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Moussa Michel Tapsoba, président de la CENI : « C’est maintenant qu’il faut se faire inscrire »

Publié le mercredi 17 mars 2010 à 02h45min

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Moussa Michel Tapsoba, président de la CENI

Depuis le mardi 1er mars 2010, la Commission électorale nationale indépendante (CENI ) procède au recensement des électeurs à travers le Burkina Faso. Son président Moussa Michel Tapsoba fait dans cet entretien un premier bilan de l’opération. Il renouvelle son appel à tous les Burkinabè qui désirent exercer leur droit de vote à s’inscrire sur une liste électorale.

Sidwaya (S.) : Depuis le 1er mars, vous organisez une opération de recensement électoral sur toute l’étendue du territoire national. Quel bilan faites-vous de ces deux premières semaines de l’opération ?

Moussa Michel Tapsoba : (M.M.T.) : Je voudrais tout d’abord remercier Sidwaya qui a toujours été au rendez-vous des grands moments au Burkina Faso.

Pour cette année et pour cet instant, l’activité politique majeure, c’est le recensement des Burkinabè sur les listes électorales. Le gouvernement a décidé d’un recensement électoral, d’une révision exceptionnelle des listes électorales entre le 1er et le 21 mars. Nous avons donc entamé cette opération en mettant en place le cadre qui permet de mener cette opération.

A dix jours du début de l’opération, nous avons parcouru tout le Burkina Faso pour voir comment cette opération se passe. Ce que je peux vous dire c’est que la participation à l’inscription des futurs électeurs est vraiment faible et même très faible. Nous avons fait une petite évaluation et nous sommes à moins de 10% de ceux qui se sont inscrits en 2006. On peut donc dire que c’est faible.

S. : Comment expliquez-vous alors cette faible participation des Burkinabè ?

M.M.T. : Nous avons cherché effectivement à comprendre ce qui se passe. Nous avons identifié plusieurs causes. La première, c’est que le gouvernement a mené une campagne de délivrance massive d’actes de naissance. Malheureusement, les mairies qui sont chargées d’établir ces pièces n’ont pas beaucoup de moyens.

Et quand les pièces sont établies, elles le sont en un seul exemplaire. Quand l’Office national d’identification (ONI) passe pour recenser ceux qui veulent la Carte nationale d’identité burkinabè, il emporte l’unique exemplaire qui a été délivré par les maires. Les populations n’ont donc pas souvent leurs actes de naissance ou encore la carte d’identité qui met quelques semaines ou quelques mois pour revenir aux propriétaires.

Il y a aussi que les maires ont signé beaucoup d’actes de naissance mais n’ont pas les moyens de les acheminer auprès des bénéficiaires. Il y a beaucoup d’actes de naissance qui sont stockés au niveau des mairies. Cela est une autre cause.

Il y a également que nous n’avons pas rencontré sur le terrain les autres acteurs du processus électoral à savoir les partis politiques et l’administration. C’est une opération à caractère national qui n’est pas partisane, donc qui interpelle tous les acteurs du processus électoral. Et nous n’avons pour le moment sur le terrain que les messages de sensibilisation lancés par la CENI, conformément aux attributions que lui confie le code électoral.

Nous avons aussi remarqué un phénomène. En milieu rural, les filles quand elles se marient, leurs conjoints se trouvent dans une autre commune en général. Quand elles vont dans leurs nouveaux foyers, elles n’emportent pas avec elles leurs pièces administratives à savoir l’acte de naissance ou la carte d’identité. Forcement elles ne peuvent pas aller s’inscrire parce qu’elles n’ont pas de pièces. Telles sont quelques causes qui expliquent la faible affluence devant les bureaux de recensement.

S. : A l’étape actuelle de l’opération dans son évolution, qu’est-ce qui peut être fait pour lever les difficultés que vous venez d’énumérer ?

M.M.T. : La première action c’est que les acteurs politiques doivent s’impliquer davantage parce que ce sont eux qui vont recueillir les suffrages des électeurs le jour du scrutin. C’est donc eux qui ont en premier lieu intérêt à ce que les gens aillent s’inscrire. Nous allons affronter d’abord l’élection présidentielle. Il est vrai il n’y a qu’un siège à pourvoir. Beaucoup de partis peuvent penser qu’ils ne sont pas concernés par cette compétition.

Néanmoins, tous les partis politiques s’aligneront derrière l’un ou l’autre des candidats. Forcement quand vous vous alignez un candidat c’est pour le soutenir. Mais vous allez le soutenir avec quoi si n’avez pas aujourd’hui mobilisé vos militants, vos électeurs à aller s’inscrire. Plus important encore, c’est que nous avons après l’élection présidentielle, les élections municipales. Le code électoral dit que si deux élections ne sont pas éloignées de plus de six mois on ne fait pas de révision exceptionnelle des listes.

Les inscriptions sur les listes électorales aujourd’hui vont servir pour les élections municipales. Si les partis peuvent ne pas être très intéressés par l’élection présidentielle, il est évident que tous les partis sont intéressés par les élections municipales parce que là, il y a plusieurs postes à pourvoir et chacun peut avoir quelque chose. Si aujourd’hui les partis politiques ne mobilisent pas leurs militants pour s’inscrire, alors, ils vont déjà avec un handicap au niveau des élections municipales.

S. : Si tout se passe bien, combien de Burkinabè attendez-vous à cette opération de recensement ?

M.M.T. : Je viens d’une cérémonie organisée par l’ONI intitulée “confection massive de cartes nationales d’identité burkinabè” (ndlr : c’était le 15 mars 2010). L’ONI veut d’ici septembre délivrer quatre (4) millions cartes nationales d’identité aux Burkinabè qui sont en âge de l’avoir.

C’est une obligation pour la CENI d’avoir sur les listes électorales, au moins quatre millions de Burkinabè pour qu’au moment où nous allons faire la confrontation entre notre base de données et celle de l’ONI on puisse dégager quatre millions d’inscrits ; parce que le code électoral révisé dit qu’on ne votera qu’avec la carte nationale d’identité.

S. : Compte-tenu du temps mis pour la délivrance des pièces administratives exigées pour les inscriptions, ne faut-il pas s’attendre à une prorogation du délai de ces inscriptions afin de permettre au maximum de Burkinabè de se faire recenser ?

M.M.T. : La décision d’organiser une révision exceptionnelle des listes électorales revient au gouvernement. Nous avons fait rapport au gouvernement de la situation que nous constatée sur le terrain et il lui revient d’apprécier et de décider par décret s’il faut proroger ou non la période de révision exceptionnelle des listes électorales.

S. : A quoi va servir l’ancien fichier électoral, une fois la révision exceptionnelle des listes électorales achevée ?

M.M.T. : Nous gardons toujours l’ancien fichier électoral jusqu’à ce que nous ayons fini d’avoir un nouveau. L’ancien fichier n’est donc pas perdu, n’est pas jeté. Il est bien conservé, bien archivé. Il ne laissera la place au nouveau fichier électoral que quand on aura fini de le finaliser.

S. : Vous avez fait passer un communiqué de presse demandant à tous les Burkinabè en âge de voter, même ceux qui s’étaient inscrits auparavant sur les listes électorales de se faire à nouveau recenser. Pourquoi cela ?

M.M.T. : Nous avons constaté qu’en matière de communication, nous avons failli à ce niveau. Nous n’avons pas suffisamment expliqué aux Burkinabè que les conditions d’inscription sur les listes électorales ayant changé même s’ils s’étaient inscrits dans l’ancien fichier, qu’ils aient voté en 2006 ou en 2007, ils devraient se réinscrire parce que les conditions d’inscriptions ont changé.

Maintenant on peut s’inscrire avec la carte nationale d’identité burkinabè, l’acte de naissance, le passeport et le carte militaire. On a laissé de côté toutes les autres pièces qui avaient servi à confectionner le fichier électoral en 2006. C’est donc une obligation pour tous ceux qui sont Burkinabè et qui veulent voter et qui ne sont pas encore venus s’inscrire d’aller le faire parce que les conditions ont changé.

S. : Espérez-vous enfin parvenir à un fichier électoral consensuel, exempt de tout soupçon au niveau des partis politiques ?

M.M.T. : C’est notre ambition parce que nous nous appuierons sur la base de données de l’ONI parce que la carte nationale d’identité est exempte de suspicion. Si à un moment donné nous faisons la confrontation avec la base de données de l’ONI, nous ne retiendrons que les Burkinabè qui ont une carte nationale d’identité. Tous les éléments qui figureront dans notre fichier électoral seront issus de l’ONI. Il n’y a pas de risque particulier à ce niveau.

S. : Auriez-vous un message particulier à l’endroit des Burkinabè ?

M.M.T. : Je ne cesserai de lancer cet appel aux Burkinabè. Nous allons d’abord avoir affaire à une élection présidentielle. Les Burkinabè doivent aller élire le président de leur choix et pour ce faire il faut d’abord commencer par s’inscrire aujourd’hui. Nous allons ensuite avoir à faire des élections municipales après l’élection présidentielle.

Et c’est maintenant qu’il faut se faire inscrire parce que les conseillers municipaux qui seront élus, ce sont eux qui géreront le quotidien des Burkinabè. Si vous voulez supporter un candidat demain, c’est aujourd’hui que vous devez vous inscrire parce le support à un candidat s’exprime par l’apport de sa voix et on ne peut voter que si l’on est inscrit sur une liste électorale.

Enok KINDO

Sidwaya

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