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Prorogation du recensement électoral : Le rendez-vous de la dernière chance

Publié le jeudi 25 mars 2010 à 01h42min

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La situation devrait interpeller toute la classe politique : très peu nombreux sont les Burkinabè qui se sont fait recenser sur les listes électorales. Signe patent d’une désaffection des populations pour la chose politique ou difficulté pour les citoyens de se munir des documents exigés pour pouvoir se faire recenser ? Peut-être.

Toujours est-il que face à ce triste constat, le gouvernement a été bien obligé de faire jouer des prolongations à la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Elles se joueront du 6 au 15 avril 2010 avec l’espoir que, cette fois-ci, beaucoup de personnes daigneront accomplir cette formalité citoyenne.

Mais une chose est claire, nos compatriotes semblent bouder ce recensement. Pourtant ils ont tort et cela, à plus d’un titre car, à notre sens, les enjeux électoraux à venir sont tels que les Burkinabè devraient tous se battre pour disposer du précieux sésame qu’est la carte d’électeur afin de pouvoir s’exprimer en temps opportun. La présidentielle en novembre 2010, les municipales en 2011 et les législatives en 2012. Vu que les échéances sont si rapprochées, on se demande bien s’il y aura un autre recensement avant la fin de ce calendrier électoral.

Une situation incompréhensible quand on sait que beaucoup de personnes se disent favorables au changement, à l’alternance. Pourtant, c’est la carte d’électeur qui est l’arme magique par excellence pour réaliser leur rêve d’alternance.

Le drame dans tout ça, c’est que malgré la prorogation du temps de recensement les partis politiques ne semblent pas décidés à saisir cette nouvelle perche tendue pour inciter leurs militants à s’inscrire sur les listes. C’est le calme plat sur le terrain ou presque. En effet, on constate surtout le fourmillement des associations proches du parti au pouvoir comme la Fédération des associations pour la paix avec Blaise Compaoré (FEDAP/BC).

Au sein de beaucoup de partis de l’opposition, c’est la léthargie. Aucune action concrète n’est menée auprès des électeurs potentiels. Certaines formations politiques préfèrent se vautrer à Ouagadougou et inonder la presse de déclarations à longueur de journée. Une noble activité, certes, mais loin d’être payante, surtout dans un pays où la majorité du corps électoral est analphabète et ne pipe mot de leurs envolées lyriques et pamphlétaires contre le régime en place.

Tout se passe comme si les politiques, surtout ceux de l’opposition, ne percevaient pas l’enjeu de ce recensement. Si tes militants ne se font pas recenser, alors inutile de crier après au bourrage d’urnes. Cette apathie de ces politiciens à propos de la question du recensement laisse pantois car, mieux que quiconque, ils savent pertinemment que ce n’est pas le jour de la bataille qu’il faut harnacher son cheval et qu’en matière d’élection, c’est dès la composition de la liste électorale que, sous nos tropiques, les jeux sont faits.

Par cette attitude, malgré elle, l’opposition fait le jeu du pouvoir et surtout facilite la tâche au président Compaoré qui, selon toute vraisemblance, veut se maintenir au pouvoir même après 2015. En effet, si les militants du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) sont majoritaires sur les listes électorales, il sera loisible à ce parti d’opérer les différentes réformes constitutionnelles à sa guise et sous les formes qui lui conviennent le mieux : par voies parlementaire ou référendaire.

C’est pour cela que toute la classe politique, l’opposition en premier, doit s’investir pour inciter et exhorter les populations à s’inscrire sur les listes. Cette prorogation du recensement électoral est véritablement un rendez-vous de la dernière chance, une autre perche tendue aux populations de pouvoir s’inscrire sur les listes. Reste aux politiques de s’activer sur le terrain pour les sensibiliser dans ce sens.

San Evariste Barro

L’Observateur Paalga

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