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MAURITANIE : Abdel Aziz remet l’opposition à sa place

Publié le mardi 16 mars 2010 à 01h43min

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Le général Abdel Aziz

Les opposants mauritaniens répugneraient-ils à s’assumer ? Eux pour qui le général Abdel Aziz avait été « mal élu », ramperaient à présent pour intégrer l’équipe gouvernementale. Mais, dans une sortie mémorable, le nouveau chef de l’Etat a enjoint ses adversaires politiques de s’investir plutôt dans le rôle qui est le leur : assurer le contre-pouvoir.

D’ordinaire, c’est la majorité présidentielle qui fait des appels du pied en direction de l’opposition. Afin de mieux régner, elle cherche alors à la diviser, à l’affaiblir en lui offrant quelques strapontins au sein de l’équipe gouvernementale. C’est de bonne guerre. Dans ce cas de figure, l’opposition doit toujours savoir résister à l’appel des sirènes du pouvoir. Il y va de sa crédibilité. Mais il arrive parfois que l’opposition cherche elle-même à venir à la soupe. Elle espère ainsi engranger suffisamment de sous et d’expérience pour mieux préparer sa conquête du pouvoir d’Etat.

Quelles pourraient donc être les motivations réelles des opposants mauritaniens ? Certes, les accords de Dakar avaient prôné une certaine ouverture, un partage du pouvoir qui permette une sortie de crise honorable. Mais le pays n’est pas en crise et l’élection présidentielle relève du passé.

Une élection qui a consacré la victoire d’un homme que l’opposition elle-même avait identifié comme n’étant pas l’homme providentiel, susceptible d’aider la Mauritanie à se sortir du marasme. Point n’est donc besoin de mettre en place un quelconque gouvernement d’union nationale. Bien au contraire, l’édification de la nouvelle société mauritanienne suppose la nécessaire contribution d’une opposition républicaine et responsable. Le contexte de la requête paraît donc inapproprié. Il est donc compréhensible que le général renvoie ses adversaires politiques à leur principale activité : s’opposer à ceux qui gouvernent.

L’opposition mauritanienne elle, semble avoir une toute autre lecture de la situation nationale. Elle semble préoccupée à aller à table. En Mauritanie, comme un peu partout ailleurs en Afrique, on le sait, les opposants sont pour la plupart des salariés de la fonction publique ou du secteur privé. Ils vivent, dans leur écrasante majorité, dans une indigence criarde.

Il reste que l’incohérence et l’inconséquence de la position des opposants mauritaniens semblent de nature à créer les conditions de la domination de la pensée unique. Parce qu’à terme, elle pourrait bien favoriser cette transhumance humaine qui voit des individus changer continuellement de bords politiques. Ceci, vraisemblablement en vue de se soustraire de la pauvreté. Les prises de position des adversaires du général président mauritanien donnent une illustration des réalités que vivent les opposants africains. La plupart d’entre eux disposent d’un budget qui permet à peine d’assurer le fonctionnement du siège de leur parti, s’il en existe.

L’indigence dans laquelle ils végètent, est loin de pouvoir constituer une menace pour les pouvoirs en place. En fait, le système politique dont ils sont tributaires, constitue un véritable piège. Non seulement il accorde une trop grande place à l’argent, mais encore il consacre le manque de visibilité et surtout le bâillonnement insidieux des opposants. C’est bien connu : sur le continent, on ne fait pas carrière dans l’opposition. Et l’on voudrait que l’opposition prenne sa place et joue sa partition, comme en Occident. S’opposer n’est pas une sinécure. Pourtant, l’Afrique a besoin d’une opposition responsable. Pas de celle qui crie fort le jour, mais rampe le soir venu.

Dans cette catégorie d’opposants, se trouvent généralement des gens bien empressés d’éradiquer leur indigence. Cette race d’opposants de type alimentaire, se préoccupe peu des questions de crédibilité. Dans leur ensemble, les acteurs politiques africains brillent par leur manque de crédibilité. Pourtant, il faut bien que « la majorité gouverne » et que « l’opposition s’oppose ». Une clarté dans les rôles est bénéfique pour toute nation désireuse d’avancer en démocratie. Si elle veut apporter le changement tant espéré sur le continent, l’opposition doit intégrer un peu plus d’éthique dans sa pratique. Sans contre- pouvoir, la démocratie constitue une coquille vide, un vain mot. Mais peut-on rêver d’alternance lorsque la qualité des hommes chargés d’animer l’opposition laisse à désirer ?

Dans une Afrique constituée principalement de pays démunis, des dispositions doivent être prises pour permettre aux opposants de contribuer à la construction d’une démocratie républicaine. En tirant à boulets rouges sur ses opposants, le général Abdel Aziz n’aura donc fait que les rappeler à l’ordre. Après tout, la démocratie avance si la majorité est responsable et que l’opposition s’assume. Une véritable leçon de démocratie en provenance de l’homme fort de Mauritanie.

"Le Pays"

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