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Burkina–Mali : un geste de grande portée !

Publié le lundi 22 mars 2010 à 02h45min

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Le 29 janvier 2010, le bornage de la frontière Burkina- Mali, longue de 1303 km, a pris fin. Depuis deux décennies, au sortir de la « seconde guerre Mali-Burkina », les autorités des deux pays se sont confiées à l’arbitrage de la Cour internationale de justice de La Haye. Le Burkina et le Mali ont accepté, dans un esprit de fraternité et de conscience de l’interdépendance historique et géographique, les décisions de cette haute juridiction.

Ils se sont attelés à la matérialisation de cette frontière héritée de la colonisation, savamment découpée pour satisfaire les intérêts de la métropole qui se révèle être les germes de conflits entre les Etats ainsi fabriqués par tracé d’un crayon depuis Paris.

Ce faisant, les deux pays frères s’engagent, main dans la main, dans le sens de l’histoire. Le conseil des ministres du Burkina a déjà salué cet évènement comme un acte de paix et de bon voisinage. La visite du président malien les 18 et 19 mars pour saluer cet évènement met davantage en exergue ce geste historique d’une importance particulière.

« Il y a quelques semaines, les ministres en charge de l’Administration du territoire des deux pays ont planté la dernière borne de ce que les gens ont appelé à une certaine période, la guerre des pauvres.

Grâce à la hauteur d’esprit, grâce à la confiance des dirigeants et également aux efforts du président Blaise Compaoré et de moi-même, nous avons réussi à poser un acte presqu’inaperçu, et qui, même dans certains pays dits développés, n’a pas toujours trouvé solution », a indiqué le président malien, à son arrivée à Ouagadougou le 18 mars. Cette déclaration est intervenue à la veille du lancement des festivités du cinquantenaire de l’indépendance du Burkina Faso.

L’interprétation la plus immédiate que l’on peut faire est que le président Amadou Toumani Touré adresse un message aux peuples burkinabè et malien : « il n’y aura plus de conflit de frontière entre le Burkina et le Mali ». La raison jointe à la hauteur de vue de nos deux présidents, a prévalu. Car, il aurait fallu que les Présidents Compaoré et Touré rament contre l’histoire comme cela s’est produit par le passé, pour que l’histoire se venge d’eux en envoyant leurs peuples à l’abattoir.

En effet, les disputes et les conflits de frontières sont encore nombreux en Afrique et ailleurs. Il y a de mauvais dirigeants qui s’en servent pour meubler leur règne insipide, oubliant qu’un mauvais arrangement vaut toujours mieux qu’un bon procès. Le sachant, le Burkina qui compte six pays voisins a choisi la voie de la justice internationale pour vider certaines disputes. Ce n’est malheureusement, pas toujours le cas ailleurs.

Les défis qui se posent aux pays africains, particulièrement au Burkina et au Mali, sont nombreux. Faut-il perdre des énergies dans des conflits fratricides, alors que les menaces viennent d’ailleurs ? Il y a par exemple, la situation sécuritaire dans la bande sahélo-saharienne en général, et au Nord du Mali, en particulier. Il y a les crises qui secouent la sous-région, notamment au Togo, en Côte d’Ivoire et en République de Guinée.

Il y a enfin les questions de désertification et de changements climatiques et au-delà, les questions de lutte contre la pauvreté dans les deux pays et la sous –région. La fin du bornage de la frontière entre les deux pays et la célébration de cet évènement par les deux chefs d’Etat est un exemple pour les autres dossiers en cours au Burkina et ailleurs. Il devrait servir de repère à tous les autres Etats en contentieux avec leurs voisins.

L’heure est à l’intégration partout dans le monde en ce début du 21ème siècle. Dans notre sous-région, la CEDEAO veut aboutir à moyen terme, à une « CEDEAO des peuples », axée sur les besoins des populations, en lieu et place de « la CEDEAO des Etats ». Et il y a l’Union africaine, qui, dans la durée, est appelée à annuler nos frontières dans le sens de la hauteur… Le Burkina et le Mali en tracent déjà les sillons.

Par Ibrahiman SAKANDE (sakandeibrahiman@yahoo.fr)

Sidwaya

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