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Editorial de Sidwaya : Le Discours du combattant

Publié le vendredi 26 mars 2010 à 02h42min

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Ibrahiman Sakandé, DG des Editions Sidwaya

A l’instar de Stendhal qui soutient dans Le rouge et le noir que le roman est un miroir que l’on promène dans une société, le discours sur la situation de la nation se veut le reflet d’un miroir que l’on a promené à travers le Burkina Faso. Comme dans un miroir, nous avons vu défiler devant nous, la situation de la nation burkinabè en 2009.

Avec brio, le premier ministre, Tertius Zongo, a transformé un exercice de routine en un discours du combattant, ce 25 mars 2010, face aux représentants du peuple burkinabè : les députés de l’Assemblée nationale. Voici ce que, de ce discours, nous dirions à un compatriote résidant à l’étranger et qui voudrait en savoir bref : l’action du gouvernement burkinabè, en 2009, s’est inscrite dans six (6) volets, principalement : la consolidation de notre système de gouvernance politique et institutionnelle ; le renforcement de la citoyenneté et la promotion de la sécurité humaine ; l’amélioration de la gouvernance économique et administrative ; la construction continue de notre système de production soutenu par des infrastructures de qualité et une recherche en développement ; la valorisation continue des ressources humaines dans l’équité, et le raffermissement de notre culture de diplomatie d’intégration et pour la paix.

Et comme en notre mentalité pragmatique les chiffres et les actes parlent mieux que les mots, on retiendra que les Burkinabè, même roués de tous les coups naturels et humains, ont trouvé les ressorts nécessaires pour amortir les chocs exogènes sur leur économie qui ne s’en est pas portée plus mal avec un taux de 3,2% légèrement au-dessus de la croissance commune. En même temps, nous avons réalisé une campagne agricole excédentaire de 336.076 tonnes, grâce à l’engagement constant et la détermination des producteurs. D’une manière générale, en 2009, les chiffres ont été favorables au Burkina Faso.

Des chiffres, des actions et des hommes : est-ce suffisant pour que le Burkina s’extirpe de la routine, comme le jour se détache de l’aurore ? Des millions de perles, aussi belles les unes que les autres, ne rendront aucune femme belle tant qu’elles ne seront pas unies ou réunies par un fil, pour en faire un collier.

De même, nos efforts, nos débats et combats, tant qu’ils ne seront pas tenus ensemble par et dans une vision, globale et commune, ne feront pas de nous un peuple, mais tout au plus une masse. Et c’est là que le Premier ministre se fait le plus rassurant. « Notre vision d’avenir, a-t-il, dit, porte sur le renforcement de l’Etat de droit démocratique, la consolidation des divers cadres d’expression de la citoyenneté et la protection des droits fondamentaux du peuple burkinabè ».

C’est entendu, la vision que le Burkina se donne, c’est la conquête de l’homme : ses droits, sa liberté, son bonheur et sa grandeur. La vision d’avenir du Burkina, ce n’est pas tant de tonnes de coton, autant de haricot vert ou de sésame. C’est vrai que nous sommes riches et fiers de notre coton et de notre haricot vert. Mais nous sommes encore beaucoup plus riches et plus fiers de notre abnégation au travail, de notre droiture, de notre fierté d’être Burkinabè.

Cette vision est pour nous plus importante que n’importe qu’elle forme d’organisation politique, car les systèmes politiques passent et les peuples demeurent. En réfléchissant sur le discours de Tertius le combattant, nous avons cru comprendre que la vision qu’il contribue à donner à notre nation est l’Unité d’un projet, d’une direction et d’un mythe.

Une direction : Nous voulons être un peuple libre et heureux. Tant que cette direction ne sera pas apprivoisée par tous les Burkinabè dans les faits et dans l’idée, nos débats et combats fiévreux finiront toujours par nous mener vers un ailleurs détestable.

Un projet : Le projet d’un peuple est le prolongement de la conscience. Les projets particuliers, irréprochablement ficelés dans les hautes sphères de la communication mondiale et qui roulent intacts jusqu’à nous, se sont révélés très souvent être des grues géantes ne pouvant uniquement servir qu’à soulager une souris. Nous devrions donc savoir nous passer de ces projets-mirages.

Un mythe : Le développement, porteur de liberté et de bonheur est le nouveau mythe africain. Dans les années à venir, ce nouveau mythe transformera la « malédiction » inscrite dans notre imaginaire. Les échecs du passé qui éclaboussent notre condition pourraient devenir le moteur d’une nouvelle histoire burkinabè.

« Dieu n’a fait qu’ébaucher l’homme ; c’est sur terre que chacun se crée ». Proverbe Bamiléké que nous rapporte l’éminent orateur. Quant aux Mossi, ils affirment que la tortue s’est un jour confiée à l’homme en ces termes : « Vois-tu, l’intention de Dieu, c’était de faire de moi un caillou. Mais à force de me battre, j’ai sorti une tête, puis une patte et encore une patte, jusqu’à la quatrième ». Un enseignement : rien d’impossible, même pour une tortue ayant une vision positive d’elle-même et de l’avenir.

Par Ibrahiman SAKANDE (Email : sakandeibrahiman@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 26 mars 2010 à 18:25, par YAC250 En réponse à : Editorial de Sidwaya : Le Discours du combattant

    Bonjour. C’est avec une attention particulière que j’ai suivi le discours de son excellence le PM qui est fort bien enrichissant même si des difficultés ont demeuré dans l’accomplissement de certaines tâches.

    Avant de revenir sur le discours proprement dit, laissez moi de souligner sur un fait qui s’est passé hier à l’hémicycle ; il m’est apparu de constater la désertion du groupe parlementaire ADJ car selon eux les 15 mn qui leur ont été accordées pour poser les questions étaient insuffisantes ; c’est peut être vrai, mais j’ai déploré leur attitude car selon moi, ils devront accepter de se plier aux exigences de l’AN et le résoudre autrement par la suite.Ce qui est dangereux, ils ont négligé une partie de la population qui leur a donné mandat de leur représenter et même je pense que ce n’est pas le Gouvernement qui leur a imposé les 15mn donc, ils ont tort à ce niveau.Aussi, que diriez_vous sila population vous demandait le compte rendu du discours du Gouvernement ? Pensez vous qu’ils ne seront pas déçus ? Alors je pense qu’il faut revoir votre copie.

    Concernant le discours du PM, je dirai qu’il a dépeint la situation de notre pays en 2009 et donné les résultats malgré les conditions difficiles qu’a connues notre Faso.
    De l’analyse de son discours, je l’apprécie positivement mais je formule les critiques suivantes :

    * Nous pouvons développer notre pays sans l’aide des bailleurs, c’est vrai mais à condition que tout le monde paie l’impôt sans exception puisque nous constatons que certains sont épargné de payer leurs impôts ;

    * je ne pense pas que la TDC puisse développer le Burkina car Monsieur le PM, nous constatons que les businessmen et les agrobusinesmen ne sont taxés, pourquoi ? ne pensez vous que ce sont des ressources qui s’en vont ?

    * Monsieur le PM, vous n’avez pas parlé du train de vie des membres du Gouvernement ou on pouvait faire d’économie pour certaines dépenses leur concernant ; par exemple pourquoi prendre en charge le boy des ministres et des présidents d’institutions, à quoi donc leurs salaires ?

    * Je pense qu’il y aurait fallu des campagnes de sensibilisation sur l’opportunité de payer la TDC car personne n’est compte cette taxe mais la manière et l’utilisation finale de ladite .

    * Cher PM nous déplorons également la gachie des ressources de l’Etat puisque nous constatons de ça et là, des manifestations festives et qui sait combien de millions ont ét bazardés dans ces manifestions ; fête de la femme ; forum des jeunes ; et le dernier le lancement du cinquantenaire (uniquement le lancement) qui a coûté des centaines de millions. Vraiment toutes ces dépenses non importantes pouvaient être économisés étant donné que nous venons de sortir dans une situation d’inondation sans oublier les conséquences des crises financières, énergétiques et économiques.

    C’est vrai que personne ne viendra développer le Faso à notre place, mais je pense qu’il faut faire les choses dans la discipline en suivant les priorités de la population car nos ressources sont limitées.

    Merci.

  • Le 29 mars 2010 à 13:13, par Basga En réponse à : Editorial de Sidwaya : Le Discours du combattant

    je ne vois pas en quoi ce discours réflète la siutation de la nation burkinabè en 2009. Par exemple, en quoi rend-il compte de la situation difficile que vivent par exemple les universités de Ouaga, de Bobo et de Koudougou ? et dire que les dfficultés (et aussi les efforts dont parle le premier ministre) ne concernent que 2% (au maximum) des jeunes qui devraient pouvoir prétendre à des études universitaires ! il n’ya vraiment pas de quoi se glorifier !

    Quid alors des blocages dans le fonctionnement de l’administration, de l’impunité, et de bien d’autres maux.

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