LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Taxe de développement communal (TDC) : Opposition populaire généralisée contre une imposition

Publié le jeudi 1er avril 2010 à 05h25min

PARTAGER :                          

A l’appel à la grève de 48 heures des responsables des Centrales syndicales et syndicats autonomes, les Ouagalais qui s’insurgent contre l’instauration de la Taxe de développement communal (TDC) ont encore battu le pavé hier mercredi 31 mars 2010. Fortement mobilisés, ils ont scandé, le long des rues traversées, des slogans hostiles à cette imposition de l’Etat. Partis de la Bourse du travail, ils s’y sont retrouvés après la marche pour écouter le message de circonstance livré par Tolé Sagnon, président de la Coalition nationale de lutte contre la vie chère, la corruption, la fraude, l’impunité et pour les libertés (CCVC).

Aux premières heures de la matinée, la foule, à vue d’œil, grossissait du côté de la Bourse du travail, signe, s’il en est, de l’engagement de ceux des Burkinabè qui n’entendent pas du tout, sous le couvert de la TDC, cracher au bassinet de l’Etat.

Comme pour prévenir plutôt que d’avoir à guérir, les forces de l’ordre et de sécurité, en certains points de la ville, étaient ostensiblement postées et veillaient au grain. C’est d’ailleurs sous escorte policière que les marcheurs ont entamé leur périple à travers la capitale, préférant emprunter l’inverse de l’itinéraire emprunté habituellement.

Ils sont donc partis de la Bourse pour aboutir à la cité an III en passant par les côtés sud et est de la BCEAO. De là, les grévistes ont longé l’avenue sud du marché Sankariaré avant de bifurquer pour se diriger vers le rond-point des Nations unies. La sécurité, à cet endroit précis, a été renforcée. Des éléments de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) s’y trouvaient, prêts à donner l’assaut.

De l’avenue de la Nation (celle qui passe devant la maison du Peuple), la foule déferlante est parvenue tout droit à son point de départ en contournant le rond-point des cinéastes. Sur tout le trajet, le constat général est que tous les commerçants ont fermé boutique. Toutes activités cessantes, les riverains se sont massés pour voir passer les anti-TDC, soit par curiosité, soit par solidarité.

Certains n’ont pas hésité à l’exprimer ouvertement, reprenant à haute voix les récriminations faites aux autorités, et spécifiquement au maire de Ouagadougou, Simon Compaoré. Les pancartes et autres banderoles finissaient de parfaire le décor fourni par la multitude en mouvement et on pouvait y lire des diatribes comme : « TDC : Tentative de déstabilisation du citoyen » ; « Ensemble, disons non aux Simonneries » ; « J’avais dit que Simon partait droit dans le mur » ; « Taxez les voleurs du peuple »… Les chansons de la chorale du Collectif, aussi caustiques que sarcastiques, reprises en chœur par les marcheurs enthousiastes, imprimaient un rythme à la manifestation.

Le moins que l’on puisse dire est que la marche du premier jour de la grève de 48 heures s’est avérée pacifique. Aucun incident n’a été déploré. Certes, la tension a parfois manqué monter d’un cran entre manifestants et quidams qui insistaient pour traverser la voie. Fort heureusement, le bon sens et la vigilance des uns et des autres l’ont emporté. Ainsi, par exemple, ce jeune homme en pantalon treillis, "rangers" aux pieds (un militaire ?), juché sur sa « Ninja » et qui voulait slalomer sur le macadam au niveau du siège de la BIB/UBA a vu calmer ses ardeurs par les organisateurs.

10 h 15 à la Bourse du travail, des dizaines de militants, arrivés en retard pour la marche, forment un groupe pour rejoindre le peloton. Pendant qu’ils se rassemblent, certains responsables de la CCVC, restés sur place, les rappellent à l’ordre pour des raisons de sécurité : « Ne partez pas ! Y a pas deux marches ! Vous n’avez pas de sécurité donc vous ne pouvez empêcher des débordements et même des casses. Ce sont des espions infiltrés parmi vous qui veulent saboter la vraie marche. Ne les laissez pas faire ; rejoignez la cour s’il vous plaît ! »

Moins diplomates, d’autres ne manquent de « taxer » cette 2e marche de « réactionnaire ». Des étudiants présents protestent : « On n’a pas fait grève à l’U.O. pour venir s’arrêter à la Bourse du travail et regarder les gens. On n’est même pas prêt pour ça ! ». Aussitôt la réponse claque : « Fallait venir à l’heure ! » Bon an, mal an, tout le monde est calmé et ramené dans la cour en attendant les marcheurs qui ne sont plus très loin. En effet, à 10 h 35, la banderole fait son entrée à la Bourse suivie des premiers responsables de la Coalition, brandissant chacun deux doigts formant le « V » de la victoire, sous les applaudissements de la foule.

Le temps que les uns et les autres s’installent et se désaltèrent, et c’est parti pour le meeting qui débute par une animation de la chorale. Après les chants disant non à la taxe, c’est au tour de Tolé Sagnon de monter sur la tribune pour discourir sur la situation de la lutte contre la TDC. Il va effectivement revenir, dans son adresse, sur les propos du Premier ministre sur la Taxe lors de son Discours sur la situation de la nation (DSN) du 25 mars dernier.

D’entrée de jeu, il cite un extrait des réponses du gouvernement aux préoccupations des organisations syndicales du 28 décembre 2009 où il est écrit noir sur blanc que « La taxe sur les véhicules à moteur et les vélocipèdes (communément appelée plaques et vignettes) a été supprimée au lendemain de la dévaluation du franc CFA en 1994, dans le souci d’alléger le fardeau financier des ménages. Pour compenser cette perte de recettes, le Gouvernement a institué la taxe sur les produits pétroliers. Les recettes collectées sont réparties à raison de 90% pour le budget de l’Etat et 10% au profit des collectivités territoriales… ».

Selon M. Sagnon, en écrivant cela dans un document qui est loin d’être une « note banale », le gouvernement fait bien le lien entre les vignettes et la TPP, et par conséquent, par la voix de son Premier ministre, lors de sa présentation du DSN, le gouvernement a donc tout simplement « renié ce qu’il a écrit ».

Revenant sur les dires de membres du gouvernement et de maires selon lesquelles le taux de fiscalisation est faible au Burkina, les citoyens doivent s’impliquer dans les financements du développement de leurs communes.

Le président de la CCVC, tout en soulignant que ce sont les riches qui payent moins d’impôts sous prétexte d’amélioration du climat des affaires, a égrené un chapelet de taxes payées par le contribuable burkinabè, notamment la TVA (perçue sur toute acquisition de bien ou service), l’IUTS ( de 2 à 30% des salaires), les taxes de jouissance et de résidence, la TPP (125 F par litre d’essence et 50 F par litre de gasoil), les taxes figurant sur les factures d’eau et d’électricité (assainissement, développement de l’électricité, développement de l’audiovisuel) : « On a déjà trop payé ! Personne n’est contre le développement de nos communes. La loi est votée depuis 2008. Son application a été suspendue en 2009 du fait qu’il était inopportun d’appliquer la nouvelle taxe à cause du contexte de crise alimentaire qui prévalait. Aujourd’hui encore, sauf pour celui qui ignore les réalités que vivent les masses et les conditions de vie de nos ménages, il demeure inopportun de l’appliquer ».

La coalition nationale de lutte contre la vie chère propose alors à l’Etat d’accorder aux communes 50% (au lieu des 10% habituels) des recettes de la TPP et de taxer ceux qui ont les gros revenus qui se comportent comme « s’ils cueillaient l’argent des arbres ». Tolé Sagnon termine son propos en scandant avec la foule : « Non au retour déguisé des vignettes ! Non aux impôts et taxes injustes ! Non au mépris des citoyens par les autorités ! »

Evariste Ouédraogo & Hyacinthe Sanou

Entendus à la Bourse du travail

Le directeur régional de l’Enseignement de base (DREBA) de la Boucle du Mouhoun aurait demandé des comptes à son inspecteur qui ne lui aurait pas communiqué les noms des grévistes, du 24 février 2010, de son ressort territorial. L’inspecteur aurait répondu : « Jusqu’à preuve du contraire, prendre les noms de grévistes et les transmettre à mon directeur ne fait pas partie de mes attributions. En plus de cela, moi-même, je suis gréviste ». « Un acte de courage » salué par les syndicats lors du meeting d’hier.

Les responsables de radio Gaoua auraient systématiquement refusé de diffuser sur leurs antennes les communiqués concernant les différentes luttes des syndicats. Pour ces syndicats, cette radio s’inscrit tristement contre les forces du progrès au Burkina, d’où leur mise en garde.

Un gendarme se serait opposé à la marche de militants dans le Nahouri lors de la grève du 24 février passé, sous prétexte qu’ils n’ont pas d’autorisation. Ceux-ci, se réclamant citoyens burkinabè à part entière et affirmant avoir informé qui de droit, lui auraient tenu tête et insisté pour continuer leur mouvement.

A Kossouka, un policier, pour réclamer la TDC, aurait poursuivi un habitant sur une moto empruntée à un de ses frères. Dans sa course, l’individu aurait percuté un mur et se serait gravement blessé. Transporté d’urgence à l’hôpital de Kongounsi, son état a nécessité une évacuation à Ouagadougou. Parvenu à l’hôpital Yalgado-Ouédraogo, il aurait succombé malheureusement à ses blessures.o

L’Observateur Paalga

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 1er avril 2010 à 09:01 En réponse à : Taxe de développement communal (TDC) : Opposition populaire généralisée contre une imposition

    Pouvoir ! Au peuple ! Tout le pouvoir ! Au peuple
    Nous vous soutenons depeuis l’étranger.N’écoutez pas ceux qui depuis l’étranger disent que la taxe est essenciel pour le développement.C’est cette affirmation mais ils tiennent pas compte de la situation au pays et de la manière arbitraire dont le gourverment impôse ces taxes.

    • Le 1er avril 2010 à 20:36, par isma En réponse à : Non à la Taxe injuste & arbitraire (TDC) : Opposition populaire généralisée contre une imposition

      Bonjour à tous nos chers compatriotes !
      Dîtes non à cette taxe arbitraire & injuste que les

      responsables politiques de la ville veulent vous affliger
      & tout en sachant que la population lutte déjà contre une vie misérable & assez coûteuse !

      Depuis la France nous vous soutenons tous sans exception tenez bon..

      Luttons tous pour notre dignité !

      Voici un proverbe à méditer...

      ’’QUAND ON A PEUR, ON N’EST PAS LIBRE. MAIS QUAND ON EST LIBRE, CA FAIT PEUR, AUX AUTRES.’’

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Gaoua : L’ONG MERCY CORPS dresse le bilan de son projet PILAND