront pas nous avoir 2 fois

  • Le 7 avril 2010 à 03:07 En réponse à : TDC : Haro sur l’Etat radin et ces maires impôsards !

    nous sommes en année electorale et la TDC est imposée. après le tuk kili quel sera l’horizon ?

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