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La spiruline : Un passeport pour le bien-être

Publié le mardi 16 mars 2010 à 01h43min

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La ville de Koudougou a abrité, du 27 février au 6 mars 2010, un colloque panafricain sur la spiruline. Si une rencontre internationale a été organisée sur cette algue verte, c’est parce qu’elle est une manne pour la santé des populations en raison de sa forte teneur en éléments nutritifs. Malheureusement, la spiruline est très peu vulgarisée et ne fait pas encore partie du quotidien alimentaire des Africains et des Burkinabè. "Elle contient pourtant de puissants antioxydants qui protègent l’organisme contre les agressions extérieures", explique le Dr Stève Léonce Zoungrana, médecin de santé publique, nutritionniste et gastro-entérologue.

"La spiruline, un passeport pour la santé". Ce slogan que l’on pouvait lire sur les tee-shirts confectionnés à l’occasion du 3e colloque panafricain, tenu à Koudougou, a été bien inspiré, car il traduit bien les bienfaits que cette algue apporte à l’organisme humain. Les spirulines sont l’objet d’une redécouverte depuis quelques années. Autrefois classées parmi les algues bleues-vertes, elles ne sont pas à proprement parler des algues, même si, par commodité, on continue à les désigner comme telles. Elles croissent naturellement dans les eaux alcalines de certains lacs, en zones chaudes, et se présentent généralement comme de minuscules filaments verts enroulés en spires plus ou moins serrées et nombreuses, suivant les souches.

C’est d’abord leur impressionnante teneur en protéines ainsi que leur vitesse de croissance, dans des milieux totalement minéraux, qui ont attiré l’attention des chercheurs. Au cours d’analyses très approfondies, nombre de points particulièrement intéressants sur le plan nutritionnel sont apparus : composition protéique équilibrée, présence de lipides essentiels rares, de nombreux minéraux ou encore de vitamine B12. Ce n’est pas un hasard si, dans les centres de rénutrition et d’éducation nutritionnelle (CREN), la spiruline est utilisée en quantité importante dans l’alimentation des enfants malnutris.

Car elle contient des éléments indispensables pour avoir un bon état nutritionnel chez l’enfant comme chez l’adulte. Avec cette algue donc, le corps bénéficie de beaucoup de protéines et de vitamines, notamment ceux du groupe B, qui interviennent dans la fabrication des cellules du sang. "La vitamine B9, par exemple, contient l’acide folique, qui entre dans la fabrication des globules rouges. Quant à la vitamine E, elle est un puissant antioxydant qui aide l’organisme à lutter contre le vieillissement et renforce le système immunitaire", nous enseigne le Dr Stève Léonce Zoungrana.

A en croire toujours notre spécialiste des questions nutritionnelles, la plupart des maladies cardio-vasculaires sont liées au stress oxydatif, entendez un déséquilibre entre les éléments qui agressent l’organisme et ceux qui le protègent. "Or la spiruline contient des minéraux antioxydants, comme le zinc et le cuivre, qui vont permettre de renouveler certaines vitamines (A et B) et de renforcer leurs effets antioxydants".

Etant donné que les protéines sont des matériaux constructeurs et les vitamines des agents protecteurs, la spiruline se positionne comme une alternative non seulement contre la malnutrition des enfants mais également contre le VIH. "Le Sida, souligne le Dr Zoungrana, est la pathologie qui a permis de savoir que les infections amènent la dénutrition et la dénutrition aggrave la maladie. Un cercle vicieux qui affaiblit le système immunitaire et permet le développement d’autres maladies infectieuses. Même au début de l’infection à VIH, les examens biologiques indiquent qu’il y a déjà une dénutrition.

C’est pourquoi la nutrition doit être au début, pendant et à la fin de l’infection à VIH". C’est dire donc combien la spiruline est importante pour le séropositif, car elle protège l’organisme contre les maladies opportunistes, contrairement aux antirétroviraux (ARV), dont le rôle est de bloquer la progression du virus et non de régénérer le système immunitaire.

Adama Ouédraogo Damiss


Un peu d’histoire

Lorsque les Européens abordèrent en Amérique Centrale, ils découvrirent que les Aztèques tiraient du grand lac Texcoco, situé près de Mexico, une sorte de boue bleue à haute valeur nutritive, le Tecuitlatl ou Spiruline. En Afrique, certaines peuplades du Sahara récoltent depuis très longtemps, dans le lac Tchad, une substance semblable, le Dihé, qui est notamment consommée par les femmes enceintes, et durant les périodes de pénuries alimentaires. En raison de sa richesse nutritive, et du fait qu’elle peut être produite localement, la spiruline est intéressante pour les pays où la malnutrition sévit.

Des « fermes » de production ont été mises sur pied, notamment en Inde, au Pérou, au Togo, en Chine et au Vietnam. Au cours des années 70, la spiruline est devenue populaire dans les pays industrialisés comme aliment de santé ou supplément alimentaire. On la « cultive » depuis dans des environnements où tous les intrants sont soigneusement contrôlés. Cela permet de produire d’importantes quantités dans des espaces relativement réduits et, du même coup, d’éviter les risques de contamination.

La popularité de la spiruline devint telle qu’un certain nombre de légendes urbaines se mit à circuler à son sujet comme, par exemple, concernant ses capacités d’amaigrissement rapide, ou son amélioration de la concentration, ou d’autres encore. Souvent, ces usages sont plus fondés sur une pratique que sur une expérimentation médicinale traditionnelle.

Il n’empêche que la spiruline est reconnue comme le meilleur complément alimentaire cumulé à un bon fortifiant à une époque où les carences alimentaires sont importantes de part notre façon de nous alimenter, notre manière de préparer les plats ou l’industrialisation des produits entrant dans la composition de nos préparations alimentaires. La spiruline nous apporte un soutien important tout au long des journées de notre vie moderne et nous aide à évacuer le stress.

Elle contribue ainsi naturellement au maintien d’un corps énergétique et sain. Elle est un élément qui nous permet d’amener plus de vie en nous. La spiruline est d’une telle richesse que l’on peut se demander pourquoi elle est demeurée si longtemps méconnue. Elle contient pratiquement tous les composants d’un aliment idéal : protéines en quantité considérable, vitamines, sels minéraux, glucides, pigments, oligo-éléments, acides aminés essentiels, bêta-carotène, calcium, fer, acides gras essentiels...

Source : Internet


L’étude de Samandéni

Dans le cadre de la lutte contre la malnutrition, le CSPS (Centre de Santé et de Promotion Sociale) de Samandéni (village situé dans la province du Houët), sur initiative de son infirmier chef de poste et avec l’appui de Stéphanie PASQUIOU (donatrice), a mené une activité de distribution expérimentale de spiruline sur une partie représentative de l’aire sanitaire dudit CSPS

Un échantillon de 44 enfants malnutris a été défini de façon aléatoire dans 4 villages opposés géographiquement (accessibilité au centre de santé) et culturellement (habitudes alimentaires). La distribution expérimentale s’est déroulée sur une période de 6 semaines et 01 agent de santé communautaire par village a été recruté et formé pour l’activité avant de mettre à leur disposition des balances (pèse-bébés et pèse-personnes). L’évolution pondérale par rapport à l’âge et aussi l’état général de santé ont été les paramètres étudiés.

Par des efforts conjugués, chaque élément (enfant) de l’échantillon a bénéficié de 30g de spiruline poudre par semaine, d’un suivi pondéral hebdomadaire par les Agents de Santé Communautaires (ASC) et le tout supervisé par l’infirmier chef de poste les semaines 1, 3 et 6 sur les sites de distribution des villages cibles.

On peut retenir de l’analyse globale des résultats :
- 33/44 enfants soit 75% de l’échantillon ont changé positivement de classification (8 de sévère à absence de malnutrition, 5 de sévère à légère, 9 de sévère à modérée, 4 de modérée à absence de malnutrition, 7 de modérée à légère). La quasi-totalité de l’échantillon a bien répondu au complément alimentaire.

- 05/44 enfants soit 11,36% sont restés dans leurs classifications de départ, ils n’ont pas pris de poids mais ont conservé leur état de départ.
- 02/44 enfants soit 4,54% ont perdu du poids. Cela a été observé chez les enfants qui ont observé des épisodes de maladies et ceux qui ont périodiquement refusé de prendre le produit à cause du goût fade.
- 04/44 enfants soit 9,09% ont abandonné. Ce phénomène est lié à des déplacements saisonniers de population pour cause de récolte et à un cas de décès par suite d’affection respiratoire sévère. C’est dire combien la spiruline est un aliment important pour les enfants et pourrait être une arme contre la malnutrition.


Une arme pour lutter contre la malnutrition en Afrique

Au regard des résultats des études, la spiruline est un espoir dans la lutte contre la malnutrition, en particulier en Afrique. Simple à cultiver (en bassins), à récolter (filtrage de l’eau grâce à un tamis très fin) et à conditionner (séchage au soleil puis conditionnement en sachets plastiques ou en boîtes), elle constitue un véritable trésor nutritionnel pour les populations.

Elle est notamment intéressante pour les bébés dénutris : si on supplémente leur alimentation à l’aide de spiruline en poudre, les très jeunes enfants reprennent très vite du poids et leur état s’améliore de façon spectaculaire. Et comme le rendement de la culture de la spiruline est très élevé, la spiruline ouvre de nouvelles perspectives à l’aquaculture dans les pays défavorisés. Mais encore faut-il que cette richesse naturelle profite aux populations locales, et qu’elle ne soit pas exportée massivement vers les pays riches.

A.O.D.

L’Observateur Paalga

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