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Présidentielle : La FEDAP-BC déifie Blaise, l’opposition se lézarde !

Publié le jeudi 1er avril 2010 à 05h24min

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A quelques mois de la présidentielle, la Fédération associative pour la paix et le progrès avec Blaise Compaoré(FEDAP-BC) va au delà du culte de la personnalité. Pour elle, Blaise n’est ni plus ni moins que Dieu sur cette terre du Burkina et personne ne devrait lui contester son pouvoir. Pendant ce temps, les opposants, eux, comme à leur habitude se torpillent en se livrant à leur jeu favori : les coups en dessous de la ceinture. Et avec ça, ils rêvent d’alternance !

Dans l’esprit de la FEDAP-BC, il ne saurait même pas être question d’une quelconque limitation de mandat présidentiel. Le pouvoir est la " chose " et la chasse gardée de Blaise et ce n’est pas une phrase couchée sur du papier, fut-elle une disposition constitutionnelle, qui empêcherait le locataire de Kosyam de continuer son bail à la présidence. Pour Gaston Soubeiga, président de la FEDAP-BC, Blaise Compaoré est " l’homme de la situation " aujourd’hui et pour les siècles des siècles pourrait-on ajouter ! La FEDAP-BC entend donc battre le macadam jusqu’à ce qu’il consente à se présenter à nouveau devant le peuple burkinabè qui a " encore et tant besoin de lui ". Le président de la FEDAP-BC met en garde tous les autres prétendants au trône : " L’élection présidentielle, ce n’est pas un bal de farfelus ". Avant Gaston, c’est Barro Djanguinaba, président d’honneur de la FEDAP-BC qui assurait qu’ils feraient tout pour que leur " candidat pour toujours " soit élu avec le score plus que stalinien de plus de 95% des suffrages. Blaise est donc sur un véritable boulevard. Toutes les têtes pensantes de son entourage sont à ses pieds. Roch et le CDP affirment toute honte bue que " l’article 37 est antidémocratique ", la FEDAP-BC lui réaffirme son soutien inconditionnel. Bientôt les tontons, les tanties, les jeunes,… seront dans la rue pour une démonstration de force.

Abel, soyons sérieux !

Une fois encore et dans un entêtement suicidaire, Toussaint Abel Coulibaly revient marteler que la limitation des mandats ne profite pas aux Africains. Sans sourciller, il déclare dans un écrit : " La démocratie étant la libre expression de la volonté populaire, contraindre par une loi, fût-elle la Constitution, des citoyens ou une frange représentative desdits citoyens à changer la personne qu’ils pensent en mesure de porter leurs espérances est tout simplement paradoxale, donc antidémocratique ". Quand même Abel, soyons sérieux ! Prendre pour base de réflexion le cas de Steny Hoyer le chef de la majorité à la chambre des représentants aux Etats-Unis qui tente sans relâche de faire annuler le XXIIème amendement de la constitution qui limite les mandats d’un président à deux est une démarche malheureuse. En Afrique, des chefs d’Etats peu respectueux de la démocratie ont toujours vu dans la clause limitative une entrave à leur ambition d’exercer le pouvoir à vie. Ainsi, Paul Biya au Cameroun, le défunt Omar Bongo au Gabon et plus récemment Abdelaziz Bouteflika en Algérie ont tous procédé à des révisions constitutionnelles pour avoir la possibilité de briguer autant de mandats qu’ils le souhaitaient. Seuls quelques rares présidents africains à l’instar de Mandela (Afrique du Sud), Konaré (Mali) et Kufuor (Ghana) ont choisi de céder leur poste à l’issue de leurs mandats. La règle de la limitation tient son essence d’un principe fondamental de la démocratie, celui de l’alternance au pouvoir. Il constitue l’un des garde-fous de la démocratie contre le pouvoir arbitraire d’un seul individu.

Il est un principe qui garantit le changement des hommes politiques à la tête des Etats et il permet surtout de prévenir contre les dérives tyranniques auxquelles ils peuvent aspirer. En effet, un président élu démocratiquement pourrait se servir de cette élection pour changer les règles du jeu démocratique en affaiblissant les contre-pouvoirs qui ont assuré jusqu’à présent la pérennité de cette institution. Et le prolongement de son pouvoir dans le temps augmenterait certainement ses chances de réaliser cet objectif. Car comme cela s’est produit en Allemagne avec Adolph Hitler, des démagogues populistes avec des visées dictatoriales arrivent à se servir des institutions démocratiques pour accéder au pouvoir. Ils peuvent aussi se faire réélire par le biais du contrôle des médias ou par la distribution de rentes au profit de certaines franges de l’électorat. Par conséquent, la règle de la limitation des mandats présidentiels permet de préserver la liberté de choix des individus en leur permettant de corriger leurs choix et de ne pas être piégés pour longtemps dans le cas où ils auraient élu la mauvaise personne. Concernant l’argument présenté par les adversaires de la limitation qui consiste à dire que cette règle pourrait empêcher des hommes politiques bien-intentionnés de mener à bien leurs réformes, il est parfaitement réfutable.

Car, dans l’hypothèse où un président lance un programme de reformes, il y aura sûrement un homme politique du même bord et partageant les mêmes visions que lui qui va continuer sur sa voie. Et si ces réformes sont jugées efficaces par les citoyens, ce candidat aurait plus de chances de se faire élire. En outre, il pourrait bénéficier du soutien du président sortant qui a toujours le libre choix de soutenir le candidat le plus à même de continuer sa politique. Toutefois, cette pratique est généralement instrumentalisée par des dictateurs à l’instar de Tandja. Il est donc plus important pour les pays africains comme le Burkina Faso, où l’évolution démocratique n’a pas encore atteint le stade de la maturité, d’instaurer et de sauvegarder la règle de la limitation des mandats en interdisant strictement toute révision constitutionnelle visant à lever la limitation. Abel Coulibaly et tous ceux qui fréquentent la chapelle pour laquelle ils prêchent doivent méditer cette réflexion de Simon Bolivar le héros de l’indépendance de l’Amérique latine "L’autorité continue d’un même individu a fréquemment mis fin aux gouvernements démocratiques... Rien n’est aussi dangereux que de laisser longtemps le pouvoir aux mains d’un même citoyen "… Il faut savoir tirer leçon des évènements et ne pas se cantonner à jouer allègrement à celui qui refuse pertinemment de voir !

Une opposition déboussolée

Alors qu’on attendait le salut du côté de l’opposition, les signaux qui parviennent sont loin d’être rassurants. Les Sankaristes se vouent une haine viscérale. Entre Me Sankara et Norbert Tiendrebéogo, le divorce semble consommé. Ceux qui se réclament héritiers politiques de Thomas Sankara n’ont pas encore fini de se régler les comptes. Ce faisant, ils se ridiculisent aux yeux des électeurs et sèment du même coup un doute sur la légitimité de leur lutte. A quoi bon se disputer un leadership si tant est qu’on est guidé par la même vision ? Comme si cela ne suffisait pas, voici que Ram Ouédraogo du Rassemblement des écologistes du Faso prend ses distances d’avec l’opposition et son chef de file pour " raisons internes ". Quand est-ce que l’opposition burkinabè cessera ses enfantillages ? On ne le dira jamais assez. Tant que l’esprit de maturité et de responsabilité ne prévaudra pas au sein de l’opposition, toute démarche dans le sens de réaliser l’alternance demeurera un vœu pieux. Rien de plus !

Par Isaac Konfé

Bendré

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Vos commentaires

  • Le 1er avril 2010 à 07:41 En réponse à : Présidentielle : La FEDAP-BC déifie Blaise, l’opposition se lézarde !

    Hé hé...
    Si Blaise est le Dieu du Bukina, en tout cas, il s’agit d’un Dieu impuissant.

    Apres 20 ans, on a régressé. même dans la capitale, tout le monde n’a pas l’eau, n’a pas l’électricité, vit dans des 6 metres poussiéreux..

    J’espere en tout cas que les types de la FEDAP-BC mangent bien bien.

  • Le 1er avril 2010 à 09:49 En réponse à : Présidentielle : La FEDAP-BC déifie Blaise, l’opposition se lézarde !

    Voila ce que certains observateurs de la vie politique nationale avait prédit.le FEDAP/BC n’est pas la pour remplacer le CDP, mais plutot pour faire ce que le ce dernier en tant que parti politique ne peut pas faire : une mobilisation de burkinabé prèt à "mettre la pression pour contraindre le président à se représenter" sa aura l’air d’être la volonté du peuple. Le problème est avec les moyens dont dispose le FEDAP/BC on poura mobiliser ne serait-ce que des affamés et des hommes cupides en quantité imposante. Domage pour notre démocratie.

  • Le 1er avril 2010 à 13:11, par donmozoun En réponse à : Présidentielle : La FEDAP-BC déifie Blaise, l’opposition se lézarde !

    Pendant qu’on y est, pourquoi Barro, Soubeiga et autre inconditionnels de Blaise, ne se fabriqueraient pas un Blaise en or ou en bronze qu’ils adoreraient ? Je pense qu’ils y gagneraient en plus des biens matériels, de la vie éternelle en Blaise Compaoré. J’ai rien contre Blaise mais vouloir nous faire croire que des 15 millions de Burkinabè que nous sommes, personne d’autre ne peut conduire aux destinées de ce pays, est vraiment triste ; je me demande ce que ces messieurs racontent à leurs enfants à la maison. Bon ! de toutes façons, chacun sait ce qui le fait courir ! Ah ! le ventre quand tu nous tient ! le plus triste dans tout ça, c’est que nous sommes tous de misérables petits mortels. Heureusement que Dieu (le vrai)ne nous a pas fait immortels. Quand je pense que bientôt, nous allons fêter nos 50 ans d’indépendance, je me demande si beaucoup de gnes qsavent ce que ca veut vraiment dire ? Blaise a gérer pendant presque la moitié de ces 50 ans, et visiblement, nous n’avons pas beaucoup avancé (mais quand même, parce que je peux exprimer librement mes pensées) ; ce n’est pas en lui donnant de nouveau 25 ans qu’il pourra faire quelque de mieux, vu qu’il prend de l’âge et perd certains de ses moyens. Je crois que cest cette façon de faire de la FEDAP-BC qui est plutôt anti démocratique ; c’est du harcèlement, du chantage et de la pression qu’ils sont entrain de faire sur Blaise et j’espère qu’il sera assez clairvoyant pour ne pas se laisser faire. Quand les chses vont se gater, ils vont vite retourner leurs vestes !!! on en a vu avec les révolutionnaires (garçons pleins) qui ont vite troqués leurs faso dan fani contre les costumes et chemises de marque. Arrêtons de nous foutre les uns les autres. Aucun burkinabè ne veut du mal de ce pays dont nous aimons tant. Vive le Burkina Faso !

  • Le 2 avril 2010 à 00:07, par Hamane En réponse à : Présidentielle : La FEDAP-BC déifie Blaise, l’opposition se lézarde !

    Blaise, a t-il à Tandja, en face à face qu’il partait droit au mur ? je pense que non. donc même moi, je peux me faire comme un héros dans une telle déclaration. le meilleure lieu et moment pour le dire, c’était en face de Tandja, quand il était au pouvoir. Combien de gens sont-ils pret à dire à Blaise qu’il va droit au Mur ? combien le seront-ils à le dire en 2016 ? en ce moment, nous même nous serions petit pour dire qu’on lui avait dit. il était une fois, le conducteur d’un pays qui partait droit au mur parce qu’il était passionné de voir les autres qui partaient droit au mur, il était presser de les aider sans se rendre compte que lui même partait droit au mur... ya pas encore de résultats puisqu’on est toujours dans la voiture qui va droit au mus. mais on sait que les autres ont cogné le mur... bonne chance à nous tous

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