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Putsch à Niamey : Le signal fort des militaires nigériens

Publié le lundi 15 mars 2010 à 01h01min

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On les croirait descendus de mars, ces officiers militaires nigériens d’une nouvelle race qui, en l’espace d’un concert bien rythmé de mortiers et de Kalachnikovs, ont transformé le rêve du président Mamadou Tandja en cauchemar, remettant ainsi le pays d’Hamani Diori sur les rails de la démocratie.

Exit donc cette VIe République du chantre du Tazartché, tant contestée par les hommes encore doués de raison, qui devait lui permettre de terminer ses chantiers et, à l’évidence, de jouir ad vitam aeternam des fruits de la croissance.

Dieu et les mânes du Ténéré en ont décidé autrement, bénissant l’audace des jeunes Turcs de l’armée républicaine nigérienne, qui ont réussi l’exploit de cette œuvre de salubrité publique du 18 février 2010, au moment même où la première dame, Adja Larba, dressait la table pour le déjeuner gouvernemental au palais de Tandja 1er.

Inutile de revenir sur la maladie des rois nègres qui a coulé le colonel retraité, mais la liesse populaire et le blanc-seing, à peine voilé, de la Communauté internationale réservés à la junte achève de nous convaincre que depuis la fin de ces deux mandats légaux, le 22 décembre 2009, le successeur du commandant Daouda Mallam Wanké était des plus isolés en son propre pays comme dans la sous-région ouest-africaine. Maintenant que cette épine a été enlevée du pied des Nigériens, il ne restait que ce vœu unanime d’un retour rapide à une vie constitutionnelle normale soit exaucé.

Préoccupation qui s’insère dans l’évangile du commandant Salou Djibo, le nouvel homme fort de Niamey, et de ses disciples qui prêchent, urbi et orbi, la restauration de la démocratie ; mais qui n’est pas sans susciter inquiétudes et appréhensions au regard du silence de mort qui plane sur le calendrier électoral et, comparaison n’est pas raison certes, de promesses semblables non tenues en 1999 en Côte d’Ivoire par le général Robert Guéi et, récemment en 2008, en Guinée avec le capitaine Moussa Dadis Camara. Nous vous faisons grâce du destin politique qui fut le leur après leur forfaiture, mais les premiers pas de la junte nigérienne sont la preuve, si besoin en est encore, qu’elle est issue d’une autre école.

Sans ambiguïté, en effet, les rectificateurs d’un genre nouveau, qui président depuis ce 18 février 2010 aux destinées du Niger, promettent de balayer la maison avant de passer le témoin à un président démocratiquement élu ; mieux, et depuis ce 12 mars, le chef d’escadron Salou Djibo a créé l’événement en signant deux ordonnances rendant inéligibles les militaires, les paramilitaires et les ministres aux prochaines élections.

Fatwa présidentielle qui s’applique aussi et aux président et membres du Conseil suprême de restauration de la démocratie qui tiennent les rênes du pouvoir à Niamey ; même sentence pour l’ensemble de l’administration territoriale ; les chefs de poste administratif ; les maires des communes et les chefs traditionnels.

Au demeurant, même si les dates des futures consultations électorales restent encore hypothétiques, l’on se doit de saluer cette autre audace et cette clairvoyance de la junte qui la crédibilisent et rassurent tout aussi la classe politique nigérienne, que la Communauté internationale, à commencer par la CEDEAO, l’Union africaine et surtout l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) qui, dès les premières heures de la chute de Tandja, avait demandé des gages de bonne volonté à la junte.

C’est à juste titre donc que, depuis ce vendredi 12 mars, une pluie d’éloges et d’encouragements ne cesse de s’abattre sur Niamey car, les dernières mesures sont un signal fort qui devrait faire tache d’huile sous nos tropiques où, hier seulement baroudeurs sur les nombreux foyers de tension aux quatre coins du continent, ils sont légion aujourd’hui nos bérets rouges, verts, bleus ou noirs qui n’ont de rêve que de faire carrière sur le trône, hélas, très souvent instruits par une opposition qui n’a d’existence que le récépissé de reconnaissance, et l’occupation des médias par des déclarations isolées ; et surtout par ces griots et autres muezzins du parti au pouvoir qui chantent faux aux oreilles du peuple, mais bien à celles du prince à qui ils doivent leur pitance quotidienne. Si seulement l’exemple nigérien pouvait ouvrir les yeux !

La Rédaction

L’Observateur Paalga

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