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RDC : Kabila fils vise le cercle des monarques

Publié le vendredi 2 avril 2010 à 04h50min

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Depuis quelques années déjà, on le voyait venir. Ses intentions ne faisaient l’ombre d’aucun doute et il a fini par se montrer à la hauteur de ses péchés. Une modification du mandat présidentiel en République démocratique du Congo (RDC) est possible à l’avenir, avec l’examen d’une proposition à ce sujet issue de la réunion interinstitutionnelle, présidée successivement le samedi 20 mars 2010 à Kinshasa par le chef de l’Etat, Joseph Kabange Kabila, et une semaine plus tard par le président du Sénat congolais, Léon Kengo Wa Dondo.

Proposition en rapport avec la révision constitutionnelle, les experts ayant convenu de la nécessité de modifier certaines dispositions des lois fondamentales congolaise et électorale. Objectif : « opérer un recentrage autour de certains impératifs majeurs ». Le mandat du président de la République, le découpage territorial, la question des recettes à caractère national allouées aux provinces, la question de la nationalité, l’indépendance du pouvoir judiciaire, le Conseil supérieur de la magistrature, le fonctionnement des institutions provinciales…pourraient alors connaître des retouches.

On se rappelle qu’une Commission avait d’ailleurs été installée par Kabila fils le 15 juillet 2009, consécutive à sa volonté de révision de la Constitution, affichée au terme de sa concertation avec les acteurs des autres institutions de l’Etat. Cette Commission est composée d’une dizaine de membres représentant la Présidence, la Primature, l’Assemblée nationale, le Sénat et la Cour suprême de justice. Le mandat actuel du président de la RDC est fixé à 5 ans, renouvelable une seule fois. Joseph Kabila propose de le prolonger à 7 ans tout en le rendant alors illimité.

Comme il fallait s’y attendre, l’opposition congolaise, contre cette proposition qui vise à maintenir l’actuel maître de Kinshasa scotché à son fauteuil, est montée sur ses grands chevaux pour dénoncer ce qu’elle qualifie de procédé « insidieux » visant ni plus ni mois à contourner une disposition de l’article 220 de la Constitution qui précise pourtant que le nombre de mandats du président de la République ne peut faire l’objet d’aucune révision constitutionnelle « sous peine de trahison ».

Ainsi donc, le locataire du palais de la Nation, comme bien d’autres avant lui, a été piqué par le virus du tripatouillage de la Constitution. Inutile de dire qu’il a pris goût aux délices du trône et qu’en s’entêtant à vouloir sauter le verrou constitutionnel, le rejeton du président Laurent-Désiré Kabila nourrit le secret espoir de faire partie du cercle des monarques qui peuplent l’Afrique. Sa ferme volonté est de s’éterniser sur son siège royal, de battre le record Guinness de la longévité au pouvoir, voire de la présidence à vie. Rien d’étonnant à cela, puisqu’il n’a jamais confessé être un démocrate.

Alors que dans les pays à tradition anciennement démocratique, on ne touche généralement à la Constitution que quand Rome brûle, quand cela est vraiment nécessaire, sous nos tropiques, c’est pour ne rien arranger. Pour tout dire, on ne le fait jamais dans le bon sens. Le phénomène y est devenu tellement banal que c’est à se demander s’il faut en rire ou en pleurer. En Algérie, au Cameroun, au Tchad, en Tunisie, au Burkina… cela semble une règle d’or. Au Gabon, au Togo, chaque père, avant de tirer sa révérence, avait déjà fait le travail pour son fils et Kabila qui a succédé au sien, assassiné le 16 janvier 2001, ne pouvait pas mieux faire.

Surtout qu’à son âge (il est né le 4 juin 1971), pour ce jeune chef d’Etat qui, en réalité, n’a jamais travaillé, donc n’a jamais eu de bulletin de salaire, ce serait trop lui demander que de vouloir qu’il quitte les commandes. Avec la proposition de révision de la constitution en RDC, Kabila fils veut, qu’il pleuve ou qu’il neige, entrer par la grande porte dans le club des tripatouilleurs. Rien ne semble pouvoir l’arrêter. A moins que, comme Mamadou Tandja au Niger un certain 18 février, il se voie un de ces quatre matins obligé de payer le prix de l’entêtement.

D. Evariste Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 2 avril 2010 à 13:04, par Paris Rawa En réponse à : RDC : Kabila fils vise le cercle des monarques

    Il y a des pays comme ça où les années passent et on ne voit pas venir les résultats des hommes politiques au pouvoir en termes d’amélioration des conditions de vie des populations et même en termes de la sécurité des institutions et des personnes. C’est toujours dans ces pays qu’on entend ceux qui sont les premiers responsables politiques de ces échecs réclamer un droit anticonstitutionnel à prolonger le nombres ou la durée de leurs mandats électifs. Ils ne se rendent même pas compte que le fait qu’ils aient besoin de beaucoup trop de temps pour réaliser leur programme est le signe même de leur inefficacité.

    Le progrès et le développement, c’est surtout une question de vitesse : il faut avoir fait ce qu’il y a à faire dans le temps où on avait besoin que cela soit fait ! Sinon, attendre 20 pour nous dire qu’on a construit quelques routes et un barrage hydroélectrique en chantier est synonyme d’échec. Le temps passe et on ne peut pas laisser tout le temps à ceux qui vont ralentir tout le monde !

    Il suffirait d’être raisonnable, mais ces gens-là sont rendus fous par l’ivresse du pouvoir !

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