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Raid sur líarticle 37 : Où sont passés les Sages ?

Publié le mardi 6 avril 2010 à 03h12min

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Les volées de bois vert entre révisionnistes et antirévisionnistes du fameux article 37 de la Constitution burkinabè n’est pas qu’une simple vue de l’esprit. Au fur et à mesure que les jours passent, les protagonistes dévoilent un peu plus leurs stratégies. Même s’ils n’ont pas encore tous ôté leurs masques, l’enjeu de la guéguerre est désormais clair. Alors que les uns voient des « signes avant-coureurs » dans les déclarations tendant à qualifier le verrouillage du mandat présidentiel d’« anti-démocratique », les autres estiment que seul « le peuple » est habilité à se prononcer sur la révision ou non d’un article de la Constitution, aussi sensible soit-il. Puisqu’aucune personne morale ou physique ne se sent encore suffisamment interpellée pour trancher le débat, tous les coups semblent permis.

Des déclarations qui inondent les colonnes des journaux depuis quelques semaines maintenant, la guéguerre a failli dégénérer, la semaine dernière, dans la rue. « Un groupe de citoyens » a initié des affiches pour interpeller l’opinion publique sur les velléités du déverrouillage de la limitation du mandat présidentiel. Selon des sources concordantes, l’autorité communale aurait enjoint au propriétaire des panneaux publicitaires d’ôter lesdites affiches au risque d’avoir des problèmes. Vrai ou faux ? Toujours est-il que l’affichage n’a duré que quelques heures, voire quelques minutes à certains endroits. Il a disparu comme par enchantement. Qui n’avait pas intérêt à ce que les affiches soient posées ? L’agence de communication chargée du boulot avait-elle les autorisations nécessaires à cet effet ?

Ce sont là des questions que nous avons posées aux initiateurs de la campagne, parmi lesquels se trouve le Pr Augustin Loada, qui n’est autre que le Directeur exécutif du Centre pour la gouvernance démocratique (CGD). Dans un entretien téléphonique, il a effectivement avoué être à l’origine de l’initiative avec trois autres citoyens. Ils entendent préparer l’opinion dans la perspective d’une pétition citoyenne, conformément à l’esprit et à la lettre de l’article 30 de la Constitution burkinabè qui stipule que : « Tout citoyen a le droit d’initier une action ou d’adhérer à une action collective sous forme de pétition contre des actes lésant le patrimoine public ; lésant l’intérêt de communautés sociales ; portant atteinte à l’environnement ou au patrimoine culturel ou historique. »

L’initiative de la pétition ne pouvant provenir que d’un citoyen ou d’un groupe de citoyens, on comprend peut-être pourquoi ce n’est pas une organisation comme le CGD qui la porte, mais un groupe de citoyens. D’ailleurs, le CGD s’est illustré comme l’une des organisations de la société civile les plus constantes dans l’antirévisionnisme depuis 2007. Il conduit, avec les organisations de la société civile, un processus de « dialogue » à l’effet d’aboutir à une interpellation des leaders d’opinion et du chef de l’Etat sur la nécessité de préserver l’article 37 dans sa dernière formulation qui veut que « Le président du Faso est élu pour cinq ans au suffrage universel direct et secret. Il est rééligible une fois ». En clair, la campagne antirévisionniste en marche n’entend pas s’arrêter en de simples déclarations de presse et autres affichages publics. Ceci expliquerait probablement pourquoi le camp d’en face a décidé aussi de sortir de sa tour d’ivoire.

Conformément au mot d’ordre lancé par le grand manitou du gigaparti au pouvoir, les lieutenants du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) se sont aussi mis dans la danse. Depuis deux semaines, le bureau exécutif s’est engagé dans une campagne d’explication de sa position auprès des rédactions des différents journaux paraissant à Ouagadougou. Les canards étant considérés comme les vulgarisateurs par excellence des opinions des uns et des autres, il fallait leur rappeler leur devoir d’équilibre. Même si les « missionnaires » du parti majoritaire tentent de calmer les ardeurs en indiquant que le débat sur la révision de l’article 37 leur paraît prématuré, ils n’entendent pas demeurer passifs et encaisser les coups que le camp d’en face leur donne.

On comprend pourquoi la dernière déclaration de la conférence épiscopale Burkina-Niger n’a pas laissé indifférent Alain Bédouma Yoda, Secrétaire à l’Information et à la Communication du CDP, qui a lancé à nos confrères de L’Observateur paalga que « L’article 37 n’est pas sacré ». Faut-il en conclure que le tournevis du déverrouillage du mandat présidentiel est déjà prêt ?

Personne n’a encore osé franchir véritablement le pas. Pour le Pr Augustin Loada, certaines « prises de parole » et certains « silences » cachent mal « le risque de manipulation ». C’est pourquoi, au nom du principe de prévention, il invite à une levée de boucliers avant que n’advienne l’irréparable. Soit. Mais s’il est avéré que les partisans du Blaiso national tiennent autant qu’il s’éternise au pouvoir, n’est-ce pas peut-être l’occasion de leur offrir les garanties nécessaires pour qu’ils renoncent à cette option ? La question ne serait-elle pas finalement de savoir pourquoi le CDP ne voudrait pas que son champion quitte le pouvoir en novembre 2015 ? En tout cas, le diable est lâché. Il faut que les Sages reprennent leur responsabilité avant qu’il ne soit trop tard.

F. Quophy

Journal du Jeudi

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Vos commentaires

  • Le 6 avril 2010 à 08:12, par Tapsoba En réponse à : Raid sur líarticle 37 : Où sont passés les Sages ?

    Pendant qu il terrorise les antirévisionistes de ne pas s exprimer par des affiches ,le pouvoir,lui avance à pas feutré.Lorsque des membres du gouvernement font le tour des autres communautés réligieuses et chefs coutumiers afin d expliquer le bien fondé de la modification de la constitution,n est ce pas une stratégie de mise en minorité de l église quand on sait que pour les coutumiers et les musulmans,il n y aura pas de doute sur leur position ?Déjà qu un des membres,en l occurence El hadj Souleymane a déjà fustigé dans la presse la prise de position de l église.N est il pas Sécrétaire de la communauté musulmane ?

    • Le 6 avril 2010 à 15:45, par Paris Rawa En réponse à : Raid sur líarticle 37 : Où sont passés les Sages ?

      - En tout cas, il ne faut plus se laisser endormir par ce pouvoir dont les intentions de s’éterniser dans la fonction présidentielle ne sont que trop connue. Il est temps de protester et de manifester son désaccord avec ceux qui ont déjà dit que l’article 37 en anti-démocratie. Il ne faut pas attendre que le fantôme entre dans la maison avant de fermer la porte. Donc c’est dès maintenant qu’il faut agir et obliger le fantôme de la "tripatouillite" à contourner la maison commune FASO.

      Courage à tous nos compatriotes qui s’engagent activement comme Pr Loada. La liberté, ça se défend et c’est parce que d’autres ont refusé la domination française que nous sommes une nation indépendante aujourd’hui. Ils n’ont pas versé leur sang pour rien et la lutte n’est jamais finie tant que rôde les fossoyeurs de la liberté et de la démocratie Burkinabè.

      - Par ailleurs les hommes de média, les journaux et tous les communicateurs n’ont pas à avoir peur de défendre la constitution sous prétexte de neutralité. C’est un devoir pour tous les Burkinabè de défendre l’état de droit démocratique dans notre pays. On ne doit pas mettre sur le même pied d’égalité la noble lutte patriotique de défense de la constitution avec minable la bataille égoïste et traitre de manipulation et de coup d’État constitutionnels indigne d’un homme d’État !

      La liberté d’expression des journalistes et de tous les citoyens est garantie par la constitution. C’est donc notre devoir à tous de défendre cette constitution contre ses ennemis. Les religieux, les coutumiers et les vrais sages ne doivent pas se laisser séduire par les "tripatouilleurs" qui veulent les pousser à se ridiculiser devant tout le peuple et perdre ainsi leur honorabilité. Comment ces derniers pourront-ils prendre et défendre une position contraire aux recommandations du rapport du collège des Sages dont leurs représentants étaient membres, sans paraitre comme des parjures, de gens qui ne peuvent pas tenir une seule parole. Les évêques eux ont vu venir le piège et ils ont devancé les piégeurs. La parole donnée doit être respectée si on est sérieux. Et le peuple sait toujours être un juge impitoyable quand il décide de condamner ceux qui ne le respectent pas !

    • Le 6 avril 2010 à 21:32 En réponse à : Raid sur líarticle 37 : Où sont passés les Sages ? On sont là. Par Boud Warba 2

      Introduction : Le débat sur la révision de l’article 37 est prématuré.

      I. Si Le Président COMPAORE veut réviser l’article 37, ce n’est pas le Pr LOADA et son groupe de citoyens au nom de l’article 30 de la Constitution qui peuvent l’en empêcher : et pour cause : il y a une majorité CDP au Parlement et si on passe par un référendum, le Président COMPAORE passera haut la main. Le Niger n’est pas le Burkina et M. COMPAORE n’est pas TANDJA.

      II. S’il vous plaît, que ceux qui ont des idées et de l’énergie pour construire le Burkina Faso continuent à le faire vaillamment en silence et dans la plus grande discrétion. Et, surtout, ne pas se focaliser et mettre toutes nos intelligences, énergies et forces dans ce faux débat sur la révision de l’article 37 de notre Loi fondamentale.

      Conclusion : Chaque Burkinabé, où qu’il se trouve doit apporter sa pierre angulaire à la construction du pays et pas se retrousser derrière une quelconque idéologie pour critiquer critiquer et critiquer au point de se perdre en conjecture. N’oublions pas que ceux qui ont la chance d’écrire sur internet comme nous ne représentent que 0,000001% de la population burkinabé en âge de voter. Il ne faut pas "vendanger" cette chance mais la mettre au service du développement du Burkina Faso. Et nous en avons les potentialités....Boud warba 2

  • Le 6 avril 2010 à 11:03 En réponse à : Raid sur líarticle 37 : Où sont passés les Sages ?

    "Ne dites pas souvent du n’importe quoi ? Vous dites "dans les déclarations tendant à qualifier le verrouillage du mandat présidentiel d’« anti-démocratique », les autres estiment que seul « le peuple » est habilité à se prononcer sur la révision ou non d’un article de la Constitution, aussi sensible soit-il." A ce que l’on sache, s’il y a bien un camp revisionniste et tripatouilleur de la constitution, c’est ce même clan qui veut que la revision soit faite, soit au niveau de l’assemblée nationale ou alors la population. Pour les anti-révisionnistes, il n’est même pas question de penser à une éventuelle révision de l’article 37. Ils demandent que l’article soit préservé, nulle part, on ne demande au peuple de se prononcer. Il faut bien faire cette nuance lorsque vous écrivez.

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