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Blaise Compaoré et la « question ivoirienne » : Chronique d’une « diplomatie inversée » (Fin)

Publié le vendredi 2 avril 2010 à 18h39min

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Gbagbo et Compaoré lors de la signature des Accords de coopération entre le Burkina et la Côte d’Ivoire en juillet 2008

2007. Cette année là, le 15 octobre, à Ouagadougou, Blaise Compaoré boucle ses vingt années d’exercice du pouvoir. C’est à Ouagadougou, aussi, le 4 mars, qu’a été signé l’accord dit, justement, de Ouagadougou, organisant une nouvelle étape dans la recherche d’une solution à la crise « ivoiro-ivoirienne ». Le leader des « rebelles », devenus Force Nouvelle, occupe désormais le poste de premier ministre et Compaoré est promu « facilitateur ».

Laurent Gbagbo, le président de la République de Côte d’Ivoire, qui perdure au pouvoir au-delà de son premier mandat (achevé en octobre 2005), est partout en perte de vitesse. Il n’est plus grand monde pour lui trouver des qualités ; il n’est plus grand monde pour glorifier son parcours « d’opposant », de « résistant » à la « Françafrique ». La Côte d’Ivoire vit, depuis le début du XXIème siècle sur des acquis dont il ne reste plus grand-chose. C’est en 2007 également que Simone E. Gbagbo, l’épouse du chef de l’Etat et bien plus qu’une « première dame », publie un pavé intitulé Paroles d’honneur. Dans lequel, elle ne cesse de reprendre la vieille antienne selon laquelle « les agresseurs [de la Côte d’Ivoire] viennent du Burkina Faso » et auraient été instrumentalisés par la France de Jacques Chirac et Dominique de Villepin qui veulent recoloniser la Côte d’Ivoire.

Cette diatribe est la dernière salve tirée par les « extrémistes » du régime Gbagbo. Elle n’est plus dans l’air du temps ; et eux ne sont plus dans le « sens de l’Histoire ». Chirac va quitter l’Elysée et à Abidjan chacun est conscient que Paris n’apportera pas, quel que soit le vainqueur de la présidentielle 2007, la même attention au dossier ivoirien. Ouaga se lasse, par ailleurs, des rodomontades et autres provocations de Madame Gbagbo. « Le peuple ivoirien a tiré les leçons fortes de ses propres manquements, de ses propres faiblesses et désormais il exigera de l’étranger vivant en Côte d’Ivoire, qu’il respecte les populations autochtones, les lois, les valeurs, les institutions de notre pays », avait-elle écrit dans Paroles d’honneur. Nul ne doutait que « l’étranger » était burkinabè.

Gbagbo, qui ne sait pas toujours jusqu’où il peut aller mais sait parfaitement quelle est la ligne rouge que Compaoré ne lui laissera pas franchir, comprend qu’il lui faut lâcher du lest s’il veut perdurer à la présidence de la République. C’est dans cette perspective qu’il va dégager en touche les médiateurs et autres facilitateurs « occidentaux », se rapprocher du leader de la rébellion, Guillaume Soro, et refonder un axe économique et diplomatique Abidjan-Ouaga lui permettant non seulement de motiver les investisseurs occidentaux (et tout particulièrement français) mais d’affaiblir l’opposition PDCI-RDR qui s’est rassemblée dans un front des houphouétistes. Or, en Côte d’Ivoire, les nostalgiques des années Houphouët sont, il faut bien le reconnaître, de plus en plus nombreux. Le « Vieux » est mort, alors, depuis près de quinze ans et près de deux décennies se sont écoulées depuis la crise politique déclenchée en 1990. De cette époque, les Ivoiriens ne conservent que le souvenir d’une Côte d’Ivoire puissante, riche et respectée où, certes, tout n’était pas rose pour les populations mais où tout n’était pas constamment noir comme maintenant. Pour Ouaga, qui sait profiter de « l’économie de guerre » en vigueur dans le Nord de la Côte d’Ivoire et qui a tout à gagner à dicter la nouvelle règle du jeu, mieux vaut alors le calmer que le durcir.

Compaoré, pas dupe cette fois encore du jeu trouble que veut mener Gbagbo, mais rodé aux médiations et autres facilitations, sait qu’il aurait beaucoup à perdre (diplomatiquement, financièrement et économiquement) à radicaliser ses rapports avec Gbagbo et que cette facilitation peut lui permettre de s’immiscer, à terme, dans le jeu politique ivoirien (non pas dans une perspective « impérialiste » mais pour, occasionnellement, empêcher le pire). « Soro est un jeune frère, dira-t-il commentant la nomination du leader des Forces nouvelles au poste de premier ministre. Nous nous connaissons bien, nous nous apprécions mutuellement et partageons souvent les mêmes vues. Quant à son avenir, il a suffisamment à faire avec sa mission actuelle avant de penser à ce qui pourra se passer dans cinq ou dix ans. D’ailleurs, qui aurait cru il y a dix ans qu’il serait un jour Premier ministre ? » (entretien avec Marwane Ben Yahmed - Jeune Afrique, 7-13 octobre 2007). Pour le reste, Compaoré ne cesse de le répéter au jeune fils du patron de JA : pour aboutir, « il faut, d’abord, plus de volonté de la part des parties ». Or, Compaoré sait que, du côté ivoirien, la « bonne volonté » n’est pas au rendez-vous de l’accord de Ouaga. Gbagbo ne veut pas aller à une élection dont il n’est pas assuré d’être vainqueur, Soro devient, de plus en plus, carriériste et les Dupont et Dupond de l’opposition, Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara, apparaissent chaque jour davantage comme les has been de la classe politique ivoirienne : pas vraiment de quoi faire du neuf avec ces deux-là !

Mais en l’espace d’une décennie (2000-2010), Compaoré a inversé le rapport de forces entre Ouaga et Abidjan. Considéré autrefois, au mieux, comme l’arrière-boutique de la Côte d’Ivoire, au pire, comme la « boîte d’intérim » de l’économie ivoirienne, le Burkina Faso « fait figure de havre de paix » écrivait le week-end dernier Laurent d’Ersu dans La Croix (samedi 20-dimanche 21 février 2010). Quand Gbagbo, toujours imprévisible (sauf qu’avec lui il faut s’attendre au pire), fait des siennes, annonce (le 12 février 2010) la dissolution du gouvernement et de la Commission électorale indépendante (CEI), les leaders de l’opposition, un ex-président de la République de Côte d’Ivoire (Bédié) et un ex-Premier ministre de cette même république (Ouattara), s’envolent aussitôt pour Ouaga (dimanche 21 février 2010) où ils sont reçus par le président du Faso. Compaoré n’hésite pas d’ailleurs, quelques heures plus tard (lundi 22 février 2010), à se rendre à… Abidjan pour y remettre les pendules à l’heure de… Ouaga ; et rappeler à Soro qui l’a fait roi (et qui peut le faire président de la République) et à Gbagbo que le jeune homme reste le leader des Forces nouvelles, ex-« rebelles », tandis que lui pourrait bien voir ressortir les dossiers des exactions du début des années 2000 !

La crise « ivoiro-ivoirienne » a créé un vide en Afrique de l’Ouest. La mort du président togolais Gnassingbé Eyadéma et l’accession au pouvoir de son fils, Faure Gnassingbé, le départ du président béninois Mathieu Kérékou, l’alternance au Sénégal entre Abdou Diouf et Abdoulaye Wade et la confusion politique qui, aujourd’hui, règne à Dakar, la persistance de la crise en Guinée Conakry et l’implosion du régime de Mamadou Tandja au Niger,… - parmi d’autres événements sous-régionaux - ajoutent aux difficultés que connaît l’Afrique de l’Ouest confrontée, par ailleurs, sur sa frontière sahélo-saharienne, à la montée en puissance des groupes salafistes indépendants ou refondés au sein de la branche maghrébine d’Al-Qaida (AQMI). C’est quelque peu contraint que Compaoré a dû forcer son tempérament mossi pour jouer les pompiers locaux alors qu’il était accusé d’être l’incendiaire. Dans l’intérêt du Burkina Faso et des Burkinabè qui représentent la plus forte diaspora en Afrique de l’Ouest. Mais sans état d’âme. Ouaga peut, dans cette perspective, aller bien au-delà de là où il va aujourd’hui ! Il en a les moyens humains et militaires. Il en a surtout la volonté.

« L’histoire est ce qu’elle est, disait en juin 1998 Blaise Compaoré (cf. LDD 0197/Mercredi 24 février 2010), et nous essaierons de l’accompagner avec le maximum de sagesse ». Compaoré reste dans cette cohérence « historique » ; et c’est elle qui est la ligne directrice de sa facilitation en Côte d’Ivoire.

Jean-Pierre Béjot
La Dépêche Diplomatique

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Vos commentaires

  • Le 3 avril 2010 à 15:43, par SONIA En réponse à : Blaise Compaoré et la « question ivoirienne » : Chronique d’une « diplomatie inversée » (Fin)

    C’est vrai qu’on voit bien l’objectif de l’écrit, mais il faut reconnaitre que l’analyse est pertinante et profonde.

    Ca donne à mon sens clairement, la situation de rapport entre les 2 états.

  • Le 3 avril 2010 à 22:12, par hervé En réponse à : Blaise Compaoré et la « question ivoirienne » : Chronique d’une « diplomatie inversée » (Fin)

    a l’occasion du cinquantenaire des indépendances, je dis que le continent n’a pas besoin de griots de ce genre.

  • Le 4 avril 2010 à 01:12 En réponse à : Blaise Compaoré et la « question ivoirienne » : Chronique d’une « diplomatie inversée » (Fin)

    le doute persiste dans mon esprit quant a l analyse de cet ecrit. la seule certitude est l erreur d appreciation de la capacite du Burkina a aller au dela de ce qui est fait pour la resolution du probleme Ivoiren. Je ne crois pas a une solution militaire, dont le Burkina n a d ailleurs pas les moyens. Je vois plutot une offensive francaise, d abord mediatique. On verra la suite. Il faut bien comprendre que le depart des francais s accompagne de la mise en place d un dispositif tout aussi efficace pour defendre leurs interets.
    Le transfert de la zone de conflit de l Afrique centrale vers celle de l Ouest est conforme a cette strategie economique qui consiste a faire de bonnes affaires dans les zones a risque. Et il y aura du boulot pour les Nations Unies. Bonne chance nous tous.

  • Le 5 avril 2010 à 16:46, par johnny En réponse à : Blaise Compaoré et la « question ivoirienne » : Chronique d’une « diplomatie inversée » (Fin)

    EN RAPPEL POUR L’HISTOIRE QUE VEUT DECIDEMENT MAQUILLER MONSIEUR BEJOT, CET ARTICLE PARU DANS L’OBSERVATEUR PAALGA DU 25 JANVIER 2003

    "L’OPPOSITION VICTIME DE L’INSTRUMENTALISATION DE LA CRISE IVOIRIENNE A DES FINS ELECTORALISTES

    En voyant tout ce ramdam organisé autour du départ du chef de l’Etat pour Paris, on peut abonder dans l’observation de ceux qui disent qu’à Paris, les Présidents Compaoré et Taylor risquent de passer un sale quart d’heure. La raison est simple : on ne peut confier la défense et la sécurisation du territoire ivoirien à la France et aux Nations Unies et ne pas régler la question des interventions extérieures que certains attribuent aux pouvoirs libérien et burkinabé. B. Compaoré pour cette raison a choisi d’atténuer l’impact en suscitant un ralliement populaire autour de sa personne pour arriver en position de force et pour ne pas revenir comme quelqu’un qu’on a réprimandé. Mais il y a des explications beaucoup plus profondes. Les voici.

    La crise ivoirienne avance à grands pas vers son règlement. Les effets des stimulants hallucinogènes (chantage au patriotisme, conditionnement médiatique..) commencent à s’estomper. Les Burkinabé réalisent petit à petit qu’un méga coup d’Etat constitutionnel avait été prémédité contre la démocratie, contre l’alternance et malicieusement porté par la crise ivoirienne instrumentalisée à des fins électoralistes.

    Le cheval de Troie de ce « complot », on s’en rend de plus en plus compte, c’est cette crise qui ne pouvait pas ne pas susciter une sainte alliance pour défendre la patrie, qui ne pouvait pas en érodant les différences poser des problèmes dans les structures organisées politiques, sociales ou familiales. Dans un contexte chauffé à blanc par les appels au patriotisme (enivrant, l’histoire nous l’enseigne !), on ne pouvait pas ne pas en venir à la question de l’union sacrée autour d’un seul commandement, à celle de la délégation au conducteur en chef de toutes les prérogatives pour conduire le peuple à la « victoire ». C’est subrepticement ce qui s’est insinué dans bien des consciences à la faveur d’un certain 19 Septembre et depuis lors, comme une tumeur maligne, le « mal » s’est développé.

    Fort heureusement, les circonstances capricieuses du destin, la vigilance et la clairvoyance de l’opposition sont venues compromettre la mise à feu du mécanisme devant consacrer le coup d’Etat constitutionnel : permettre à Blaise Compaoré de convertir ces ralliements pour cause de patriotisme en une allégeance à sa personne, à sa politique et tout naturellement lui demander de s’asseoir sur l’article 37 et de se représenter aux élections présidentielles.

    Emergeant du conditionnement médiatique terrible, impitoyable, émergeant de la peur, des menaces à la trahison contre tous ceux qui voulaient avancer d’autres propositions de solutionnement de la crise, les Burkinabé, refaisant le point, comprennent en plus grand nombre qu’on est passé à côté d’un drame politique qui aurait vu les Burkinabé, contre leurs allégeances politiques, sociales, familiales, apporter finalement sur un plateau d’argent leur caution électorale à l’homme de Ziniaré.

    Mais voilà, entre temps, la perspective a commencé à se brouiller. On n’a pas assisté comme au Rwanda à un retour massif des populations victimes de pogroms : moins de 9000 par l’opération Bayiri et environ 100.000 qui auraient fait le voyage du retour par leurs propres moyens, selon le pouvoir. C’est peu par rapport aux 3.500.000 Burkinabé résidant toujours en RCI sans compter que beaucoup de ceux qui sont revenus sont repartis. Par ailleurs, au lieu que la guerre se généralise, elle a été petit à petit contenue avec la claire et ferme implication de la France en faveur d’un règlement politique. Alors que tout cela fragilisait la position des va-t-en guerre et gênait leur sournois dessein, les accusations d’ingérence proférées par les autorités ivoiriennes contre notre pays ont été d’une certaine façon relayées par des dénonciations d’ingérence extérieure dans le conflit ivoirien notamment de la part de la France et de la communauté internationale et surtout des parties ivoiriennes au conflit.

    L’opposition, cernée, objet de pressions, réussissait pendant les moments dangereux à se protéger contre l’accusation antipatriotique sans se prononcer pour X ni contre Y. Elle réalisait l’exploit de ne pas suivre moutonnement le pouvoir (qui soit dit en passant n’avait pas de proposition de règlement pacifique de la crise), tout en faisant la proposition la plus intelligente qui soit, la plus rivée à la défense des intérêts des ressortissants burkinabé en Côte d’Ivoire et des intérêts des pays enclavés de toute la sous-région. Elle demandait, au moment où l’on avait laissé les belligérants entre eux, sauf à les faire assister par un médiateur de la CEDEAO, d’élargir le cercle des négociateurs à toute la communauté internationale et de ne pas s’en tenir seulement pour la recherche de la paix aux considérations politiques mais aussi économiques et sous-régionales. Elle fut entendue puisqu’il y a eu la Table Ronde de Paris.

    Avec cette Table ronde, les perspectives de sortie de crise par la voie pacifique ont « touillé » tous les plans du pouvoir qui savait que très rapidement la démobilisation allait suivre, que le peuple n’ayant plus d’exutoire à sa colère allait émerger, allait retrouver ses marques au sortir des négociations de Paris. Le temps était compté. Que faire sinon abattre ses cartes ? C’est ce qu’il fit.

    Alors que depuis le 19/09/2002, le pouvoir avait gardé tout son sang-froid, se refusant à dénier au Président Gbagbo le droit de gouverner la Côte d’Ivoire, condamnant le coup d’Etat, se ralliant à toutes les décisions en faveur de la paix, se refusant -lors même que des mouvements spontanés en appelaient à la guerre- de réagir, le voilà ce pouvoir qui change son fusil d’épaule pour se mettre au diapason de la « demande » populaire. C’est ainsi que Blaise Compaoré a jeté son va-tout à travers la sortie relayée par le Parisien Libéré. En substance, il a dit que Gbagbo devait démissionner et qu’il finirait comme Milosevic, devant un tribunal pénal international.

    Cette sortie ne pouvait pas ne pas cueillir à froid une certaine opinion éclairée, avertie. En effet, elle est intervenue au moment même où à Marcoussis, une tendance lourde vers un accord se dessinait Beaucoup d’avancées y avaient déjà été obtenues. Les propos de Blaise Compaoré ne pouvaient qu’être assimilés à ceux de quelqu’un qui veut jeter de l’huile sur le feu et c’est tout naturellement qu’on n’en finit pas depuis de se poser la question : pourquoi Diable a-t-il ainsi réagi ? La réponse est simple : maintenir l’envoûtement pour capitaliser à des fins électoralistes l’union sacrée, sauver les meubles puisque la voie de résolution du conflit par la guerre est écartée de par la volonté notamment de la France et de la communauté internationale et surtout des différents acteurs ivoiriens.

    Que l’opposition, à travers son chef de file Me Hermann Yaméogo, à travers le Président de l’UNIR/MS Me Benewende Sankara, collectivement à travers la COB, ait dénoncé l’incongruité et l’inopportunité des propos de Blaise Compaoré ne pouvait que déchaîner le courroux des tenants du pouvoir. A un moment où la mayonnaise semblait avoir pris, une telle analyse critique brisait le cercle magique d’union et de ralliement au chef incontesté.

    Voilà pourquoi on cherche à ranimer la flamme en lançant la meute contre ces opposants auxquels on colle le manteau terrible de « traître à la patrie » ; voilà pourquoi on a aidé un regroupement de la mouvance présidentielle à faire cette haie d’honneur à l’occasion du départ de B. Compaoré en France pour donner l’image d’un chef aimé de son peuple et sans pareil pour conduire encore et toujours le destin national.

    Me Yaméogo, Me Sankara, les leaders de l’opposition ont beau être vilipendés, traité de vendus, d’apatrides, ils ont beau être comme on l’a vu sur les pancartes traité d’assassins, le charme ne peut qu’être rompu pour les tenants du pouvoir car en allant à Paris, Blaise Compaoré n’obtiendra pas la démission de Laurent Gbagbo qu’il demandait ; à Paris, il ira adhérer à un accord qui maintient Laurent Gbagbo à la tête de son pays, un accord qui permettra la restauration de la pleine souveraineté sur l’ensemble du territoire et ô supplice, il ira peut-être sacrifier au rituel de l’accolade avec « l’assassin ».

    Par contre, tout ce que l’opposition avait demandé (tenue d’une conférence internationale sur la Côte d’Ivoire, implication du Conseil de Sécurité, reconnaissance des droits des étrangers, libéralisation des conditions d’éligibilité, aide à la reconstruction de la Côte d’Ivoire et soutien aux pays voisins..) aura été accepté.

    C’est dire que cette crise ivoirienne, au bout du compte, au lieu de servir à légitimer le pouvoir, va davantage légitimer et crédibiliser l’opposition qui a montré plus de clairvoyance, qui a su proposer un schéma global de sortie de crise très largement suivi à Marcoussis.

    Ne mérite-t-elle pas, cette opposition (que décidément le Professeur Bado a raison de qualifier d’intelligente), à défaut d’un Nobel, une certaine reconnaissance nationale et internationale ? A vous de juger en âme et conscience.

    Il reste à cette opposition, qui a su courageusement déjoué le coup fumant qui se préparait sur le dos du peuple et de la démocratie, à tenir bon, à supporter pour un temps encore attaques, insultes… et à continuer de faire le travail de sensibilisation pour ouvrir les yeux de ceux qui n’ont pas encore compris l’intrigue bâtie autour de cette crise.

    Ouagadougou, le 24/01/2003
    N’DO Mathieu
    BP 2061
    OUAGADOUGOU"

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