Le 20 mars au siège du RDEBF, Ram Ouédraogo a fait lire à son secrétaire général, Séré Adama un long message dans lequel, il retrace le parcours du RDEBF au sein de l’opposition à la recherche d’une alternance crédible. Au passage, il critique l’attitude de certains de ses camarades de l’opposition dont il ne comprend pas le manque de vision ni la lisibilité dans les actions. Puis lui-même prend la parole.

Son message tient en une page. Il demande purement et simplement le report du scrutin présidentiel du 21 novembre 2010. Dans son message solennel, il interpelle le président Compaoré, la classe politique, les autorités coutumières et religieuses, les patriotes et les démocrates à adhérer à son idée de report. Le processus démocratique connaît des insuffisances qu’il convient de régler selon lui avant d’aller aux élections. Pour ce faire, il propose la tenue d’assises nationales qui vont « procéder à des reformes politiques véritables et consensuelles ». Ces assises serviront également, selon le patron du premier parti écologiste du Burkina, à évacuer tout le contentieux et les contradictions qui opposent les Burkinabè. Ces assises seront également un moyen pour « parler de l’après Blaise Compaoré avec responsabilité et de relancer le processus de réconciliation nationale » qu’il juge « inachevé pour des raisons partisanes et inavouées ». Il vise directement ici le parti majoritaire.

Dans le jeu des questions-réponses, il a tenu à préciser que ce qu’il disait là n’engageait que lui. Il a déclaré qu’il y a un complot contre Blaise Compaoré et que le CDP, parti au pouvoir en serait l’auteur. Ram Ouédraogo accuse ce parti d’être responsable du recul démocratique actuel, de la non application effective des recommandations du Collège de sages. Une fois la situation apaisée, a t-il commenté, le parti au pouvoir a tout remis en cause. Tout le monde au CDP veut faire sauter le verrou de la limitation du mandat. C’est travailler contre Blaise Compaoré qui n’en a pas besoin, selon Ram Ouédraogo parce qu’en tant que facilitateur de plusieurs crises au nom de la communauté internationale, les regards sont braqués sur lui.

Pour Ram Ouédraogo, il faut lui créer une porte de sortie afin que plus tard, « il puisse boire sa bière à Zogona comme tout le monde ». Interrogé sur le fait qu’il protégeait Blaise Compaoré de cette façon, Ram Ouédraogo a précisé sa pensée : Nous n’aimons pas Blaise Compaoré, nous aimons notre pays » Le président Ram Ouédraogo avertit : « il ne faut pas perdre de temps parce que toute autre attitude ne fait que reculer l’échéance ». Pour le patron du RDEBF « le désintérêt actuel des populations vis-à-vis du processus électoral montre bien la nécessité impérative d’un arrêt, d’une large concertation pour redonner espoir à notre peuple ».

Sur son éventuelle candidature à la présidentielle, le président du RDEBF dit ne pas être partant si les conditions de transparence ne sont pas réunies. Il est revenu également sur son retrait du chef de file de l’opposition et de la CPO. Il reproche à ses camarades l’absence de stratégie et de vision pour contraindre le pouvoir à revoir sa copie. Il déclare que « des partis d’opposition, certainement atteints de cécité, préparent plutôt la présidentielle à venir tout en feignant d’ignorer que dans les conditions actuelles, l’opposition ne peut gagner ni la présidentielle, ni les législatives, ni les municipales à venir, les mêmes causes produisant les mêmes effets »

REPORT DE LA PRESIDENTIELLE DE 2010

L’appel solennel du RDEBF

Nous vous proposons l’intégralité de l’appel du parti de Ram Ouédraogo pour le report du scrutin du 21 novembre prochain.

Au président Blaise Compaoré, à la classe politique, pouvoir comme opposition, aux autorités religieuses et coutumières, aux patriotes, démocrates et à l’ensemble des citoyens. Au vu des insuffisances de notre processus démocratique, nous lançons un vibrant appel à tous : Au président Blaise Compaoré, à la classe politique, pouvoir comme opposition, aux, autorités religieuses et coutumières, aux patriotes, démocrates et à l’ensemble des citoyens.

Nous demandons le report de l’élection présidentielle du 21 novembre prochain. Cette demande de report vise deux objectifs majeurs : 1) Prendre le temps de convoquer des assises nationales regroupant toutes les composantes de la nation afin de procéder à des reformes politiques véritables et consensuelles tel que souhaité par le président Blaise Compaoré dans ses adresses à la nation les 11 et 31 décembre dernier. 2) Se servir de la tribune de ces assises nationales pour évacuer tous les contentieux et contradictions qui opposent les Burkinabè,

- Parler de l’après-Blaise Compaoré avec responsabilité,
- Relancer le processus de réconciliation nationale inachevé pour des raisons partisanes et inavouées afin de préserver la paix, l’unité et surtout de sécuriser l’avenir. Nous l’avons dit, toute fuite en avant ne ferait que reculer les échéances. La demande de refondation de la nation reste plus que d’actualité. Pourquoi perdre du temps ? Pourquoi prendre des risques inutiles et jouer l’avenir de la nation à la roulotte russe ?

Le chantier des reformes politiques, économiques, sociales et culturelles que nous préconisons sera une occasion pour réconcilier les citoyens avec la politique et ses acteurs. Le désintérêt actuel des populations vis-à-vis du processus électoral montre bien la nécessité impérative d’un arrêt, d’une large concertation pour redonner espoir à notre peuple. Loin de nous l’idée de poser des revendications, nous faisons plutôt des suggestions en toute responsabilité pour le plus grand bien de la nation. Si nous sommes entendus par tous, c’est tant mieux. Dans le cas contraire, nous observerons la même posture que ces citoyens burkinabè, découragés, désabusés qui ne croient plus en rien et décident tout simplement d’observer et d’implorer le Tout-Puissant pour qu’il nous vienne en aide.

Par Abdoulaye TAO

Le Pays